Divine comédie (la) Vol.1 - Actualité manga

Divine comédie (la) Vol.1 : Critiques

Dante Shinkyoku

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 13 Octobre 2015

Avant-dernier manga de la première collection Gô Nagai des éditions Black Box, la Divine Comédie, comme son nom l'indique, voit l'auteur adapter l'oeuvre colossale de Dante Alighieri sous la forme de trois volumes qui nous sont servis dans une éditions comportant les mêmes qualités et défauts que Goldorak et Devilman : un grand format qui permet d'apprécier au mieux les pages fouillées du mangaka, une traduction claire, un papier blanc permettant une meilleure qualité d'impression, une frise se dessinant sur le dos des tomes... mais aussi un petit effet de transparence du papier, quelques bulles coupées sur les bords, et surtout l'absence totale de travail explicatif. La présentation sur la quatrième de couverture est minime, il n' y a aucune notre de traduction sur les nombreuses références mythologiques et historiques... C'est dommage, même si l'éditeur ni peut visiblement rien, puisqu'il a dû se calquer fidèlement sur les éditions parues en Italie.

Quoi qu'il en soit, celles et ceux qui connaissent l'oeuvre originale ressentiront facilement toute la fidélité que Nagai a voulu avoir dans son manga. Missionné par les Cieux et guidé par le poète romain Virgile, Dante visitera le Monde des Morts, découvrant au fil des pages l'Enfer, le Paradis, puis le Purgatoire. Et quand on connaît le mangaka, on n'est pas étonné de le voir s'intéresser plus spécifiquement à l'Enfer, qui occupe tout ce premier volume et dont la visite n'est pas encore terminée au bout de celui-ci.

Traversant les uns après les autres les lieux infernaux comme le Styx, Dante découvre les différents cercles infernaux, correspondants pour la plupart aux péchés capitaux : luxure, gourmandise, colère... Là, il voit les pécheurs condamnés à expier éternellement leurs erreurs à travers des châtiments tous plus horribles les uns que les hommes : se faire dévorer constamment par Cerbère, brûler... Dante ne manquait pas d'imagination concernant les châtiments, et Gô Nagai lui emboîte facilement le pas en étalant le tout via des dessins denses et immersifs. Bien sûr, l'oeuvre, âgée de plus de 40 ans, a forcément pris un coup de vieux visuellement, principalement dans le design des personnages humains. Mais la mise en scène et le découpage ont conservé toute leur puissance, et tout le travail d'imagerie a conservé sa portée. Les inspirations de Gustave Doré (qui a offert une vision illustrée de l'oeuvre de Dante, rappelons-le) se ressentent très souvent dans les décors et dans le physique des habitants infernaux, et certains dessins offrent même des reprises très claires et fidèles des illustrations de Doré, à l'image de celles mettant en scène Charon.

On retrouve également dans cette adaptation manga tout le croisement d'influences de Dante : les éléments traditionnels chrétiens se mêlent à une mythologie grecque omniprésente, ainsi croise-t-on Charon, Minos, Cerbère, les Gorgones, Pluton... Pour appuyer son récit, Dante livre ses propres visions de personnages humains historiques ou mythiques comme Cléopâtre, Didon ou Pâris qui sont enfermés dans le cercle de la luxure, auxquels il mêle certains de ses contemporains comme une sorte d'exutoire, et recrée comme une sorte de guide l'image de Béatrice, la femme qu'il aima, qui mourut trop jeune et qui le laissa dans le chagrin toute sa vie.

Ce parcours symbolique et violent en Enfer permet également de soulever toute l'ambivalence de certaines situations où Dante, en même temps que le lecteur, est poussé à s'interroger sur les péchés des pauvres âmes damnées. Plus d'une fois, les pécheurs apparaissent pus comme des victimes, à l'image de Paolo et Francesca dont la seule tare fut de s'aimer d'une passion dévorante. En ceci, toute la dernière partie du volume s'avère encore plus intéressante dans sa peinture religieuse qui trouve encore un écho aujourd'hui à travers les incessants conflits de religion. Toutefois, on regrette que les quelques réflexions et remises en cause de Dante n'aillent pas plus loin.

L'oeuvre de Dante étant colossale, il est évident que Gô Nagai offre ici une adaptation très raccourcie. Mais l'auteur parvient à aller à l'essentiel et  offrir une oeuvre riche et symboliquement forte.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs