Chronique cinéma - Dragon Ball Super: Super Hero- Actus manga
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Dvd Chronique cinéma - Dragon Ball Super: Super Hero

Samedi, 01 Octobre 2022 à 18h00 - Source :Univers animation

La licence Dragon Ball, plus qu'aucune autre parmi les œuvres qui ont marqué les "années Dorothée", profite toujours d'un succès planétaire qu'entretient Dragon Ball Super, chapitre entamé depuis 2013. Si les débats autour de la séquelle fleurissent à chaque nouvel arc, et qu'on se rend compte que les choix nouveaux divisent largement, difficile de nier que l'engouement est toujours au rendez-vous. Qu'on apprécie ou non les idées de dieux de la destruction, le caractère ahuri de Gokû, les univers parallèles et les stades divins qui traduisent tout un tas de nouvelles transformations qui sentent bon le marketing, il y a pour beaucoup cette petite voix curieuse qui subsiste à chaque fois, et cette envie de voir ce que la licence a à nous offrir aujourd'hui. Dragon Ball conserve ce statut de madeleine de Proust pour beaucoup tout en recrutant de nouveaux publics, par des tentatives aussi hasardeuses comme les premiers épisodes bancals de la série télévisée, ou agréablement surprenant comme le fut l'excellent film précédent, Dragon Ball Super Broly.


Inévitable, l'annonce d'un nouveau long métrage a forcément suscité son lot d'attentes. Pourtant, quand un message d'Akira Toriyama stipule que le prochain opus tentera des approches esthétiques nouvelles, les premières craintes ne tardent pas. Toei Animation ne se cachant pas de draguer le public occidental, et surtout américain, l'idée d'un film totalement en CGI a fait naître des appréhensions. Cette hypothèse s'est vue confirmée, avec un titre largement évocateur du pays de Marvel et Batman : Dragon Ball Super: Super Hero. Alors, les soupirs hâtifs n'ont pas tardé. Et si c'était avoir jugé bien trop vite ce nouveau projet ? "Super Hero" n'était-il pas en droit de réserver son lot de surprises ? Beaucoup seront tombés dans le panneau, ce qui est une très bonne chose. Et ce malgré les premiers "leaks", des retours de spectateurs japonais suivis d'images promotionnelles de Toei Animation dévoilant les grosses surprises du scénario. Mais attention à l'effet de sensationnalisme : Si sur le papier certains idées du métrage et de son climax paraissent hasardeuses, rien ne vaut l'expérience cinéma complète pour juger comme il se doit un tel film. Beaucoup en feront l'expérience, et il se pourrait qu'un certain nombre de spectateurs sortent de la salle avec une meilleure opinion que l'a priori de base.



Sorti dans les cinémas japonais le 11 juin 2022, Dragon Ball Super: Super Hero fait le choix d'un vent de fraîcheur concernant son équipe artistique. Tetsuro Kodama, réalisateur au petit CV qui s'est distingué par ses directions d'effets visuels et ayant donc le profil pour un tel projet, est à la direction générale du film. Son choix n'est pas anodin, l'homme ayant aussi travaillé sur la CGI de l'opus précédent, Broly. La musique elle-même change de nom, aussi Norihito Sumitomo, en charge de la composition depuis la deuxième partie de Dragon Ball Z Kai, cède sa place à Naoki Satô qui embrasse de vrais élans hollywoodiens pour coller à la proposition super-héroïque. Reste alors l'implication d'Akira Toriyama qui a écrit cette nouvelle histoire et signé les designs des personnages inédits. Si certains doutaient encore de l'implication du mangaka dans le processus créatif de Dragon Ball Super, l'intrigue proposée dans "Super Hero" ne laisse pas place au doute quant à sa patte.


Attendu, et redouté, le long métrage sortira dans nos salles obscures le mercredi 5 octobre, après une série d'avant-premières ayant lieu le 2 octobre. Une arrivée tardive, qui n'a pas manqué d'agacer d'ailleurs. Si aucune raison officielle n'a été confirmée, sans doute que la sortie hâtive chez nous du film One Piece Red a énormément joué, un délais ayant été préféré pour sortir les deux gros métrages de Toei dans nos salles.



L'intrigue : Entre écho au passé et retour aux bases


Plus proche de la période de la fin du manga que du début de l'ère post Majin Boo, Super Hero débute alors que la Terre est désertée par Gokû et Vegeta, partis s'entraîner aux côtés de Whis en compagnie d'un Broly qui cherche à calmer ses pulsions de rage. Alors que la paix règne, Piccolo a pris en charge la formation de Pan, une graine de talent qui, à l'inverse de son père, ne demande qu'à s'améliorer. Si le namek assure volontairement ce rôle de mentor, il regrette toujours que Gohan se soit entièrement dédié à ses recherches. Aussi, qui défendra la Terre en cas d'absence totale de ses sauveurs habituels ?


Fruit du hasard, c'est à ce moment que le Red Ribon s'apprête à totalement renaître de ses cendres. Magenta, fils de feu le général Red, a caché les restes de l'armées sous une société de couverture pharmaceutique, mais l'heure semble venu de redonner à sa faction sa gloire d'antan. Il met alors la main sur le Docteur Hedo, petit-fils du Docteur Gero qui ne paie pas de mine, mais dont le génie inventif n'a rien n'à envier à celui de son parent. Une mission lui incombe alors : Créer de nouveaux cyborgs, plus puissants encore que Cell, qui permettrait de mettre en déroute la troupe de Gokû et Vegeta que Magenta présente à Hedo comme les véritables ennemis de la planète. Ecoutant sa soif de rêve de devenir, à sa manière, un super héros, le jeune scientifique s'apprête à donner naissance à des êtres qui feront de nouveau de la Terre un champ de bataille. Mais en l'absence des deux Saiyan, seul Piccolo semble être capable d'intervenir...




Un vent de fraîcheur ?


Par son postulat couplé à sa technique, le nouveau long métrage de la licence Dragon Ball affiche clairement son intention : Proposer quelque chose de nouveau, et éventuellement donner de la fraîcheur à une saga qui, certes divertissante, peine à proposer de véritables idées nouvelles. Une intention louable, mais le film parvient-il à l'honorer ? C'est en tout cas dans les meilleurs pots qu'on fait les meilleures soupes, puisque Toriyama ressort la carte du Red Ribon pour créer une nouvelle histoire. C'est ce qui justifie une séquence d'introduction en animation traditionnelle, une entrée en matière délicieuse qui vient résumer les affrontements passés de Gokû contre cet ennemi, que se soit son armée où les créations du Docteur Gero. Les premiers éléments du récit sont alors posés, l'air de déjà-vu est immanquable, mais voilà que le choix des protagonistes vient nous sortir de notre zone de confort. Si Gokû et Vegeta apparaissent le temps d'une petite quinzaine de minutes, ce n'est que pour montrer leur entraînement lointain. Une astuce du scénario vient faire de Piccolo le vrai héros de ce film, un choix appréciable pour le spectateur qui n'avait que trop longtemps été privé du charme du combattant namek, et qui s'impose comme une évidence quand on sait qu'il s'agit du personnage préféré d'Akira Toriyama. Un vieil ennemi connu face à des personnages qui auront de nouveau l'occasion de briller, une mise à distance de l'éternel binôme principal... Super Hero commence dès lors à présenter son identité !


Le "renouveau" passe aussi par l'esthétique du film, le point le plus décrié quand les premières images furent montrées. Exit le style épuré de Broly voulu par Tatsuya Nagamine et appuyé par le design de Naohiro Shintani, l'expérience visuelle sera de nouveau différente, Dragon Ball tentant la CGI qui a le vent en poupe, y compris du côté des productions nippones (avec plus ou moins d'efficacité selon les studios et les artistes). Il s'agit peut-être du pari le plus risqué, car une technique imparfaite donnerait immédiatement un côté cinématique de jeu-vidéo, ce qui fut malheureusement le cas dans quelques séquences des deux longs métrages précédents. Pourtant, la direction des effets visuels opérée par Jae Hoon Jung est loin d'avoir à rougir. S'il faudra un petit temps d'adaptation pour se faire au style, celui-ci a son degré de maîtrise, s'avère fluide et sert la dimension super-héroïque du récit, tout en amenant une nouvelle forme de dynamisme dans des affrontements qui gagnent en démesure au fil des transformations. Il serait malhonnête de se fier à des arrêts sur image de mauvaise qualité provenant de séances filmées en salles, qui ne rendent pas justice au cinéma : Super Hero s'apprécie dans l'action et le mouvement. Sans être une révolution technique, la production s'en sort très honnêtement.




Un casting plein de surprises ?


Super Hero, par son approche, nous ravit d'une aventure par les yeux de Piccolo, l'engeance de l'ancien roi démon qui s'est humanisé au fil des aventures, et dont le point culminant de sa progression fut son assimilation du précédent Tout Puissant. En retrait depuis, pour ne pas dire qu'il officiait en tant que figurant, le revoir combattre dignement amène presque un certain décalage quand on se remémore les précédents arcs de Super. Et pourtant, son périple nous saisit sans mal. On pourrait même dire que ce grand retour après tant de temps d'absence nous conforte dans notre plaisir : Fini le Gokû ahuri de la suite de Dragon Ball et son éternelle rivalité avec Vegeta, le récit se centre alors vers quelque chose de plus simple, mais paradoxalement novateur. Les soucis de Piccolo sont autres qu'une simple soif de puissance, car ce sont ses liens avec Son Gohan ainsi que Pan qui servent d'enjeux d'une bonne part du récit. Le nouveau Red Ribon devient presque un levier pour permettre au namek de sortir son ancien élève de sa torpeur. En tout cas, sur une bonne partie du métrage, cet adversaire sera rarement montré comme une menace insurmontable... du moins jusqu'au climax qu'on évitera un maximum de mentionner, pour les chanceux qui ont pu éviter les nombreux spoils sur les réseaux et dans la communication japonaise.


