Manga Découvrez notre interview de Fe, l'autrice du manga Love of Kill
A l'occasion de Japan Expo 2024, les éditions Vega avaient l'honneur d'accueillir en France la toute première invitée japonaise de leur existence : Fe, autrice du manga à succès Love of Kill qui a su conquérir son public grâce à son dessin léché et, surtout, à la relation sentimentale de son couple principal dans un univers de tueurs froid et impitoyable. Un succès qui ne s'est pas démenti avec l'arrivée d'une adaptation animée !
Il était donc impossible pour nous de passer à côté de la venue de cette très gentille artiste qui, malgré un petit souci de santé (une extinction de voix dont elle se remettait petit à petit), a tenu à répondre à nos questions lors d'une interview, qui plus est avec joie et entrain !
Fe est une artiste qui a débuté avec la série « Un feuilleton sur un couple de tueurs, juste parce que j’ai envie de lire ça », qu'elle postait sur le réseau social d'artistes Pixiv. C'est cette œuvre qui a gagné en popularité et qui, ensuite, a été prépubliée en manga à partir du numéro de novembre 2015 du magazine Monthly Comic Gene, sous le nouveau titre de Love of Kill. Cette série a donc marqué ses débuts tant qu’artiste professionnelle. L'œuvre a été adaptée en 2022 en un anime qui reste toujours disponible en France sur la plateforme Crunchyroll et qui est devenue un succès, en boostant alors les ventes japonaises du manga à plus d'un million d'exemplaires.
L'histoire de Love of Kill démarre lorsque deux âmes se rencontrent dans un lieu sordide : Song Ryang-ha, tueur solitaire et imprévisible dont la tête est mise à prix, et Chateau Dankworth, une chasseuse de primes froide et taciturne qui travaille pour une organisation. À compter de ce jour, Ryang-ha poursuit Chateau sans relâche, harcelant l'héroïne par ses apparitions audacieuses et parfois sinistres. Que cherche-t-il ?
Fe, bonjour et merci d'avoir accepté cette interview. A l'origine, qu'est-ce qui vous a attirée vers le manga ?
Fe : Merci à vous, je suis heureuse d'être là !
Devenir mangaka était un grand rêve d'enfance, mais je n'ai jamais envoyé ma candidature au moindre concours de jeunes talents ou à ce genre de choses. Je me contentais de publier mes dessins en ligne, pour mon propre plaisir.
Au Japon, il est assez courant que les éditeurs recherchent d'eux-mêmes des artistes sur divers sites internet, en regardant leurs publications en ligne, et c'est comme ça que mon premier éditeur m'a dénichée et m'a contactée pour devenir mangaka professionnelle.
Des œuvres ou auteurs en particulier ont-ils forgé votre envie de devenir mangaka ?
S'il faut en retenir un seul, il s'agit de Yoshihiro Togashi, avec YuYu Hakusho et Hunter x Hunter. Vraiment, j'adore son travail. C'est lui qui m'a toujours gardée dans le milieu du manga, alors que j'aurais pu m'en éloigner à certaines périodes de ma vie.
Vous avez fait vos débuts avec Love of Kill, initialement une série de feuilletons que vous publiiez pour votre plaisir sur le site Pixiv. Comment avez-vous, à l'époque, imaginé cette œuvre, et qu'est-ce qui vous attirait exactement dans l'idée de mettre en scène ce genre de duo principal ?
A l'origine, lorsque je publiais mes dessins sur Pixiv, je voulais surtout dessiner Ryang-ha et Chateau comme un couple de tueurs, et dépeindre des scènes amoureuses entre eux deux. Mais en en faisant un manga professionnel pour un magazine, j'ai dû ajouter d'autres éléments, ce qui m'a éloignée de l'histoire d'amour d'origine.
A l'époque de Pixiv, ce qui m'a donné envie de dessiner un couple de tueurs, c'est le manga Destro 246 de Keitarô Takahashi (manga inédit en France à ce jour et conçu par l'auteur de Jormungand, ndlr). Lorsque j'ai lu le premier chapitre de cette série, j'ai été très marquée, et j'ai voulu concevoir quelque chose un peu dans le même esprit. On y suit l'histoire de plusieurs jeunes tueuses dans un rendu assez sombre et violent, mais en même temps elles entretiennent entre elles des liens amoureux assez fascinants.
Dans les bonus du tome 1 vous dites que Chateau est la seule à avoir été conçue et baptisée par un character designer. Comment cela s'est fait et déroulé ?
En fait, à une époque sur Pixiv il y avait une sorte de jeu auxquels différents illustrateurs participaient, et qui visait à partager ses personnages dans un univers commun. En y participant moi aussi, j'ai fait la connaissance d'une illustratrice. A cette époque, j'avais déjà conçu le personnage de Ryang-ha, et je voulais ajouter à ses côtés un personnage féminin. J'ai donc demandé à cette amie illustratrice de concevoir le personnage de Chateau.
Par la suite, quand j'ai su que le projet de manga professionnel allait se concrétiser, j'ai demandé la main de Chateau à sa créatrice, qui m'a donné son approbation (rires).
Fe en pleine séance de dédicaces sur le stand des éditions Vega lors de Japan Expo.
Ryang-ha est un personnage pouvant susciter de la sympathie, mais aussi de l'antipathie puisqu'il est tueur. Comment avez-vous élaboré les nuances et l'ambiguïté de ce personnage ?
Parmi mon lectorat, certaines personnes trouvent que Ryang-ha est un psychopathe, mais pour moi c'est quelqu'un qui a une sensibilité assez équilibrée.
C'est juste que, par la force des choses, il s'est retrouvé dans un milieu de tueurs l'obligeant à commettre parfois des actions cruelles. Mais il peut faire la part des choses.
Visuellement, vous soignez vos éléments de décors (en particulier les cadres urbains et souvent nocturnes qui collent bien à l'atmosphère globale), vos découpages des planches, vos angles de vue et votre mise en scène, donnant lieu à des scènes fluides et d'une limpidité exemplaire. Comment travaillez-vous tout ça ?
Habituellement je ne sors jamais du Japon, et pourtant pour les décors de Love of Kill je m'inspirais des paysages occidentaux, surtout européens et américains.
En termes de documentation, c'était assez simple : n'ayant jamais voyagé sur ces continents auparavant, j'ai tout simplement navigué sur Google Maps, à la recherche de paysages urbains qui me plaisaient.
La série a connu en début d'année 2024 un tome 14 considéré comme un bonus et sous-titré « After the file ». Que propose-t-il de plus ?
Attention, je vais essayer de ne pas être trop précise, mais je risque de vous spoiler un petit peu la fin de Love of Kill si vous ne la connaissez pas encore !
Initialement, l'histoire de Love of Kill s'achève bien au bout du tome 13, mais j'avais envie de me replonger un peu dans l'oeuvre. J'ai alors imaginé le volume 14 comme un épilogue, qui raconte la vie d'après des personnages. Il ne s'agit finalement pas vraiment d'un tome bonus, mais d'une continuité.
L'œuvre a été adaptée en anime en 2022. Quelle a été votre implication dessus ?
A l'époque, quand il y a eu la proposition d'adaptation en anime, je crois que dix tomes du manga étaient déjà publiés. Nous avons commencé par discuter de jusqu'à quel point du scénario l'anime allait adapter le manga.
Le réalisateur voulait rester fidèle à l'histoire d'origine, m'a beaucoup demandé ce que je voulais que ça donne. J'ai alors demandé à ce que l'anime aille jusqu'au moment où le passé de Chateau est dévoilé. C'est moi qui ai souhaité que l'histoire s'arrête là dans l'anime.
Ensuite, le staff m'a permis de vérifier et de superviser les avancées de la production, avant la diffusion, que ce soit dans le déroulement de l'histoire ou dans le développement des personnages.
Interview réalisée par Koiwai. Un grand merci à Fe pour son immense gentillesse, à Satoko Fujimoto en sa qualité d'interprète, à son éditeur japonais, aux éditions Vega, et aux équipes de Japan Expo !
De Theodoryna [2494 Pts], le 14 Mars 2025 à 23h51
Merci pour cet interview, je suis une grande fan de la série que j'ai pris en japonais bien avant son annonce en France. Pendant la publication on avait droit à la publication gratuite et limité chapitre par chapitre chaque mois sur comics walker. Une histoire captivante.
De cm17, le 14 Mars 2025 à 19h04
Je ne connais pas le manga, mais j'ai suivi avec grand intérêt l'animé qui est vraiment bien.
Merci pour cette interview de Fe 👍