J'ai lu ce titre sur les conseils de mon libraire, et... Ça change. C'est un peu déstabilisant mais très intéressant, ça pointe du doigt certains comportements humains très réalistes. Je suis curieuse de lire la suite !
Convaincue par un manga qui pour une fois ne présente jamais la femme comme une victime mais comme l'égale du protagoniste masculin, parfaitement capable de faire front sans se laisser manipuler ou rabaisser. Hâte de voir où cette histoire va nous mener.
Agréablement surprise par cette héroïne indépendante au caractère bien trempé qui assume ce qu'elle veut dans sa vie professionnelle et intime et sait exactement où (et dans quoi) elle met les pieds. Enfin, on ne suit pas une petite oie blanche qui accepte tout par amour, mais une femme qui n'hésite pas à coller une gifle bien sentie au ''héros'' quand il dépasse les bornes.
Pour une fois, le comportement borderline du protagoniste masculin est montré pour ce qu'il est et pas pseudo-justifié par un passé traumatique, un hypothétique et sporadique bon fond bien caché, ou encore un soi-disant ''non mais en fait, ils s'aiment alors tout va bien'' en filigrane : là zéro ambiguïté, personne n'aime personne, les deux personnages sont juste là pour prendre leur pied au pieu et accessoirement essayer de prendre l'ascendant sur l'autre pour ''gagner'' (quoique… en réalité, on dirait que le plaisir sexuel est plutôt accesoire du - et secondaire au - jeu, dans cette histoire).
Est-ce sain, comme relation ? Non. Est-ce présenté comme tel et idéalisé avec le filtre rose bonbon de la romance ? Absolument pas, c'est même plutôt l'inverse : on nous présente des personnages froids et calculateurs (voire carrément antipathiques par moments) dont les parties de jambes en l'air tiendraient presque plus de la partie d'échecs (voire de la guerre psychologique) par endroits. Et Sayo n'est pas en reste parce que finalement, elle ne dit oui qu'à ce qui sert son propre jeu. SPOILER : quand elle fait une fellation au héros, c'est pour le soumettre lui (alors que traditionnellement, on considère plutôt la fellation comme une prise d'ascendant de l'homme sur la femme). Si elle ''cède'' à Kiriyama, ce n'est pas parce qu'elle est vulnérable et manipulée (au moment où elle accepte de coucher avec lui, elle est calme, a les idées claires et la lucifité de poser ses conditions), qu'elle se rend par lassitude ou qu'elle est en fin de compte séduite par les avances de ce dernier (qui s'apparentent souvent à du harcèlement). C'est plutôt qu'elle réalise (après avoir tout de même réfléchi à la question de son côté) que ce petit arrangement (des orgasmes sans attaches et sans sentiments) serait bien pratique pour elle qui n'est disponible QUE pour son job mais n'en a pas moins des envies à satisfaire dans la chambre à coucher. Et si en plus, ça lui donne l'occasion de retourner la situation et de donner au sale type qui se croit irrésistible un petit goût de sa propre médecine, c'est encore mieux. Les deux personnages principaux sont donc en un sens aussi retors l'un que l'autre, et en cela, leur ''relation'' s'avère relativement équilibrée.
Et contrairement à ce que j'ai pu lire à droite et à gauche, Sayo n'est pas ''forcée''. Pour subir une contrainte, il faut que la personne qui l'exerce ait une forme d'ascendant. Or, si Kiriyama passe constamment à l'offensive, insiste beaucoup trop lourdement, se montre trop entreprenant et envahissant (oui, on peut parler de harcèlement), il n'a aucune vraie prise sur Sayo. C'est elle sa supérieure dans l'entreprise où ils travaillent, elle n'est pas assez vulnérable ou naïve pour se laisser manipuler, elle ne le craint pas, n'est jamais dupe de ses déclarations, elle n'a pas besoin de lui et peut concrètement l'envoyer paître quand elle veut. De plus, à chaque fois que Kiriyama utilise la force physique sur elle, elle le repousse clairement et brutalement (et la chose ne va pas plus loin, ce qui envoie à mon sens un message important). C'est finalement quand Kiriyama se montre plus honnête en lui proposant une relation ''purement charnelle, pour voir'' que Sayo se laisse convaincre de tenter la chose (encore une fois, en posant SES conditions). Pas parce que Kiriyama a fait pression sur elle (soyons honnêtes, si elle voulait se débarrasser de lui, elle aurait pu), mais parce qu'elle a examiné la situation et considéré que Kiriyama n'avait pas tout à fait tort et que si elle acceptait de coucher avec lui, elle y trouverait peut-être son compte. D'ailleurs, leur première fois est très clairement présentée comme un galop d'essai (''Si je ne le sens pas, on arrête tout. On fait table rase et on n'en reparle plus jamais.''). Test concluant puisque Sayo admet avoir pris du plaisir avec lui, ce qui boucle le deal entre nos deux protagonistes.
