Beastars - Saison 2 - Actualité anime

Critique de l'anime : Beastars - Saison 2

Publiée le Lundi, 26 Juillet 2021

Après le succès de la première saison, à l'international comme au Japon, une suite à l'anime Beastars a rapidement été annoncée. Si la diffusion de la première partie de l'adaptation s'acheva le 26 décembre 2019 sur l’Archipel (bien que l'ensemble de la saison fut rendue disponible à l'international en mars 2020 via Netflix), la reprise dut lancée le 7 janvier 2021, sur les petits écrans du Japon. Une diffusion qui s'acheva le 25 mars de la même année, au terme de 12 nouveaux épisodes couvrant les événements du manga d'origine de Paru Itagaki jusqu'au volume 11 inclus. Dans le reste du monde, cette saison 2 fut rendue disponible sur le géant de la VOD le 15 juillet 2021.


Et étant donné la réussite de la saison première, tant en terme de succès que de qualité d'adaptation, changer le staff semblait délicat. Pour cette raison, les artistes principaux des douze premiers épisodes rempilent pour cette suite, de même que le studio Orange reste à la production. Shinichi Matsumi, porteur d'une vision cinématographique et théâtrale, réitère donc à la réalisation, sur la composition scénaristique de Nanami Higuchi. Satoru Kôsaki reste à la composition pour nous abreuver de ses mélodies tantôt douces, tantôt mystérieuses, tandis que Nao Ootsu garde son poste de character-designer, afin de conserver l'harmonie d'ensemble dans la transposition à l'écran de ces animaux anthropomorphes. Il convient alors de se demander si cette équipe a de nouveau signé pour la troisième saison de l'anime, récemment officialisée. Seul l'avenir nous le diras.

En quête du coupable


Après que Legoshi ait sauvé Haru des griffes du Gang des Lions, bien des choses ont changé à l'institut Cherryton. La rapport entre le loup gris et la petite lapine a progressé sans pour autant qu'une relation amoureuse se soit concrétisée. Louis est aujourd'hui absent et pour cause, puisqu'il a secrètement repris le contrôle du fameux Gang des Lions, l'herbivore permettant une ascension nouvelle au groupe de mafieux carnivores. Enfin, les liens entre "herbis" et "carnis" ne sont pas au beau fixe. Le meurtre de Tem a laissé une trace, aussi la scission entre les deux types d'animaux se renforce jour après jour. Le proviseur de Cherryton ne parvient pas à rendre des comptes, au point qu'on lui impose la nomination du prochain Beastar du lycée. Un rôle qui reviendra à celui qui découvrira l'identité de celui qui a dévoré l'alpaga, quelques mois auparavant.


Legoshi ne peut oublier la perte de son ami et camarade du club de théâtre. Alors qu'il revient sur certains soupçons, c'est de fil en aiguille qu'il sera poussé sur la voie de l'enquête, ce tout en travaillant sur sa condition de carnivore, de manière à refouler ses instincts primaires.

La nouvelle étape du récit

La première saison de Beastars a su croquer l'univers anthropomorphes si personnel de Paru Itagaki, tout en amorçant des amorces de réflexions et en traitant le triangle amoureux Legoshi/Haru/Louis. 12 premiers épisodes qui plantaient le décor, aussi cette saison 2 nous place en terrain connu, tout en sachant que les possibilités de développement étaient encore nombreuses.

Parmi les pistes à peine effleurées, il y a évidemment le meurtre de Tem, feu l'alpaga autrefois membre du club de théâtre. Sa mort a permis de créer des tensions entre herbivores et carnivores, point de départ de la série, sans pourtant constituer un véritable enjeu scénaristique. Le démarche était compréhensible, mais l'histoire conçue par la mangaka a bien de la suite dans les idées, puisque la résolution de l'assassinat est au cœur de cette suite.


