Avis sur Jojo's bizarre adventure - Stone Ocean Vol.14 Bientôt le paradis - Trois jours avant la nouvelle lune

Tandis qu’Emporio est mobilisé afin de restituer à Jotaro son disque-mémoire, Jolyne et Hermès se rendent à l’hôpital où se trouve Versace, le derniers des trois frères récemment introduits, dont le pouvoir stand provoque une sorte de bazar paranormal.

On éprouve un certain plaisir à être emparé par les situations de désastre provoquées par le stand de Versace : étrangement absorbé par les évènements tous plus surprenants les uns que les autres et agrémentés de nombre retournements de situation. Certaines séquences sont carrément folles, du jamais vu d’une certaine manière : ce sombre puits d’abîme sans fond dans les locaux de l’hôpital ou encore la double page avec le crash de l’avion en feu affublé des silhouettes de Pucci et Versace contemplant la catastrophe : vraiment très bon. Le dernier tiers du volume consacré à la mémoire retrouvée de Weather Report nous présente ce dernier comme une menace qui, à ce stade du récit, apparaîtra plus dangereux que ne peut l’être encore le Prêtre. Et l’on commence à comprendre pourquoi il était impérieux que de lui subtiliser la pensée : ce bonhomme constitue malheureusement un véritable danger, pour lui-même et les autres. Le pacifique Weather qui, soudain, révéla sa véritable nature et devint un monstre, détenteur d’un pouvoir si néfaste qu’il fallait l’endormir à jamais : j’ai adoré, tout simplement. J’ai également apprécié le flash-back interstitiel sur Versace : sa triste jeunesse à raison des émanations et des conséquences indirectes d’un pouvoir qu’il ne soupçonnait pas ; à tel point que cela a pu altérer sa personnalité et son existence toute entière. A noter une dernière page presque indélicate qui nous rappelle ces situations où Jotaro, Josuke ou Giorno attiraient la gente féminine tels des aimants.

C’est avec ce volume que l’on peut discerner définitivement le concept que l’auteur avait pu développer à la genèse des trois progénitures Brando et que l’on comprend davantage pourquoi il serait inapproprié que Giorno Giovana, l’autre fils, n’intervienne dans le récit : d’une part, une utilisation des règles romanesque et, d’autre part, une graduation de la faiblesse d’esprit. A noter que Versace est le seul du lignage Brando à ne pas s’être laissé manipuler par le prêtre ; contrairement à Dio, Ungaro et Rykiel. J’ai personnellement beaucoup apprécié ces trois déchets de la pensée humaine qui, en sus d’avoir leur personnalité propre, reprenaient en héritage certaines caractéristiques de leur père : la lâcheté (Ungaro), l’opiniâtreté (Rykiel) et l’ego (Versace).

Cet ouvrage, qui nous transporte avec un relatif succès dans un désordre plutôt grandiloquent, rompt avec l’atonie rampante et ponctuelle du précédent livre, pour amorcer une montée en tension qui devrait semble-t-il s’accentuer au prochain tome, malgré un tournant artistique qui s’annonce encore une fois assez conceptuel, au risque de déplaire à une grande partie du lectorat mais qui, d’ores-et-déjà, me séduit résolument.

Oui enfin, ça ne mérite pas 12 non plus... 14-15 à la rigueur !