Game - Entre nos corps Vol.1 - Actualité manga
Game - Entre nos corps Vol.1 - Manga

Game - Entre nos corps Vol.1 : Critiques

Game - Suit no Sukima

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 02 Avril 2018

Critique 2


Sayo Fuji, 27 ans, est une jeune femme indépendante. Elle excelle dans son métier de cadre dans un cabinet comptable. Mais à être aussi brillante, elle suscite la jalousie de la plupart de ses collègues masculins. Même si elle se montre forte et impassible, Fuji souffre de ces mesquineries et de la solitude qui la ronge. Un jour, elle est chargée de former le nouvel employé fraichement arrivé, Ryôichi Kiriyama. Or, ce dernier n’hésite pas à proposer à Fuji de coucher avec lui. D’abord consternée, Fuji choisit finalement d’accéder à sa requête.


Mai Nishikata est connue au Japon pour ses nombreux titres shojo. En 2015, elle se lance dans le josei avec « Game entre nos corps ». 


Nous faisons ici la connaissance de Fuji, une jeune femme très indépendante. Dès le début, Fuji est montrée comme une femme forte se consacrant entièrement à sa vie professionnelle. Sa vie sentimentale n’est pas sa priorité, ou plutôt, jamais personne n’a réussi à lui faire prendre ses distances avec son travail. Dans sa vie privée, les hommes qu’elle a côtoyés lui ont toujours reproché de faire passer son travail avant tout le reste. Et dans sa vie professionnelle, les hommes la jalousent face à sa brillante réussite.


Entre les reproches et les jalousies, Fuji est finalement une femme seule, se noyant dans le travail pour oublier sa détresse sentimentale. Sous ses apparences de femme froide, elle cache ses véritables sentiments. Sa solitude la pèse quand elle se retrouve seule le soir chez elle. Aucun homme n’a réussi jusqu’à présent à faire vibrer son cœur au point de la faire lâcher du lest dans son travail. La personnalité de Fuji nous fait penser à Minami Fuji dans « Complément affectif » qui avait ce même besoin de se plonger dans le travail pour oublier sa triste vie sentimentale. Tout comme, Mari Okazaki, Mai Nishikata dénonce une société japonaise ayant du mal à laisser la place à une femme carriériste sans susciter des jalousies de la part des hommes. Le travail est pour ces femmes leur moyen de se sentir exister et surtout de réussir là où elles peuvent avoir le contrôle à l'opposé de leur vie sentimentale.


Pour bousculer son héroïne, l’auteur met en travers de sa route, le jeune Ryôichi Kiriyama. Très imbu de lui-même, il ne doute absolument pas de ses capacités de séduction. Face à cette collègue stricte, il n’hésite pas à lui faire de nombreuses avances en lui promettant de réussir à la faire vibrer. L’auteur confronte ces deux personnages qui ont tous les deux de forts tempéraments. Au départ, nous pouvons nous laisser croire que Ryôichi ne joue qu’un jeu pour gagner une nouvelle conquête. Mais tout comme Fuji, ne cacherait-il pas des blessures ou une solitude pesante ?


Finalement, Mai Nishikata évoque des problématiques actuels et matures : la place de la femme et le regard des hommes dans le monde professionnel, mais également la sexualité. En effet, Fuji est une femme libérée de tout complexe et en harmonie avec son intimité. Nous sommes donc loin des préoccupations de jeunes lycéennes, mais bien dans des préoccupations matures avec une femme ayant une sexualité épanouie. Le jeu sexuel qui s’installe entre Fuji et Ryôichi est fait entre deux adultes consentants qui se respectent l’un et l’autre. Sans aucun tabou, l’auteur nous livre des scènes érotiques tout en sensualité. Les graphismes sont soignés et les visages comme les corps sont harmonieux. Nous apprécions l’effort fait sur les regards pour retranscrire la gêne, la peine ou la déstabilisation.


On pourrait se méprendre avec la couverture sur le contenu de ce premier tome. Il suffit donc de retourner ce tome pour voir une jeune femme belle, mais triste face à un homme déterminé. Mai Nishikata aborde des sujets actuels entre la place de la femme dans le milieu professionnel, mais également la sexualité entre deux adultes consentants s’adonnant à des jeux intimes. Nous sommes curieux de voir si l’amour arrivera à se faire une petite place.


Critique 1


Dans un désir d'étoffer leur catalogue et de le renouveler, les éditions Akata se sont dernièrement penchées sur un titre sulfureux : Game – Entre nos corps. Derrière ce titre se cache l'autrice Mai Nishikata, prolifique dans le domaine du shôjo, qui signe ici sa première œuvre mettant en scène une héroïne mature. Toujours en cours de publication dans le magazine josei Love Jossie des éditions Hakusensha, Game compte trois tomes au Japon, à l'heure où ces lignes sont écrites.


Âgée de 27 ans, Sayo Fujî est littéralement amoureuse de son travail. Sa dévotion envers son boulot l'empêche d'entretenir des relations amoureuses stables, ses petits amis finissant par la quitter par lassitude. Des déceptions amoureuses qui sont presque une routine pour Sayo qui, bien qu'attachée à ses différents compagnons, ne semble pas véritablement aimer autre chose que son travail. Un amour qui lui vaut aussi les railleries de ses collègues, comme si une femme n'était pas capable d'aimer son activité professionnelle aussi bien qu'un homme.


Un jour, son entreprise accueille un nouvel élément : Ryôichi Kiriyama. Séduisant, brillant et affichant constamment un sourire fier, Sayo semble lui avoir tapé dans l'oeil. Essuyant plusieurs échecs lors de ses tentatives d'approche dans un premier temps, Ryôichi va finalement convaincre Sayo de s'adonner à un petit jeu. Entre eux, rien d'amoureux et tout de sexuel, chacun prenant plaisir à tenter de mettre l'autre sous sa domination. Attention toutefois, car le jeu prendra fin si l'un des deux tombe amoureux d'une tierce personne...


Pour sa première œuvre sérieuse et sulfureuse, Mai Nishikata s'intéresse à la relation plus que particulière entre deux collègues de travail qui, loin de connaître le véritable amour, vont s'adonner à un jeu de relation sexuelle où la domination ne serait jamais loin. Un pitch assez basique, et que certains pourraient même qualifier de pauvre. Ce serait pourtant prendre de haut ce premier volume de Game qui, derrière des apparences assez classiques, parvient à sortir son épingle du jeu.


Ce premier tome plante ainsi les débuts du jeu torride auquel se livrent Sayo et Kiriyama, présentant la relation tout en commençant à la faire évoluer doucement. On pouvait craindre le piège d'une classique relation amoureuse qui naîtrait de cette union, mais ce premier volet nous prouve que la mangaka est plus subtile que ça. Basant son histoire sur une héroïne à la psychologie complexe, qui voue plus d'amour à son travail qu'à ses petits-amis, sans toutefois en être pleinement satisfaite, le récit développe une certaine mélancolie au fil de ses pages, notamment sur le point de vue de Sayo qui va finir par se rendre compte qu'elle n'a jamais connu le véritable amour. Ainsi, ce tome regorge d'intentions de scénario à la dimension fortement sociale, avec de petites piques régulières envers la société nippone. Sayo incarne en effet une protagoniste à contre-courant puisque celle-ci ne vit pas pour l'amour et est jugée par son entourage pour son implication intensive dans son travail. Sayo s'avère donc être une héroïne particulièrement intéressante tandis que Game, derrière des airs de série érotique simpliste, délivre un véritable message sociétal.


La relation sulfureuse entre les deux protagonistes n'a, elle aussi, rien de très simple, et la mangaka gère assez habilement ce jeu de domination entre Sayo et Kiriyama. La satisfaction première vient de l'équilibre particulièrement maîtrisé dans le binôme : Si Kiriyama semble dérangeant à première vue tant on ne sait jamais ce qu'il pense, le constat est un peu similaire du côté de Sayo, exception faite que l'intrigue nous donne les cartes pour saisir l'héroïne. Deux individus qui se ressemblent donc, et dont la relation ne partira jamais dans les excès. Si Kiriyama propose de nouvelles pratiques à Sayo, il ne la force en aucun cas. La notion de respect se ressent alors dans ce couple étonnant dont l'aspect dominance grandira petit à petit, créant une alchimie assez particulière entre les deux protagonistes. Chacun désirera avoir le dessus sur l'autre, une sorte de jeu où les partenaires sexuels font aussi office de rivaux.


Ainsi, ce premier tome regorge de scènes au lit, mais aucune ne montrant gratuitement l'acte. La mise en scène de Mai Nishikata reste sobre, la mangaka ne cherchant pas à trop en faire tout en parvenait à nous faire comprendre ce qui se passe durant les ébats. Son intention n'est clairement pas d'exciter son lecteur, mais de raconter une histoire et de décortiquer des personnages par leurs réactions, leur geste, et la place qu'ils prendront lors des échanges charnels torrides. La mise en scène au service de l'intrigue semble donc bien être le crédo de l'autrice.


Reste alors un design assez classique pour les personnages, Sayo incarnant la belle jeune femme sévère et Kiriyama le beau salaryman séducteur. Dans leurs apparences, les deux protagonistes s'avèrent crédibles, rendus volontairement beaux par le trait fin et ravissant de la mangaka.


Concernant le travail d'édition d'Akata, le tout est d'excellente facture. Le papier couché mât utilisé pour la couverture est d'un bel effet, tandis que la traduction de Satoko Fujimoto, adaptée par Nathalie Bougon, ne souffre d'aucun bémol.


En définitive, il serait donc plus que précipiter de cantonner Game au simple rang de titre torride. Abordant des thématiques sociales et féministes tout en contant un jeu érotique qui s'appuie très habilement sur les deux personnages principaux, ce premier tome constitue une très bonne surprise qui évite la facilité, en espérant que ce sera le cas pour la suite.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Einah

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs