Lady détective Vol.6 - Actualité manga

Avis sur Lady détective Vol.6

Lady détective

Cycylavachedellespace

De Cycylavachedellespace [820 Pts], le 21 Août 2014 à 16h33

18/20

 

« Lady Detective » est non seulement une excellente cuvée pour le manwha, mais aussi un titre extrêmement positif pour l’image féminine. Ce sunjung policier est tout simplement une merveille qui se savoure à chaque page. Même si l’ensemble était si passionnant que j’ai dévoré les six tomes à la suite en une soirée.

 

Lizzie, héroïne à dimension humaine, présente autant de qualités que de défauts. Et si la demoiselle s’avère aussi attachante qu’agaçante, son intelligence, sa malice, sa bonne humeur, ses ruses sont un régal pétillant comme des bulles de champagne. Les autres personnages ne sont pas en reste. S’il est vrai que très peu d’autres personnages féminins arrivent à s’imposer dans son entourage (hormis la dévouée Jane, modèle d’abnégation et de résignation, ou la Reine Victoria en personne…), les garçons sont nombreux , tous différents et complémentaires. Les auteurs coréens parviennent toutefois à éviter les clichés d’un « shojo harem » à la japonaise. Non seulement, non, ils ne sont pas tous amoureux de l’héroïne, mais aussi la résolution des enquêtes (ou la publication des romans de Lizzie en ce qui concerne Ark) passent avant tout… Et surtout avant les sentiments. Vous ne verrez pas un seul baiser en six tomes, pas même de déchirements guimauves et gluants en couleurs pastels. Les (rares) moments tendres passent par les mains et les regards, rien de plus. Une retenue finalement agréable et reposante. Lizzie sait ce qu’elle veut, elle l’a décidé dès le début et rien ne viendra jamais la déstabiliser de son objectif, tout comme elle ne s’évanouit pas devant un cadavre et ne tremble pas devant un criminel.

 

Hommage à Conan Doyle et à l’univers de Sherlock Holmes, ce titre se place comme contemporain de son époque, et  17 ans avant son arrivée à Baker Street. Sherlock n’est donc qu’un gamin que vous ne verrez jamais tout le long de l’histoire, sauf dans un gag bonus, et seulement une fois adulte à la conclusion du dernier tome. Quand à son fidèle Watson, lui aussi n’apparaîtra que dans l’épilogue de la série (et encore, avant sa rencontre avec son brillant ami). En revanche, le lecteur sera ravit de retrouver tout au long des pages de nombreux personnages de la saga, alors dans leur jeunesse : Madame Hudson (et le fameux Mr Hudson aussi d’ailleurs !) , James Moriarty, Sébastian Moran, Henry Watson (Le frère « de »), Godfroy Norton (Futur Mari d’Irène Adler), Mycroft Holmes et même Lestrade, alors simple agent de police (et qui constitue un gag à lui tout seul).

 

Le récit se place dans une époque Victorienne , très à la mode en ce moment dans les manwhas et mangas, mais pour une fois retranscrite de manière plutôt réaliste, dans un graphisme agréable, charmant et détaillé. On penche plutôt du côté d’ »Emma » que de « Black Butler », et même si les scènes d’action sont nombreuses (puisque crimes et suicides il y a à résoudre) elles restent logiques et clairement expliquées par un raisonnement scientifique concret (les auteurs se sont appuyés sur de nombreux ouvrages scientifiques parfaitement crédibles), et ne versent jamais dans le steam punk ou la science fiction. Certes, il y a quelques anachronismes glissés ici et là, mais sous forme de gag. Lestrade en est un ambulant, représenté sous forme de jouet Lego (sa mère aussi d’ailleurs), comme pour justifier son rôle de petit personnage amusant et naïf dans ce Manwha.

 

Un ou deux tomes supplémentaires n’auraient pourtant pas été du luxe pour approfondir les personnages, tous très charismatiques lors de chacune de leurs entrées, et finalement sous-exploités. Surtout les garçons.

 

Edwin, en protecteur bienveillant et silencieux, reste finalement assez passif. Oui le duo qu’il forme avec Lizzie est adorable et touchant, mais… Le voile sur son passé n’est pas complètement levé. L’autre déception est que si ses qualités d’escrimeur sont souvent complimentées dans le récit, il n’en fera jamais usage, même dans sa plus grande scène de bravoure. James Moriarty étant lui-même un excellent épéiste, un duel entre ces deux là sera vainement attendu. Dommage…. Par ailleurs, il nous sera formulé à de multiples reprises combien il fut un avocat brillant aux 30 victoires consécutives. Mais, la bonne blague, même lorsque il se décide enfin à retourner au prétoire… On ne le verra jamais plaider.

 

Ark , l’éditeur de Lizzie, passe à côté de l’occasion de devenir le personnage solide et raisonné de l’histoire. Ses caprices de grands enfant fatiguent encore plus que ceux de Lizzie. Il se rattrape un peu sur la fin, surtout par sa tendresse envers son cousin Grey, mais finalement n’aura été que le râleur de service.

