Barbarities Vol.1 - Actualité manga
Barbarities Vol.1 - Manga

Barbarities Vol.1 : Critiques

Barbarities

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 10 Mars 2022

Avec des titres comme Hand Which, The door to the closed mind, Your story I have known ou Work in, Tsuta Suzuki est une mangaka qui a souvent enchanté le catalogue yaoi des éditions Taifu Comics au début des années 2010, avant de mystérieuse s'éclipser pendant quelques années. C'est finalement en grandes pompes, avec la deuxième série la plus longue de sa carrière en tant qu'autrice/dessinatrice, qu'elle a enfin fait son retour dans notre langue chez l'éditeur en octobre dernier. Bouclée en 4 volumes, Barbarities est une oeuvre que la mangaka a conçue à rythme lent, à partir de 2014 et jusqu'à la fin de l'année 2021 (le 4e et dernier tome étant sorti au Japon le 8 janvier 2022), pour le compte du célèbre magazine Be x Boy de l'éditeur Libre Publishing.

Barbarities nous immisce dans un royaume lointain situé dans un autre monde, mais dont les inspirations proviennent largement de l'Europe d'il y a quelques siècles, comme le soulignera d'ailleurs la mangaka elle-même dans son assez longue postface. Dans ce monde où la tension est palpable entre les royaumes de Xehana, de Tance et de Lorraine, le vicomte Adam Cunning, un homme très réputé pour son total libertinage, est envoyé avec ses hommes pour veiller sur la sécurité du vieux seigneur Montagu, Ministre de la Justice pour la couronne royale de Lorraine. Mais Adam est le genre de jeune noble qui a apparemment grandi avec une cuillère en argent entre les mains, et dont la beauté est si grande que femmes comme hommes lui résistent rarement, et qu'il s'en donne alors à coeur joie pour s'adonner constamment à ses pratiques libertines qui, à vrai dire, occupent l'essentiel de ses pensées. A priori de petite vertu et très peu sérieux, le jeune homme aurait donc pu oublier quelque peu sa mission initiale, s'il n'était pas intrigué et attiré par Joël, un homme extrêmement sérieux et vertueux, présenté comme le neveu de Montagu. Mais rapidement, alors qu'il tente de faire sien Joël, Adam va découvrir le secret de ce dernier, et va devoir s'impliquer de plus belle dans les tensions entre les royaumes.

C'est avec une certaine légèreté que débute Barbarities, dès lors que l'on découvre les moeurs dissolues d'un Adam qui ne rate pas la moindre occasion de s'adonner à ses plaisirs charnels, que ce soit avec des femmes ou des hommes, des jeunes ou des vieux/vieilles. Mais c'est d'une façon bien à elle que Tsuta Suzuki dépeint la chose, puisque le côté très libertin de son personnage principal, loin d'offrir un érotisme prononcé (il n'y a même aucune scène vraiment explicite dans ce premier tome), est surtout prétexte à un certain flot d'humour jonglant entre la façon dont le bonhomme pense plus avec sa b*** qu'avec sa tête, ses discussions assez cash parfois impayables (il faut voir les réactions impassibles de son serviteur face à ce qu'il peut débiter, le vieil homme étant probablement immunisé à force), et le contraste total avec le très sérieux (trop sérieux ?) Joël, jeune homme qui ne s'est même jamais intéressé aux choses de l'amour et qui essaie autant que possible de repousser son prétendant. le hic étant qu'Adam n'a jamais eu l'habitude qu'on résiste à sa beauté...

A partir de là, il va de soi que l'évolution du lien entre Adam et Joël sera un des enjeux principaux du récit, chose que l'on ressent toujours plus au fil des pages, entre un Adam qui a le sentiment de tomber amoureux pour la première fois, un Joël qui résiste et qui veut surtout l'avoir en ami de confiance, tout ce que cette situation va déjà impliqué... mais au-delà de cet aspect relationnel pour l'instant assez léger et drôle la plupart du temps, Suzuki n'oublie pas de bel et bien distiller un contexte politique entre les royaumes qui, petit à petit, gagne en consistance, notamment avec l'apparition d'un personnage comme Louis, héritier du royaume de Tance. Cet aspect ne va pas chercher la profondeur pour le moment, mais il se révèle intrigant, car les différents petits enjeux diplomatiques et religieux ainsi que les petites querelles internes sont suffisamment bien installées.

Ajoutons à cela un dessin assez fin et efficace, avec des designs assez variés et travaillés, des décors assez présents quand il faut, et une influence occidentale de type Moyen-Âge et Renaissance qui se ressent bien dans les bâtisses et les vêtements, et on obtient un début de série tout à fait convaincant, dont on lira la suite avec intérêt !

Concernant l'édition française, on appréciera en premier lieu la traduction d'Isabelle Eloy, assez inspirée pour faire ressortir l'humour (surtout via certaines répliques d'Adam) et pour parfois dégager un côté "d'époque". Soulignons aussi la jaquette sobre proche de l'originale japonaise, la première page en couleurs, l'honnête qualité du papier et de l'impression, ainsi que le lettrage propre de Jef.Mod.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction