Aux côtés du Dieu-Loup Vol.1 - Manga

Aux côtés du Dieu-Loup Vol.1 : Critiques

Utsukushii Bakemono

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 02 Octobre 2024

Les mangas à connotation folklorique japonaise sont, depuis longtemps, un des péchés mignons de Doki-Doki, et l'éditeur le prouve encore avec sa nouveauté du mois d'octobre: Aux côtés du Dieu-Loup. De son nom original "Utsukushii Bakemono" (littéralement "Le Beau Monstre"), cette oeuvre est signée Yomoko Yamamoto dont c'est la toute première série, et suit tranquillement son cours au Japon depuis 2022 dans le magazine G-Fantasy de Square Enix en comptant deux tomes à l'heure où ces lignes sont écrites.

L'histoire nous plonge dans un univers fictif un peu semblable au Japon ancien, et où les croyances folkloriques sont souvent vraies. Dans le petit village de montagne où le récit débute,on croit ainsi dur comme fer à la bénédiction du Seigneur Loup, un ravissant loup divin au pelage rouge qui serait miséricordieux et qui accorderait des bénédictions aux humains... si bien que, face à l'hiver perpétuel qui les afflige désormais, les habitants, persuadés que leur divinité est contrariée, décident de lui offrir quelqu'un en sacrifice. Et pour ça, la victime semble toute trouvée: un petit garçon orphelin que tout le monde méprise à cause de sa peau foncée et de ses cheveux blancs, qui a été recueilli auprès d'un marchand itinérant qui voulait à tout prix s'en débarrasser, et qui a toujours vécu sans recevoir la moindre considération de qui que ce soit. Pour ce pauvre enfant, la condition est telle qu'il s'est lui-même persuadé que sa vie n'a aucune valeur, si bien qu'il se réjouit à l'idée d'être utile en se faisant dévorer. Mais à l'heure où il est envoyé auprès du Seigneur Loup pour normalement être mangé et apaiser la divinité, la créature ne l'entend absolument pas ainsi: renfrogné, il n'a aucune envie de dévorer un petit être de ce genre,maudit les lâches humains qui l'ont envoyé en sacrifice, et enjoint l'enfant à partir... ce qu'il ne fait pas. Va alors commencer un voyage à deux où les deux êtres devront, petit à petit, apprendre à se connaître et à s'accepter, jusqu'à peut-être révéler chez l'orphelin d'étonnants dons...

En s'appuyant sur un dessin souvent très joli avec son jeune héros aux traits doux et expressifs, son loup majestueux et ses décors naturels soignés et immersifs (montagnes, forêt, prairies, plaines enneigées...), Yomoko Yamamoto n'a aucune difficulté à nous intriguer en appuyant une atmosphère folklorique assez réussie, celle-ci servant ensuite fort bien la rencontre entre les deux personnages principaux puis les débuts de leur voyage, le tout dans un joli parfum de découverte. Découverte mutuelle des protagonistes, tout d'abord: le loup à première vue renfrogné et l'enfant jusque-là si seul et n'accordant aucune valeur à sa vie vont vite devoir s'accepter, pour mieux apprendre l'un de l'autre voire aussi, peut-être, pour guérir mutuellement leurs blessures liées notamment à la solitude et à la bêtise humaine. Ainsi, tandis que le loup tâche de faire prendre conscience à l'enfant que sa vie a de l'importance, l'orphelin, lui, montrera dans les premières péripéties des qualités (la bonté, le pardon envers une fillette menteuse...) qui pourraient avoir un impact sur la divinité.

Cependant, assez vite dans le volume, on sent qu'au-delà de la possible relation tendre et bienveillante risquant de s'installer entre les protagonistes, la mangaka a d'autres ambitions, en développant vite d'autres aspect ne se limitant pas du tout au simple voyage initiatique, et cela passe par deux idées. Tout d'abord, le concept des bénédifleurs, des fleurs qui accorderaient apparemment des bénédictions mais qui semblent cacher une face plus sombre. Ensuite, la nature même de l'orphelin (qui finira par être nommé Tsubaki), qui se révélera loin d'être un enfant lambda, et dont les dons pourraient, sur la longueur, sauver beaucoup de monde. Certains éléments sont vite lâchés par rapport à l'ambiance de découverte et de voyage des tout débuts, mais l'autrice au moins le mérite de ne pas tarder à enrichir son univers, pour mieux intriguer en vue de la suite.

Il y a donc pas mal de bonnes choses dans ce début de série qui devrait facilement plaire aux personnes amatrices d'histoires un peu folkloriques et merveilleuses, et on attendra donc avec intérêt devoir comment Yomoko Yamamoto développera son intrigue. En attendant, saluons aussi la qualité de l'édition française: jaquette fidèle à l'originale nippone jusque dans la belle typo du logo-titre, première page en couleurs sur papier glacé,papier épais et dans l'ensemble assez opaque, lettrage très propre du Studio Charon, et traduction claire de Maria Senza-Candela.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs