Femme insecte (la) : Critiques

Ce manga date du début des années 70 et prend pour cadre les milieux artistiques et aisés que côtoie Toshiko Tomura. Un mystère plane autour de la jeune femme. D'abord étoile montante du théâtre puis écrivain à succès ou encore designer de grand talent, elle semble avoir tous les dons. Mais c'est parce qu'en fait elle les imite à la perfection dans une totale réinterpretation de chaque personne qu'elle croise et vampirise. Tezuka n'est généralement pas très habile pour restituer de jolies physionomies féminines et leur grande sensualité mais il s'est ici donné beaucoup de mal et cela fonctionne. Bien qu'étant une écorce vide gorgée des talents qu'elle a volés, Toshiko Tomura dégage continuellement un érotisme trouble et un parfum de scandale dont elle se joue sans jamais aucun remord. Tezuka promène cette silhouette de grande odalisque vénéneuse à travers son récit sans jamais la rendre positive. Elle use de ses charmes, échafaude des plans pour se débarrasser des gêneurs ou humilier en retour des hommes qui se servent d'elle. À la fois ingénue et machiavélique, elle ne maintient qu'une constante: reconquérir l'amour de Rôtaro Mizuno, un designer auquel elle à volé un futur prometteur.
Les héroïnes fortes et si naturellement amorales sont rares dans la bd en général, et l'initiative de ce récit est à saluer. C'est foncièrement original, étonnamment agréable à lire et absolument pas destiné au jeune public. Il n'y a que rarement de la violence physique mais le ton donné est totalement empoisonnant et envoutant comme une drogue immédiatement addictive. Un Tezuka pas du tout connu mais l'un des meilleurs que j'ai pu lire et qui égale en qualités Ayako ou l'histoire des trois Adolf.

néun11septembre