Demande à Modigliani ! Vol.5 - Actualité manga
Demande à Modigliani ! Vol.5 - Manga

Demande à Modigliani ! Vol.5 : Critiques

Modigliani ni Onegai

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 15 Juillet 2022

Deux ans et demi après son Lancement en France, et 14 mois après la parution du tome 4 en avril 2021, Demande à Modigliani! a enfin vu son 5e et dernier volume paraître en France à la toute fin du mois de juin. Achevée au Japon dans son magazine de prépublication fin 2020 avec un ultime tome sorti en janvier 2021, l'oeuvre d'Ikue Aizawa aura donc mis un certain temps pour trouver sa conclusion dans notre pays, chose que l'on pardonne facilement à l'éditeur français: naBan reste une petite structure, la série n'a malheureusement pas trouvé un public très présent malgré ses grandes qualités... Peut-être aurait-on surtout aimé que naBan puisse mettre à profit ce long délai de parution pour relire plus attentivement le tome, qui comporte un certain nombre de petites coquilles évitables dans les textes, mais en vérité on a surtout envie de remercier l'éditeur pour être allé au bout de cette série avec laquelle, pour rappel, il s'est lancé.

Dans ce dernier volume, on retrouve nos trois héros, Fujimoto, Motoyoshi et Chiba, alors qu'ils doivent plancher sur leur projet de fin d'études avec, peut-être, la possibilité de s'exposer sur le mur principal. Dans cette optique, une petite rivalité anime Motoyoshi, dont le génie n'est plus à prouver, et Fujimoto, qui a bien évolué et a su surpasser ses incertitudes au fil du temps, que ce soit en nuant certains liens forts (avec sa petite amie en tête) ou en s'interrogeant régulièrement sur son Art. Reste alors Chiba, qui continue encore de douter quant à la vie qu'il suit dans la verrerie. En retournant à Toyama, trouvera-t-il les réponses qui lui manquent ?

Achevant fort logiquement la série, le projet de fin d'études (et donc la fin des années étudiantes passées ensemble par nos héros) occupe forcément une place cruciale dans ce dernier opus, et c'est notamment l'occasion pour Ikue Aizawa de mettre une dernière fois en avant les spécialités artistiques que chacun de trois garçons a choisies. Mais si le domaine artistique pur reste évidemment présent, jusqu'au bout l'autrice met surtout en valeur les éléments-clés de son récit: l'humanité qui se dégage de ses attachants personnages à travers leurs tourments (y compris pour Motoyoshi qui, tout génie soit-il, doit définitivement se confronter à ses traumatismes passés liés au drame du 11 septembre 2011), leurs dernières évolutions personnelles permettant nombre de petites réflexions diverses sur ce qui fait l'être humain et la vie humaine jusque dans les toutes dernières pages, leurs régulières remises en question sur leur rapport à l'Art en tant qu'artistes en devenir eux-mêmes, et surtout le rapport général de tout un chacun à l'Art, cet Art que chacun peut percevoir différemment, qui peut ne toucher aucunement certaines personnes mais qui est profondément essentiel voire peut être réellement salvateur à différentes périodes d'une vie.

De son trait toujours aussi artisanal, réalisé entièrement à la main avec des merveilles de remplissages, de découpages et de métaphores visuelles, Aizawa accompagne jusqu'au bout très bien ce récit où elle a également le mérite de ne rien idéaliser dans la finalité des études de nos héros, en particulier pour Chiba qui, s'il ne suit pas forcément la voie la plus logique de la fin des études, donne surtout le sentiment de s'être enfin trouvé. La réussite étudiante totale n'est pas la finalité, n'est pas le plus importante, et c'est bien le parcours personnel de chacun qui compte le plus.

On referme ce dernier tome satisfait, avec le sentiment qu'Ikue Aizawa a très bien su mener son récit jusqu'au bout, sans tomber dans les facilités, en gardant bien sa ligne de conduite rendant son manga assez unique. On devine aussi qu'il y a beaucoup d'elle-même dans cette histoire, chose qui se confirme à la lecture de son assez longue et intéressante postface où elle se confie un peu. Une chose est sûre: la mangaka nous dévoile ici une patte très artistique et personnelle, vraiment jolie et que l'on aura follement envie de retrouver à l'avenir, pourquoi pas sur d'autres publications d'elle dans notre pays.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction