Chronique animation - Demon Slayer : Le Quartier des Plaisirs- Actus manga
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Dvd Chronique animation - Demon Slayer : Le Quartier des Plaisirs

Dimanche, 20 Février 2022 à 14h00 - Source :Univers Animation

Dire que la première saison de l'anime fut un carton serait un euphémisme. Diffusée entre avril et septembre 2019, elle a su créer un engouement mondial, permettant aux ventes du manga d'exploser au Japon, et engendrer un phénomène similaire (à échelle moindre, naturellement) de notre côté, lorsque Panini relança en grandes pompes l'œuvre de Koyoharu Gotôge, des années après le cuisant échec sous l'appellation « Les Rôdeurs de la Nuit ». En octobre 2020, la suite de l'anime a vu le jour sous forme d'un film, Demon Slayer : Le train de l'infini, engendrant un véritable phénomène de société au point de devenir le long-métrage japonais le plus rentable de tous les temps, avec plus de 36 milliards de yens engendrés, soit plus de 275 millions d'euros. Il est aujourd'hui le film ayant fait le plus d'entrées sur l'Archipel, avec pas moins de 28 690 000 places vendues, détrônant Le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki.

Bien que le manga initial se soit conclu en décembre 2020 avec son vingt troisième tome l'effervescence d'envergure mondial n'est guère retombée. Le long-métrage a pointé le bout de son nez dans nos salles le 19 mai 2021, dans un contexte particulier de réouverture des salles après la période d'hibernation imposée par le Covid-19. En 14 jours d'exploitation, ce sont 515 336 tickets qui ont trouvé preneur, un chiffre de taille pour de l'animation japonaise chez nous.

La suite de l'anime reprend le format de série télévisée, pour une diffusion lancée en octobre 2021. A la surprise générale, la deuxième saison ne reprend pas la suite des événements du film mais débute par un redécoupage de celui-ci, avec des ajouts tels un premier épisode inédit narrant les aventures de Rengoku durant les heures précédents l'arc du Train de l'infini. Long de 7 épisodes, ce premier segment de la saison 2 a ensuite laissé place à ce que les fans attendaient, à savoir l'inédit constitué par l'arc du Quartier des Plaisirs.

Afin de rester dans une cohérence à la fois vis à vis de la saison première et du film, cette suite conserve son staff créatif principal. Aussi Haruo Sotozaki orchestre l'ensemble en tant que réalisateur, tandis qu'Akira Matsushima reprend la conception du character-design et la direction de l'animation. Côté musique, la combinaison formée par Gô Shiina et Yuki Kajiura reste à l'œuvre, choix cohérent puisque dans son grand nombre de mélodies, Demon Slayer joue énormément sur les réorchestrations. Le nouveau grand arc de la série prend ainsi la forme de 11 épisodes diffusés entre le 5 décembre 2021 et le 13 février 2022, un chiffre à mettre en perspective par rapport à la durée du premier et du dernier épisodes, longs respectivement de 46 et 32 minutes.


Nouvelle mission au quartier des plaisirs

A peine Tanjirô, Zenitsu et Inosuke ont-il pu panser leurs blessures et faire le deuil de Rengoku qu'une nouvelle mission leur est imposée. Cette fois, c'est Tengen Uzui, pilier du son, qui vient à eux, à la demeure des papillons, pour trouver de la main d'œuvre. Au quartier des plaisirs de Yoshiwara, les trois épouses du pourfendeur sont portées disparues, tout comme certaines courtisanes. Le pilier a donc besoin d'infiltrées pour découvrir se qui se trame sur les lieux, et c'est en travestissant les trois jeunes recrues qu'il compte parvenir à ses fins.

Sur place, Tanjirô, Zenitsu et Inosuke se retrouvent éparpillés dans des maisons différentes. Seulement, le danger pourrait être bien plus important que prévu, puisqu'une Lune supérieure semble se cacher derrière les différentes disparitions...


Intrigue épurée... Mais a-t-on besoin de plus ?

Il est récurrent que Demon Slayer soit pointé du doigt pour son aspect scénaristique. Il est vrai que l'écriture de Koyoharu Gotôge est très épurée, centrée sur son enjeu du moment, celui de l'arc, abordant ensuite la psychologie de l'ennemi sous un angle dramatique. La tragédie des humains transformés en démons est au centre de l’œuvre, à chaque fois, chose volontaire quand bien même cela conduit à un façonnement schématique convenu, le flashback éclaircissant le for intérieur de l'antagoniste du moment faisant suite à une grandiose scène d'action.



L'arc du quartier des plaisirs dépeint dans la seconde partie de saison 2 de l'anime ne fait pas exception à la règle. Ainsi, la disparition des trois épouses de Tengen Uzui, le pilier du son, est un parfait prétexte pour diriger nos trois têtes d'affiche dans un nouveau lieu où loge un démon robuste. Et quel heureux hasard : Celui-ci est un peu plus robuste que l'adversaire précédent (si on estime qu'Akaza est hors catégorie de par son apparition brutale et furtive), et prend pour identité celle d'une Lune supérieurs, autrement dit l'un des grands adversaires à abattre, et une proie dont Tanjirô doit à tout prix récolter le sang afin que Tamayo puisse trouver un remède à partir de ce fluide.

Sur 11 épisodes (qui en équivalent douze et demi), la trame proposée n'a donc pas pour volonté de surprendre. Le déroulé est évident puisque la petite phase d'enquête au sein du quartier des plaisirs laisse ensuite place à une bataille dont l'intensité montera crescendo au fil des épisodes. Il y a donc deux étapes bien précises dans cet arc, ce qui, sur le papier, laisse suggérer un soucis de rythme. Il n'en n'est heureusement rien tant ces phases s'avèrent complémentaires : Si toute l'étape d'inspection au sein des maisons closes amène un zeste d'humour bien senti, elle dépeint aussi tout un cadre qui diffère des arcs précédents, tandis qu'une tension palpable monte progressivement. Vint ensuite l'action, jouissive dans sa technique, mais qui cherche à narrer des choses sur l'univers et les personnages. Comme l'a fait l’œuvre auparavant, de petits indices sont plantés en vue de davantage développer l'univers dans les arcs à venir. En plus de nous ébahir visuellement, la bataille du quartier des plaisirs apportent moult petites idées, tandis que la réelle identité de l'ennemi aboutit à un touchant parallèle avec le héros. Si le récit ne s’embarrasse jamais de trop de sous-intrigues, elle nous dit ce qu'il faut quand il faut, et développe différents aspects pertinents et complémentaires avec les parties précédentes de l'histoire.



Un spectacle visuel ahurissant

Dans sa volonté de traduire à l'écran le manga de Koyoharu Gotôge, le studio Ufotable et ses équipes jouent une nouvelle fois sur la générosité visuelle. L'anime Demon Slayer, c'est une fresque amusante par ses personnages excentriques, touchante par ses drames, et subjuguante par la qualité de ses batailles. Si le manga de Gotôge a parfois ce côté brouillon qui contribue à l'atmosphère violente des combats, les choix d'Ufotable sont différents. C'est grandiloquent, et ça passe par des scènes aux chorégraphies magistrales, soutenues par des animations fluides et détaillées, au sein desquelles la qualité des effets spéciaux joue une place importante. S'il reste quelques petites imperfections de ce côté, force est de constater que la technique s'améliore d'arc en arc, et surpasse même celle du Train de l'infini qui profita de la production d'un film cinéma.



La longue bataille décisive, soumise à bien des retournements de situation, nous prend aux tripes aussi bien pour ses surprises scénaristiques que par leur transposition à l'écran. On retiendra des cuts bien particuliers (que nous ne décrirons pas en ces lignes pour éviter tout spoil), mais difficile de dire que la direction nous laisse de marbre. Quand bien même l'arc proposerait une histoire qui n'atteindra pas tout le monde, la qualité du spectacle semble faire l'unanimité. Et dans ce déluge de coups où l'héroïsme du quatuor de pourfendeurs (puisque Tengen Uzui se greffe à notre trio) atteint un nouveau stade, c'est bien la bande originale composée par Yuki Kajiura et Gô Shiina qui joue un rôle majeur. Outre de nouveaux thèmes qui servent très bien l'ambiance, c'est par des réorchestrations bien pensées que les combats en viennent à raconter quelques chose. Par des mélodies, le duo de musicien a iconisé plusieurs idées de l’œuvre, voire des personnages. C'est la suite logique de cette direction que prend cet arc, pour un rendu musical toujours saisissant et juste. Et puisque nous parlons de musiques, les chansons interprétées par la chanteuse Aimer pour l'opening et l'ending, respectivement nommés Zankyô Sanka et Asa ga Kuru, sont aussi bonnes qu'elles correspondent à plusieurs tons précis de l'arc correspondant. Le générique d'ouverture, entraînant, traduit la nouvelle aventure de Tanjirô et ses compères dans un lieu coloré, là où l'ending joue sur la mélancolie récurrente de Demon Slayer. Passer derrière a chanteuse LiSA n'était pas simple, mais Aimer apporte elle aussi sa touche à la patte musicale de l’œuvre animée.

Et puisqu'on parle de « couleur » dans le lieu qu'est le quartier des plaisirs, c'est aussi cet aspect qui joue dans la plus-value de l'arc dans sa mouture animée. Là où le manga est assez épuré et ne joue pas volontairement la carte de la précision dans ses environnements, c'est tout le contraire qu'offre la production d'Ufotable dont la direction artistique et la photographies sont aux petits oignons. C'est aussi pour cette raison que la première étape de l'arc ne laisse pas de marbre et plante une vraie atmosphère dans un lieu qui, loin d'être érotisé, est le cadre d’interactions marquantes et de la mise en place d'un suspense efficace.



A quand la suite ?

Tout comme la fin de la diffusion de la première saison a laissé place à l'annonce du film Le Train de l'Infini, la troisième partie de l'anime a été annoncée à la suite à la fin du 11e épisode du Quartier des plaisirs. Aucune date de confirmée, mais un titre, celui du Village des forgerons. La troisième saison continuera donc bel et bien d'adapter fidèlement le manga de Koyoharu Gotôge, chose sans surprise. Les lecteurs du manga le savent, la partie à venir proposera de nouvelles batailles, parfois bien différentes des précédentes, le tout articulé autour de deux autres piliers présentés par les visuels d'annonce, tout en faisant encore progresser le scénario de quelques pas. On se questionne légitimement sur le format de cette saison prochaine que l'on peut penser sur une douzaine d'épisodes. Car ce qui suit ce arc du village des forgerons n'est autre que le long acte final de l'histoire, qui demandera bien plus d'épisodes, et logiquement une production plus longue. Si l'attente est le prix à payer pour obtenir un résultat technique si poussé et ce sans mettre en danger la vie des animateurs de par leurs conditions de travail, on s'en acquittera de bonne grâce.

Pour patienter, et tandis que la parution du manga approche de sa fin aux éditions Panini, c'est bien sur une version physique de la série animée qu'on aimerait mettre la main. Si aucune annonce officielle n'a été faite, tout indique que Dybex est détenteur de la licence chez nous. Si on est aujourd'hui (et malheureusement) habitué au rythme de production de l'éditeur, il paraît ahurissant, voire scandaleux, de ne toujours pas avoir droit aux DVD et Blu-ray dans nos contrées, là où la série est sortie depuis un certain temps au format physique chez nos confrères européens. De là à regretter que ce ne soit pas un autre éditeur qui aient obtenu les droits, il n'y a qu'un pas. Dans cet ordre d'idées, on adressera une pensée toute particulière à l'intégrale Blu-ray de Yuyu Hakusho, annoncée en 2015, tandis que l’œuvre est disponible sur Netflix dans sa forme remasterisée...


L'avis du chroniqueur
Takato

Dimanche, 20 Février 2022
16.5 20

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