A Sleeping Man and a Loving Man - Actualité manga
A Sleeping Man and a Loving Man - Manga

A Sleeping Man and a Loving Man : Critiques

Nemuri Otoko to Koi Otoko

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 21 Octobre 2019

Avec Void et Coyote, la mangaka Ranmaru Zariya s'est déjà fait une belle place dans le paysage boy's love français, à juste titre, si bien qu'il n'est pas étonnant de voir son actualité de plus en plus florissantes dans notre pays. En attendant Liquor & Cigarette en novembre chez Taifu Comics et L'oiseau de Shangri-la également pour la fin de l'année dans la collection Hana des éditions Boy's Love, Taifu nous a proposé de retrouver la talentueuse autrice fin août avec A sleeping man and a loving man. De son nom original Nemuri Otoko to Koi Otoko, ce livre est paru au Japon en 2015 aux éditions Libre, et regroupe 5 histoires courtes que la mangaka a dessinées pendant ses premières années de carrière. Notons qu'il s'agit du deuxième recueil d'histoires courtes de Zariya, mais que le premier, Pet Keiyaku (inédit en France à ce jour), est lui aussi paru au Japon en 2015 chez Libre et qu'il regroupe à la fois des publications professionnelles et des récits initialement auto-édités.

L'histoire donnant son nom au recueil est, de loin, la plus longue, en se composant de deux chapitres et d'un épilogue (celui-ci étant en toute fin de volume), pour un total d'environ 80 pages. Mais il faut également souligner qu'elle a connu au Japon un autre chapitre non-présent ici (l'édition française étant conforme à la japonaise). Notons aussi que ce récit existe en non-censuré intégral, mais que l'édition française, là aussi conforme à la nippone, masque les sexes (et uniquement les sexes) avec du blanc. Ici, on suit Jude et Royce, deux collègues et colocataires. Le premier est gay, et son collègue est d'ailleurs au courant. Quant au deuxième, il est hétéro, mais souffre depuis quelque temps d'une surprenante maladie: la nuit, dans son sommeil, il a des crises de somnambulisme marquées par de fortes pulsions sexuelles le poussant à coucher inconsciemment avec la première personne venue, et en ne se souvenant de rien à son réveil. Jamais nommée dans l'histoire, cette maladie très mal connue existe pourtant bel et ben: il s'agit de la sexomnie. Et bien sûr, c'est Jude qui, à chaque fois, en fait les frais. Plutôt que de signaler le problème à Royce, Jude se laisse faire, se sentant toujours plus attiré par son collègue et colocataire...
En prenant pour idée de départ cette étrange maladie, la mangaka livre une petite histoire ayant sa petite pointe d'originalité, même si le déroulement et l'évolution des deux héros reste très classique. Zariya livre une narration soignée, avec un premier chapitre se focalisant surtout sur le point de vue de Jude, et un deuxième chapitre plus centré sur Royce, sur sa prise de conscience de ce qu'il fait via quelques indices (comme les suçons laissés sur Jude), et sur son attirance grandissante pour son collègue qui devient plus sincère. Néanmoins, le récit joue avant tout beaucoup sur l'érotisme, omniprésente, via des scènes de sexe très présentes, bien explicites malgré la petite censure, et bourrées de sensualité et de chaleur. Bien qu'on ait ci une histoire datant donc plutôt des débuts de la carrière de Zariya, son dessin brille déjà beaucoup par sa finesse, la précisions des corps, les expressions, les angles de vue, les trames offrant un rendu légèrement luisant aux corps pendant les ébats... C'est très beau, et d'autant plus plaisant que l'on peut essayer de deviner en Royce les moments où il est inconscient et ceux où il sait ce qu'il fait, l'autrice jouant sur ça assez finement.

Les 4 autres récits se partagent les 100 autres pages du recueil. Un jeune homme apprenant à aller outre une déception amoureuse et à apprécier les aliments qu'il n'aimait pas grâce aux cours très particuliers d'un chef de restaurant. Un garçon qui, suite à un traumatisme d'enfance, a une crainte absolue de l'obscurité et doit toujours ressentir la présence d'un sexfriend à ses cotés, sans se douter que le sexfriend en question prendra plus d'importance pour lui. Un jeune homme à la peau mate se sentant trahi par son partenaire quand celui-ci est soudainement parti en lui disant être marié. Les sévices subis par un garçon par le jeune chef d'une maison de bonne famille.

En dehors de la dernière histoire qui est surtout un basique petit trip légèrement BDSM sans réel scénario, dans chacun des 3 autres récits l'autrice propose en point de départ des héros ayant, d'une manière ou d'une autre, une faille, un tourment, un traumatisme, une douleur, qui pourront se résoudre dans les relations. Ces relations, Zariya aime les forcer légèrement et jouer sur un très léger rapport de domination, apportant une petite pointe sulfureuse, comme quand un personnage se retrouve avec un sex toy masculin dans le gland ou qu'un autre se fait prendre en public dans une camionnette avec le risque de se faire surprendre, ou tout simplement dans la dernière histoire avec sa pointe de bondage. Néanmoins, la plupart du temps elle parvient, en un nombre pourtant limité de pages, à offrir un petit développement suffisant, voire même à surfer sur certains thèmes intéressants, comme dans l'avant-dernière histoire où l'un des deux héros peine d'abord à accepter son homosexualité qu'il découvre tout juste. Visuellement, hormis peut-être pour la dernière histoire que l'on sent un peu plus ancienne mais qui reste elle aussi très jolie, c'est toujours abouti, à l'image du premier récit. Chose marquante: Zariya n'a aucun mal à renouveler tous ses personnages, avec à chaque fois des designs bien différents.

On a donc ici un recueil de jeunesse très plaisant, de part les qualités graphiques de Zariya, son érotisme très réussi et ses personnages asse bien campés dans l'ensemble. Les récits sont parfois trop courts, mais l'essentiel est assuré, et on a encore ici la preuve de tout le talent de l'autrice.

Du côté de l'édition, la jaquette semble ne pas avoir été relue: dans le résumé à l'arrière Royce devient Loïs, et dans la petite préface sur le rabat il y a une grosse faute. A part ça, que du tout bon: le papier et l'impression sont très bons, la première page en couleur est un vrai plaisir, et la traduction de Nesrine Mezouane est très claire.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs