Ao-chan Can't Study! Vol.1 - Actualité manga
Ao-chan Can't Study! Vol.1 - Manga

Ao-chan Can't Study! Vol.1 : Critiques

Midara na Ao-chan wa Benkyou ga dekinai

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 23 Décembre 2021

Dans les œuvres proposées par les jeunes éditions Noeve, les registres sont variés, mais la comédie romantique a vite su trouver une place dans le catalogue de l'éditeur avec des titres comme Rent-A-Girlfriend ou Girlfriend X Girlfriend. La maison poursuit sur cette dynamique en ce mois de décembre 2021 avec Ao-chan Can't Study, un récit plein d'humour qui aborde de manière frontale et sans détour le graveleux et l'humour bas de la ceinture.

Ce nom vous évoque peut-être quelque chose, et à juste titre puisque le studio Silver Link en a proposé une adaptation animée en 12 épisodes en 2019, le tout chapeauté par le réalisateur Keisuke Inoue. Malheureusement, l'anime n'a jamais été acquis par une quelconque plateforme de simulcast, ce qui peut aujourd'hui paraître invraisemblable.
Le manga, lui, est l'œuvre de Ren Kawahara, un artiste prolifique actif depuis les années 2000 et spécialiste de la comédie romantique. Le manga fut prépublié entre 2015 et 2018 sous le titre original Midara na Ao-chan wa Benkyô ga Dekinai, dans la revue Shônen Edge des éditions Kôdansha. Achevé en 8 tomes, le récit eu droit à une suite dans la foulée, Midara na Ao-chan wa Benkyô ga Dekinai : Otona-hen, conclue avec son troisième opus en 2020.

Le récit, une tranche de vie lycéenne ancrée dans l'humour et la romance, est l'histoire d'Ao Horie, une adolescente comme les autres si ce n'est qu'elle a été élevée par un paternel obsédé et auteur de romans pornographiques à succès. De ce fait, la vision qu'a Ao du monde est celle dépeinte dans les écrits de son géniteur, et c'est pourquoi elle voit chez le garçons un concentré de libido qu'elle cherche à fuir comme la peste. Pourtant, un garçon semble en pincer pour la demoiselle. Elève médiocre, Takumi Kijima est assez populaire, mais c'est d'Ao dont il semble être amoureux. Tandis qu'il essaie de faire ami-ami avec elle, la lycéenne se méprend totalement sur ses intentions et va tout faire pour le repousser.

Dans le cas d'Ao-chan Can't Study, l'héroïne n'est pas en quête d'amour, loin de là même puisqu'elle cherche à repousser la gente masculine afin de vivre son quotidien de lycéenne tranquillement. L'origine de sa méfiance ? Les écrits libidineux d'un père qui aimerait bien que sa fille tombe dans les bras d'un bel éphèbe afin de passer à l'acte. Le pitch est à la fois cocasse et original, mais aussi d'un certain mauvais goût dès lors que le personnage du paternel entre en scène. C'est donc sur cette alchimie, globalement bien dosée, que repose le premier tome de la série, un opus qui pose les bases, quelques émois, et des rivalités entre personnage.

Car on sent la ficelle venir dès les premières pages : Malgré sa réticence à côtoyer des garçons, craignant qu'ils n'en veulent qu'à son entrejambe, Ao développera au fil des chapitres un lien particulier avec Kijima, un lycéen tout à fait ordinaire et dont la sympathie candide l'éloigne de toute figure de mâle pervers. Le récit bascule alors vers la comédie romantique plus primaire mais en gardant en tête que l'héroïne a eu un enseignement vraiment très particulier, et qu'elle ne peut s'empêcher de voir des sous-entendus à tout va. Le plus ubuesque arrive quand intervient le père, fameux écrivain de romans pornographiques à succès, un personnage dont l'auteur assume totalement le caractère improbable et la grossièreté du bonhomme, y compris dans son design parodique qui dénote avec tout le reste.

Dans le fond, pour peu qu'on adhère à la formule et que les gags à bases de références sexuelles amusent, il y a peu de chance de vraiment ressortir déçu de la lecture. Et globalement, on passe un plutôt bon moment à la lecture, sans forcément rire aux éclats, mais en étant amusés par les différentes situations. Le risque, c'est celui d'un récit qui tournera trop vite en rond tant les gags grivois sont devenus standards dans le récit. Le format de 8 tomes semble donc assez propice pour ne pas être lassé par l'ensemble de l'œuvre.
Au final, ce sera par ses élans de classicisme que ce premier volume montrera ses limites. Car quand il s'agit de planter une rivalité amoureuse, Ren Kawahara semble un peu moins habile tant l'introduction de l'opposante est si hâtive qu'on ne se sent que peu impacté par la tension sentimentale. Cela n'empêche pas d'apprécier le reste du volume, notamment parce que le côté épuré de la narration aide à sa simplicité efficace, mais on trouvera à redire sur certains petits points.

Ils font donc adhérer à un humour à base de zizi et coïte pour savourer les débuts d'Ao-chan Can't Study qui demeure, pour l'heure, une comédie sentimentale démarrant par une certaine audace avant de devenir un poil prévisible. Les adeptes du genre apprécieront, mais les réfractaires ne trouveront sûrement pas chaussure à leur pied.

Côté édition, le travail épatant de Noeve est à saluer, encore une fois. La fabrication de l'opus fait clairement mouche de par les divers effets de vernis sélectif et de reliefs sur de nombreux éléments de la jaquette. A ceci s'ajoute l'adaptation graphique d'Anaïs Fourny tout à fait qualitative car dans l'âme de la série, et une traduction de Rodolphe Gicquel pertinente, mais peut-être un peu trop sage. Etant donné le registre dans lequel baigne le récit, il y a peut-être moyen de se lâcher davantage dans le champ lexical du rapport sexuel, afin de rendre le titre encore plus tordant.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs