Eclat(s) d'âme Vol.3 - Actualité manga
Eclat(s) d'âme Vol.3 - Manga

Eclat(s) d'âme Vol.3 : Critiques

Shimanami Tasogare

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 04 Décembre 2018

Chronique 2
  
Sans parvenir exactement à savoir pourquoi, Tasuku comprend bien qu'il a blessé Misora, et depuis l'incident le petit garçon ne donne plus aucune nouvelle de lui et ne vient plus au salon. C'est donc avec l'esprit un peu troublé que l'adolescent reprend les cours après les vacances, et il est d'autant plus troublé qu'il peine également à bien cerner Tsubaki, le garçon qu'il aime secrètement. Mais peut-être que les activités associatives au sein du Congrès des chats vont l'aider à y voir un petit peu plus clair: non seulement Tsubaki finit par en prendre connaissance et par venir s'impliquer un peu dans les projets de reconstruction, mais en plus Utsumi voit réapparaître devant lui une ancienne connaissance en Shôko Koyama, une ancienne camarade de classe aujourd'hui mariée et maman...

Une nouvelle fois dans Eclat(s) d'âme, tout est question de relations avec les autres, ces relations pouvant souvent aider les personnages à mieux comprendre et à mieux se comprendre. Ainsi, deux personnages peuvent être considérés comme centraux dans ce volume, dans la mesure où leur façon d'être va beaucoup marquer Tasuku, et pas que. Et il s'agit d'Utsumi et de Koyama. L'occasion nous est d'abord donnée de découvrir le passé d'Utsumi, femme ayant fait le choix de devenir homme. Face à lui, son ancienne connaissance Koyama peut sembler particulièrement bénéfique et compréhensive, en acceptant cela le plus naturellement du monde. Mais peut-être la chose est-elle plus complexe que cela, surtout pour Utsumi... A force de vouloir être hyper bénéfique, Koyama ne risque-t-elle pas de blesser Utsumi en en faisant trop ? D'autant plus qu'Utsumi est d'un naturel à très peu se mettre en avant, et que cette situation pourrait finir par lui peser d'une certaine manière... Face à cette façon d'être de Koyama, Tasuku semble alors reconnaître le comportement trop bienveillant et pesant que lui-même a peut-être eu envers Misora.

Quant à la réaction qu'Utsumi finit par avoir face à Koyama, elle ne manque pas, elle non plus, d'avoir son importance en mettant une chose en avant: faut-il rester silencieux ou non ? La thématique du silence est l'un des fils rouges de ce volume: Tasuku s'interroge assez vite sur ce qu'il faut dire ou non, sur le fait de savoir si "le silence est d'or" ou pas, et au fil du tome plusieurs exemples ont tendance à lui affirmer que oui, mieux vaut se taire. Et pourtant, il y a des cas où ne pas la fermer pourrait réellement bousculer ce qui ne va pas, Utsumi le montrera bien, et cela aura à nouveau un impact assez fort sur Tasuku dans sa relation avec Tsubaki.

Car l'autre élément-moteur du tome est bien le lien qui s'est créé entre notre héros et le garçon qu'il aime. Un lien qui semble encore se renforcer en amitié au fil des pages, mais Tsubaki semble décidément être un garçon difficile à comprendre, il risque d'avoir de nombreuses paroles malheureuses, et au bout du compte oser l'ouvrir face à lui pourrait être réellement bénéfique pour tous les deux...

Le message fort de tout ceci, c'est surtout, une nouvelle fois, que chacun a sa manière de réagir et d'appréhender les choses, Utsumi en étant encore un bon exemple en ne demande pas forcément à être compris par tout le monde, mais en souhaitant simplement vivre en étant ce qu'il est.

Visuellement, Kamatani livre encore un trait fin et expressif, tout en nuances, ainsi que quelques merveilles métaphoriques, et de très belles mises en avant de décors ou de détails qui ont beaucoup de choses à révéler.

Après trois volumes, Eclat(s) d'âme conserve donc toute sa pertinence, Yuhki Kamatani abordant dans toute sa complexité et avec une grande finesse son vaste sujet de société et d'actualité. EN filigranes, l'hôte du salon reste également une figure particulièrement mystérieuse, dont l'aura presque fantastique intrigue de plus belle en vue du 4e et déjà dernier tome.
  
  
Chronique 1
  
Depuis l'incident avec Misora, Tasuku n'a plus de nouvelles du jeune garçon. Mais la rentrée est là, et le lycéen doit de nouveau se concentrer sur ses activités scolaires. Heureusement, les brimades dont il était la cible se sont tues. Son quotidien n'en est que plus heureux, notamment parce qu'il se rapproche du séduisant Tsubaki qui, par un concours de circonstances, se retrouve mêlé aux activités de rénovation du Congrès des Chats. Autre surprise de taille : une vieille amie d'Utsumi se joint aussi aux activités, mettant en lumière l'identité du jeune adulte.

Avec Éclat(s) d'Âme, Yuki Kamatani explore avec une grande diversité les thématiques liées à la communauté LGBT+. Le tome précédent s'intéressait à l'attachant Misora, et cette suite va s'intéresser à d'autres personnages. C'est aussi l'une des forces du manga : décortiquer les uns après les autres les membres du Congrès des Chats, des figures toutes plus marquantes les unes que les autres.

L'auteur(e) aborde ici une autre facette de la communauté qui n'avait pas été évoquée jusqu'à présent : les personnes transgenres. Utsumi, né fille, en est une, l'idéal pour Yuki Kamatani de parler du regard d'autrui sur la communauté LGBT+. En opposant Utsumi à Koyama, une amie d'enfance du personnage, on assiste à un développement d'une oppression peut-être trop passée sous silence : Koyama, plus que bienveillante, cherche à parler de l'identité d'Utsumi beaucoup plus que l'intéressé, lui qui ne souhaite que vivre tel qu'il est au jour le jour, sans chercher à parler de lui. La narration du récit reste alors puissante, la mise en scène de Yuki Kamatani faisant parfaitement ressentir le malaise qui s'installe entre Utsumi et certains personnages. Le tout reste aussi parfaitement subtil puisque Koyama n'est jamais dépeinte comme une nuisance, au contraire même, une nuance de ton qui amène véritable à la réflexion au cours de la lecture. Et c'est une force d’Éclat(s) d'Âme : le récit traite énormément d'idée avec une grande justesse d'écriture et ne donne jamais l'impression de trop en faire.

En parallèle à Utsumi, l'intrigue développe aussi considérablement la relation solide qui se noue entre Tasuku et Tsubaki. L'amoureux du protagoniste est une figure imperceptible, et Yuki Kamatani joue énormément là-dessus pour nous faire douter sans cesse du personnage. Une ambiguïté qui contraste avec le ressentiment de plus en plus fort, et rendu volontaire de la part de l'auteur(e), que les lecteurs peuvent éprouver envers le personnage. Certaines scènes demeurent même particulièrement dures, ce à cause de propos volontairement violents que la traduction française appuie parfaitement. Et la dualité ne concerne pas que notre ressenti sur Tsubaki : avec une certaine poésie de narration et des métaphores visuelles dont seul(e) Yuki Kamatani est capable, on assiste à une nuance du personnage, un passage de la noirceur à la lumière, de la haine à la douceur, qui rend les choses beaucoup moins manichéennes que ce que certaines scènes laissaient croire. La fin du volume oriente la relation entre les personnages différemment, aussi ne pas avoir le prochain opus sous les mains relève de la torture !

Quelle destinée pour l'histoire amoureuse de Tasuku ? Et comment se dévoilera Tsubaki dans la suite ? Tant de questions auxquelles devra répondre le 4e volume qui sera malheureusement le dernier... Autant dire que les membres du Congrès des Chats et son mystérieux hôte nous manquent déjà.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs