Dvd Chronique animation - Lupin III, film 1 : Le Secret de Mamo
Nous sommes en 1978. Quelques années auparavant, en 1971-1972, la première série animée de Lupin III (où il a une veste verte), basée sur le manga initial culte de Monkey Punch, fut globalement un échec: en optant pour le même ton adulte (héros loin d'être tout blancs ou tout noirs et osant tuer, érotisme de Fujiko, etc...) que le manga d'origine, les premiers épisodes réalisés par Masaaki Osumi ne touchèrent aucunement la plus jeune tranche d'âge du public nippon, et quand les alors jeunes Hayao Miyazaki et Isao Takahata furent appelés pour réaliser la suite de la série il semblait déjà un peu trop tard: malgré une certaine édulcoration rendant Lupin un peu plus "bouffon", Fujiko moins dévêtue et où les morts devinrent absentes, la série finit par s'arrêter après 23 épisodes, non sans un dernier épisode quand même très chouette dans son symbolisme autour de l'éternelle course-poursuite entre notre héros et l'inspecteur Zenigata. Cinq années et demi passèrent alors sans la moindre trace de Lupin III en animation, jusqu'au lancement, en octobre 1977, d'une saison 2 reprenant une formule édulcorée proche de la deuxième moitié de la saison 1, et où l'on retrouva d'ailleurs le duo Miyazaki-Takahata qui travailla sur plusieurs épisodes. Cette fois-ci, le succès de cette série, où Lupin porte cette fois-ci une veste rouge, est instantané: le public japonais est bien au rendez-vous pour s'amuser des nombreuses aventures et frasque de Lupin III, et cela durera pendant 155 épisodes jusqu'en 1980. Mais pour en savoir encore un petit peu plus sur tout ça, vous pouvez toujours lire ou relire notre chronique de la saison 1 de Lupin III.
Forcément, le succès grandissant de Lupin III saison 2 ne pouvait qu'aboutir à un tout premier film d'animation (qui en appellera plusieurs autres, le plus connu restant le 2e film, le fameux Château de Cagliostro de Miyazaki), et celui-ci finit par arriver dans les salles de cinéma japonaises en 1978 sous le titre Rupan vs Fukusei-ningen. Il a été réalisé et co-scénarisé par Sôji Yoshikawa qui avait déjà été le scénariste des épisodes de la saison 1, s'offre au character design Yuzo Aoki qui fut storyboarder sur la majorité des épisodes de la saison 1 puis qui deviendra plus tard le réalisateur en chef de la saison III, et affiche évidemment aux musiques Yuji Ohno, nom attaché à la série depuis ses tout débuts et à qui l'on dit donc les thèmes les plus célèbres de la saga.
En France, ce premier film, nommé Le Secret de Mamo, connaît un parcours quelque peu étonnant, à l'image de la série (une nouvelle fois, vous pouvez vous référer à la chronique de la saison 1).
Dès 1981, il se paie le luxe de devenir la toute première trace de Lupin III à arriver dans notre pays, qui plus est au cinéma, et avec un premier doublage français devenu une rareté. S'inspirant de la version américaine datant de 1979, ce premier doublage offrait des dialogues un petit peu plus crus avec quelques réparties bien senties, mais aussi des noms francisés souvent retombés dans l'oubli de nos jours: Fujiko n'était pas encore appelée Magali mais Margot, Jigen et Goemon étaient nommés Don Don et Samouraï, ce cher Zenigata/Lacogne se retrouvait affublé du nom d'Ed Scott... et, surtout, notre cher Lupin III, bien avant d'être renommé Edgar, bénéficiait alors de son nom original d'Arsène Lupin III. Le Secret de Mamo fut alors le seul et unique anime de la saga Lupin III à voir son héros porter, ne serait-ce qu'un temps, son nom d'origine, puisque assez vite après les droits juridiques liés à Maurice Leblanc (créateur de l'Arsène Lupin originel) ont frappé, et que les personnages ont alors ensuite adopté les noms qu'on leur connaît toujours en vf (non sans quelques variantes pour Lupin/Edgar, qui fut aussi appelé Vidocq ou Wolf parfois). Devenu quasiment introuvable, ce premier doublage figurait tout de même sur les VHS d'époque (si vous avez cette VHS, prenez-en soin).
C'est finalement bien des années plus tard, en 2005, que le film connaît un second souffle grâce à l'éditeur IDP: en plus des 2 premières saisons de la série, celui-ci décide d'entamer l'édition DVD de plusieurs films et téléfilms de Lupin III, et le Secret de Mamo sort alors en DVD en décembre 2005... avec un tout nouveau doublage français, refaisant appel au casting ayant oeuvré sur les épisodes d ela série diffusée en France dans les années 80, avec bien sûr, en tête de file, Philippe Ogouz et Catherine Lafon dans les rôles d'Edgar et Magali.
Le troisième acte de tout ceci est arrivé plus récemment grâce au distributeur Splendor Films, qui a décidé de ressortir le film dans certaines salles de cinéma françaises en décembre 2019, en version remasterisée. De quoi poursuivre la réhabilitation d'une saga pas toujours considérée à sa juste valeur dans notre pays.
Lupin III est mort ?! C'est sur cette annonce tonitruant que démarre le film, tandis que l'on voit un Lupin pendu au bout d'une corde, exécuté. Mais son habituel poursuivant acharné, l'inspecteur Zenigata, n'y croit aucunement: ce Lupin qu'il traque depuis si longtemps ne peut pas mourir ainsi, il s'agit forcément d'un piège... et il ne croit pas si bien dire ! Car comme il le découvrira, Lupin et son fidèle acolyte Jigen sont quelque part dans un pyramide d'Egypte, en train de rechercher un mystérieux artefact, tandis que Goemon les attend à l'extérieur. Finissant par mettre la main sur le petit caillou qu'ils convoitent, ils n'ont plus qu'à s'échapper et à aller remettre le butin à celle qui le leur a demandé, la belle Fujiko, qui sert elle-même d'intermédiaire pour quelqu'un... Mais nos voleurs vont vite s'en rendre compte: quelque chose cloche. Qu'est exactement ce petit bout de pierre qu'ils ont dû récupérer à leurs risques et périls ? Pourquoi Fujiko fricote-t-elle avec ce mystérieux commanditaire ? Et, surtout, qui est réellement le commanditaire en question et quels sont ses desseins ? Sentant vite l'entourloupe, Lupin et ses acolytes se retrouvant bientôt en danger sans comprendre tout de suite pourquoi exactement, avant que l'improbable vérité ne finisse par se dévoiler...
Celles et ceux connaissant surtout Lupin III pour les épisodes de la saison 2 ayant été diffusés en France dans les années 80 ou pour son plus célèbre film Le Château de Cagliostro risquent ici d'être un brin surpris, car concrètement Sôji Yoshikawa y affiche un désir d'être plus fidèle à la tonalité du manga d'origine de Monkey Punch. En cela, pour comparer avec d'autres animes de Lupin III, il faudrait plus le rapprocher de la première partie de la saison 1 ou, plus récemment, de la trilogie de moyens-métrages réalisée par Takeshi Koike. Ici, Fujiko retrouve plus d'une fois tout son érotisme (surtout dans sa 1e apparition à la nudité apparente, et à la toute fin), Lupin III est loin du simple voleur un peu bon enfant et dragueur grivois (son sens moral est plus trouble, vis-à-vis de Fujiko il se montre plus pervers...), les morts sont bien présentes avec même une scène où des civils sont sacrifiés dans une fusillade pour tenter de tuer Lupin dans le tas... Bien sûr, les notes d'humour sont quand même présentes plus d'une fois, mais soyez tout de même avertis que niveau atmosphère et ton, Le Secret de Mamo est probablement le film le plus fidèle au manga. C'est sans doute pas pour rien que Monkey Punch lui-même avouait avoir une affection particulière pour ce film-là plus que pour aucun autre.
Et ce désir de fidélité, il se ressent aussi dans le design global du film: si l'on reconnaît immédiatement le physique et le look typiques de chacun de nos héros bien sûr, le chara designer a cherché à se rapprocher, là aussi, du manga d'origine. Le résultat paraîtra forcément un peu vieillissant, mais il est réussi, d'autant qu'il est soutenu par une qualité technique tout à fait honorable et bien supérieure à la série. Bien sûr, rien de comparable avec la qualité d'animation et de mise en scène du Château de Cagliostro, qui est resté dans les annales en grande partie pour ça, mais le fait est que ce 1er film se tient encore très honnêtement de nos jours, en se permettant même un petit nombre d'étonnantes fantaisies, comme l'aspect lugubre de la mort du méchant, ou encore le bref moment où Lupin court dans un tableau de Dali.
Quant à l'histoire... eh bien, le moins que l'on puisse dire est qu'elle nous fait passer par plusieurs niveaux, plusieurs ambiances, allant de l'aventure à travers le monde au récit mystérieux, en passant par des éléments sinistres presque horrifiques, des choses orientées SF et fantastique autour de la pierre philosophale et de l'immortalité, et même quelques éléments un brin avant-gardistes pour l'époque avec le concept de clonage. Les rebondissements sont assez nombreux et surtout particulièrement rocambolesques, en visant à faire partir l'intrigue toujours plus loin, jusqu'à un final assez fumé.
Ce qui nous amène à une évidence: clairement, il faut prendre l'histoire de ce film comme une grosse série B assumée, parfois un peu foutraque avec des choses pas toujours évidentes à suivre, mais également assez jouissive si l'on se laisse happer. Et c'est encore plus le cas quand on voit les desseins d'un antagoniste ayant la folie des grandeurs, entre recherche d'immortalité, désir de devenir Dieu, traversée des siècles... Un méchant cachant sous son corps rapiécé un esprit aussi brillant que cinglé, et sur lequel on peut ajouter deux anecdotes. Premièrement, on peut se demander si Mamo a un lien de parenté avec Kyosuke Mamo, antagoniste de l'un des épisodes de la saison 1, qui lui aussi était ancré dans une part SF à base de facteur temporel. Deuxièmement, il fait une brève apparition à la fin du Tombeau de Daisuke Jigen, le premier volet de la récente trilogie de Takeshi Koike, nous permettant alors de situer celle-ci avant Le Secret de Mamo.
Enfin, Le Secret de Mamo est un film plutôt généreux dans ses multiples références et clins d'oeil. On a déjà parlé du tableau de Dali, mais on peut aussi évoquer les apparitions de plusieurs personnages historiques dues aux plans de Mamo... et, surtout,aux nombreuses références au cinéma, plus particulièrement occidental. Le déroulement-même du récit, avec son voyage à travers le monde et son final sur une île, rappelle le schéma de plusieurs anciens James Bond, et les desseins dingues du méchant ainsi que le final allant très loin dans le côté série B allumée et autodérisoire font plus particulièrement penser aux James Bonds avec Roger Moore. Le final a d'ailleurs quelque chose d'aussi barré que Moonraker, alors même que ce dernier est sorti en 1979 donc un an plus tard. Et la scène de l'hélicoptère se rapproche beaucoup d'un passage similaire dans L'espion qui m'aimait, sorti en 1977. La chasse à l'homme menée par le camion rappelle facilement le film de 1971 Duel de Steven Spielberg, tandis que Mamo lui-même est immanquablement une citation de Swan, antagoniste culte du non moins culte Phantom of the Paradise de Brian De Palma, sorti en 1974.
Au final, on comprend assez facilement pourquoi Le Secret de Mamo est, encore aujourd'hui, considéré comme l'un des films les plus marquants de la saga Lupin III, quand bien même tout le monde ne l'appréciera pas forcément au vu de sa tonalité et de son scénario toujours plus abracadabrantesque. Le premier long-métrage de la licence apparaît parfois un brin foutraque, mais il se veut également assez généreux sur plusieurs plans et, hormis quelques petites baisses de rythme, ne laisse pas le temps de s'ennuyer, le tout dans un style mature plus proche du manga d'origine (ce qui fait également qu'il est moins accessible qu'un grand nombre des des autres films et téléfilms de la saga Lupin III).
Forcément, le succès grandissant de Lupin III saison 2 ne pouvait qu'aboutir à un tout premier film d'animation (qui en appellera plusieurs autres, le plus connu restant le 2e film, le fameux Château de Cagliostro de Miyazaki), et celui-ci finit par arriver dans les salles de cinéma japonaises en 1978 sous le titre Rupan vs Fukusei-ningen. Il a été réalisé et co-scénarisé par Sôji Yoshikawa qui avait déjà été le scénariste des épisodes de la saison 1, s'offre au character design Yuzo Aoki qui fut storyboarder sur la majorité des épisodes de la saison 1 puis qui deviendra plus tard le réalisateur en chef de la saison III, et affiche évidemment aux musiques Yuji Ohno, nom attaché à la série depuis ses tout débuts et à qui l'on dit donc les thèmes les plus célèbres de la saga.
En France, ce premier film, nommé Le Secret de Mamo, connaît un parcours quelque peu étonnant, à l'image de la série (une nouvelle fois, vous pouvez vous référer à la chronique de la saison 1).
Dès 1981, il se paie le luxe de devenir la toute première trace de Lupin III à arriver dans notre pays, qui plus est au cinéma, et avec un premier doublage français devenu une rareté. S'inspirant de la version américaine datant de 1979, ce premier doublage offrait des dialogues un petit peu plus crus avec quelques réparties bien senties, mais aussi des noms francisés souvent retombés dans l'oubli de nos jours: Fujiko n'était pas encore appelée Magali mais Margot, Jigen et Goemon étaient nommés Don Don et Samouraï, ce cher Zenigata/Lacogne se retrouvait affublé du nom d'Ed Scott... et, surtout, notre cher Lupin III, bien avant d'être renommé Edgar, bénéficiait alors de son nom original d'Arsène Lupin III. Le Secret de Mamo fut alors le seul et unique anime de la saga Lupin III à voir son héros porter, ne serait-ce qu'un temps, son nom d'origine, puisque assez vite après les droits juridiques liés à Maurice Leblanc (créateur de l'Arsène Lupin originel) ont frappé, et que les personnages ont alors ensuite adopté les noms qu'on leur connaît toujours en vf (non sans quelques variantes pour Lupin/Edgar, qui fut aussi appelé Vidocq ou Wolf parfois). Devenu quasiment introuvable, ce premier doublage figurait tout de même sur les VHS d'époque (si vous avez cette VHS, prenez-en soin).
C'est finalement bien des années plus tard, en 2005, que le film connaît un second souffle grâce à l'éditeur IDP: en plus des 2 premières saisons de la série, celui-ci décide d'entamer l'édition DVD de plusieurs films et téléfilms de Lupin III, et le Secret de Mamo sort alors en DVD en décembre 2005... avec un tout nouveau doublage français, refaisant appel au casting ayant oeuvré sur les épisodes d ela série diffusée en France dans les années 80, avec bien sûr, en tête de file, Philippe Ogouz et Catherine Lafon dans les rôles d'Edgar et Magali.
Le troisième acte de tout ceci est arrivé plus récemment grâce au distributeur Splendor Films, qui a décidé de ressortir le film dans certaines salles de cinéma françaises en décembre 2019, en version remasterisée. De quoi poursuivre la réhabilitation d'une saga pas toujours considérée à sa juste valeur dans notre pays.
Lupin III est mort ?! C'est sur cette annonce tonitruant que démarre le film, tandis que l'on voit un Lupin pendu au bout d'une corde, exécuté. Mais son habituel poursuivant acharné, l'inspecteur Zenigata, n'y croit aucunement: ce Lupin qu'il traque depuis si longtemps ne peut pas mourir ainsi, il s'agit forcément d'un piège... et il ne croit pas si bien dire ! Car comme il le découvrira, Lupin et son fidèle acolyte Jigen sont quelque part dans un pyramide d'Egypte, en train de rechercher un mystérieux artefact, tandis que Goemon les attend à l'extérieur. Finissant par mettre la main sur le petit caillou qu'ils convoitent, ils n'ont plus qu'à s'échapper et à aller remettre le butin à celle qui le leur a demandé, la belle Fujiko, qui sert elle-même d'intermédiaire pour quelqu'un... Mais nos voleurs vont vite s'en rendre compte: quelque chose cloche. Qu'est exactement ce petit bout de pierre qu'ils ont dû récupérer à leurs risques et périls ? Pourquoi Fujiko fricote-t-elle avec ce mystérieux commanditaire ? Et, surtout, qui est réellement le commanditaire en question et quels sont ses desseins ? Sentant vite l'entourloupe, Lupin et ses acolytes se retrouvant bientôt en danger sans comprendre tout de suite pourquoi exactement, avant que l'improbable vérité ne finisse par se dévoiler...
