Chronique animation - Digimon Adventure 02 (partie 2)- Actus manga
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Dvd Chronique animation - Digimon Adventure 02 (partie 2)

Dimanche, 24 Octobre 2021 à 13h00 - Source :Univers Animation

Digimon Adventure 02 est une série qui se démarque de l'œuvre précédente, Digimon Adventure, dans son découpage. Différents arcs, certes, mais tous étant liés dans une seule et même intrigue et connectés par divers liens si bien que c'est dans son ensemble que l'anime doit être véritablement considéré.

Dans une première partie, nous dressions un bilan des 21 premiers épisodes, soit un peu moins que la moitié de l'œuvre, afin de cibler uniquement l'arc du Digimon Kaiser. Une première partie forte dans ses enjeux, ses développements et son climax, mais qui souffrait de petites longueurs ci et là. Au sein de ce nouvel écrit, c'est sur les 29 épisodes restants que nous nous penchons.


Retour à la maison

L'arc du Digimon Kaiser s'achevait sur la défaite du fameux empereur autoproclamé. Plus qu'un échec, c'est une chute en enfer qui l'a attendu. Loin d'être un tyran conscient, le despote pensait incarner un méchant dans un monde purement virtuel, croyant fermement que les digimon ne sont qu'un amas de données et non des êtres doués de conscience et de parole. Le sacrifice de Wormmon lui a ouvert les yeux : Ce qui a fait est cruel est impardonnable, et c'est dans ces conditions qu'il abandonne son costume d'empereur, afin de regagner le monde réel.

La nouvelle génération d'enfants élus peut savourer sa victoire, tout en se questionnant sur le devenir de Ken Ichijôji. Alors que la chasse aux tours noires restantes se poursuit, le petit groupe vaque à de nouvelles aventures, les nouvelles recrues découvrant même les joies de l'évolution classique, non liée à celle des digimental. Mais peu à peu, la vraie menace sort de l'ombre. Deux individus, Arukenimon et Mummymon, transforment les dernières tours noires en des digimon factices qui sèment le chaos. Après avoir retrouvé l'œuf de Wormmon, Ken retourne dans le monde digital pour affronter ces ennemis, faire cavalier seul et ainsi opérer sa rédemption. Seulement, les enfants élus et l'ancien empereur devront bien unir leurs forces face à ces ennemis qui préparent une opération qui impactera aussi le monde réel...


Une suite qui entre dans le vif de son sujet

Le premier arc, celui centré sur le Digimon Kaiser, ne permettait de voir la construction globale de la série qu'à travers de maigres indices. Les événements de la deuxième moitié de la série confirment rapidement que la longue phase de l'empereur n'était qu'une étape, une partition jouée par des figures de l'ombre qui ont encore bien des plans en tête. Ainsi, à travers différents petits arcs, Digimon Adventure 02 opère au sein d'un unique scénario, connectant ses différents points jusqu'à mener la série vers des derniers épisodes qui montreront tardivement les véritables antagonistes. Connexions avec la première série côtoieront un développement conséquent de l'univers Digimon Adventure, pour un ensemble cherchant à la fois à rester fidèle envers les spectateurs de la première œuvre qu'à tenter de nouvelles choses, quitte à ce que ce soit maladroitement fait par moment.

Les épisodes 22 à 50 font bel et bien entrer la série dans une autre phase, plus dense et concrète, qui s'éloignera de toute linéarité pour proposer des péripéties dignes du terme « Adventure » du titre de la série. De l'exploration du monde digital jusqu'à des opérations qui mèneront les enfants élus aux quatre coins du monde, voire même dans des univers parallèles (un point très mineur mais présent), cette deuxième moitié se montre moins sage dans la forme et totalement dépaysante, une sensation qui nous ramène forcément à la saison première.


La suite de la série confirme aussi l'une de ses ambitions : Mettre les antagonistes au premier plan. Adversaire du premier arc, Ken Ichijôji revient cette fois en ami et allié, profitant d'un arc de rédemption aussi juste que touchant, lui permettant même de voler la vedette à ses congénères à bien des moments. Côté ennemis, un certain Blackwargreymon se dote aussi d'un certain panache de par sa complexité qui rappellera, à certains instants, un Mewtwo de Pokémon mais en bien plus violent. Et si on ne nommera par les deux véritables figures de l'ombre, l'une d'entre elles s'accordera aussi notre empathie durant le final de la série. Un final audacieux puisque celui-ci ne fait pas la part belle à l'épique mais à la grande humanité du titre, se faisant relief de la passion du spectateur pour le monde numérique.

Et parmi les belles idées mises en exergue par cette seconde moitié de série, on appréciera le relief pris par Daisuke, Miyako et Iori, les nouveaux venus qui manquaient parfois de panache à côté des anciens. Si les élus de la première série, aujourd'hui collégiens, conservent leurs rôles de mentors très bien dosés, les trois nouvelles tête du groupe central profite de plus d'interactions les uns avec les autres, et de caractères plus appuyés et nuancés. Prenons en exemple l'idée du remord dans le fait d'ôter la vie à un autre digimon, très présente dès les premiers épisodes de cette seconde partie, qui sera toujours traitée avec fatalité et sérieux pour le bien du scénario. A priori, Digimon Adventure : a totalement occulté cet aspect des œuvres sur lesquelles elles s'appuient.


Plus d'ambition, mais beaucoup de confusions

Par bien des points, les derniers arcs de Digimon Adventure 02 permettent d'établir un constat positif de la série. La séquelle de Digimon Adventure tente bien des choses et ne reste jamais dans sa zone de confort, fait progresser les personnages mais aussi l'univers, et s'adapte à la psychologie des fans de la première heure qui ont grandi d'un an depuis le lancement de la saga animée. Même aujourd'hui, certaines thématiques nous apparaissent pertinentes avec un regard adulte, au même titre qu'Adventure premier du nom, mais par des idées nouvelles.

Pourtant, il y a quelques points d'ombre au tableau, notamment les différentes directions du scénario qui sont empreinte de confusion. L'intrigue globale a été écrite par Atsushi Maekawa et Genki Yoshimura, là où celle de la première série était entièrement orchestrée par Satoru Nishizono. Peut-être est-ce cette dualité qui a mené à un manque d'équilibre entre de nombreux aspects, comme le plan de l'ennemi qui semble bafouiller, le contexte actuel qui manquait de teneur, certains adversaires qui ne s'imposent pas vraiment, ou des concepts qui ne trouvent qu'une place très maigre dans ce vaste ensemble (on pensera forcément à la Mer Obscure, idée amorcée dans le remarquable épisode 13 si particulier dans son ambiance). Les wagons sont toujours raccrochés, mais de manière parfois brutale, comme l'atteste l'épisode 37 qui connecte le plus d'éléments possible, et par tous les moyens. Beaucoup, beaucoup d'idées donc, pour le bien de la série souvent, mais qui constituera aussi ses aspects les plus maladroits. Il aurait fallu plus d'épisodes, ou une annulation des péripéties non indispensables à l'histoire, pour aborder cet ensemble correctement. Qu'à cela ne tienne, la série canonique suivant, Digimon Adventure tri, saura être encore plus maladroite (malgré tous ses bons points).


Le passage de la VO à la version occidentale (encore)

On aura beau rabâcher, il convient de mettre en lumière tout le mal qu'a fait la société Saban aux premières séries Digimon dans son processus de retouches/adaptations pour un public qu'elle ne pensait pas apte à recevoir tant de singularités techniques. On ne reviendra pas sur le massacre des scripts, car c'est un point de vue musical qui nous intéresse dans cet écrit.

Les génériques ont été remplacés, de même que la bande-originale de Takanori Arisawa, c'est un peu. Voir la série sur Crunchyroll permet de la découvrir en bonne et due forme, aussi on apprécie que les pistes composées pour les films soient aussi présentes pour ajouter d'autres dimensions. Parmi les grands absents de la VF mais que nous retrouvons dans cette deuxième partie, il y a deux insert-songs qui font peut-être partie des meilleurs de la licence Digimon. D'abord, la chanson Beat Hit chantée par Ayumi Miyazaki donne une ampleur épique aux évolutions Jogress, le concept de fusion propre à Adventure 02. Une piste entrainante et une véritable ode à la victoire sont on ne se lasse pas malgré l'omniprésence sur la vingtaine de derniers épisodes. Puis, il y a Bokura no Digital World, une chanson terriblement douce et mélancolique qui symbolise à la fois les adieux au monde numérique que la fin poignante de la série. A l'époque, Digimon Adventure 02 concluait le premier univers Digimon, aussi la chanson se dotait d'un sens fort. Le regretté Kôji Wada, la chanteuse AiM et les seiyû de la série donnent lieu à une bien jolie chorale qui restera dans les esprits, et fera peut-être couler quelques larmes.


Aventure non sans bémol, mais aventure marquante

Digimon Adventure 02 a, longtemps, été un vilain petit canard. Considérée comme bien moins bonne que la première série Digimon, cette saison 2 peinait aussi à convaincre par son casting principal, malgré ses antagonistes passionnants. La version originale est l'occasion de donner une seconde chance à l'œuvre et d'en apprécier toute la réelle portée. L'œuvre a des défauts, d'écriture notamment sans compter la technique limitée garnie de très nombreuses reprises de séquences d'animation, mais possède aussi ses petites richesses et une fin poignante. Il convient alors d'apprécier cette séquelle pour ses propres ambiances et ses multiples audaces scénaristiques, quand bien même la balance de progression soit parfois mal équilibrée. Crunchyroll a fait un vrai cadeau aux fans en proposant la version originale de la série restaurée (malgré les sous-titres de Titrafilm parfois aux fraises), et il convient de les saluer.

L'avis du chroniqueur
Takato

Dimanche, 24 Octobre 2021
15.5 20

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