Magical Girl Spec Ops Asuka - Actualité anime

Magical Girl Spec Ops Asuka : Critiques

Critique de l'anime : Magical Girl Spec Ops Asuka

Publiée le Mercredi, 24 Avril 2019

Les Magical girls sombres ont été importées l’an dernier à travers deux titres : Magical Girl Holy Shit chez Akata et Magical Task Force Asuka chez Pika ; mais de ces deux titres, le second a fait l’objet d’une adaptation animée qui s’est achevée le 30 mars dernier.

Initialement distribuée par Square Enix, le manga originel de Makoto Fukami et de Seigo Tokiya commence à paraître au Japon en juin 2015 via le Monthly Big Gangan et compte actuellement dix volumes. C’est Pika qui annonce sa publication en France et le premier volume sort dans nos librairies le 18 avril 2018. Et il ne faut pas attendre longtemps pour qu’une adaptation animée voit le jour, dès juillet 2018 un premier trailer fait son apparition. Distribuée en France via Wakanim, la série totalise douze épisodes réalisés par le studio Linden Films (studio à qui l’on doit l’adaptation de Yamada-kun and the Seven Witches ainsi que celle d’Hanebado! plus récemment).



Des Magical girls au service de l'Etat


Dans ce monde, les Magical girls ne sont pas nées dans des conditions bon enfant, elles sont apparues lors d’une guerre inter-dimensionnelle entre les humains et le Monde des Enfers grâce à la participation d’un tiers belligérant, le Monde des Fées. Ces dernières ont aidés les humains à créer les Magical girls en associant une fée à une personne disposant d’affinités magiques et celles-ci étaient essentiellement des adolescentes. Parmi ces « élues » on retrouve Asuka, Kurumi, Mia, Tamara et Pei Pei, les légendaires Magical Five, celles qui ont vaincu la menace de Disas au prix de lourdes conséquences humaines et psychologiques.

L’intrigue nous est contée par le biais d’Asuka qui a raccrochée son karambit pour une vie de lycéenne paisible. Elle qui a tant perdue pendant la guerre, entre sa famille, son aînée et sa sérénité, reste torturée psychologiquement. Cependant elle retrouve une once d’humanité au contact de ses nouvelles camarades, Sayako et Nozomi. Mais lorsque cette nouvelle vie paisible commence à s’installer, la cruelle réalité vient frapper Asuka en plein visage. Le monde n’a pas changé depuis la fin de la guerre, l’ennemi à juste changé de visage. Aujourd’hui, attentats, guerres civiles, conflits armés sont légions entre les alliés d’hier. Et lorsque qu’un attentat perpétué par un groupuscule paramilitaire vient perturber la vie d’Asuka en voulant lui prendre sa nouvelle amie, elle intervient sans retenir ses coups.



En parallèle de cet affrontement soudain, Asuka est sollicitée par son ancien commandant qui souhaite l’intégrer à l’Unité M, une nouvelle formation des Forces Japonaises d’Autodéfense spécialisée dans les contre-mesures au combat magique face aux groupuscules qui alimente un marché noir d’objets magiques avec le monde de Disas. Dans celle-ci se trouve déjà l’ancienne camarade d’Asuka, Kurumi qui a très tôt l’opportunité de nous faire comprendre sa fixette sur son aînée et amie. Et malgré des réticences à devoir de nouveau se battre, Asuka est bien forcée de reprendre le combat par les intrusions trop fréquentes d’un nouvel ennemi dans sa sphère privée. Cet ennemi tire doucement son épingle du jeu et prépare d’une manière conséquente une offensive majeure par le biais de ses « Magical girls illégales » qui n’ont de cesse d’inquiéter les sphères du pouvoir disposant également de Magical girls.


Adolescence meurtrie

Bien que les autres membres des Magical Five soient présents au cours de l’intrigue, c’est principalement Asuka qui est traitée de manière conséquente. Et c’est davantage sa dualité qui est sans cesse rappelée au cours de la série. Elle ne cherche plus le combat mais ne peut l’empêcher lors qu’il en ressort de la vie de ses proches. Cependant elle reste consciente du risque de sa position. La guerre de Disas lui a déjà coûté les membres de sa famille et sa vie de collégienne. Elle qui voulait tirer un trait sur les Magical girls est bien obligé de reconnaître leur indispensable utilité pour contrer d’autres Magical girls malfaisantes. Elle est alors sujette au doute à de nombreuses reprises lorsque le danger guette l’une de ses camarades de combat. Ce doute, elle l’hérite de la dernière guerre dans laquelle ses compétences de leaders ont coûtées la vie à d’autres Magical girls. Cette dualité de la psychologie d’Asuka est étroitement traitée avec celle de Kurumi. En effet cette dernière bien que gentille de prime abord reste torturée par les démons de son passé. Véritable souffre-douleur de ses camarades du collège, elle n’a de cesse de se surpasser pour prouver sa valeur auprès d’Asuka, celle qu’il l’a extirpée des enfers.



S’agissant du respect de l’œuvre originale, l’intrigue est globalement respectée dans sa chronologie, bien que les flashbacks majeurs qui nous permettent de comprendre certains points importants de l’intrigue nous soient dévoilés très rapidement. Notamment le flashback de la mort de Francine qui intervient dans les premiers épisodes alors que dans le manga ce passage intervient dans le volume 4, soit vers la fin de l’adaptation animée en terme d’intrigue. Egalement, et c’est une nouveauté de l’adaptation, certaines scènes ont subies une refonte complète, il est question ici du combat entre Mia et la mercenaire-mage Sandino. En cela cette refonte nous permet d’en apprendre davantage sur la back-story de Mia et nous donne également un bon combat dans une scène originelle plate et portée sur la découverte du corps du Penthouse.