Le lancement de cette séquelle se fait alors avec une certaine intensité. Le meurtrier (et prédateur) court toujours, et la mise sur le tapis du concept de Beastar, à peine évoqué jusqu'à présent, va mener Legoshi à prendre les choses en mains concernant l'enquête. Loup introverti et héros riche de nuances, l'animal a tous les atouts pour devenir un héros droit et inspirant. Mais sera-t-il capable de porter cette image tout comme mener la résolution de l'affaire à terme, et ce en entretenant sa relation toujours plus forte avec Haru ? Voilà le programme qui constitue la saison 2 de Beastars.

La complexité de l'adolescence dans une société où on peine à trouver sa place

Une bonne part de la richesse de la première saison de Beastars venait d'une idée simple mais cohérente par rapport à l'univers : La difficulté pour chaque créature de trouver sa place. Les herbivores vivent avec une certaine crainte d'être dévorés, tandis que les carnivores se doivent de respecter la loi en ne croquant pas leurs congénères, les forçant ainsi à refouler leurs instincts primaires. Un cadre stricte mais logique qui mène forcément à son lot de dérives comme la présence d'un marché noir et gangs mafieux exploitant ces interdits pour le profit. L'univers de la série se tient, chaque trouvaille présentée s'imbriquant avec les précédentes de manière cohérente.

Dans cet ensemble, les « carnis » peinent à trouver une place juste, notamment parce que les têtes d'affiche de la série sont des adolescents en quête de repères. Legoshi et Louis, les deux protagonistes, sont des figures torturées qui, aussi grâce à la mise en scène, véhiculaient des ambiances sombres et/ou mélancoliques. Cette suite vient concrétiser leur traitement via un jeu de parallèle somme toute très bien trouvé : Le carnivore incarne une sorte de lumière tant l'animal est prêt à tout pour taire ses instincts au nom de son amour pour Haru, là où Louis semble avoir trouvé une voie qui lui correspond, lui qui a toujours nourri un rapport particulier avec les mangeurs de viande, digne d'un syndrome de Stockholm. La saison 2 n'a de cesse de nourrir ce double traitement afin de constituer un véritable arc narratif qui trouve son aboutissement dans le dernier épisode. La dualité (mais aussi amitié) entre Legoshi et Louis est un point d'écriture saisissant, tous deux se rejetant mais se cherchant, leur lien étant aussi tourmenté que censé pour ces deux adolescents qui cherchent leur place dans la société tant bien que mal. Et sans Legoshi, le cerf parviendra à briller à sa manière, et même à profiter d'un développement personnel et intime globalement touchant, y compris dans sa résolution, via le lien quasi paternel qui se tissera entre le lion Ibuki et Louis. Là aussi, difficile de rester insensible face à la résolution de cette trame.


L'intrigue de l'enquête autour du meurtre de Tem vient aussi répondre à cette thématique en abordant un troisième personnage : Le meurtrier. Ce dernier (dont on taira le nom afin de garder l'efficacité du mystère), est un cas à part lui aussi, tout en constituant une autre forme d'opposition face à Legoshi. Une autre dualité vient alors se greffer à cette saison 2, une dichotomie passionnante. Elle l'est d'autant plus que l'écriture ne tombe pas dans les archétypes, chaque figure étant constituée de nuances. Pas d'êtres bons ou de foncièrement pourris dans la série, mais simplement des jeunes en quête de repères, peinant parfois à se conformer au monde qui les entoure. Et si on tait volontairement l'identité du coupable, notons que sa révélation ne constitue pas une volonté de twist en soit, mais simplement un point de départ vers un autre segment de richesse de l'écriture de cette suite.

La romance en suspens ?

