Au delà de l'apparence Vol.1 - Actualité manga
Au delà de l'apparence Vol.1 - Manga

Au delà de l'apparence Vol.1 : Critiques

Sekirara ni Kiss

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 15 Août 2017

Critique 2


Fumie Akuta sort chez Kana sa première série en France : « Au-delà de l’apparence ». Ce premier tome est découpé en quatre chapitres. Mais avant d’entamer le premier, l’auteure nous présente un de ses personnages principaux à travers trois vignettes. On découvre Chitose enfant, hypnotisée devant une série télé. Elle y admire une héroïne « appréciée de tous ». Elle décide alors de devenir comme elle, car de cette façon : « plus personne ne me détesterait ». 


On commence le premier chapitre avec Chitose au lycée calculant au millimètre près ses gestes et expressions pour présenter aux personnes qui l’entourent un masque parfait. Elle renvoie ainsi l’image qu’elle pense que les autres attendent d’elle. Cette thématique est assez répandue dans l’univers des shojos. Ne pas se monter telle qu’on est, cacher ses passions ou ses activités périscolaires, ne présenter que la meilleure apparence, celle qui ne sera pas jugée. Et cela avec plus ou moins de degrés comme dans « Maid Sama ! », « Brainstorm’ seduction » ou encore le célèbre « Switch girl ». Mais ici, Chitose ne porte pas uniquement son masque avec ses camarades de classe. Elle présente aussi une fausse image d’elle-même à ses amies et à sa famille. La seule activité où elle s’autorise à rester elle-même est la création d’accessoires (pochettes, coques de portables). Elle laisse libre cours à ses envies, mais comme ses créations ne correspondent pas à l’image qu’elle veut renvoyer, elle ne les utilise pas et préfère les vendre dans le restaurant de ses parents.  


À peine quelques pages de tournées, et Chitose croise par hasard le chemin d’Itsuki. Ce dernier aperçoit un pervers en train de prendre des photos sous sa jupe et la prévient. Envoutée par son regard, elle le suit après l’incident afin de le remercier. Elle se retrouve ainsi dans le lieu central de ce manga : une école d’art. Dessins, peintures, sculptures, il y en a pour tous les goûts. Itsuki y est comme un poisson dans l’eau tandis que Chitose se force pour paraître aimable. Elle est énervée d’une part par le manque d’intérêt que lui porte Itsuki malgré un masque parfaitement rodé, d’autre part à cause d’un constat flagrant. Tous les étudiants de cette école ont trouvé leur voie à suivre et ils sont épanouis de faire ce qui leur tient à cœur. Tout l’opposé de Chitose. Puis la situation se renverse. Chitose se rend compte qu’Itsuki a acheté une coque de portable qu’elle a fabriqué. Parlant avec passion de sa création elle en oublie de cacher son vrai visage ce qui déride enfin Itsuki. Cette première fissure dans son masque en fera que s’agrandir. Face à Itsuki, Chitose se retrouve démuni incapable de ne pas être elle-même. Puis tout s’accélère, elle tombe amoureuse de lui, fait sa déclaration et s’inscrit même à cette école pour enfin faire au grand jour ce qui lui plait. Ce ne sont que des retombées positives qui l’attendent. De nouvelles amitiés sincères, des projets passionnants et l’attention d’Itsuki. Mais revenons à « la » déclaration. Chitose s’est fait jeter, car Itsuki « ne croit en l’amour ». Réponse bien mystérieuse. Ne porterait-il pas lui aussi une sorte de masque ? 


L’histoire de ce manga peut sembler simpliste au premier abord, mais ce n’est pas du tout le cas. Elle est très riche au contraire. Elle parle de plusieurs problèmes de la société japonaise : les brimades scolaires, le besoin de montrer aux autres une apparence sans aspérités. Mais aussi l’angoisse de ne pas trouver sa voie ou celle de ne pas atteindre l’objectif qu’on s’est fixé. L’originalité de ce manga est sans contexte l’école d’art, point névralgique de toutes les péripéties des deux héros. À partir du chapitre 3, la mangaka nous dévoile dans des apartés différents ustensiles nécessaires pour tout dessinateur qui se respecte. Cela permet aux lecteurs de s’immerger encore plus dans cet univers. 