 

Archibald, quand à lui représente certainement le plus grand gâchis de charisme et de potentiel dans ce récit. Arrivant dans un tourbillon comme le personnage le plus sulfureux de l’histoire. Ce libertin amateur aussi bien de jolies brunes que de jolis garçons avait de quoi dynamiter la société bien policée dans laquelle il évolue de draps en draps. Finalement, en moins de chapitres qu’il n’en faut pour l’écrire, il se transforme en père la morale, confident et conseiller à la sagesse de moine tibétain. (rôle que Ark a raté, donc)

 

La façon unique, inédite et originale dont est décrit Mycroft Holmes est quand à elle très intéressante. Son arrivée tardive redynamise la série et lui apporte un second souffle. Mycroft est terriblement « humain » et attachant. J’avoue qu’il m’a touché parce que comme lui, je souffre de ne pouvoir exprimer par la parole tout ce qui me traverse l’esprit. Cependant, cette arrivée tardive a aussi un retour de boomerang : son personnage n’est  pas suffisamment exploré, et au final on a l’impression qu’il a été rajouté en dernière minute dans une tentative de sauvetage désespérée.

 

James Moriarty est à mon sens moins intéressant que son bras armé Sébastian Moran, plus charismatique et « sentimental » dans ce récit. Son esprit brillant et avide d’être reconnu par Lizzie souffre singulièrement…. D’un manque de logique, ce qui est un comble pour ce génie qui a conçu son plan machiavélique comme une partie d’échec. Au final, il est plus irritant que charismatique, plus nonchalant qu’actif, plus gamin que vilain réaliste. Quand à la décision finale de Lizzie sur son sort, elle laissera plus d’un cirsconspet.

 

Spoiler/ Certes, il est vrai que si elle ne le laissait pas s’enfuir, il n’y aurait pas eu par la suite les affrontements entre Moriarty et Sherlock Holmes, mais je me demande sérieusement comment une « détective » digne de ce nom a pu laisser s’enfuir un criminel qui avait tué tant de personnes, puis dormir paisiblement sur ses deux oreilles le reste de sa vie en sachant pertinemment que ce même type était en train de se construire un empire du crime. oO

 

Finalement le personnage le plus intéressant de ce manwha s’avère l’inspecteur Grey, car de tous, c’est le seul qui connaît une évolution. D’abord imbus de lui-même et misogyne au possible, il finit par reconnaître à Lizzie des qualités d’investigatrice hors du commun, puis par en tomber amoureux en sachant pertinemment ses sentiments à sens unique. Il évolue aussi considérablement en modestie et dans ses rapports avec les autres, même avec Lestrade son faire-valoir, ou Edwin son rival. Et il est aussi le seul à bénéficier d’un spectaculaire duel avec Sébastian Moran, témoignant de leurs qualités respectives de tireurs d’élite. Il est dommage que les autres personnages, même Lizzie elle-même finalement, n’aient pas connus d’évolution dans leur parcours.

 

Lizzie reste exactement la même du début à la fin : Lady, détective et écrivaine. Même son choix final sentimental (bien que décidé dès la première page) ne sera évoqué que dans un cadre photo au-dessus de la commode de Madame Hudson.

 

Au final si l’ensemble présente quelques défauts, les qualités les surmontent. Le rythme et le tourbillon scientifique dans lesquels Lizzie et ses comparses nous entraînent est tout à fait passionnant. J’ai dévoré les six tomes à la suite sans même m’en rendre compte, et en très peu de temps tant j’étais plongée dans ces aventures intrépides et tant j’avais hâte de savoir la suite.

 

Ajoutons à cela que l’on arrive à ressentir à travers les pages combien les deux auteurs de ce manwha sont sympathiques et positifs. Leur enthousiasme pour leur histoire est aussi amusant que touchant, et tous les bonus qu’ils apportent en fin de volume tout aussi intéressant que les aventures de Lizzie elles-mêmes.

 

Pour toutes ces raisons, et parce que j’ai eu un vrai coup de cœur pour cette Lady Detective et ses amis, je lui accorde un 18/20 amplement mérité.

 

Espérons que Clair de Lune, son éditeur français trop discret, aura la courtoisie de nous fournir dans les mois à venir le dernier tome d’un autre de ses manwhas ayant pour théâtre l’époque victorienne : l’excellent « Mes chères filles », adaptation très libre des « Quatre filles du Docteur March ».

a-yin

De a-yin, le 15 Juin 2014 à 21h04

En même temps, il y a une malédiction du manhwa lol . Mais je suis d'accord :) je pense qu'il reste des choses à découvrir. Je trouve que le manhwa d'aujourd'hui en France ressemble + au manga que par exemple chez Saphira avec des visages très... manhwa.

 

Lady Detective, je lisais les chroniques en me disant que ça intéressera une copine qui kiffe l'Angleterre Victorienne et qui aime écrire elle-même comme l'héroïne. Mais koiwai, tu m'as donné envie d'essayer moi-même le titre. Je me maudis ^^;

Pralinette

De Pralinette [712 Pts], le 15 Juin 2014 à 11h33

Dommage qu'il y est aussi peu de mahwa coréen publiés en France...

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