Un bien vaste programme pour la saison 2 de Beastars, donc. Mais quid de la romance entre Legoshi et Haru ? Les spectateurs ayant aimé cet aspect des débuts resteront peut-être sur leur faim à ce sujet, dans le sens où l'idylle est surtout présente en terme de sens scénaristique et de leitmotiv pour le loup gris. Mais les échanges entre les deux « tourtereaux » sont finalement limités dans cette nouvelle fournée d'épisodes. Legoshi et Haru se retrouvent et se croisent ponctuellement, mais leurs intéractions sont moins nombreuses que dans les débuts. Un choix légitime étant donné que le héros a une mission ferme qui l'occupera durant la quasi totalité de la saison. Pour autant, Haru ne quittera jamais son esprit, puisque c'est en grande partie pour elle qu'il se bat. On ne peut donc pas parler de romance en suspens tant chaque action (ou presque) du carnivore a lieu dans l'idée de concrétiser son amour. D'ailleurs, la progression de cette romance est subtile mais explicite. Pas tout à fait ensemble, Legoshi et Haru sont désormais plus que de bons amis. Il persiste un flou, une tension abstraite, entre eux deux. Ce sont les non dits couplés aux échanges forts de sens des deux personnages qui rendent la relation si subtile et saisissante, lorsqu'elle est abordée frontalement.


Fin de cycle

La fin de cette saison 2 de Beastars sonne comme une fin de première grande partie. Les lecteurs du manga le savent, l'histoire crée par Paru Itagaki n'est pas conclue après ces événements. On peut même dire que le récit n'a achevé que sa première moitié. Les grands enjeux fixés dans les premiers épisodes sont résolus, qu'il s'agisse du scénario pur ou l'écriture globale de Haru et Legoshi, emplis de tourments et de contradictions dès leur apparition. Là où la fin de la première saison appelait logiquement une suite pour confirmer ces exploitations thématiques, le 24e épisode de la série amène un point d'orgue plein de sens, bien que surprenant dans certains de ses rebondissements.


Pour un non connaisseur du manga, savoir que la série se poursuit encore un petit moment est une information propice à piquer la curiosité. Que peut bien narrer la suite après avoir résolu tant de points ? C'est là que l'annonce très récente de la troisième saison a de quoi réjouir : Il sera possible de découvrir cet après dans une partie 3 toujours produite par le studio Orange qui manie la CGI avec inventivité. On n'en dira pas plus sur le programme à venir pour préserver toute surprise. Quant aux impatients, le manga disponible chez Ki-oon a déjà bien abordé la suite des festivités, différentes mais ô combien passionnantes et pertinentes à l'égard de l'univers concocté par Paru Itagaki.

Une technique constamment maîtrisée

La réalisation fut l'une des forces de la première saison de Beastars. Si la CGI a drastiquement modifié l'esthétique initiale du manga, elle a aussi eu de l'effet sur le plan visuel, que ce soit par des effets numériques jouant sur l'immersion via ses nombreux effets de caméra, mais aussi sur le sens des thématiques et des dilemmes des personnages. De véritables métaphores graphiques qui ont permis aux 12 premiers épisodes de jouer avec les possibilité du médium audiovisuel.


On pourra rester succinct concernant la saison 2 qui réitère l'exploit. Shinichi Matsumi confirme ses talents de réalisateur doté d'une vision cinématographique et théâtrale, en exploitant correctement les enjeux de cet « arc de l'enquête ». Il croque une nouvelle fois l'aura mystérieuse de l'ensemble tout en y jetant une dimension plus spectaculaire puisque les événements amènent un peu plus d'affrontement que dans la première saison. La bestialité des duels est parfaitement saisie puisque les jeux de caméra se font encore plus variés et impactants, là où les figures de style esthétique établie via des effets numériques permettent une fois encore d'explorer les tréfonds des psychologie des protagonistes. Une nouvelle fois, l'adaptation est justifiée et bien pensée. Le Beastars animé garde la trame du manga d'origine, mais narre ce récit via des techniques qui lui sont propre, en les utilisant avec pertinence. Il n'y a jamais de quoi être choqué par la CGI utilisée, mais toujours de quoi être ébahis par les trouvailles techniques proposées.
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

17.5 20