Blue Giant Supreme Vol.4 - Actualité manga
Blue Giant Supreme Vol.4 - Manga

Blue Giant Supreme Vol.4 : Critiques

Blue Giant Supreme

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 19 Mai 2021

Ce quatrième tome de Blue Giant Supreme commence en nous immisçant auprès d'un nouveau personnage: Raphaël Bonneau dit "Rafa", un jeune français batteur de son état, venu s'exiler en Allemagne pour jouer. Shinichi Ishizuka démarre les choses en nous offrant une de ces narrations astucieuses dont il a le secret, faite de brefs retours en arrière allant à chaque fois un peu plus loin, pour bien nous faire comprendre en un rien de temps le chemin que ce jeune homme a parcouru en un an et demi depuis son arrivée en Allemagne, ainsi que son état d'esprit. Et à la clé, on entrevoit un jeune homme qui, sur certains points, n'est peut-être pas si différent que ça de Dai, puisque lui aussi est parti à l'étranger sur un coup de tête, par amour et passion pour le jazz qu'il veut jouer encore et encore... Et pourtant, si "Rafa" et notre héros en venaient à jouer ensemble, seraient-ils dans une connexion idéale ? En effet, si Dai veut toujours progresser et devenir le plus grand des jazzmen tout en faisant le plus grand groupe de jazz du monde, le jeune français, lui, a une vision des choses différentes, en ne voulant s'engager dans aucun groupe sur la longueur, pour plutôt enchaîner les prestations un peu partout, agrandir son carnet de contacts et ainsi être sûr de pouvoir jouer encore et encore.

Présenter ainsi Raphaël dès le départ a évidemment beaucoup de sens, puisque ce batteur talentueux, capable de s'adapter facilement aux autres pour les accompagner quitte à masquer son vrai talent, sera l'enjeu principal de tout le tome pour Dai, Hannah, et désormais le pianiste polonais Bruno qui a accepté de tenter le coup avec nos héros mais qui a déjà prévenu, avec son sale caractère, qu'il se cassera immédiatement si le jeu du japonais et de l'allemande ne lui plaisent pas. Nos héros, sur proposition de Bruno qui ne le porte pourtant pas dans son coeur, veulent effectivement tenter le coup avec la français, mais ce dernier acceptera-t-il seulement une collaboration sur la longueur, lui a qui a pour principe premier de toujours les refuser ?

La réponse ne peut se dessiner que d'une manière: en jouant ! Et de ce côté-là, Ishizuka fait là aussi des merveilles, surtout lors de la session réunissant les quatre musiciens. Que ce soit visuellement, avec des représentations de la musique toujours aussi redoutables d'efficacité, notamment l'exploitation soutenue voire volontairement envahissante des onomatopées pour souligner le rythme hyper soutenu des réponses musicales que chaque musicien se renvoie. Ou via la façon dont chacun d'eux s'observe, se jauge, tâche de suivre l'autre ou de le mettre au défi d'aller encore plus loin. L'esprit du jazz est bien là, comme toujours avec cette série, et jusque dans la réponse finale de "Rafa" (les rejoindra-t-il ou non ?), qui fait son choix juste parce que la lune est belle, dans un côté "impro" qui fait tout le charme du jazz.

Et en filigranes de tout ceci, le mangaka n'oublie aucunement de placer d'excellentes références (par exemple à l'as du free jazz Cecil Taylor), et d'approfondir un peu plus certains visages. Ainsi, si les confrontations entre Raphaël et le caractériel Bruno valent déjà leur pesant d'or, elles permettent aussi d'enclencher un petit focus bienvenue sur le pianiste polonais, via un bref retour en arrière narré par lui-même, expliquant autant les origines de son amour du jazz que les raisons pour lesquelles il voit cette musique comme un combat.

En résulte une lecture passionnante, une nouvelle fois, et qui semble faire faire un bond important à la quête de Dai et de ses partenaires. On attendra la suite avec toujours autant d'impatience, d'autant que les dernières dizaines de pages laissent entrevoir de bien jolies choses.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs