Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 14 Octobre 2020

Chronique 2 :

Les forces mongoles, et plus précisément l'apparition des canons en tant que nouvelle arme, ont eu raison de Yajirô alors même que celui-ci commençait à prendre conscience de ses responsabilités en tant que nouveau souverain de clan Sô. Suite à ce nouveau conflit, les troupes des habitants de l'île ont encore diminué... mais la situation est-elle désespérée pour autant ? Suite à une nouvelle tactique ayant poussé deux clans différents de l'armée mongole à s'entrechoquer, Jinzaburô, la princesse Teruhi et leurs compagnons ont pu échapper temporairement à la menace. Et à présent, c'est une surprise de tailler qui les attend en haut d'une montagne via leur rencontre avec un homme censé être mort noyé prématurément près d'un siècle auparavant: l'Empereur Antoku...

Mêlant habilement le contexte historique et la part de fiction depuis le début de sa série, Nanahiko Takagi, dans les premiers temps de ce 5e volume, passe encore un cap sur ce point, en se réappropriant le mythe selon lequel l'Empereur Antoku, figure importante de l'Histoire japonaise du XIIe siècle, ne serait pas mort noyé à l'âge de 6 ans comme le veut l'histoire, mais aurait survécu secrètement pendant bien des années. L'oeuvre se pare alors légèrement d'une atmosphère un peu mystique, encore plus au vu du cadre (les sommets montagneux) mais aussi des références faites à des personnages et des faits aussi mythiques qu'historiques autour de la bataille de Dan-no-Ura et du conflit ayant opposé les Minamoto (plus particulièrement Yoshitsune) et les Taira. Tout ceci en vue d'aboutir à de nouvelles donnes essentielles pour nos héros, avec une épée importante, une sorte d'"adoubement" de Jinzaburô par Antoku, et surtout une nouvelle piste visant à ce que nos héros trouvent de nouveaux alliés en les Purificateurs, ces descendants des gardiens emmenées par Hangan Nagamine qui ont déjà été croisés auparavant.

Et qu'on se le dise, la naissance de l'alliance entre nos héros et les Purificateurs sera l'enjeu majeur du volume. De ce fait, le volume se veut relativement calme dans le sens où il ne comporte aucune grosse bataille, mais il n'en est pas moins intéressant car la mangaka prend bien le temps d'installer cette collaboration, au gré de différents éléments plutôt prenants.

On pense bien sûr aux inévitables méfiances qu'il y a au départ entre eux, méfiance se décantant peu à peu. Une chose que semble bien symboliser la sympathie naissante entre Sana et Amushi, deux enfants issus chacun de l'un des deux partis, qui se lancent des piques au départ puis qui se lient vite d'amitié avec une ouverture d'esprit assez belle, notamment au fil de leur petite course qui permet à l'autrice de jouer sur certains angles de vue sympas et de présenter vite et bien l'architecture du camp des Purificateurs.

Car ce camp possède ici une importance capitale: bien qu'il soit désormais en ruines, le château de Kaneda existe réellement et est considéré comme un trésor national. Construit plusieurs siècles avant l'histoire d'Angolmois, il devient ici un lieu où l'on aime beaucoup s'immerger, Takagi s'appliquant à retranscrire son côté assez unique pour l'époque ainsi que ses origines. Mais les évocations historiques voire géographiques ne s'arrêtent pas là, la mangaka évoquant également, entre autres, le côté labyrinthique de la baie d'Asô avec sa multitude de criques, la figure historique de Saburô Obusuma, ou encore l'émergence de catapultes.

Enfin, les choses sérieuses semblent proches de leur reprise dans une dernière partie de volume où Jinzaburô est le premier à constater les failles d'une forteresse aussi grande que Kaneda. Il va donc falloir bien se préparer en vue des prochaines batailles qui semblent inévitables, les forces mongoles dont celles d'Edei Uriyan pouvant découvrir à tout moment la forteresse... Les confltis devraient vraisemblablement reprendre au prochain volume, et en attendant Nanahiko Takagi nous livre là un tome plus posé mais vraiment intéressant dans ce qu'il aborde. Reste le manque de notes de traduction pour des sujets historiques que tout le monde ne connaît pas forcément (ne serait-ce qu'Antoku, les Minamoto & les Taira, et la bataille de Dan-no-Ura), petit problème d'autant plus "drôle" qu'à côté de ça on a droit par exemple à une astérisque pour nous préciser l'espèce d'une mandarine. Mais en dehors de ce détail, l'édition reste très bonne avec une traduction claire et une qualité de papier et d'impression toujours aussi satisfaisante.


Chronique 1 :

Les fuyards de l'armée de Tsushima ont pu se défaire de leurs poursuivants grâce à d'habiles tactiques, notamment en faisant se rencontre deux clans mongols différents. Malheureusement, Yajirô meurt durant l'escapade, un nouveau coup dur pour a lignée qui règne sur l'île. La tournure des événements affecte Jinzaburô qui rencontre l'Empereur Antoku, pourtant censé avoir disparu il y a bien longtemps, mais qui a trouvé refuge autrefois. Un espoir s'offre alors aux survivants de Tsushima : S'allier aux Purificateurs qui sont bien organisés contre l'envahisseur.

La longue course poursuite contre l'armée mongole ne s'est pas vraiment tut depuis l'assaut nocturne mené par Yajirô, aussi ce cinquième volume propose l'opportunité de souffler un peu. Pour Nanahiko Takagi, voilà l'occasion idéale pour développer quelques éléments de la mythologie de sa série qui réinterprètent librement l'Histoire du Japon. Car officiellement, l'empereur Antoku est mort noyé, il est donc intéressant d'observer ce que fait l'autrice de sa culture afin de créer un micro mythe de l'île de Tsushima, pour le bien de sa série. Reste que pour un lecteur français, comprendre ce pan de l'histoire nécessite un peu d'attention, voire quelques petites recherches quand il s'agit de comprendre un peu mieux le contexte, notamment la fameuse bataille de Dan no Ura.

Un élément intéressant à l'égard de l'univers de la série (qui, du coup, se permet quelques libertés), mais aussi important vis à vis de l'évolution de l'histoire. Cette halte pour les survivants de Tsushima prend ainsi la forme d'une alliance avec les Purificateurs, déjà aperçus auparavant, et qui livrent ainsi davantage leurs secrets. Et clairement, Nanahiko Takagi prend son temps pour développer cette alliance, ce qui passe évidemment par plusieurs méfiances mutuelles, mais qui trouve aussi ses élans optimistes avec la rencontre de deux enfants de camps différents, dont le lien deviendra vite solide. En sorte, on trouve presque une petite fable de l'ouverture à autrui dans ce tome, ce qui est assez joli à voir dans une série comme Angolmois qui dépeint justement la volonté d'invasion d'une ethnie sur une autre.

Tout est donc plus calme dans ce cinquième opus, mais aussi intéressant dans ce qui est raconté. D'ailleurs, l'autrice prend aussi soin de développer la structure dans laquelle évolue les Purificateurs, afin de constamment apporter une crédibilité dans ce grand conflit de l'île de Tsushima. Dès lors, on s'attend à ce que la bataille reprenne dans le prochain opus. Et à ce titre, la toute fin de tome plante un élément perturbateur qui ne laisse aucun doute : La guerre n'est pas finie, et peut potentiellement être encore plus sauvage que précédemment.

En ce sens, l'intérêt d'Angolmois ne faiblit pas, et se renforce même avec un opus prenant par ses développements et ses promesses. A noter que cette première partie du manga atteint ici sa moitié, sachant que la "saison 2" de l’œuvre de Nanahiko Takagi est toujours en cours de parution, au Japon évidemment.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction