TESHIROGI Shiori - Actualité manga

TESHIROGI Shiori 手代木史織

Interview de l'auteur

Parmi l’affolante liste d'invités de l'édition anniversaire du Cartoonist, qui s'est tenue à Nice à la mi-avril, Shiori Teshirogi est sans doute la mangaka qui aura suscité le plus d'attentes. Avec la fin de The Lost Canvas, spin-off de la série culte Saint Seiya, et la sortie en avant-première du premier volume de The Lost Canvas Chronicles, cette artiste était en plein cœur de l'actualité. Aussi fut-elle massivement sollicitée par les médias spécialisés, au point que les organisateurs durent regrouper plusieurs journalistes en sessions communes. Cependant, au vu des quelques couacs dans l'organisation et d'un espace presse mal indiqué, sur huit médias annoncés, trois seulement parvinrent jusqu'à l'auteure pour cette première table ronde; à savoir le site Planète BD, la revue Tonnerre de Bulles, et nous-mêmes, bien sûr ! 
  
Ainsi, en une demi-heure d'entretien croisé, chacun aura pu aller au bout de ses questions, pour proposer au final un portrait assez complet de la mangaka et de ses rapports avec Masami Kurumada
      
        
       
Pour commencer, pouvez-vous nous dire comment et pourquoi vous êtes devenue mangaka ?
J'ai toujours voulu dessiner des mangas, depuis ma plus petite enfance. Mais le déclic qui m'a donné envie de devenir professionnelle est survenu lorsque mon petit frère a acheté le manga Saint Seiya, alors que j'étais à l'école primaire. Ce qui m'a plu, au-delà des qualités-mêmes de la série, c'étaient les postfaces de chaque volume, où ressortait la passion que mettait M. Kurumada dans son travail. Quelques années plus tard, l'éditeur Square Enix avait organisé un concours, le prix "Manga Game Fantasy", auquel j'ai participé et que j'ai remporté, tout comme un second concours de l'éditeur, le prix "21st Century Manga". A partir de là, on m'a attribué un responsable éditorial qui m'a orientée vers la voie professionnelle.
        
   
Nous voudrions revenir sur Kieli, l'une de vos premières œuvres, qui est une adaptation de roman. Comment est né ce projet ? 
A cette époque-là, je sortais de l'écriture de titres traitant de problèmes de société, telles que la prostitution avec Delivery. Mon éditeur trouvait que je m'en sortais honorablement, mais que je pouvais aller plus loin que ça. Il a alors cherché un roman dont je pouvais proposer une adaptation, afin que je puisse progresser et avancer dans ma carrière. Mon rédacteur en chef a fini par découvrir le roman Kieli et c'est ainsi que le projet est né. Je tiens d'ailleurs à saluer la mémoire de ce rédacteur en chef qui est décédé alors que je venais juste de rendre le premier chapitre de Kieli. J'avais beaucoup de respect pour lui, cette série m'a vraiment fait connaitre au Japon et il n'a pas eu le temps de voir ça. Je lui dois beaucoup.
     
    
Comme vous venez de l'évoquer, vous avez débuté avec du shojo sociétal comme Delivery, bien loin des histoires d'aventure dans lesquelles vous vous êtes lancée par la suite. Pourquoi avoir choisi des thématiques aussi profondes pour vos débuts ? Pensez-vous revenir un jour vers ce genre d'histoires plus réaliste ?
Je garde une bonne expérience de Delivery, mais je pense que si j'avais à me replonger aujourd'hui dans une telle histoire, mon regard et mon traitement seraient bien différents. Cela étant, je ne pense pas être une véritable adepte de shôjo. Je viens vraiment de la fantasy, et je ne suis peut-être pas prédisposée à ce genre d'histoires. Donc pour le moment, non, je ne pense pas y revenir.
       
  
      
      
Vous avez ainsi réalisé plusieurs adaptations de roman, et même avec Saint Seiya, vous n'êtes pas partie de zéro. Quel a été votre degré d'implication sur les scénarios de ces différentes séries ? 
Concernant Kieli, comme il s'agissait d'un roman, je devais rester la plus fidèle possible à l'histoire d'origine. J'ai seulement eu le droit de modifier quelques transitions pour les rendre plus souples sur le format manga, la narration n'étant pas tout à fait la même. Pour le reste, cela ne se joue qu'à quelques nuances près.
En revanche, pour The Lost Canvas, la méthode a été bien différente : M. Kurumada m'a présenté au départ une liste de scènes-clés, de directions à prendre, de personnages en décrivant quelques traits de caractère,... mais je pouvais articuler tout cela comme je le voulais, tant que je passais bien par tous les points listés. C'était donc une réalisation beaucoup plus libre.
      
     
On aura aussi pu remarquer que certains chevaliers apparaissant dans votre série sont physiquement très ressemblants à leurs homologues dans la série d'origine. Mais au fil de la saga, on en découvre d'autres radicalement différents. Aussi, quel a été votre degré de liberté sur la conception et sur le design des personnages ? 
A l'origine, The Lost Canvas devait être un spin-off relativement court, et nous n'avions pas prévu d'inventer autant de personnages. Ainsi, à part Albafica des Poissons, je ne devais concevoir aucun autre chevalier d'or. Finalement, la série s'est prolongée et je me suis mise un coup de pression pour concevoir des protagonistes à la hauteur des originaux. J'étais relativement libre de mes choix de design, mais n'étant pas sure de moi, je me suis souvent référée à M. Kurumada qui m'a toujours offert son opinion et donné quelques indications lorsqu'il le fallait.
            
  
     
      
Comment s'est déroulée votre relation avec M. Kurumada pendant la réalisation de la série ?
M. Kurumada est quelqu'un de vraiment bienveillant à mon égard, qui m'a immédiatement pris sous son aile. Nous nous voyons très souvent hors du cadre du travail, notamment pour aller à des hanami, et plus récemment nous avons fait un restaurant en invitant mon petit frère. Lorsque nous nous retrouvons, nous parlons souvent pendant des heures pour échanger des idées, et nous nous envoyons fréquemment des mails. Par exemple, avant que je ne parte à Nice, il m'a envoyé plusieurs messages d'encouragement pour me rassurer. On s'échange des cartes de vœux, et lorsque je retourne chez ma mère dans ma campagne natale, je lui ramène même des légumes ! Bref, nous avons noué une relation assez proche.
    
   
Au travers de la série Saint Seiya, que ce soit au travers de la série originale ou à l'occasion de l'écriture de The Lost Canvas, vous-êtes vous intéressée à la mythologie grecque ou aux autres mythes en général ? Est-ce que cela fait partie de vos passions ?
Effectivement, quand j'ai découvert Saint Seiya, je me suis intéressé à la mythologie grecque, en allant même jusqu'à me procurer différents livres spécialisés. Mais cela n'a pas été non plus une passion très assidue, et dix ans plus tard, lorsque j'ai commencé The Lost Canvas, j'ai dû me rafraîchir la mémoire. J'ai alors fait quelques recherches et acquis de nouveaux ouvrages, ce qui m'a permis d'étudier certains détails, comme la constellation du Taureau et de l'étoile d'Aldebaran, par exemple.
      
   
Au final, quelle a été votre plus grosse difficulté sur The Lost Canvas ? 
Le plus dur, de très loin, c'est d'avoir conçu des personnages que j'adorais, et que les lecteurs adoraient car ils s'inscrivaient dans le mythe de la saga... et de devoir fatalement les tuer, les uns après les autres !
Je me suis attachée à eux et c'était vraiment un exercice horrible, d'autant que mon moral passait constamment par des phases montantes et descendantes. L'aspect cyclique de la série faisait que lorsque mon état d'esprit était au plus bas après avoir fait mourir un chevalier, puis qu'il remontait petit à petit en m'intéressant au chevalier suivant, jusqu'à arriver à devoir le tuer à son tour, et ainsi de suite... J'avais ainsi des sautes d'humeur assez insupportables pour mon entourage, et je m'en excuse encore auprès d'eux car j'ai vraiment été très difficile à vivre pendant ces périodes là ! Si The Lost Canvas a augmenté ma cadence de travail, c'est bien psychiquement que ça a été le plus difficile, avec ce rapport empathique avec mes héros.
             
    
Au vu de cet attachement, The Lost Canvas Chronicles est-il né d'une volonté de revoir vos personnages une dernière fois ? 
En effet, mais ce sentiment n'est pas survenu immédiatement. J'étais en train de travailler sur les derniers chapitres de The Lost Canvas lorsque mon responsable éditorial m'a suggéré d'en faire un spin-off. J'ai accepté sans trop me poser de questions, mais c'est une fois lancé dans ces "gaiden" que je me suis rendue compte que je pouvais retrouver mes héros et les présenter sous un nouveau jour, de raconter des anecdotes sur leur vie au Sanctuaire,... Le plaisir de les revoir est vraiment monté au fur et à mesure de la conception de ces nouveaux épisodes.
   
   
L'idée de ce spin-off est-elle venue de votre éditeur directement, ou M. Kurumada est-il intervenu de nouveau pour le proposer ?
L'idée est venue d'Akita Shoten, qui a bien évidemment contacté M. Kurumada pour qu'il donne son aval. Ce dernier, toujours très ouvert, a accepté l'idée tout de suite. Les personnages ayant déjà été présentés et validés, il ne m'a envoyé aucune directive particulière, j'étais en totale liberté.
    
  
    
   
Pour vous qui êtes fan de Saint Seiya depuis l'enfance (vous avez même fait vos débuts sous le pseudonyme de Marinegold), que retenez-vous de l'expérience The Lost Canvas ? Peut-on dire qu'il s'agit là de l'œuvre de votre vie ? 
Évidemment, pouvoir dessiner une série s'inscrivant officiellement dans l'univers de cette saga, c'est la chose la plus importante qui soit arrivée dans ma vie ! Ma carrière a véritablement décollé depuis, et sans ça, je ne serais pas invitée ici aujourd'hui. C'est d'ailleurs assez étrange de voir que M. Kurumada aura eu une influence décisive dans ma vie par deux fois : d'abord au primaire, où sa série m'a donné envie de me lancer dans ce métier, puis lorsqu'il m'a offert cette occasion inespérée de rejoindre cette aventure.
    
   
A l'avenir, quels autres genres aimeriez-vous explorer par la suite ? Avez-vous déjà de nouveaux projets en tête pour  "l'après-Saint Seiya" ? 
Il se trouve que mon responsable éditorial, qui m'a accompagné jusqu'à The Lost Canvas, a été transféré vers un autre magazine. Il m'a proposé de le suivre pour réaliser un nouveau manga, complètement original cette fois-ci, dans un univers de fantasy. J'y songe de plus en plus, tout en m'attelant à la fin de Lost Canvas Chronicles. Mais dans un autre coin de ma tête, j'aimerais aussi faire quelque chose de beaucoup plus léger, sans aucune bagarre... et avec des chats ! Ainsi, je pense avoir encore bien des domaines à explorer, et d'autres facettes de ma personnalité d'artiste à présenter.
   
    
Si vous deviez être un personnage de manga vous-même, lequel choisiriez-vous ? 
Je pense que je voudrais devenir soit Seiya, soit Jotaro de Jojo's Bizarre Adventure - Stardust Crusaders
     
  
    
   
Dans le même ordre d'idées, si vous pouviez vous incarner en un autre mangaka, dans l'esprit de qui iriez-vous ? 
C'est une question bien difficile ! (rires)
(hésite)... Je penserais à Mitsurô Kubo, l'auteure de Shinjuku Fever (édité chez Akata-Delcourt) et de Moteki (inédit en France). Elle a une science du vocabulaire qui est vraiment incroyable, et j'aimerais bien savoir comment elle fait pour concevoir de tels dialogues !
      
     
Pour conclure, M. Kurumada a-t-il été jaloux lorsque vous lui avez parlé de votre venue en France ? Aimerait-il un jour faire lui aussi le déplacement ? En tous cas, nous l'attendons de pied ferme !
En fait, quand j'ai appris que j'étais invitée à Nice, je n'étais pas très rassurée et je lui ai demandé s'il ne voulait pas venir avec moi... Mais il a refusé car en réalité, il ne supporte pas les voyages en avion ! (rires)
Il m'a juste dit : "Vas-y pour moi, et accroche-toi pour deux !"
Cela dit, je lui conseillerai aussi de faire le déplacement ! 
    
     
    
Remerciements à Grégoire Hellot pour la qualité de sa traduction et aux éditions Kurokawa.


