Epitaph - Actualité manga

Epitaph : Critiques

Epitaph

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 20 Août 2013

Devenue en quelques oeuvres une auteure-phare des collection Gothic et Eros (pour le boy's love) de Soleil Manga, Aya Shuouto nous revient avec Epitaph, une oeuvre estampillée yuri au Japon, et classée en France dans la collection Gothic de l'éditeur. Annoncée il y a plus d'un an et d'abord prévue pour la fin d'année 2012, l'oeuvre paraît finalement en ce mois d'août 2013, après des reports inexpliqués.

Epitaph prend place dans un monde plutôt réaliste, à ceci près qu'il y existe une association funéraire nommée Cradle, dont les membres ont pour mission de délivrer les derniers mots des mourants à leurs proches. Un rôle de "factrices des pompes funèbres" qu'accomplissent quotidiennement Towa et Ash, deux jeunes filles de 15 ans. La première, maladroite, est vêtue d'une robe à froufrous blanche et est arrivée à Cradle après avoir perdu la mémoire. Ayant toutes les peines du monde accomplir une mission seule malgré sa persévérance, elles sait toutefois qu'elle peut compter sur sa partenaire Ash, à laquelle elle se raccroche beaucoup. Quant à Ash, elle est son exact opposée : dotée d'un look gothique noir, elle se révèle beaucoup plus mâture, d'autant qu'elle semble poursuivre un énigmatique objectif : retrouver la Sorcière des Ronces...

Avec son concept de base, Epitaph annonce quelque chose de plutôt prometteur dans son genre, porté par deux héroïnes qui trouvent une complémentarité dans leur opposition. Toutefois, si vous vous attendez réellement à un yuri comme le laisserait penser la classification japonaise, sachez que vous faites fausse route : hormis quelques allusions dues à l'attachement de Towa pour Ash et à l'arrivée d'un personnage secondaire qui a un coup de foudre pour la jolie gothic lolita, il n'y a strictement rien, et la classification française de Soleil Manga dans la collection Gothic paraît bien plus logique, l'oeuvre s'inscrivant bien dans cette mouvance.

En tout cas, tout ceci n'occulte pas une déception grandissante au fil des pages, dès lors qu'on commence à se rendre compte qu'Aya Shuouto ne fait finalement strictement rien de son concept de base. Les choses commencent plutôt assez bien, avec les interrogations autour des deux héroïnes, la nuance apportée dans la première mission (connaître les derniers mots des mourants ne plaisant pas à tous les proches), et le statut marginal qu'ont les deux fillettes à cause d'un travail vu d'un mauvais oeil par beaucoup de monde. Puis dans la suite, Il n'y a plus rien. Au fil des 4 chapitres qui composent ce court livre de 150 pages, la mangaka offre des missions très basiques et prévisibles, qui exploitent très peu les personnages principaux et secondaires, n'explique même pas la situation de certains commanditaires (sérieusement, le background du musicien, il est où ?), et se repose uniquement sur quelques grosses coïncidence qu'on voit arriver des kilomètres à l'avance. Nos héroïnes n'ont plus droit au moindre approfondissement, on n'apprend rien de plus sur le Cradle qui paraît alors très terne et pauvre (les deux fillettes semblent être les deux seules membres actives)... Une impression générale de manque de fond renforcée par une forte pauvreté narrative et visuelle (look gothique très primaires, personnages peu expressifs, décors souvent absents...), et surtout par une absence totale de réponses : qui était Towa avant sa perte de mémoire ? Qui est en réalité Ash ? Pourquoi est-elle parfois appelée Astarte (ce qui n'est pas précisé au début de l'oeuvre, ce qui fait qu'on se retrouve avec une héroïne appelée par deux noms différents sans qu'on le sache tout de suite, bonjour l'erreur narrative) ? Pourquoi recherche-t-elle la dénommée Sorcière des Ronces (évoquée une seule fois, la pauvre) ? Tout ça, vous ne le saurez jamais.

Et pour cause : présenté dans son édition française comme un one-shot, Epitaph est en réalité un manga abandonné au Japon par son auteure depuis déjà quelques années, comme l'indique le "I" présent sur la couverture nippone, soigneusement effacé sur la jaquette française. Mais sincèrement, la pauvreté générale des histoires et du background ne parvenant pas à faire de cet unique tome un divertissement suffisamment bon pour faire oublier le caractère inachevé de la série, quel est l'intérêt de sortir ça ?

En plus d'entourlouper gentiment les lecteurs français qui ne seraient pas renseignés quant au caractère inachevé du titre, l'édition française se paie le luxe de ne pas justifier son prix, le grand format n'occultant pas une qualité d'impression médiocre, la mauvaise qualité des pages en couleur et le faible nombre de pages (150 pages seulement). On soulignera malgré tout l'effort fait sur la couverture.


Koiwai


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
6 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs