Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 22 Août 2022
Au bout d'un nouvel affrontement acharné, Karasuma et ses compagnons ont enfin fini par retrouver la trace de Takayama, au fin fond du Népal. Et ces retrouvailles place le petit groupe face à certaines vérités: non seulement le nombre de séraphins augmente toujours plus fortement, mais en plus Takayama s'applique, avec autant de bienveillance que possible à leur égard, de les protéger en vue de leur offrir un monde où ils pourront vivre en paix. C'est évidemment tout à son honneur, même si Karasuma reste circonspect face à l'ambiguïté de son ami qu'il aimerait tant "sauver". Et cette ambiguïté ne risque pas de s'estomper de sitôt puisque Takayama veut enrôler le petit groupe de notre héros dans sa quête...
Cette quête, vouée visiblement à redynamiser le récit autour d'n nouvel enjeu de taille, consiste à retrouver ceux que l'on appelle les Sept Originels, les séraphins de l'origine. Et tandis que l'un d'eux se trouve bien plus près qu'on ne le pense, la deuxième est à chercher en Allemagne. D'autres figures nouvelles (Sibyl) ou déjà aperçues (Fiona) auront ensuite leur importance vers la fin du tome, mais ici c'est bien l'allemande d'origine polonaise Barbara Novack qui occupe l'essentiel de l'intérêt. On entreverra rapidement le passé de cette dernier surtout vis-à-vis d'Eden, le château où elle habite avec ses nombreux disciples séraphins et dont elle ne peut visiblement pas sortir pour des raisons que l'on découvrira vite (évidemment liées à Eden)... sans oublier un combat contre un nouveau black-out qui, bien qu'un peu lisse, reste honnêtement exploité par Yellow Tanabe pour cristalliser certains traumatismes du passé de son personnage.
L'arrivée en Allemagne est également l'occasion d'accentuer la question des facultés des Birdmen et plus encore des Sept Originels, avec à la clé certains donc prometteurs et originaux comme celui de Sybil. Mais c'est surtout un autre aspect, présent en filigranes, qui gagne toujours plus en importance: quand les Sept Originels seront réunis, les séraphins auront toute la force dont ils peuvent rêver, certes... mais pour en faire quoi ? Tout dépendra des choix effectués, et de ce côté-là tout le monde ne pense pas la même chose: quand certains comme Karasuma aimeraient atteindre un beau vivre-ensemble avec les humains, d'autres ont suffisamment souffert de la bêtise humaine pour ne plus vraiment avoir envie de laisser une chance à cette espèce. Alors, gageons que cela sera un élément majeur de la suite.
Malgré quelques raccourcis narratifs plutôt inhabituels chez Yellow Tanabe et donnant l'impression que certains moments sont un peu "déconnectés" du reste (la découverte de Sibyl en tête), ainsi que quelques coquilles de relecture et quelques tournures de phrase peu naturelles (l'excellente traductrice Satoko Fujimoto nous a habitués à mieux, et pas seulement sur cette série), Birdmen continue de piquer à vif notre intérêt avec ces enjeux gagnant petit à petit en consistance. Et cela, même s'il manque toujours à l'oeuvre une petite force émotionnelle supplémentaire pour la hisser un cran au-dessus. Chose que Kekkaishi, la précédente série longue de l'autrice, avait parfaitement.