Made in Abyss - Saison 1 - Actualité anime
Made in Abyss - Saison 1 - Anime

Made in Abyss - Saison 1 : Critiques

Critique de l'anime : Made in Abyss - Saison 1

Publiée le Mardi, 09 Octobre 2018

L'un des animes ayant fortement marqué les esprits de nombre de spectateurs en 2017 est sans nul doute Made in Abyss. Diffusée durant l'été 2017 au Japon, mais aussi en France en simulcast vostf sur la plateforme Wakanim (où elle est toujours disponible), cette série d'aventure en 13 épisodes (dont un dernier épisode double, faisant 47 minutes) adapte le manga éponyme d'Akihito Tsukushi. En cours de parution au Japon depuis, ce dernier est édité en France depuis quelques mois par les éditions Ototo.


Derrière la production de cet anime, on retrouve le studio Kinema Citrus, qui nous a notamment offert les séries Barakamon, Black Bullet ou encore Kumamiko. La série a pu compter sur un réalisateur de talent et renommé, à savoir Masayuki Kojima, à qui l'on doit Monster, Abenobashi, ou encore les films Piano Forest et Le Chien du Tibet. Le character design a été confié à Kazuchika Kise (un vétéran ayant travailler sur de nombreux projets à différents postes, on lui doit notamment la direction des OAV Ghost in the Shell: Arise), et la direction artistique à Osamu Masuyama (artiste talentueux ayant notamment travaillé sur les backgrounds du Château Ambulant, Ponyo, le Voyage de Chihiro, Les Contes de Terremer, Your Name...). Quant aux musiques, elles ont été assurées par le compositeur australien Kevin Penkin, ce qui lui a valu de remporter Crunchyroll Anime Award de la meilleure bande-son. En somme, on a affaire à un staff de choix dans l'ensemble, et il fallait bien ça pour adapter une telle œuvre...


Dans l'univers de Made in Abyss, voici environ 1900 ans qu'un gigantesque et mystérieux gouffre a été découvert sur une île isolée de la mer méridionale de Béorusca. Faisant 1km de diamètre, et de profondeur inconnue, celui-ci était le fruit d'un champ de force spécial venant des tréfonds de la Terre. Par curiosité, des gens ont commencé à venir l'observer. Puis se sont naturellement mis à l'explorer, à découvrir petit à petit ses niveaux, sa faune et sa flore uniques, ses reliques et trésors insoupçonnés, et ses multiples dangers mortels. On commença à appeler ces aventuriers les "caverniers", puis toute une ville, nommée Orse, commença à se développer sur ses bords, et en son sein fut même bâtie une organisation gérant les dangereuses explorations.

La jeune Rico, 12 ans, habite à Orse, et voue depuis toujours une passion pour l'Abysse, qu'elle rêve de partir explorer à son tour en profondeur. La principale raison ? Son désir de marcher sur les traces de sa mère Lisa, devenue une véritable légende parmi les explorateurs, et qui n'est plus remontée à la surface depuis dix ans. Si bien que Rico a oublié son visage et sa voix... Depuis, la jeune fille grandit au sein d'un orphelinat, regroupant surtout des enfants de caverniers, et où les jeunes peuvent suivre une formation d'explorateur en apprenant les bases et en s'aventurant dans les toutes premières strates du gouffre. C'est pendant l'une de ces étapes de formation dans les débuts de l'Abysse que Rico découvre un étrange être inanimé, à l'apparence d'un petit garçon, mais dont le corps semble robotisé. Qu'est-il ? D'où vient-il ? Des tréfonds de l'Abysse peut-être ? Lui-même ne le sait pas, car il a perdu la mémoire. Mais une chose est sûre: son arrivée dans la vie de Rico va complètement chambouler et accélérer le destin de la fillette. L'une est appelée par le gouffre qui la passionne tant et souhaite retrouver la trace de sa mère, tandis que l'autre a besoin de découvrir ce qu'il est, pourquoi il a été créé, et quelles sont ses origines. Un passionnant voyage dans l'Abysse s'annonce, mais il sera sans doute autant riche en trésor et en belles découvertes qu'en dangers terribles...


La série, qui adapte un peu plus que les trois premiers volumes du manga d'origine, se centre donc sur l'exploration que les deux enfants vont faire de l'abysse, niveau après niveau. L'oeuvre commence par installer de manière immersive et claire nombre de concepts bien pensés, en tête la ville d'Orse dont l'existence dépend avant tout de l'Abysse, et dont l'agencement et l'architecture sont plutôt très bien pensés. Au fil du temps, c'est tout un système qui s'est mis en place afin d'explorer encore et toujours cet immense gouffre dont personne ne connaît le fond, et dont on remonte rarement vivant quand on s'y engouffre en profondeur. Au sein des caverniers, il existe toute une hiérarchie représentée par des sifflets de couleur, ces sifflets pouvant également prévenir les autres quand on est en danger dans l'Abysse. Les jeunes apprentis commencent en tant que sifflets rouges, puis changent de couleur au fil de leur gain d'expérience, jusqu'à peut-être devenir l'un des prestigieux et légendaires sifflets blancs, comme Lisa. Et évidemment, plus on est haut dans la hiérarchie des sifflets, et plus on peut aller en profondeur. Les sifflets rouges, eux, peuvent seulement descendre jusqu'au 1er palier. Mais dans sa quête de découverte et de retrouvailles avec s amère, l'intrépide Rico aura très vite fait de braver les règles pour aller plus en profondeur.


Après 2-3 épisodes d'une bonne mise en place, l'aventure en elle-même commence, et elle sera vite riche en incroyables découvertes, mais aussi en dangers, car au coeur de ce gigantesque trou c'est un univers résolument unique qui se dévoile. Car l'Abysse possède en premier lieu tout un écosystème bien à lui, avec une faune vue nulle part ailleurs, une flore tout aussi unique et originale (comme la forêt inversée), le tout pouvant être à la fois grandiose pour les yeux, et très dangereux, car les bêtes sauvages ne sont pas rares, et la nature elle-même peut receler bien des dangers qui ne font que s'accentuer au fil des niveaux, chaque strate ayant ses propres particularités. Mais l'Abysse, c'est aussi un véritable nid à trésors, dont beaucoup sont pour le moins énigmatiques. Il est possible d'y déceler des reliques merveilleuses, ainsi que des ressources et objets pouvant se révéler aussi étonnants qu'utiles... mais on peut aussi y dénicher des choses encore plus étranges, à commencer par de mystérieux squelettes de "prieurs" qui semblent vieux de 2000 ans. Il en ressort donc forcément pas mal d'interrogations. Quel est le passé de l'Abysse ? D'où viennent ses richesses et ses squelettes ? Nul ne le sait. Et cela ne fait que renforcer l'intérêt des explorations.

L'Abysse regorge donc de merveilles autant que de mystères et de dangers, et l'un des plus terribles est peut-être ce qui est appelé la "Malédiction de l'Abysse". Plus on s'enfonce dans les profondeurs de ce gouffre, et plus on se destine à une mort certaine dès que l'on essaie de remonter. Remonter du premier niveau jusqu'à la surface ne provoque que quelques vertiges et nausées. Mais remonter du deuxième niveau au premier enclenche vomissements, migraines et engourdissements, remonter du troisième au deuxième confère déjà perte d'équilibre ainsi qu'hallucinations auditives et visuelles. Les étapes suivantes sont des saignements par tous les orifices, puis la perte de toute sensation et l'automutilation, la perte d'humanité... jusqu'au septième niveau où, quand on essaie de remonter au sixième, c'est, paraît-il, la mort assurée. Personne ne connaît donc l'Abysse au-delà du septième niveau, aucun témoin vivant n'en est revenu, et mieux vaut donc être plus que prêt pour aller à la rencontre de ses dangers. Quelles sont les causes de cette malédiction ? Là aussi, personne ne le sait. Mais au fil des épisodes, certaines informations ne manqueront pas d'apparaître.


En tout cas, une chose est sûre: ce ne sont pas ces dangers qui arrêteront Rico, fillette passionnée, énergique et commettant pas mal de bêtises, qu'il est difficile de ne pas prendre immédiatement en affection. Pas toujours consciente des dangers, mais curieuse, volontaire et intrépide, cette enfant attire tout de suite la sympathie, sitôt qu'on la découvre et que l'on cerne son profond désir de partir en exploration et de retrouver la trace de sa mère. A ses côtés, Légu, tout aussi attachant, ne manque pas du tout d'intérêt. Qu'est-il exactement ? Humain, robot, ou autre ? Il a un nombril, des tétons, un anus, un zizi comme les petits garçons normaux, il pleure et transpire, mais sa peau souple ne peut être coupée, il a une meilleure vue, une meilleure ouïe et un meilleur odorat que les humains, et il a un bras extensible en métal, il recèle en lui d'incroyables capacités qui peuvent être destructrices... Les énigmes sur les origines de cet être amnésique sont nombreuses, sa quête d'identité est intéressante. Et au-delà de tout ceci, on sent qu'une relation d'amitié et de confiance se bâtis réellement entre les deux enfants, désireux de se protéger mutuellement, de veiller l'un sur l'autre.


Mais parfois, ce désir de veiller l'un sur l'autre pourrait ne pas suffire, car les dangers de l'Abysse peuvent être, très, très cruels et douloureux et de ce côté-là on constate que plus la série avance, plus elle peut se montrer sombre, brutale et dramatique. Ne vous fiez donc pas totalement aux bouilles mignonnes des personnages et au parfum de découverte enivrant, car Made in Abyss a parfois de quoi laisser son spectateur meurtri et en PLS. D'autant qu'en plus de la faune agressive et de la malédiction, le dernier épisode nous montrera que l'horreur peut également venir des humains eux-mêmes...


Et puisqu'on parle des derniers épisodes, il est impossible de parler de Made in Abyss sans évoquer le personnage-phare de la fin de cette première saison: Nanatchy. Si Rico et Légu feront, au fil des épisodes, des rencontres importantes comme celle d'Ozen, la plus marquante reste celle de ce jeune garçon doté d'une fourrure, d'un caractère assez taquin qui le rend irrésistible... Mais derrière son apparence mignonne se cache un passé on ne peut plus cruel, lié à ce qui semble être d'abord son "animal de compagnie", la difforme Meethi... Une chose est sûre: Nanatchy, avec sa façon d'être, son histoire, son physique, est le personnage qui a fait décoller la popularité de l’œuvre, au point d'avoir droit à quelques figurines.


Récit d'aventure et de découverte fascinant autant que fable fantastique cruelle, l'anime de Made in Abyss bénéficie d'une réalisation quasiment exemplaire, qui souffre uniquement de quelques petits coups de mou. En dehors de ça, il faut souligner un travail impeccable sur l'ambiance globale, celle-ci pouvant être tour à tour un peu contemplative, paisible, plus mouvementée quand les dangers sont là, mystérieuse, profondément dure et tragique en n'occultant pas les moments difficiles... Tout un travail a été effectué sur ces changements d'ambiance, et ils sont toujours soulignés par des sons et des musiques travaillés et variés. Le meilleur exemple est peut-être l'ensemble du dernier épisode qui, pendant 47 minutes, nous fait passer par toutes les émotions possibles, afin d'achever avec force la série. Le character design arrondi des personnages humains est très fidèle au manga d'origine, parvient à ne pas être trop aseptisé, et a le bon goût de rendre moins explicites les petites scènes de nudité plutôt inutiles du manga.


Mais au-delà de tout ça, l'anime de Made in Abyss séduit surtout pour sa capacité à ne pas être qu'une simple adaptation, mais bel et bien une oeuvre à part entière. En effet, la série sait, entre autres, certains passages où l'ambiance est différente de celle du manga. Un bon exemple est le cas d'Ozen: personnage d'abord assez effrayant et sombre dans le manga, il dégage dans l'anime quelque chose qui se rapproche plus de l'inquiétude et du mystère. Reste que l'enrichissement artistique le plus évident provient de l'abysse elle-même. De la faune bien sûr, quand on voit le bestiaire créé par Akihito Tsukushi prendre vie. Mais surtout de la flore et des curiosités naturelles dont le gouffre géant regorge. Si, dans son manga, Tsukushi esquisse très souvent des cadres et décors admirables, il ne traîne pas forcément dessus plus que de raison. On peut dire que le manga offre une base qui a été considérablement enrichie et élargie lors du passage en animation: il y a des vues canons, les possibilités de design ont été bien exploitées pour offrir des lieux marquants. Ainsi, par exemple, la maison de Nanatchy, finalement assez peu en vue dans le manga, possède dans l'anime quelque chose de plus profond et marquant, et il en est de même pour pas mal de décors, comme la falaise ou la forêt inversée. On sent tout simplement que côté backgrounds, il y a eu une réelle créativité artistique, un désir de transcender le manga d'origine plutôt que de simplement l'adapter, si bien que les deux supports valent vraiment tous les deux le détour.


A tout ça, il faut aussi ajouter un excellent casting au niveau des seiyû, chaque vois collant bien à son personnage et sachant mettre les intonations qu'il faut. On ne peut que donner la mention spéciale à la voix si particulière de Nanatchy (interprété par une excellente Shiori Izawa), et aux sons à la fois si touchants et si déchirants émis par Meethi...


Tout en restant fidèle au manga d'origine, la première saison de Made in Abyss parvient à transcender son matériau de base, à ne pas être une simple adaptation, et à offrir sa propre expérience à des spectateurs qui risquent de rester scotchés. Malgré quelques longueurs, l'oeuvre offre une aventure pouvant être tour à tour contemplative, dépaysante, mystérieuse, très dure... et la quête de nos jeunes héros, bien emballée, parvient à captiver, si bien que l'on a vite envie de les revoir s'animer dans une suite. Et ça tombe bien, puisque l'arrivée d'une saison 2 a été confirmée très vite après la fin de la saison 1, et que deux films récapitulatifs sortiront au Japon cet hiver !
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

17 20

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