Fire Force Vol.29 - Manga

Avis sur Fire Force Vol.29

Enn Enn no Shouboutai

Shōbōtai08

De Shōbōtai08, le 11 Juin 2023 à 02h50

18/20

Disclaimer : cette critique sera davantage analytique et objective que celle d'Erkael qui, disons-le en toute transparence, manque cruellement et malheureusement de recul et de compréhension sur le contenu et le contexte de cette œuvre. Merci de votre compréhension.

 

Le monde est entrain de s'enflammer. Les flammes qui en jaillissent sont le fruit du désespoir envahissant l'humanité se sachant condamné à périr mais pas pour la Fire Force - surtout le capitaine Ōbi dans un discours engageant et plein d'espoir - qui lutte sans relâche pour vaincre les membres restants du groupe des Hommes en Blanc à commencer par Charon gardien d'Amaterasu qui délivre sa dernière carte fatale et se remémore les instants passés à devoir constamment veiller sur la très jeune Haumea, pilier de la passivité, autrefois décrite comme une sainte canalisant l'énergie des pensées les plus noires de l'humanité lui ayant au fil du temps fait perdre la raison et sombrer dans la folie.

Une démence qui fait comprendre au lecteur que son enfance a été un refrain d'ondes négatives (imaginez-vous écouter depuis toujours les mauvaises nouvelles quotidiennement comme sur une chaîne d'information en continu) et lui permet de mieux cerner le personnage qui était perçu jusqu'ici comme celui avec un simple trait de caractère, propre à l'auteur qu'il affectionne, et insupportable en premier abord. Ohkubo a bien su jouer sur cette relation semblable entre un père et sa fille, notamment avec Charon qui ne peut pas laisser indifférent déjà par sa force de resistance face aux tirs de Hinawa mais aussi par son rôle protecteur qu'il prend à cœur à devoir être un punching-ball et encaisser les coups de folie de Haumea alors que son pouvoir lui permet de renvoyer les coups donnés. Et c'est ce qu'il fait dans son dernier retranchement en délivrant une puissance de feu destructrice fort heureusement interceptée par Maki toujours aussi impressionnante et renvoyée par Hinawa sur Dragon, némésis ultime d'Arthur qui ce dernier ne baisse pas pour autant les bras face à la situation "désespérée" et face à un ennemi qui se révèle pour le roi des chevaliers et pour le lecteur impossible à vaincre voire à blesser. Ohkubo use de cette combine scénaristique en l'éloignant du champ de bataille, préfère mettre l'ennemi imposant en retrait et laisse encore quelques temps au frais le combat mythique opposant ces deux personnages hauts en couleur tels qu'ils serait imaginés dans une épopée arthurienne. Ça devient de plus en plus excitant et renforce l'impatience qui n'est absolument pas pour déplaire.

Bien évidemment, qui dit défaite pour Arthur passe par une session rapide d'entraînement pour combattre Dragon qui prend le lecteur une nouvelle fois à contre-pied par la methode. Pas de méditation ni de renforcement physique comme tout entraînement "classique", mais une partie de jeu vidéo avec une parodie de Dragon Quest sur SNES. Déjà qu'Arthur est un personnage à part entière qui vit dans un monde imaginaire - et non pas un idiot comme on peut lire partout - il garde sa cohérence psychique et par dessus tout sa motivation à vouloir vaincre son ennemi juré dans un univers où le monde réel qui est en feu et l'imaginaire du monde d'Adora ne font desormais qu'un et pourra vraisemblablement lui servir à son avantage. Ohkubo est très attaché à cette notion de décalage que ce soit dans le ton avec ce paradoxe où un RPG va donner de la force au roi des chevaliers ou dans l'action et la mise en scène où il ajoute à cette séquence de la mise en abîme avec les combats plus secondaires mais toujours efficaces se déroulant en même temps à l'extérieur comme s'il s'agissait juste de combats de boss. Cela dit, il faut souligner que ce décalage est très déconcertant entre les deux situations car on assiste à la fin du monde, ne l'oublions pas.

Mais ce qui va le plus surprendre dans ce tome, c'est le passage où est exposé via Sumire, pilier de l'aversion, comment l'humanité du monde d'autrefois a sombré dans le désespoir lors du précédent grand cataclysme qui a complètement chamboulé la structure même du monde, déjà révélé dans le tome 25. Ohkubo, encore une fois, prend le lecteur de court de par déjà le choix d'exposition utilisant son personnage avec les photos de la réalité (pour anecdote, il ne s'agit que d'une comédienne recrutée par une agence de publicité, donc aucune relation avec l'auteur) comme déjà fait lors du voyage de Shinra dans le passé mais surtout il délivre toujours via Sumire un message constatant l'état psychologique de notre réalité où l'humanité est remplie principalement d'êtres sans âme ni conscience nombrilistes et égoïstes surtout renforcé par l'avènement des différents moyens de communication comme les réseaux sociaux, le tout sur fond de meta-satire brisant le quatrième mur comme s'elle s'adressait au lecteur, et ce n'est pas la première fois de toute cette œuvre qu'Ohkubo s'amuse à vouloir s'adresser au lecteur quand on sait qu'il est admiratif de Toriyama de l'époque Dr. Slump qui se portrayait régulièrement ou jouait avec les codes de la narration bien que c'était du gag-manga donc pas le même registre. La façon de procéder d'Ohkubo est très surprenante car il est impossible de s'attendre à une critique sociétale, surtout dans un manga sur des pompiers, en particulier en utilisant le cadre de la réalité qui est décrite dans cette histoire comme une ère précédant le changement opéré lors du grand cataclysme mais Ohkubo ne perd pas le nord (ni le sud) dans son récit et souhaite volontairement délivrer ici un moment qui met le lecteur à la fois dans un sentiment de stupeur mais également dans une position où il ne peut pas s'empêcher d'avoir une réflexion parallèle entre la réalité dans laquelle nous vivons (le monde est-il merveilleux?) et la fiction dans laquelle vivent les personnages de son histoire cherchant à redonner espoir à l'humanité avant son extinction. Comme dit le proverbe, la réalité dépasse la fiction. Rares sont les auteurs de manga capables d'un tel tour de force. 

La conclusion se rapproche progressivement mais elle n'est pas encore imminente. Ohkubo continue de délivrer dans cette dernière phase entamée depuis le tome 24 une prestation toujours aussi dynamique dans la caractérisation et mise en scène de ses personnages, surprenante de par l'univers qu'il nous dévoile encore plus en profondeur, ardente (évidemment, il y'a le feu partout) et même folle parce que n'est pas fou n'est pas Ohkubo. Et le prochain tome promet d'enfoncer un peu davantage le clou - ou  l'épée - légendaire.

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