Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 24 Mai 2010
Dans ce deuxième volume d’Angel, on retrouve le style du premier opus : des petites histoires qui se croisent, se décroisent, avec pour seul point commun un ange étrange, muet et sensible au gin lime. Entre une femme enceinte qui ne veut pas confronter son compagnon à un mariage qu’il va selon elle refuser, une petite fille mise à l’écart à cause de sa précocité, un vieil homme qui regrette sa femme et tout ce qu’il ne lui a pas dit, un père au foyer, un jeune homosexuel et une femme de quarante ans vivant sans enfant, l’auteur ne manque pas de sources d’inspiration. Certaines histoires sont pourtant plus longues que d’autres, et certaines se démarquent par l’intérêt qu’elles amènent. On retiendra en particulier la dernière nouvelle, mais également celle des deux jeunes filles précoces ou encore la maladroite déclaration d’un garçon pas comme les autres. Toutes ont cependant l’avantage d’être sans fin réelle et déterminée, très poétiques et ouvertes. Tout finit par s’arranger, seulement cela dépend des attentes de départ et du point de vue adopté. En somme, ces tranches de vie sont présentées avec justesse et sentiments, par une auteur qui maitrise totalement son sujet.
Ce qui est plus embêtant, c’est que là où la mangaka excelle dans la représentation de la réalité, elle se heurte à l’obstacle de l’ange, qui est pourtant supposé être la base de son histoire. Certes, il symbolise la main tendue, l’oreille attentive, le regard compatissant ou la dose de courage dont tout le monde a besoin. Cependant, sa présence est trop anecdotique et superficielle pour se révéler vraiment percutante, pertinente et même sympathique. Rien à redire sur sa représentation, u ange douée de parole serait encore plus décevant, mais rien n’y fait, on n’accroche pas à l’essence du scénario, ce qui a de quoi ternir l’image qu’on se fait de la mangaka. En effet, on l’a connu bien plus en forme avec des chefs d’œuvre d’émotions, de détachement et de réalité. Mais ce côté en dehors de notre vie casse un peu l’élan d’enthousiasme face à des récits de vie pourtant très bons, quoique beaucoup trop courts. On ne retient alors pas grand-chose à la fin de la lecture, si ce n’est que le temps d’un instant, on a apprécié ce long fleuve tranquille qu’est la vie vue par Erica Sakurazawa.