Chronique cinéma - 7 Jours- Actus manga
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Dvd Chronique cinéma - 7 Jours

Mercredi, 06 Octobre 2021 à 17h00 - Source :Univers animation

Détective Conan : The Scarlet Bullet, le film de Violet Evergarden, On Gaku Notre Rock, Josée, le Tigre et les Poissons... L'année 2021 a d'ores et déjà été jolie chez le distributeur Eurozoom en terme d'animation japonaise au cinéma, et ça continue avec la sortie dans nos salles, aujourd'hui, de 7 Jours, un long-métrage d'1h27 dont l'acquisition avait été annoncé par le distributeur dès janvier 2020, mais dont la sortie fut longtemps repoussée à cause de la situation sanitaire.



Sorti au Japon le 13 décembre 2019 sous le titre Bokura no Nanokakan Sensô, ce film se base assez librement sur un roman social d'Osamu Souda sorti au Japon en 1985. Il s'agit de la première réalisation pour le cinéma de Yûta Murano, à qui l'on doit aussi les séries animées Dream Festival, How Not to Summon a Demon Lord ou encore Kakushigoto. Le métrage a été produit par le studio Ajiado (Ascendance of a Bookworm, Kakushigoto), fut scénarisé par Ichiro Okouchi (Code Geass, Kabaneri of the Iron Fortress), et a bénéficié d'un character design de Hiroshi Shimizu (Michiko & Hatchin) et de musiques signées Jun Ichikawa.



7 Jours nous immisce dans la ville de Satomi à Hokkaidô, auprès de Mamoru, un lycéen de 16 ans dont la principale caractéristique en classe est, peut-être, de passer inaperçu et de n'intéresser personne. N'ayant pas forcément les loisirs des gens de son âge, il préfère largement lire des livres d'Histoire, un domaine qui le passionne en particulier pour les stratégies de guerre. Tant et si bien que les seuls gens avec qui il arrive à communiquer normalement, ce sont les gens d'un forum d'Histoire, sans doute bien plus vieux que lui. Et quand il ne s'adonne pas à ça, Mamoru pense surtout à Aya Chiyono, sa voisine. son amie d'enfance. La fille qu'il aime secrètement depuis qu'il a 6 ans. Alors quand il apprend soudainement qu'Aya, pour la carrière politique de son horrible père, va devoir déménager dans 7 jours à Tokyo sans avoir le choix et qu'elle n'en a absolument pas envie, le jeune garçon ne parvient pas à rester inactif. En écoutant les lamentations de celle qu'il aime, il lui propose une idée dingue: fuguer, pendant ces 7 jours, quelque part où personne ne pourra les trouver. La jeune fille pensait la même chose et accepte, non sans embarquer avec elle quelques connaissances du lycées: sa sportive meilleure amie Kaori, le cool Soma, la pétillante Saki qui est un peu fashion sur les bords, et l'invité imprévu Hiroto, élève hyper sérieux qui ne pense qu'à étudier pour suivre la voie de son père et qui a donc très vite envie de laisser en plan le groupe. Ensemble, les 6 adolescent(e)s trouvent refuge dans l'ancienne mine de charbon de Satomi, ont pris soin de se faire un alibi et d'envoyer le père d'Aya sur une fausse piste, aménagent dans la gaieté les lieux, commencent à profiter de leurs découvertes et du temps passé ensemble... du moins, jusqu'à ce qu'il trouvent, dans le bâtiment, un enfant du nom de Marret, immigré clandestin traqué assez brutalement par le service d'immigration d'Hokkaido, et voulant reste là en attendant des nouvelles de ses parents dont il a perdu la trace. Face à la violence des hommes du service d'immigration sur cet enfant, Mamoru et les autres volent à sa rescousse. Et à présent, il leur faut organiser leur rébellion adolescente face aux adultes pour protéger l'enfant. Une véritable guerre, à leur échelle, qui durera 7 jours, et qui risque fort de les emmener bien plus loin qu'ils ne le pensaient.



Une bonne partie du film suit un déroulement assez classique où, jour après jour, le petit groupe d'adolescents tâche de faire face aux adultes venant les arrêter, et s'applique à les repousser en exploitant les moyens du bord (c'est-à-dire le cadre de la mine, très bien utilisée), en pouvant compter non seulement sur leur astuce, mais aussi sur les idées que Mamoru peut piocher dans les stratégies de guerre qu'il connaît bien. Cela donne bien souvent un résultat assez généreux, parfois volontiers un peu extrême dans ce que subissent leurs adversaires, avec finalement un petit côté "Maman j'ai raté l'avion" parfois.



C'est par moments un peu tiré par les cheveux, d'autant que certains personnages (on pense surtout à Hiroto) évoluent d'abord de façon un peu lisse, et que certaines situations sont peu expliquées (comment ont-il trouvé le temps de faire leur film en pleine lutte contre les adultes ?). Mais le résultat est bien souvent enthousiasmant et frais, d'autant plus que la petite part sentimentale se mêle assez bien au reste, et, surtout, que cette guerre part d'une bonne intention: protéger un enfant immigré clandestin, dont les parents ont été dupés et dont il a été séparé, en étant alors confronté, dès son plus jeune âge, à la cruauté et aux mensonges du monde adulte.



Cette idée de la rébellion de la jeunesse face aux directives adultes, elle imprègne justement en permanence le film. Que ce soit les hommes du service d'immigration qui veulent accomplir leur tâche sans chercher à comprendre, le père d'Aya qui s'avère être un homme patriarcal assez odieux (il ne pense qu'à son ascension politique, et pense fermement que les personnes - y compris les enfants - qui grandissent comme il faut sont celles qui obéissent toujours sans broncher), les adultes ayant initialement dupé les parents de Marret... Et c'est alors aussi en ça que le film séduit: cette forme de désobéissance des adolescents face à ce que la société adulte exige d'eux.



Et cet aspect, il finira par prendre une tout autre dimension, plus profonde encore, une fois l'heure de film passée et les secrets de chacun des adolescents exposés violemment. Des secrets qui, tous, cristallisent quelque chose: pour x raison (des brimades subies autrefois, l'impossibilité d'avouer un amour sortant de la majorité, les exigences parentales étouffantes...), chacun de nos jeunes personnages vit déjà dans le mensonge, en particulier le mensonge envers soi-même. Ils jouent un rôle, cachent leur sentiments pour trouver leur place... Alors finalement, à travers ces mensonges, ont-ils déjà un pied dans l'implacable société adulte qu'ils sont en train de combattre ? A cela, le film apportera une réponse habile.



Techniquement, le film est propre. Les designs sont fins et tous bien différents, l'animation est d'une qualité standard pour ce genre de production, le cadre de la mine est particulièrement bien mis en avant, les musiques sont classiques mais sont omniprésentes pour accompagner efficacement le récit, et il y a quelques petites envolées visuelles du plus bel effet (comme la scène de la montgolfière).



On pourrait dire du film qu'il est un peu naïf et également un poil facile dans ses deux premiers tiers, mais il est surtout bourré d'une fraîcheur propre à la jeunesse, ponctué d'un parfum de rébellion adolescente revigorant, et doté de thématiques humaines, sociales et sociétales globalement bien menées, au point de facilement toucher dans sa dernière ligne droite.

L'avis du chroniqueur
Koiwai

Mercredi, 06 Octobre 2021
15.5 20

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