Gohan a donc son rôle à jouer. Le personnage est pourtant un élément complexe à traiter car symboliquement tiraillé entre son développement cohérent en tant que graine de savant qui n'a jamais aimé se battre, et combattant charismatique au potentiel sans limite qui a tant ravi les fans. Etablir un entre deux tout en ne reniant pas l'évolution du fils de Gokû est l'un des enjeux de Super Hero, ce que le film réussit à faire plutôt bien dans la globalité. Le traitement de Gohan est l'un des points honnêtes de la production, tout comme l'est la mise en avant de Piccolo.


Et pourtant, les protagonistes ne sont pas les seuls à donner un peu de couleur à l'ensemble. Assez intrigants par leurs designs, Gamma 1 et Gamma 2 sont les nouveaux cyborgs qui jouent un rôle clé dans le métrage. D'adversaires créés pour être des super héros, tous deux n'ont donc rien de figures mauvaises et doivent faire face à des guerriers que seuls leurs supérieurs présentent en menace pour la planète. En plus de ce dilemme héroïque, les deux jumeaux profitent d'une exploitation habile de leurs caractères, jusqu'à en faire des personnages attachants dont les caractères sont poussés à merveille par leurs interprètes japonais, Hiroshi Kamiya et Mamoru Miyano. Tous deux, et surtout Gamma 2, auront de quoi rester en tête après le visionnage. Peut-être pas au point de devenir iconiques dans ce vaste ensemble qu'est l'univers de Dragon Ball, mais suffisamment pour laisser leur petite emprunte, comme le firent les antagonistes des films Dragon Ball Z à l'époque.




Mais dans ces portraits positifs, il convient de noter les points grinçants qui proviennent essentiellement de facilités grotesques et d'un leitmotiv mercantile. Outre un ennemi final qui sent clairement la nostalgie, mais qui s'avère efficace dans sa forme visuelle et dans le climax qu'il amène, ce sont quelques actions des héros qui tirent bien trop sur certaines cordes. Ainsi la bataille finale multiplie des hommages qui se rapprochent parfois du copier/coller de séquences emblématiques bien connues des fans, quand la surenchère des rapports de puissance trouve toujours un chemin par une écriture presque absurde, quand elle n'est pas simplement absente. Ce sont ces points, très précisément, qui ont valu moult a priori et retours négatifs après sortie japonaise du film. Et effectivement, ce sont des moments qui agacent, en plus de remettre en avant la question de la grande suite de Dragon Ball en tant que pur produit dérivé.


Au final, ce sera à chacun de voir si ces quelques choix ne constituent que des miettes au sein d'un film qui a plus à proposer que quelques rebondissements grotesques. Car oui, Dragon Ball Super: Super Hero en a dans le ventre. Production honnête, jouant d'une CGI équilibrée sans être un modèle de perfection pour autant, apportant de la fraîcheur et quelques traitements bien sentis, le film a de quoi constituer un bon moment pour un fan. Mais c'est en de bonnes conditions, et non pas derrière un petit écran par une version pirate de piètre qualité, que le show doit être apprécié. C'est ainsi qu'il a été pensé, et c'est ainsi qu'il peut montrer le meilleur de lui-même. Maintenant, les quelques notes sombres ont de quoi nous faire nous questionner sur le devenir de Dragon Ball Super. Car à l'heure où deux arcs inédits ont été élaborés pour le manga et souffrent de tares similaires et tandis qu'un troisième arc est en cours d'écriture, tandis qu'un retour de l'anime en série ou en film semble être une évidence, il faut s'attendre à retrouver l'univers dans la continuité de son canon dans les mois ou années à venir.



L'avis du chroniqueur
Takato

Samedi, 01 Octobre 2022
14.5 20

commentaires

NoWhereMan

De NoWhereMan, le 02 Octobre 2022 à 10h15

Au-delà du film, il faut surtout espérer que cette sortie ne s'accompagne pas des débordements que l'on a vu pour la sortie du dernier film One Piece et qui ont malheureusement donné une image déplorable dans les grands médias alors même que l'on commence a voir des avis positifs sur des mangas dans la presse généraliste après des décennies de stigmatisation.

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