Mais la différence la plus concrète c’est l’ajout de nombreuses scènes slice-of-life au cours des épisodes. Bien que cela puisse être illogique dans une œuvre où la violence est légion, ces scènes ont leur utilité propre, à savoir donner de la profondeur à ces moments de tranquillité précaire entre deux combats. Bien évidemment celles-ci participent à un certain étirement de l’intrigue en remplissant quelques minutes de ces intermèdes mais en cela l’intrigue n’est pas dénaturée pour autant. Déjà ces scènes précisent le caractère de nos personnages et le meilleur exemple est le caractère possessif de Kurumi qui est à maintes reprises ressassé dans des moments légers. Ces scènes slice-of-life donnent également plus de présence d’écran aux personnages secondaires tels les membres de l’Unité M qui participent à un festival d’été absent du manga original, ce qui permet de renforcer les relations entre ces personnages, de les voir comme des humains lambdas et non comme des soldats d’élite. Et bien évidemment les personnages secondaires les plus sollicités restent Sayako et Nozomi, les camarades du lycée d’Asuka.



En cela, leurs présences n’est pas anodine. Chacune d’elle est irrémédiablement confrontée à la mort et aux Magical girls. Notamment dans le dernier arc de l’adaptation animée qui prend un virage soudain par rapport au manga en les faisant interférer activement avec les combats de Naha. Mais cette présence outrancière de ces personnages ne peut-il pas être considérée comme une comparaison bienheureuse de la faiblesse de l’humain face aux évènements magiques ? Après tout, Sayako et Nozomi ne sont bonnes qu’à fuir le danger quand il se présente, sont accablées par la peur face à des monstres venus d’une autre dimension. Même la présence des Magical girls n’est pas synonyme de sécurité puisqu’elles mêmes peuvent être débordées par la puissance de l’ennemi. C’est alors habile et vecteur d’un message puissant que de laisser Sayako et Nozomi au cœur de l’action, on comprend aisément que l’humain n’est rien face à la magie, que cette dernière peut même balayer l’humanité d’un revers de main ; et que, même avec une forte volonté et l’envie de se surpasser, il est bien plus prudent de fuir et de laisser la sale besogne à des expertes, les Magical girls, bien que celles-ci ne peuvent enrayer la corruption ambiante.

En effet, tout au long de l’adaptation animée, on dépeint négativement les Magical girls puisqu’elles restent des adolescentes en pleine croissance et fragiles psychologiquement. A plusieurs reprises les ronds de cuir de l’administration et les hauts-gradés militaires se sentent coupables d’envoyer des gamines au combat, qu’elles restent souvent des outils au service du gouvernement pour leurs opérations clandestines à l’image de Tamara qui est utilisée sous la menace du chantage par ses supérieurs. Egalement, et c’est le point le plus grisant de la psychologie de l’intrigue, leurs actions ne rendent pas le monde plus heureux. Geese, l’un des principaux antagonistes du dernier arc le résume parfaitement par sa propre expérience ; les Magical girls sont vecteurs d’espoir et de lutte pour la liberté mais elles ne peuvent empêcher les horreurs humaines de subsister. Parfois, leur action provoque plus de mal que de bien, plus de souffrance que de délivrance et au lieu de récolter le sourire des survivants, elles se heurtent au dégoût et à la haine de ces derniers, choqués psychologiquement par la peur. Déjà que le fait de devenir Magical girls n’est pas synonyme de bienfaisance, la réalité de leur combat engendre des femmes fragilisées psychologiquement, en proie à une continuelle dépression et de remise en cause de leur « idéal de justice ».



Concernant l’animation en tant que telle, elle respecte globalement le character-design du manga. Cependant il est parfois trop brut sur certains plans, on perd la précision du trait du manga pour les plans larges mais c’est chose réglée pour les plans rapprochés. Pourtant certains passages sont diablement efficaces par l’animation des yeux notamment, en cela la psychologie autour de Kurumi est habilement retranscrite lorsque son passé resurgit, même chose pour Asuka dont on ressent les doutes par son visage étranglé par la peur. Présents dans le manga, les passages ecchi sont également exploités ici sans être exagérés, on reste alors dans le même dosage que l’œuvre originale.

D’un autre côté les scènes d’actions sont rythmées, bien animées et donnent beaucoup plus d’envergure au manga qui se focalisait d’avantage sur les moments haletants des combats. Seuls bémols de ces combats ? Les passages « Le saviez-vous » dans lesquels intervient la fée Sacchû avec une voie criarde ; ces passages remplacent les encadrés du manga qui explique une compétence magique mais cela casse l’immersion dans le combat et annule tout suspense des coups de grâce envers l’ennemi.

Enfin, l’adaptation animée ne résout rien en terme d’intrigue, on suit scrupuleusement les six premiers volumes du manga et de ce fait on prépare seulement le terrain pour un arc beaucoup plus conséquent. En d’autres termes on peut considérer l’adaptation du studio Linden Films comme un tremplin pour les ventes du manga, ou en tout cas une bonne mise en bouche pour les fans de Magical girls et de manga militaire.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur


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