Là où Mai Nishikata est absolument brillante, c'est qu'elle sait doser et mêler l'érotisme à une froideur presque clinique, de sorte que le lecteur ne se laisse jamais emporté/aveuglé par l'excitation romantique/érotique et reste en permanence bien conscient de la situation et tout ce qu'elle comporte de problématique : le côté ''prédateur'' de Kiriyama, la dimension toxique de son ''jeu'' avec Sayo, leurs mutuelles pulsions de domination et de contrôle, etc.).
En gros, Game est incontestablement un livre beaucoup plus subtil, intelligent et profond que ce qu'on peut attendre d'une énième romance érotique (ne serait-ce que parce qu'il ne s'agit même pas d'une romance, en fait). Outre son backgroung qui évoque certains des problèmes rencontrés par les femmes qui ont le malheur de donner la priorité à leur carrière (pas très fin, mais réaliste, juste et bien dosé), ce premier tome a le mérite de montrer telle quelle, sans fard et sans déformation romancée et idéalisée, la véritable essence des relations qu'on retrouve dans pléthore de romances érotiques aujourd'hui, tous médias confondus : des relations qui devraient souvent nous interroger et nous mettre (au moins) un peu mal à l'aise - ce que fait aussi Game - au lieu de se contenter de nous émoustiller.
Tres heureuse de cette lecture! Tres heureuse que nos editeurs travaillent sur ce genre de projets!
Un manga pour tout ceux qui ont envie de lire autre chose qu'une idylle de lycéen, des traits fins et épurés, des personnages forts, une ambiance moderne, des questionnements en lien avec ce que nous pouvons vivre et une belle intrigue qui on se le demande bien va nous emmener ou ?
De Cheese, le 12 Avril 2018 à 21h40
J'ai lu ce titre sur les conseils de mon libraire, et... Ça change. C'est un peu déstabilisant mais très intéressant, ça pointe du doigt certains comportements humains très réalistes. Je suis curieuse de lire la suite !
De akirachan [1573 Pts], le 11 Avril 2018 à 20h42
Convaincue par un manga qui pour une fois ne présente jamais la femme comme une victime mais comme l'égale du protagoniste masculin, parfaitement capable de faire front sans se laisser manipuler ou rabaisser. Hâte de voir où cette histoire va nous mener.
De bubulle62 [9285 Pts], le 08 Avril 2018 à 19h52
un bon coup de coeur pour cette serie, mature et vraiment bien exploité j'en attend beaucoup de cette série
De Edenn, le 07 Avril 2018 à 20h50
Agréablement surprise par cette héroïne indépendante au caractère bien trempé qui assume ce qu'elle veut dans sa vie professionnelle et intime et sait exactement où (et dans quoi) elle met les pieds. Enfin, on ne suit pas une petite oie blanche qui accepte tout par amour, mais une femme qui n'hésite pas à coller une gifle bien sentie au ''héros'' quand il dépasse les bornes.
Pour une fois, le comportement borderline du protagoniste masculin est montré pour ce qu'il est et pas pseudo-justifié par un passé traumatique, un hypothétique et sporadique bon fond bien caché, ou encore un soi-disant ''non mais en fait, ils s'aiment alors tout va bien'' en filigrane : là zéro ambiguïté, personne n'aime personne, les deux personnages sont juste là pour prendre leur pied au pieu et accessoirement essayer de prendre l'ascendant sur l'autre pour ''gagner'' (quoique… en réalité, on dirait que le plaisir sexuel est plutôt accesoire du - et secondaire au - jeu, dans cette histoire).
Est-ce sain, comme relation ? Non. Est-ce présenté comme tel et idéalisé avec le filtre rose bonbon de la romance ? Absolument pas, c'est même plutôt l'inverse : on nous présente des personnages froids et calculateurs (voire carrément antipathiques par moments) dont les parties de jambes en l'air tiendraient presque plus de la partie d'échecs (voire de la guerre psychologique) par endroits. Et Sayo n'est pas en reste parce que finalement, elle ne dit oui qu'à ce qui sert son propre jeu. SPOILER : quand elle fait une fellation au héros, c'est pour le soumettre lui (alors que traditionnellement, on considère plutôt la fellation comme une prise d'ascendant de l'homme sur la femme). Si elle ''cède'' à Kiriyama, ce n'est pas parce qu'elle est vulnérable et manipulée (au moment où elle accepte de coucher avec lui, elle est calme, a les idées claires et la lucifité de poser ses conditions), qu'elle se rend par lassitude ou qu'elle est en fin de compte séduite par les avances de ce dernier (qui s'apparentent souvent à du harcèlement). C'est plutôt qu'elle réalise (après avoir tout de même réfléchi à la question de son côté) que ce petit arrangement (des orgasmes sans attaches et sans sentiments) serait bien pratique pour elle qui n'est disponible QUE pour son job mais n'en a pas moins des envies à satisfaire dans la chambre à coucher. Et si en plus, ça lui donne l'occasion de retourner la situation et de donner au sale type qui se croit irrésistible un petit goût de sa propre médecine, c'est encore mieux. Les deux personnages principaux sont donc en un sens aussi retors l'un que l'autre, et en cela, leur ''relation'' s'avère relativement équilibrée.
Et contrairement à ce que j'ai pu lire à droite et à gauche, Sayo n'est pas ''forcée''. Pour subir une contrainte, il faut que la personne qui l'exerce ait une forme d'ascendant. Or, si Kiriyama passe constamment à l'offensive, insiste beaucoup trop lourdement, se montre trop entreprenant et envahissant (oui, on peut parler de harcèlement), il n'a aucune vraie prise sur Sayo. C'est elle sa supérieure dans l'entreprise où ils travaillent, elle n'est pas assez vulnérable ou naïve pour se laisser manipuler, elle ne le craint pas, n'est jamais dupe de ses déclarations, elle n'a pas besoin de lui et peut concrètement l'envoyer paître quand elle veut. De plus, à chaque fois que Kiriyama utilise la force physique sur elle, elle le repousse clairement et brutalement (et la chose ne va pas plus loin, ce qui envoie à mon sens un message important). C'est finalement quand Kiriyama se montre plus honnête en lui proposant une relation ''purement charnelle, pour voir'' que Sayo se laisse convaincre de tenter la chose (encore une fois, en posant SES conditions). Pas parce que Kiriyama a fait pression sur elle (soyons honnêtes, si elle voulait se débarrasser de lui, elle aurait pu), mais parce qu'elle a examiné la situation et considéré que Kiriyama n'avait pas tout à fait tort et que si elle acceptait de coucher avec lui, elle y trouverait peut-être son compte. D'ailleurs, leur première fois est très clairement présentée comme un galop d'essai (''Si je ne le sens pas, on arrête tout. On fait table rase et on n'en reparle plus jamais.''). Test concluant puisque Sayo admet avoir pris du plaisir avec lui, ce qui boucle le deal entre nos deux protagonistes.
Là où Mai Nishikata est absolument brillante, c'est qu'elle sait doser et mêler l'érotisme à une froideur presque clinique, de sorte que le lecteur ne se laisse jamais emporté/aveuglé par l'excitation romantique/érotique et reste en permanence bien conscient de la situation et tout ce qu'elle comporte de problématique : le côté ''prédateur'' de Kiriyama, la dimension toxique de son ''jeu'' avec Sayo, leurs mutuelles pulsions de domination et de contrôle, etc.).
En gros, Game est incontestablement un livre beaucoup plus subtil, intelligent et profond que ce qu'on peut attendre d'une énième romance érotique (ne serait-ce que parce qu'il ne s'agit même pas d'une romance, en fait). Outre son backgroung qui évoque certains des problèmes rencontrés par les femmes qui ont le malheur de donner la priorité à leur carrière (pas très fin, mais réaliste, juste et bien dosé), ce premier tome a le mérite de montrer telle quelle, sans fard et sans déformation romancée et idéalisée, la véritable essence des relations qu'on retrouve dans pléthore de romances érotiques aujourd'hui, tous médias confondus : des relations qui devraient souvent nous interroger et nous mettre (au moins) un peu mal à l'aise - ce que fait aussi Game - au lieu de se contenter de nous émoustiller.
De akiko [5480 Pts], le 13 Mars 2018 à 17h38
Tres heureuse de cette lecture! Tres heureuse que nos editeurs travaillent sur ce genre de projets!
Un manga pour tout ceux qui ont envie de lire autre chose qu'une idylle de lycéen, des traits fins et épurés, des personnages forts, une ambiance moderne, des questionnements en lien avec ce que nous pouvons vivre et une belle intrigue qui on se le demande bien va nous emmener ou ?
Bref jolie découverte mature!