Interview n°2 de l'auteur

Publiée le Jeudi, 21 Mars 2019

En février, la mangaka Shiori Teshirogi était présente à Bruxelles puis à Paris, et ce fut l'occasion pour nous de nous entretenir avec elle autour de son nouveau manga paraissant aux éditions Kana, Batman & The Justice League, inspiré de l'univers américain de DC Comics. Voici notre compte-rendu de cette rencontre.
  
  

Avant de commencer à travailler sur le manga Batman & The Justice League, étiez-vous déjà familière avec l'univers de DC et ses personnages ?

Shiori Teshirogi : Je connaissais déjà Batman et Superman, mais parmi les autres personnages de la Justice League il y en a plusieurs que je ne connaissais pas du tout, comme Green Lantern ou Aquaman. Par contre, concernant Flash, il y a avait la série télévisée qui existait déjà donc c'était déjà un petit peu plus familier.


Comment vous êtes-vous retrouvée sur un tel projet ?

C'est un concours de circonstances, d'heureux hasards qui se sont multipliés. Quand j'ai fini Saint Seiya : The Lost Canvas, j'ai commencé à m'intéresser aux comics américains à travers les films, je commençais à dire à mon entourage que je trouvais ça chouette et que j'aimerais bien, un jour, travailler sur ces héros. Or, il se trouvait que mon éditeur Akita Shoten était intéressé de travailler avec les Américains sur une de leurs licences. Ils m'ont proposé de contacter des Américains, j'ai alors contacté DC, et il se trouvait que, justement, DC cherchait aussi quelqu'un qui pourrait faire une adaptation de leurs personnages au Japon. C'est ce bon timing qui a fait qu'aujourd'hui je dessine le manga Batman & The Justice League.


Quelle est  votre marge de manoeuvre pour le manga ? Avez-vous régulièrement des contacts avec DC pour établir une ligne directrice ? Êtes-vous libre de raconter l'histoire que vous voulez, ou à l'inverse avez-vous beaucoup de contraintes ?

Effectivement il y avait des dates de check de DC pour caque chapitre. On envoie d'abord le storyboard que j'ai dessiné à DC en passant évidemment par l'éditeur et le traducteur, ensuite ça arrive chez DC qui checke le déroulement des événements pour voir si c'est cohérent par rapport aux personnages. Il y a donc ce genre de contrainte, mais à part ça c'est assez libre dans ma façon de travailler.
 
  

Est-ce votre volonté d'avoir situé l'action dans le New 52 ?

C'est ma volonté. J'avais besoin d'une base structurée pour développer mon histoire, et vu que les personnages ont plusieurs versions différentes de background il fallait en choisir une.


Quelles difficultés, en tant qu'autrice, avez-vous rencontrées pour donner vie à ce titre ?

La plus grande difficulté, c'était qu'il y avait énormément d'éléments étrangers à ce que je connaissais. Il y avait peu d'éléments qui m'étaient familiers concernant ces personnages, leur histoire, leur background. Il y avait donc une nécessite de faire tout un travail pour amener ces personnages à l'intérieur de moi, pour réussir à les digérer, pour comprendre comment ils pensent et agissent... Au niveau du dessin, il suffit de s'exercer pour y arriver, mais s'emparer de personnages qu'on n'a pas créés soi-même demande une adaptation, pour bien s'imprégner de leur univers.


Rui est un personnage original créé pour la série, qui partage la vedette avec les héros de DC. Est-ce un choix de votre part pour que le lectorat japonais s'identifie à un personnage plus proche de lui ?

Vous avez tout dit, c'est vraiment ça le rôle de Rui.
  
  

Au travers de la série Batman et toute la Justice League, vous êtes-vous intéressée à la mythologie de ces personnages ? Est-ce que cela fait partie de vos passions, et qu'est-ce que vous en avez retenu ?

Plus je me renseignais sur le background de ces personnages, plus je me rendais compte qu'ils étaient tous ancrés dans la société et l'époque à laquelle ils ont été créés et dans laquelle ils ont évolué. L'exemple le plus flagrant pour moi est Wonder Woman, dont la représentation change selon l'époque à laquelle chacune des œuvres est dessinée et selon la représentation de la femme à l'époque en question, ce qui modifie sa façon d'agir et de se battre. Il y a aussi Batman : la ville de Gotham représente un peu ces villes où des pauvres se rassemblaient non loin des riches qui y cohabitaient. Ca présente un peu la situation que pouvaient vivre ce genre de villes à cette époque, vers les années 1950. Superman représente un peu la vie rurale aux Etats-Unis, dès qu'on cherche dans son background. Je me suis rendu que tous ces personnages, quelque part, incarnaient une époque, un type de société qui se trouvait aux USA à un moment donné. Pour les gens connaissant peu l'Histoire des Etats-Unis, il y a moyen d'en apprendre plus via l'histoire de ces héros.


Parmi tous les grands artistes et scénaristes ayant travaillé sur Batman et sur la Justice League, y en a-t-il qui vous ont influencée ?

Certains auteurs m'ont servi de références pour dessiner certains personnages. Notamment pour en connaître plus sur ces personnages, j'ai lu les comics de la Justice League. Il y a Jim Lee qui m'a beaucoup inspirée. Récemment, il y a eu des comics racontant l'origine des personnages de la Justice League, et j'ai beaucoup aimé Grant Morrison et Yanick Paquette, les artistes ayant conçu celui dédié aux origines de Wonder Woman. Il y a aussi un Kenneth Rocafort ayant réalisé un comics de Red Hood que j'avais beaucoup apprécié.


Qu'est-ce qu'apporte cette adaptation en manga à des personnages ayant déjà vécu de nombreuses aventures à travers des dizaines de milliers de pages de comics ?

Plus qu'une nouvelle expérience pour ces héros, cette histoire est le récit d'un jeune garçon qui reçoit plein de choses de la part de ces héros. C'est plus l'histoire de la façon dont ces héros ont influencé un jeune garçon qui était hors de l'aventure et qui s'y retrouve en plein milieu.
  
  

Le Japon a déjà ses super héros avec Cyborg 009 ou les sentai. Quelles différences voyez-vous entre ceux-ci et les super héros américains ?

En regardant les films de comics américains, ou en lisant des comics, je me suis fait la réflexion qu'en fait, les super héros japonais étaient influencés par les héros de comics américains, parce qu'il y a une filiation assez apparente entre certains personnages. Par exemple, en me renseignant sur les personnages de la Justice League, je me suis dit, en voyant Sinestro, je me suis dit que j'avais déjà vu un personnage comme ça dans les séries japonaises.


Comment expliquez-vous le succès récent des super héros américains au Japon, avant l'arrivée de My Hero Academia, et maintenant pour 'adaptation de l'univers DC Comics en manga ?

Cet engouement a clairement pour point de départ, je pense, les films de Marvel. A partir de là, des gens que ne connaissaient pas forcément les comics américains se sont intéressés à ce genre et à l'oeuvre développée autour de ces univers. La raison pour laquelle les films Marvel ont marché au Japon, c'est certainement les personnages, bien construits. En plus, quand on regarde les univers Marvel et DC, on a un échantillon de différents types de personnages qui sont susceptibles de plaire à différents genres de public, ce qui fait qu'au final ça touche un très large public. Ca peut intéresser n'importe qui à un moment ou à un autre. C'est à la fois facile d'accès, et pourvu d'un scénario solide, ce qui fait que quand on s'intéresse à certains personnages on entre complètement dans leur récit, on est pris dans leur histoire, et on est entraîné dans leur riche univers.


Batman est un héros sans super pouvoirs, mais est un très grand personnage. Au final  faut-il avoir des super pouvoirs pour être un super héros ?

Souvent dans les récits de super héros, et dans des mangas récents comme My Hero Academia, les personnages ont des pouvoirs dès le départ. Mais d'un point de vue japonais, dans les histoires nippones par exemple de shônen, souvent autrefois ce sont des garçons ordinaires qui soudainement ont la possibilité de s'entraîner pour acquérir des capacités développées et devenir des héros. Traditionnellement, au Japon c'était toujours des personnages comme ça qui devenaient des héros, donc quelque part Batman a quelque chose de très shônen dans sa démarche. Mais la différence de Batman, c'est qu'il n'a pas uniquement la détermination de devenir fort : il a aussi un côté réfléchi, discipliné, intelligent, détective, essayant de dénouer les énigmes... ainsi que la capacité à développer des gadgets qui l'aident à réaliser ses objectifs. Ce qui me fait dire que la volonté c'est quelque chose de très important pour devenir un personnage fort.


Remerciements à Shiori Teshirogi, à son interprète, et aux éditions Kana.