Côté graphisme, il n’y a rien à redire. Les dessins sont splendides. Fumie Akuta sait jouer des ombres et des contrastes à merveille. Le souci du détail sur les scènes à l’école d’art est très appréciable que ce soit au niveau de la représentation des salles de cours ou des gros plans sur les œuvres des élèves.


« Au-delà de l’apparence » est un magma très agréable à lire. Ses personnages sont très attachants. Son histoire très rythmée tient en haleine le lecteur et donne envie de connaître la suite ! La relation de Chitose et Itsuki va-t-elle évoluer ? Quelles nouvelles facettes du monde artistique, la mangaka va nous faire découvrir ?


Critique 1


Au-delà de l’apparence de Fumie Akuta, auteure jusque-là inconnue dans nos contrées, est le nouveau titre des éditions Kana venant enrichir leur collection shôjo. 


« Il y a des gens qui sont aimés pour ce qu’ils sont, alors que d’autres doivent fournir des efforts colossaux pour le même résultat. D’où vient cette différence ? ». 


C’est la question que se pose notre héroïne : Chitose. Celle-ci s’obstine, en effet, à gommer toute spontanéité dans sa façon d’être. Elle préfère ainsi dissimuler sa personnalité derrière un masque afin d’être appréciée de tous, car, sa plus grande crainte, n’est autre que d’être rejetée par son entourage, ce qui lui semble inévitable en étant elle-même. 


Et pourtant, Chitose se heurte à Itsuki, également lycéen, rencontré de façon tout à fait fortuite qui n’hésite pas à s’adresser à elle, dès les premières pages du manga, en ces mots : « C’est tellement cliché. Tu es là à ne te soucier que des apparences avec ton petit sourire niais. » Il est alors le premier à voir clair en celle-ci et à l’inciter à mettre en avant sa véritable manière d’être. A son contact, Chitose découvre l’existence d’une école d’art ce qui produit un déclic en elle : « Il n’y a que quand je crée que j’oublie complètement le regard des autres. Et là, je sais que je fais quelque chose que j’aime ». Créer, c’est dégager une part de soi-même et donc se défaire de toute fausseté. Le lecteur suit donc l’évolution du personnage principal qui tente d’apprendre à assumer sa personnalité en s’affranchissant du jugement d’autrui. 


Ce qui rend ce titre intéressant est, d’une part, le thème principal qu’il aborde à savoir l’art. Il est agréable de voir celui-ci développé de façon non négligeable pour occuper une place centrale dans ce premier tome d’autant plus que le dessin n’est pas le seul mode d’expression à être abordé. En outre, le lecteur voit chaque personnage changer au contact de l’art : par exemple, Itsuki, toujours sérieux, cassant et très vite irrité s’adoucit lorsqu’il parle de sa passion : c’est comme s’il devenait une autre personne. Aussi, les personnages secondaires voient véritablement leur caractère développé et l’on s’aperçoit alors qu’ils ne sont pas aussi tendres que dans certains shojos plus classiques. Exercer une activité artistique est présenté comme permettant de rester soi-même dans un monde où l’on est parfois contraint de jouer un rôle pour s’intégrer socialement : une thématique universelle. 


Si vous lisez Moving Forward de Nanaji Nagamu, vous vous poserez la question suivante : « L’histoire n’est-elle pas excessivement similaire ? ». Les deux thèmes évoqués précédemment faisant étrangement écho au titre des éditions Akata. Finalement, il est tout à fait possible de lire les deux séries sans avoir une impression de redondance, car ces derniers ne prennent absolument pas la même direction. 


Côté graphisme, rien de nouveau, nous restons sur quelque chose de très classique pour le genre. Les dessins restent tout de même plaisants, car ils ont été réalisés consciencieusement. Quant à l’édition proposée par Kana, elle s’avère satisfaisante dans la lignée de ce que propose l’éditeur habituellement. Par ailleurs, ce premier tome est proposé au prix de 5,45 euros (au lieu de 6,85 euros) ce qui est appréciable.


En somme, Au-delà de l’apparence ne plaira pas à un lectorat hermétique aux shojos, mais il constitue une bonne pioche du genre, car il est l’un des rares à traiter d’art.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Gathea

15.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
AMB
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs