Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 20 Juin 2019
Chronique 2
La Moisson a fini par passer sur le village de Lightyard, en emportant sur son passage quasiment tout le monde, dans le sang et les larmes. Même l'Egide Almace n'a rien pu faire et l'a payé de sa vie... mais au sein du village, il y a des jeunes prometteurs, que leurs proches ont décidé de préserver coûte que coûte. Et c'est ainsi que sous l'impulsions d'Alkonot, une Faucheuse qui est en réalité une infiltrée, les adolescents du village sont envoyés chacun en un lieu différent, afin d'y suivre une formation spécifique.
Jusque-là, Foa ne vivait que pour devenir forgeron et n'imaginait aucunement pouvoir se battre par lui-même, mais le voici propulsé, par la force des choses, au Rempart du Salut, l'école de formation des Egides. Sur place, il retrouve Fara, la fille aînée de son défunt maître Darbin, puis il fait la connaissance de nouveaux visages comme l'amusante Wilda Gerulphus et commence une formation qui risque de lui en apprendre beaucoup sur lui-même. Hatal est guidé jusqu'à la Guilde de l'Arcane, au sein de laquelle il devrait être initié à pas mal de mystères. De son côté, Pilin est chargé de devenir un tireur à l'arc hors pair au sein de l'Ecole de l'Acuité, où il pourra perfectionner ses talents de chasseur, se faire de nouveaux amis, mais aussi s'attirer certaines jalousies en montrant d'emblée ses capacités. Enfin, Raust est emmené par Alkonot en personne jusqu'au coeur du repaire ennemi, celui des Faucheurs. Alkonot compte bien lui faire développer ses pouvoirs, quitte à le confronter à certaines vérités parfois terribles.
Après un premier tome en forme d'entrée en matière sombre et mouvementée, ce deuxième volume d'Egregor suit un schéma très simple sur le papier, en entamant en parallèle la phase de formation de chacun des quatre jeunes garçons. Au fil de ce volume, on regrettera un petit peu certaines choses: des éléments un brin rapides (surtout dans l'installation brève de la plupart des nouveaux personnages comme les camarades des garçons), quelques transitions trop abruptes, le côté pour l'instant très en retrait de Hatal par rapport aux trois autres... Mais en dehors de ça, c'est un volume très intéressant que parviennent à nous offrir les deux auteurs, notamment parce que Jay Skwar commence à considérablement enrichir le background de son univers. Cela passe par pas mal de petites découvertes: l'immersion dans l'Empire de Caldron et le mont Darom où les Faucheurs sont regroupés, l'objectif de ces derniers concernant le règne de l'Âme, la sordide vérité sur l'utilité des cadavres récupérés par les Faucheurs, l'évocation de Tiphereth le Dieu de l'Âme et créateur de l'Astre Solaire ainsi que que Zephyr l'Empereur de Caldron et Maître de l'Adoration... Le scénariste se permet également quelques brefs élans quasiment philosophiques, par exemple sur le sens du combat (Foa semble pour l'instant surtout vouloir combattre par vengeance, mais est-ce là la source de la raison d'être du combat ?). La partie la plus copieuse concerne néanmoins tout ce que Jay Skwar imagine autour de certains concepts: le fonctionnement de l'énergie, sa division en courants substanciels (l'Âme et l'Esprit, l'un répondant à la passion/au coeur et l'autre à la raison/au cerveau), à l'intérieur de ces courants d'autres choses comme la Psyché et le Mental, la représentation en couleur de ces différents courants d'énergie... Jay Skwar a bien pensé les choses, affiche une volonté d'aller assez loin... mais autant être clair: même si tout ceci est intéressant et offre de bonnes perspectives pour la suite, par moment sil faut réellement s'accrocher pour bien tout emmagasiner, car certaines pages s'avèrent particulièrement denses en explications. Heureusement, la plupart du temps les auteurs cherchent à bien distiller ces phases explicatives, notamment en nous les présentant par bribes selon ce que font les différents héros.
Pour le reste, afin d'entretenir un certain rythme dans ce volume globalement plus explicatif, Jay Skwar arrive à plutôt bien jouer sur certains petits événements dont un dramatique autour de Pilin en fin de volume, et sur quelques approfondissements de personnages qui pourraient permettre à nos héros d'avoir une meilleure compréhension d'eux-mêmes: la confrontation de Raust au passé de ses proches, ses découvertes, ses remontrances envers les sacrifices faits par Alkonot, le sentiment de culpabilité de Foa d'avoir survécu et pas les autres habitants, le fait qu'il peut prévoir les mouvements sans recourir à l'implant neuronal... Et tout ceci, Kim Jae Hwan continue de le mettre assez efficacement en images: malgré un style parfois très froid, l'ensemble se veut assez riche et intense, et les designs restent efficaces, autant pour les humains que pour les autres créatures comme le habrok.
Il ressort de tout ceci une lecture ici assez exigeante afin de mieux cerner l'univers et les concepts imaginés par Jay Skwar, mais le jeu en vaut la chandelle car Egregor devient dès lors plus immersif et intrigant. Il n'y a plus qu'à voir si cette phase de formation va encore durer longtemps, mais en attendant la série est ici sur une pente ascendante.
Parallèlement à la sortie de ce deuxième tome, les éditions Meian ont lancé une idée intéressante, sous l'impulsion de Jay Skwar: le "Journal de Foa", un concept où, à travers son "journal en ligne", le héros d'Egregor nous permet d'en apprendre encore plus sur l'univers, chapitre par chapitre. Via des textes écrits par le scénariste lui-même et disponibles sur le site de Meian (le tout va être mis à jour régulièrement, au gré des chapitres), l'ensemble s'avère assez original dans sa forme, et apporte réellement pas mal de petits enrichissements et éclaircissements sur l'univers d'Egregor. Ca mérite donc largement qu'on s'y attarde un peu !
Jusque-là, Foa ne vivait que pour devenir forgeron et n'imaginait aucunement pouvoir se battre par lui-même, mais le voici propulsé, par la force des choses, au Rempart du Salut, l'école de formation des Egides. Sur place, il retrouve Fara, la fille aînée de son défunt maître Darbin, puis il fait la connaissance de nouveaux visages comme l'amusante Wilda Gerulphus et commence une formation qui risque de lui en apprendre beaucoup sur lui-même. Hatal est guidé jusqu'à la Guilde de l'Arcane, au sein de laquelle il devrait être initié à pas mal de mystères. De son côté, Pilin est chargé de devenir un tireur à l'arc hors pair au sein de l'Ecole de l'Acuité, où il pourra perfectionner ses talents de chasseur, se faire de nouveaux amis, mais aussi s'attirer certaines jalousies en montrant d'emblée ses capacités. Enfin, Raust est emmené par Alkonot en personne jusqu'au coeur du repaire ennemi, celui des Faucheurs. Alkonot compte bien lui faire développer ses pouvoirs, quitte à le confronter à certaines vérités parfois terribles.
Après un premier tome en forme d'entrée en matière sombre et mouvementée, ce deuxième volume d'Egregor suit un schéma très simple sur le papier, en entamant en parallèle la phase de formation de chacun des quatre jeunes garçons. Au fil de ce volume, on regrettera un petit peu certaines choses: des éléments un brin rapides (surtout dans l'installation brève de la plupart des nouveaux personnages comme les camarades des garçons), quelques transitions trop abruptes, le côté pour l'instant très en retrait de Hatal par rapport aux trois autres... Mais en dehors de ça, c'est un volume très intéressant que parviennent à nous offrir les deux auteurs, notamment parce que Jay Skwar commence à considérablement enrichir le background de son univers. Cela passe par pas mal de petites découvertes: l'immersion dans l'Empire de Caldron et le mont Darom où les Faucheurs sont regroupés, l'objectif de ces derniers concernant le règne de l'Âme, la sordide vérité sur l'utilité des cadavres récupérés par les Faucheurs, l'évocation de Tiphereth le Dieu de l'Âme et créateur de l'Astre Solaire ainsi que que Zephyr l'Empereur de Caldron et Maître de l'Adoration... Le scénariste se permet également quelques brefs élans quasiment philosophiques, par exemple sur le sens du combat (Foa semble pour l'instant surtout vouloir combattre par vengeance, mais est-ce là la source de la raison d'être du combat ?). La partie la plus copieuse concerne néanmoins tout ce que Jay Skwar imagine autour de certains concepts: le fonctionnement de l'énergie, sa division en courants substanciels (l'Âme et l'Esprit, l'un répondant à la passion/au coeur et l'autre à la raison/au cerveau), à l'intérieur de ces courants d'autres choses comme la Psyché et le Mental, la représentation en couleur de ces différents courants d'énergie... Jay Skwar a bien pensé les choses, affiche une volonté d'aller assez loin... mais autant être clair: même si tout ceci est intéressant et offre de bonnes perspectives pour la suite, par moment sil faut réellement s'accrocher pour bien tout emmagasiner, car certaines pages s'avèrent particulièrement denses en explications. Heureusement, la plupart du temps les auteurs cherchent à bien distiller ces phases explicatives, notamment en nous les présentant par bribes selon ce que font les différents héros.
Pour le reste, afin d'entretenir un certain rythme dans ce volume globalement plus explicatif, Jay Skwar arrive à plutôt bien jouer sur certains petits événements dont un dramatique autour de Pilin en fin de volume, et sur quelques approfondissements de personnages qui pourraient permettre à nos héros d'avoir une meilleure compréhension d'eux-mêmes: la confrontation de Raust au passé de ses proches, ses découvertes, ses remontrances envers les sacrifices faits par Alkonot, le sentiment de culpabilité de Foa d'avoir survécu et pas les autres habitants, le fait qu'il peut prévoir les mouvements sans recourir à l'implant neuronal... Et tout ceci, Kim Jae Hwan continue de le mettre assez efficacement en images: malgré un style parfois très froid, l'ensemble se veut assez riche et intense, et les designs restent efficaces, autant pour les humains que pour les autres créatures comme le habrok.
Il ressort de tout ceci une lecture ici assez exigeante afin de mieux cerner l'univers et les concepts imaginés par Jay Skwar, mais le jeu en vaut la chandelle car Egregor devient dès lors plus immersif et intrigant. Il n'y a plus qu'à voir si cette phase de formation va encore durer longtemps, mais en attendant la série est ici sur une pente ascendante.
Parallèlement à la sortie de ce deuxième tome, les éditions Meian ont lancé une idée intéressante, sous l'impulsion de Jay Skwar: le "Journal de Foa", un concept où, à travers son "journal en ligne", le héros d'Egregor nous permet d'en apprendre encore plus sur l'univers, chapitre par chapitre. Via des textes écrits par le scénariste lui-même et disponibles sur le site de Meian (le tout va être mis à jour régulièrement, au gré des chapitres), l'ensemble s'avère assez original dans sa forme, et apporte réellement pas mal de petits enrichissements et éclaircissements sur l'univers d'Egregor. Ca mérite donc largement qu'on s'y attarde un peu !
Chronique 1
La Moisson qui a frappé le village de Lightyard fut particulièrement sanglante. Infiltrée au sein de l'Adoration, la Faux qu'est Alkonost parvient à sauver Foa, Pilin, Hatal et Raust, pour les confier à des entités différentes. Chacun de leur côté, les quatre survivants vont embrasser un destin nouveau, ce qui va passer par une formation ardue pour les quatre...
Après un premier tome particulièrement plaisant par son rythme et son introduction sombre, Egregor devait continuer à nous montrer ce qu'il a dans le ventre. Avec ce second volet, le scénariste Jay Skwar choisit de développer davantage son univers à travers une phase que bon nombre de manga d'action connaissent, notamment les shônen : la phase d'entraînement.
Ainsi, le volume nous permet de suivre les quatre rescapés, à savoir Foa, Pilin, Hatal et Raust, dans leurs formations respectives. Une formule qui peut paraître longuette étendue à la totalité du tome, mais l'auteur semble tellement avoir à dire sur sa série qu'on a finalement l'impression que peu de choses nous sont finalement présentées, ici. Ce qui est une fausse impression, l'objectif de cette suite étant plutôt de nous inculquer bon nombre de données qui pourraient s'avérer cruciales par la suite.
Le premier opus montrait des personnages particulièrement puissants, comme s'ils étaient dôtés d'un immense pouvoir, et c'est l'une des clés de l'univers qui est ici introduite. Comme bon nombre de shônen (ces derniers faisant partie des influences de Jay Skwar), Egregor propose son propre système de puissance, des mécaniques assez complexes qu'il convient de lire avec assiduité. Heureusement, le tome garde un assez bon équilibre, ces données étant divisées via différents point de vue, afin de rendre le tout plus digeste. Reste que la mission des prochains tomes sera de fluidifier tout ça : les personnages, comme le lecteurs, apprennent les tenants et les aboutissants de tout ce système d'énergie, aussi la suite aura la tâche de faciliter la compréhension de l'ensemble.
Heureusement, ce ne sont pas de longs amas d'explications qui sont proposés, mais plusieurs petites parenthèses au cours du quotidien des quatre compagnons. L'intérêt majeur du tome réside donc dans la découverte des formats de chacun d'entre-eux, forçant parfois le volume à aller un peu vite et à ne pas tout contextualiser. Lire les différentes notes d'introduction se révèle être un plus, de même pour « Le Journal de Foa », notes du héros publiées sur internet par l'éditeur, qui aide à l'immersion du lecteur. Preuve en est qu'Egregor est un univers assez complexe que l'auteur a peut-être encore du mal à bien présenter au sein du récit. Malgré des confusions, on attend de voir ce que cela donnera sur le long terme, car la série semble avoir des ingrédients de côté pour briller sur ses futurs volume.
En résulte un tome de transition très insistant sur l'univers, et nécessitant une concentration particulière pour saisir l'ensemble. Le tout parvient toutefois à être divertissant dans l'ensemble et jamais trop pénible à ingérer. Le plus grand défaut vient peut-être du fait qu'il est difficile pour les auteurs de s'attarder sur ces quatre compagnons sans s'étaler sur plusieurs tomes, on espère alors un rendu un peu plus fluide sur les tomes à venir.