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Manga Nouvelle rencontre avec l'auteur Redjet autour d'Innermost

Samedi, 28 Décembre 2019 à 18h00 - Source :Rubrique interviews

Avant 2019, nous connaissions Redjet pour son one-shot d'aventure humoristique Space Duck RG, le récit d'un canard souhaitant aller dans l'espace. Cette année, l'auteur est revenu aux éditions H2T avec une série plus ambitieuse : Innermost.

Afin de célébrer le lancement récent de ce seinen fantastique, le mangaka italien était présent à Japan Expo, pour la deuxième année consécutive. Nous avons eu l'occasion de le rencontrer de nouveau, afin de parler du projet Innermost.



Bonjour Redjet. Nous nous sommes vus l'année dernière, pour parler de Space Duck RG. A cette époque, avais-tu déjà bien entamé Innermost ?


Redjet : En effet, j'avais déjà bouclé le premier chapitre l'année dernière !

Tu es passé d'une série d'aventure humoristique à de l'action plus sérieuse. Est-ce que cette transition a été brutale pour toi ?


Redjet : En réalité, mon style de dessin et les univers que j'imaginais ont toujours été très proches d'Innermost. C'est plutôt Space Duck RG qui sortait de mon cadre habituel. Innermost n'a donc pas été un grand chamboulement pour moi.

L'année dernière, tu nous confiais que le projet RG avait été compliqué, car tu avais d'autres implications en parallèle. Tu es un peu plus libre cette année, mais tu dessines une série soutenue avec une intrigue plus ambitieuse... Par conséquent, la tâche est-elle plus simple ?

Redjet : En effet, j'ai plus de temps à consacrer à Innermost que j'en avais pour Space Duck RG. Je passe beaucoup de temps sur l'écriture de l'histoire, car je tiens à ce qu'elle se tienne et qu'elle reste cohérente. Je passe aussi plus de temps qu'avant sur le dessin des pages et sur le traitement graphique.


Justement, puisqu'on parle de l'histoire, as-tu déjà un plan scénaristique en tête ? Voire un nombre de volumes idéal ?

Redjet : Oui, je sais précisément ce que je vais développer dans le scénario. Et nous serons sur une série de six ou sept volumes.

Durant cette décennie, beaucoup de mangas ont joué sur une certaine tendance scénaristique, à savoir la lutte opposant l'humanité à des envahisseurs ou des prédateurs définis. On pense forcément à L'Attaque des Titans, aussi Terra Formars. Dans Innermost, cette tendance est symbolisée par la menace des Galags. Est-ce que ce sont des œuvres qui t'ont influencé ? Comment t'es-tu approprié cette mouvance ?

Redjet : En réalité, j'ai pensé le projet Innermost il y a plus de dix ans. Mon éditeur te confirmera avoir vu un croquis de Devil datant de mes 16 ans. (rires)

Ces thématiques, celle de l'Homme contre des aliens ou d'autres créatures, existaient finalement déjà à l'époque. J'avais déjà ces idées en tête, même si l'histoire n'était pas totalement structurée. De fait, les séries citées n'ont pas spécialement impacté Innermost.


La grosse épée de Devil renvoie à un certain Berserk. Kentarô Miura fait-il partie de tes inspirations scénaristiques ou graphiques ?


Redjet : Là aussi, la conception de l'épée de Devil date d'il y a plus de dix ans. La forme y était, le gabarit aussi, et la couleur était déjà décidée. Bien après, j'ai découvert Berserk, puis il y a en effet eu une influence de Kentarô Miura sur des personnages comme Devil.

Tu nous as dit passer beaucoup de temps sur l'écriture d'Innermost. Maintenant que tu as la structure du récit en tête, peux-tu nous dire combien de temps tu as mis pour imaginer toute l'histoire mais aussi les concepts et les personnages ?

Redjet : Si on devait compter en nombre de jours l'écriture de l'histoire totale, en cumulé, on pourrait se restreindre à quelques jours. Mais en réalité, cela a pris plusieurs années car le scénario a grandi avec moi, et je me suis nourri de l'évolution politique du monde pour agrémenter mon intrigue. Au départ, toute l'histoire d'Innermost devait se dérouler en 2020. Mais vu qu'on y est déjà, le contexte m'a paru un peu précipité.

C'est vrai que le premier tome d'Innermost présente des thématiques sociales, comme les disparités entre riches et pauvres. Ça renvoie à une réalité toujours plus actuelle. Est-ce important pour toi d'implanter ce type de discours sociaux dans tes œuvres ?


Redjet : C'est en effet important pour moi que l'histoire d'Innermost véhicule un message. Parce que ces messages renvoient à des questions très contemporaines, et ça me permet très modestement de donner des clés pour comprendre le monde qui nous entoure aujourd'hui, et pourquoi pas aider à la réflexion de la société humaine dans laquelle on vit.


Space Duck RG et Innermost étant deux œuvres totalement différentes, l'une étant un one-shot humoristique et la seconde une série d'action, est-ce que ta méthode de travail a évolué ?

Redjet : Ma façon de travailler à radicalement changé. Je me questionne en permanence sur le rendu de mes planches, par exemple sur la meilleure manière de représenter la ville, ou comment capturer des ambiances... Il y a eu une évolution dans ma méthodologie, et dans la conception de cette série.

On remarque qu'il y a toujours une place laissée à la romance dans tes mangas. Dans Innermost, elle est symbolisée par Eris et Devil. Est-ce que cette part romantique est importe pour toi ? En tant que lecteur, aimes-tu retrouver ce côté sentimental dans les œuvres que tu découvres ?

Redjet : Oui, c'est important que ce type de relation soit développé, surtout dans Innermost. En tant que lecteur, j'aime retrouver cette part romantique dans des histoires. Mais ça m’agace de souvent voir ce type de relation ne jamais déboucher sur quelque chose. J'ai donc envie de développer quelque chose de différent avec Innermost, la relation entre Eris et Devil devrait donc aboutir... (rires)


Les échanges entre personnages sont très importants dans Innermost. Comment arrives-tu à gérer la balance entre les phases d'action et celles d’interactions entre tes personnages ?

Redjet : Je vois ces phases de dialogue un peu comme un temps de repos dans une course. On court, on s'épuise, et le moment de s'arrêter est l'occasion d'échanger sur ce qui vient de se passer ou sur ce qui se produira. Ce sont des parenthèses durant lesquelles on fait le bilan, un peu comme des checkpoint entre deux phases d'action qui font avancer l'histoire.

As-tu eu l'occasion de présenter Space Duck RG et Innermost à ton lectorat italien, ne serait-ce que quelques pages ? As-tu eu des retour à ce sujet ?

Redjet : Pas en ce qui concerne Space Duck RG, car ce n'est pas un type d'histoire qui plait beaucoup en Italie. En revanche, pour Innermost, j'ai pu avoir des retours sur le côté graphique via les réseaux sociaux. J'ai eu des remarques très positives, et mes lecteurs italiens ont éprouvé un réel intérêt. Pas du côté de l'histoire, forcément, vu que les planches sont en français et que mes lecteurs ne parlent pas la langue.


C'est la deuxième fois que tu participes à Japan Expo. Comment vis-tu cette nouvelle expérience ? As-tu pu retrouver des lecteurs qui étaient déjà venus te voir l'an passé ?


Redjet : Pour ce deuxième rendez-vous, certains lecteurs sont effectivement revenus me voir, dont certains dont je me suis souvenu. Mon ressenti cette année est assez différent. L'année dernière, c'était mon premier salon manga, j'étais donc tendu. Cette fois, j'ai plus de recul, je sais que j'ai un travail à faire, et je le fais. J'ai la tête davantage sur les épaules.

Pour finir, revenons sur la battle de dessin shônen versus shôjo qui s'est déroulée deux jours avant. Tu as dessiné en duo avec Salvatore Nives, l'auteur de Flare Zero, face à une équipe féminine composée de Rossella Sergi, l'autrice de Deep Scar, et Kira Yukishiro, l'autrice de Scarlet Soul. Peux-tu revenir sur ce moment ?

Redjet : C'était assez particulier, car c'était une expérience nouvelle pour moi. L'exercice était intéressant, déjà dans le fait de devoir se mettre d'accord sur le sujet avec Salvatore. Aussi, il ne fallait pas se tromper, car une erreur pouvait nous coûter le point. Au final, je me suis beaucoup amusé, et c'est cet aspect qui a dominé ce jour-là.


Interview réalisée par Takato. Remerciements à Redjet ainsi qu'à Mahmoud Larguem et Ludivine Gouhier des éditions H2T pour la traduction et l'organisation de la rencontre.
  

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