Conqueror of the Dying Kingdom Vol.1 - Manga

Conqueror of the Dying Kingdom Vol.1 : Critiques

Horobi no Kuni no Seifukusha - Maou wa Sekai wo Seifuku suru you desu

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 10 Mai 2023

C'est encore un manga isekai qui trace sa route jusqu'au catalogue des éditions Doki-Doki en ce mois de mai: Conqueror of the Dying Kingdom. Lancé au Japon en 2022 dans le magazine Comic Gardo des éditions Overlap avec actuellement deux tomes au compteur, ce manga voit Muramasa Sabiku (aussi appelé Muraji) adapter le light novel (inédit en France) Horobi no Kuni no Seifukusha, ce dernier étant écrit par Fudeorca et illustré par toi8.

Ici, tout commence par la découverte d'un homme bien malheureux dans notre monde: meurtri par un contexte familial désastreux où il n'a jamais été aimé, dépourvu d'amis, vivant seul dans son petit studio miteux en ayant perdu goût à la vie, il finit par mourir noyé en sauvant la vie d'une fillette... avant de se réincarner dans un autre monde, sous les traits d'un nouveau-né aux oreilles pointues nommé Yuri Ho. Et à partir de là, un tout nouveau monde va s'ouvrir à lui.

Les premières dizaines de pages s'appliquent tout d'abord à nous exposer les premières années d'existence de Yuri dans cet autre monde fantastique, en dégageant en premier lieu une chose importante: sa mère Suzuya et son père Luke le couvrent d'amour, si bien que pour la première fois de sa vie il se sent aimé, ce qui rend d'emblée cette petite famille attachante. Et c'est dans ce contexte aimant qu'on le suit dans différentes étapes cruciales de son enfance, tout d'abord en tant que nouveau-né, puis à trois ans, à quatre ans et enfin à sept ans pour ce premier tome. Cette façon assez posée et bienveillante d'installer le récit nous rappelle un petit peu les débuts du très beau Faraway Paladin, publié en France par les éditions Komikku. Et évidemment, cela permet au mangaka de soigneusement installer nombre de choses avec clarté, vite et bien, sur différents plans, tout en nous émerveillant en même temps que Yuri sur ce nouveau monde auquel il s'attache toujours plus, tant il lui apparaît fascinant sur plusieurs points.

Sous la houlette de son père, autrefois chevalier mais qui a abandonné cette fonction pour gérer paisiblement sa ferme où il excelle en élevage d'oiseaux-montures, Yuri découvre tout d'abord, avec entrain, un bestiaire fantastique qui, entre les oiseaux-coureurs pour se déplacer sur terre et les aigles-rois pour s'envoler dans les airs, a déjà tout pour captiver, si bien qu'il s'applique déjà lui-même dans cet art d'élever les bêtes avec soin et affection, chose qui nous rappelle un petit peu un autre manga là aussi, à savoir le sublime Elin la charmeuse de bêtes qui est sorti en France chez Pika Edition. Mais les découvertes du jeune garçon ne s'arrêtent pas là, bien sûr: il découvre le royaume Shiyalta dans lequel il vit, sa capitale Shibyaku, les grandes lignes de l'histoire de ses parents et de ce pays, ainsi que des éléments culturels de là-bas comme le jeu nommé tôgi. Mais il rencontre également des visages voués à avoir leur importance dans sa nouvelle vie, à l'image de Galla (un ami chevalier de son père), Gouk le chef des chevaliers du clan Ho et frère aîné de Luke, sa cousine Sham aussi caractérielle qu'intelligente, ou encore la princesse Carol Fur Chartres. Tout le talent de Muramasa Sabiku, dans son adaptation, est de vraiment parvenir à exposer tout ceci sans traîner mais toujours avec clarté, tant les enrichissements sont bien distillés. Et c'est avec tout autant d'intérêt que l'on voit Yuri se décider à tenir un journal pour consigner les souvenirs de sa vie antérieure et ses connaissances emmagasinées au Japon avant de les oublier, chose qui pourrait ainsi lui permettre de faire de son ancienne vie ratée une force.

Mais si les débuts de ce récit ont quelque chose de particulièrement captivants, on se doute bien que la part paisible cache des enjeux plus difficiles, et ça ne manque pas de se confirmer dans la dernière partie du tome, dès lors que l'on apprend que le pays est en guerre, une guerre que Luke a longtemps réussi à fuir pour rester en paix, mais qui risque bien de rattraper sa famille brutalement, dès lors qu'une tragédie frappe. Là aussi, entre les brèves mais limpides explications sur le contexte historique de cette guerre et les enjeux internes du clan Ho, le mangaka expose efficacement les choses, jusqu'à nous laisser sur des dernières dizaines de pages intrigantes à souhait, mais sur lesquelles nous n'en dirons pas plus afin de ne rien spoiler.

Enfin, en plus de sa narration maîtrisée et limpide, de son univers prometteur et de son ambiance réussie, Conqueror of the Dying Kingdom peut également se targuer d'avoir un rendu visuel particulièrement ravissant. Sabiku s'applique beaucoup dans les designs de ses personnages et des animaux, ces derniers ayant même généralement quelque chose d'assez captivant à observer, en particulier les aigles-rois dès qu'ils se déploient et volent dans le ciel. les séquences de vol sont, d'ailleurs, une chose que le dessinateur rend merveilleusement bien, avec des vues splendides nous permettant de profiter des décors sous des angles bien différents. Et ces décors sont précisément une autre force: entre les paysages naturels (plaines, montagnes...), les villages et la grande ville dont il soigne beaucoup le rendu, Sabiku régale souvent en accentuant vraiment bien l'immersion.

Les débuts de ce nouvel isekai sont donc une véritable réussite. Sous une narration maîtrisée et un dessin très séduisant, le mangaka installe avec clarté et immersion les débuts d'une intrigue prometteuse dans un monde que l'on a hâte de découvrir toujours plus, à l'instar du personnage principal. Conqueror of the Dying Kingdom est l'un des mangas de ce genre nous ayant le plus séduit ces dernières années sur le premier tome,et l'on espère bien que la suite saura confirmer ces excellentes impressions.

Du côté de l'édition française, Doki-Doki nous propose, une nouvelle fois, une très bonne copie avec un papier bien épais et opaque, une excellente impression, quatre premières pages en couleurs sur papier glacé, une traduction impeccable de Virgile Macré, un lettrage soigné de la part du Studio Charon, et une jaquette proche de l'originale japonaise tout en bénéficiant d'un logo-titre bien pensé. Notons également, comme il est de coutume pour ce genre de manga, la présence d'une petite nouvelle du romancier d'origine.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs