Adam et Eve Vol.1 - Actualité manga
Adam et Eve Vol.1 - Manga

Adam et Eve Vol.1 : Critiques

Adam to Eve

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 07 Novembre 2017

Exerçant depuis la fin des années 1980, Hideo Yamamoto est un auteur qui a su se tailler un nom par la violence, la psychologie, l'étrangeté et l'aspect retors de ses récits, comme Homunculus ou Ichi the Killer. Quant à Ryôichi Ikegami, avec plus d'un demi-siècle d'activité et des récits cultes souvent ancrés dans le milieu yakuza (Sanctuary, Crying Freeman, Heat...), il fait partie des monstres sacrés encore en vie, ayant marqué nombre d'auteurs (comme Rumiko Takahashi, entre autres). Alors forcément, voir ces deux grands noms s'associer sur une oeuvre ne pouvait que titiller la curiosité. Publiée au Japon en 2015-2016 dans le magazine Big Comic Superior de Shôgakukan, la série Adam et Eve nous est proposée d'une traite en France par Kazé Manga, avec la sortie simultanée de ses deux tomes.


Tout commence par des visions étranges, celles de chaussures et de gants qui semblent bouger seuls, pour mettre hors d'état de nuire les gens qui sont sur leur passage pour les empêcher de pénétrer dans une pièce précise. Cette pièce luxueuse, où nombre de femmes sont ont les yeux bandés et sont aux bras de 7 hommes, réunit en réalité un certain gratin de la pègre japonaise. En effet, les 7 yakuzas présents en ces lieux ont décidé de mettre de côté leurs querelles pour s'unir afin de dépasser leurs intérêts personnels et de redorer la mafia nippone devenue trop décadente. Sous l'égide de Monsieur Smell, un esprit affuté, ce groupe de l'ombre se doit d'agir dans le plus grand secret, de ne jamais dévoiler leur identité ni se montrer (c'est pour cette raison que les femmes présentes pour les divertir ont les yeux bandés)... En somme, ils doivent faire comme s'ils étaient invisibles. Et ils ne s'attendent donc pas à voir justement surgir devant eux des assassins impossibles à voir ! Pris au piège dans la pièce, et alors que le sang et la mort commencent à frapper dans une violence étourdissante, leurs sens anormalement affutés leur permettront-ils de s'en sortir ?


Intrigant sur le papier, le scénario imaginé par Hideo Yamamoto, après la lecture, ne semble en réalité pas devoir aller chercher très loin, puisque l'ensemble de ce premier volume ne se résume qu'à un jeu de massacre assez linéaire, où chaque nouvelle mort permettra à l'avisé Smell de cerner un petit peu plus la nature de l'ennemi invisible qui les attaque. Combien sont-ils ? S'agit-il de fantômes ? Si non, comment se rendent-ils invisibles ? Comment font-ils pour se déplacer sans difficulté un peu partout, y compris sur les murs ? A partir du moment où les mafieux comprennent que les portes sont fermées à clé, qu'il n'y a pas d'extincteur et pas de moyen de sortir, et qu'il faut donc en découdre avec le mystérieux ennemi, le récit se limite finalement à une espèce de huis clos où les morts tombent les unes après les autres. Il ne faut malheureusement pas s'attendre à une immersion très poussée dans le milieu yakuza et dans l'objectif des personnages principaux, puisque rien du tout n'est détaillé.


On se contente donc de suivre la lecture, pour ce qui s'apparente pour l'instant à un bon gros nanar, Hideo Yamamoto se faisant un plaisir d'exagérer le trait jusqu'au ridicule, comme il a souvent pu le faire dans Ichi the Killer. Ce qui plaira ou non. Pour ça, au-delà de la nature plutôt surnaturelle de l'ennemi, on trouve dans la plupart des yakuzas des hommes qui, non seulement sont eux-mêmes loin d'être tendres (ils ont beau vouloir rénover la pègre japonaise décadente, ces messieurs sont tous un peu tarés aussi, et sacrifient les femmes sans remords), mais qui en plus bénéficient de dons surhumains basés sur les 5 sens... mais à la sauce Yamamoto. Ainsi, Monsieur Smell, qui a l'odorat surdéveloppé, boit son whisky par le nez, et adore l'odeur de cheveux de femme brûlés qui agit comme une drogue sur lui. Itabashi, à la vue très fine, est atteint d'un daltonisme si fort qu'il voit des choses invisibles, et met des lentilles spéciales lui permettant de voir les rayons infrarouges. Sumida a une ouïe capable de capter les ultrasons, tandis qu'un autre possède un goût spécial qui lui permet d'analyser des choses quand il savoure le sang des autres. Quant à Shinagawa, il a un sixième sens : sa cécité l'a rendu sensible à la présence des âmes. Enfin, Minato a un sens du toucher très aiguisé, qu'il aime bien utiliser sur les femmes... Clairement, on nage en pleine série B, plutôt brutale, un peu macho, et qui peut prêter à sourire, encore plus au vu de certaines morts plutôt débiles. Mais malheureusement, il est dommage que hormis Smell, aucun de ces visages ne sorte vraiment du lot, certains mourants très vite et la plupart des facultés étant finalement à peine exploitées.


Du côté des visuels, on retrouve bien la patte d'Ikegami, spécialiste des récits ancrés dans le milieu de la pègre. A la fois réaliste dans les physiques, et assez exagéré/ridicule dans les mises à mort, son style offre un bon petit cocktail nanardesque. Le décor de la luxueuse pièce est très réussi, et le dessinateur sait jouer sur différents angles pour bien se réapproprier l'entièreté du lieu (mention spéciale aux vues globales de dessus). Entre l'utilisation assez fines des trames et les hachures, il y a une certaine densité. Malgré tout, on trouve quelques détails qui laissent deviner un certain relâchement parfois. Par exemple, au début, le grain de beauté de Susanna n'est pas au même endroit ou disparaît d'une case à l'autre.


Sur ce premier volume, Adam et Eve présente une intrigue très minime et une incursion dans le milieu yakuza très pauvre, pour plutôt offrir un divertissement surnaturel et violent en forme de huis clos. Pour l'instant, on est dans de la série B pas très finaude et à lire au 36ème degré.


Côté édition, Kazé Manga livre son format seinen standard. La traduction de Yohan Leclerc colle plutôt bien à l'ambiance, le sous-titrage des onomatopées est soigné, et les choix de police sont convaincants. Sans être mauvaise, l'impression n'est pas la meilleure qui soit, et l'on regrette que le nom de l'imprimeur ne soit pas indiqué.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
11 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs