Dvd Interview de l'animateur Yukio Takatsu

Yukio Takatsu fait partie de ces artistes de l'animation reconnus dans un domaine bien précis. Actif depuis la toute fin des années 90, c'est à partir de 2006, avec son passage sur Persona 3, qu'il s'est forgé l'image d'un maître dans la réalisation d'opening, une facette qui se cristallisera avec son travail sur la saga "Monogatari" au sein du studio Shaft.

C'est pour ces qualités, notamment, que Yukio Takatsu était invité à l'édition 2022 de Japan Expo. L'artiste nous a fait l'honneur d'une rencontre, au cours de laquelle il revient sur ses expériences et sa manière d'appréhender la création d'un générique d'anime.

 

Pour commencer, pouvez-vous nous parler du chemin qui vous a mené à l'animation ?

Yukio Takatsu : Très jeune, j'aimais déjà beaucoup les anime, et j'adorais dessiner à la main. Tout simplement, c'est pourquoi j'ai choisi le métier d'animateur. Le déclic a, je pense, eu lieu avec Gundam, plus précisément la toute première série, Mobile Suit Gundam, qui est particulièrement connue par ceux de ma génération.

Sur la saga Prince of Tennis, vous avez occupé plusieurs postes, sur une poignée d'épisodes. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre expérience sur cette longue série ?

Yukio Takatsu : J'ai en effet travaillé à différents postes, en tant qu'animateur clé et directeur de l'animation. Ce dont je me souviens, c'est que les deadline étaient complexes. Certes, c'est le cas sur la plupart des projets d'anime, mais ce fut particulièrement marquant dans le cas de Prince of Tennis. (rires)

A cause de ces délais extrêmes, je devais souvent dormir sur mon lieu de travail.

En 2006, vous avez travaillé sur l'opening d'un jeu vidéo : Persona 3. C'est un générique particulier pour son côté design et ses jeux de couleur. Quel fut le challenge dans le fait de travailler sur cet opening ?

Yukio Takatsu : Jusqu'à ma participation à cette cinématique de Persona 3, je n'avais jamais eu l'occasion de travailler sur un opening. Le challenge, c'était surtout d'honorer les attentes des spectateurs, ou des joueurs en l'occurrence. Je craignais véritablement leur ressenti.

Vous avez aussi contribué à la saga « Monogatari » en participant à beaucoup de ses génériques. Pour beaucoup, vous êtes ainsi devenu un spécialiste de l'opening d'animation. Est-ce un statut pour lequel vous éprouvez une certaine fierté ?

Yukio Takatsu : Même avant que j'arrive sur le projet Monogatari, mon travail tournait déjà essentiellement autour des opening d'anime. Mais effectivement, c'est bien grâce à cette saga que j'ai acquis cette étiquette de « spécialiste ». (rires)

Ce que j'aime tout particulièrement dans ce processus de création de générique, c'est de travailler l'image par rapport au son.

Quand vous étiez jeune, aviez-vous déjà une fascination pour les opening d'anime ? Certains vous ont peut-être marqué ?

Yukio Takatsu : Je ne pense pas avoir été marqué plus que ça par les opening, dans ma jeunesse. Mais peut-être qu'inconsciemment, ces génériques me sont restés dans la tête, et ont contribué à mon désir d'en créer aujourd'hui.

Pour en revenir à la saga Monogatari, y a-t-il une difficulté à se renouveler, quand on travaille plusieurs opening d'une même licence ?

Yukio Takatsu : Dans mon caractère, je n'aime pas refaire les mêmes choses. J'ai toujours eu à cœur de me renouveler. Par chance, les musiques sur lesquelles je devais travailler mes génériques variaient beaucoup, elles aussi. Ca rendait cette volonté de renouveau beaucoup plus simple.

Vous avez aussi travaillé sur un opening de Naruto Shippuden, le 17e pour être précis. C'est un générique particulier visuellement, pour ses allures d'estampe. Comment avez-vous réfléchi cette séquence ?

Yukio Takatsu : De base, Naruto Shippuden est un anime qui, visuellement, transpire le Japon traditionnel, notamment grâce au cadre du monde ninja. Le lien avec l'ukiyo-e s'est donc fait très naturellement.

J'ai aussi été inspiré par des calligraphies observées dans des temples japonais, les shûin.

Avez-vous un processus type dans la création d'un opening ?

Yukio Takatsu : Certaines personnes préfèrent créer les images avant d'écouter la musique du générique. Pour ma part, je fais l'inverse. J'écoute plusieurs fois la chanson pour m'en imprégner, et ensuite réfléchir aux images qui seront liées, et la manière de raccorder visuel et son.

Existe-t-il une différence dans la manière d'animer un opening, et celle d'animer un simple épisode d'animation ?

Yukio Takatsu : Oui. Encore une fois, c'est la musique qui changera les choses, pour ma part. Quand j'anime un épisode, je n'ai pas le fond sonore avec moi. En revanche, quand il s'agit d'animer un opening, j'ai la séquence musicale en tête.

Remerciements à Yukio Takatsu, à son interprète, et à Japan Expo pour l'organisation de la rencontre.