Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 05 Novembre 2025
C’est la panique au restaurant ! Le chef Revel, premier employeur de Gilbert et rival de Maigret, vient profiter d’un repas pour voir comment s’en sort son poulain. La vie du jeune sous-chef n’est donc pas de tout repos, notamment parce que lui et les siens prennent encore leurs marques dans cet établissement nouveau. Dans sa vie colocative, le cuistot en apprend davantage sur la caractérielle Chloé, mais aussi sur le triste passé de Yorgo suite à un maladroit accident de la part de Jean…
Moins ancré dans des arcs narratifs précis, ce cinquième opus croque le quotidien de Gilbert dans toute sa richesse, incluant péripéties en cuisine et tranche de vie au sein d’un groupe de colocataires que Taro Samoyed aime décortiquer à chaque fois un peu plus. C’est peut-être même cette optique qui fait l’originalité de cette suite : la mangaka insiste bien moins sur les cuisines afin de se concentrer un peu plus sur la colocation du héros. Plus globalement, elle enchaîne les portraits, quitte à se détacher du cadre culinaire, voire artistique en ce qui concerne Yann et son focus plus intime et familial.
La série sait donc sortir de sa routine quand il faut, quitte à nous décontenancer un poil au début et trahir son sous-titre français. Le segment gastronomique n’est pas absent de l’opus, mais il n’est clairement pas son axe le plus captivant. Alors, c’est par ses portraits de personnages qu’on se laisse porter, des intrigues tantôt drôles et piquantes, puis tantôt plus mélancoliques. L’épisode autour de Yorgo est indéniablement le plus marquant : derrière le classicisme d’un tel scénario, l’autrice sait distiller son émotion et donner de l’envergure à ce personnage de vieux bougon, désormais bien plus humain. Dans cette optique, on apprécie voir l’entêtée Chloé prendre de l’envergure, et pourquoi pas profiter de sa propre romance, même si cela reste encore sage et que la suite mériterait d’approfondir ce personnage.
Il ne nous en faut pas plus pour apprécier la lecture et l’humanité omniprésente du récit de Taro Samoyed. Si l’ascension de Gilbert en tant que sous-chef est une piste plus discrète de ce cinquième tome, les petits développements ci et là sont si agréables qu’on fait fi de cette distance avec les cuisines. Pour quiconque cherche une tranche de vie authentique avec pour thème central celui des artistes dans toute leur diversité, Artiste – Un chef d’exception reste une pépite en son genre.
02/04/2025