Celles et ceux connaissant surtout Lupin III pour les épisodes de la saison 2 ayant été diffusés en France dans les années 80 ou pour son plus célèbre film Le Château de Cagliostro risquent ici d'être un brin surpris, car concrètement Sôji Yoshikawa y affiche un désir d'être plus fidèle à la tonalité du manga d'origine de Monkey Punch. En cela, pour comparer avec d'autres animes de Lupin III, il faudrait plus le rapprocher de la première partie de la saison 1 ou, plus récemment, de la trilogie de moyens-métrages réalisée par Takeshi Koike. Ici, Fujiko retrouve plus d'une fois tout son érotisme (surtout dans sa 1e apparition à la nudité apparente, et à la toute fin), Lupin III est loin du simple voleur un peu bon enfant et dragueur grivois (son sens moral est plus trouble, vis-à-vis de Fujiko il se montre plus pervers...), les morts sont bien présentes avec même une scène où des civils sont sacrifiés dans une fusillade pour tenter de tuer Lupin dans le tas... Bien sûr, les notes d'humour sont quand même présentes plus d'une fois, mais soyez tout de même avertis que niveau atmosphère et ton, Le Secret de Mamo est probablement le film le plus fidèle au manga. C'est sans doute pas pour rien que Monkey Punch lui-même avouait avoir une affection particulière pour ce film-là plus que pour aucun autre.
Et ce désir de fidélité, il se ressent aussi dans le design global du film: si l'on reconnaît immédiatement le physique et le look typiques de chacun de nos héros bien sûr, le chara designer a cherché à se rapprocher, là aussi, du manga d'origine. Le résultat paraîtra forcément un peu vieillissant, mais il est réussi, d'autant qu'il est soutenu par une qualité technique tout à fait honorable et bien supérieure à la série. Bien sûr, rien de comparable avec la qualité d'animation et de mise en scène du Château de Cagliostro, qui est resté dans les annales en grande partie pour ça, mais le fait est que ce 1er film se tient encore très honnêtement de nos jours, en se permettant même un petit nombre d'étonnantes fantaisies, comme l'aspect lugubre de la mort du méchant, ou encore le bref moment où Lupin court dans un tableau de Dali.
Quant à l'histoire... eh bien, le moins que l'on puisse dire est qu'elle nous fait passer par plusieurs niveaux, plusieurs ambiances, allant de l'aventure à travers le monde au récit mystérieux, en passant par des éléments sinistres presque horrifiques, des choses orientées SF et fantastique autour de la pierre philosophale et de l'immortalité, et même quelques éléments un brin avant-gardistes pour l'époque avec le concept de clonage. Les rebondissements sont assez nombreux et surtout particulièrement rocambolesques, en visant à faire partir l'intrigue toujours plus loin, jusqu'à un final assez fumé.
Ce qui nous amène à une évidence: clairement, il faut prendre l'histoire de ce film comme une grosse série B assumée, parfois un peu foutraque avec des choses pas toujours évidentes à suivre, mais également assez jouissive si l'on se laisse happer. Et c'est encore plus le cas quand on voit les desseins d'un antagoniste ayant la folie des grandeurs, entre recherche d'immortalité, désir de devenir Dieu, traversée des siècles... Un méchant cachant sous son corps rapiécé un esprit aussi brillant que cinglé, et sur lequel on peut ajouter deux anecdotes. Premièrement, on peut se demander si Mamo a un lien de parenté avec Kyosuke Mamo, antagoniste de l'un des épisodes de la saison 1, qui lui aussi était ancré dans une part SF à base de facteur temporel. Deuxièmement, il fait une brève apparition à la fin du Tombeau de Daisuke Jigen, le premier volet de la récente trilogie de Takeshi Koike, nous permettant alors de situer celle-ci avant Le Secret de Mamo.
Enfin, Le Secret de Mamo est un film plutôt généreux dans ses multiples références et clins d'oeil. On a déjà parlé du tableau de Dali, mais on peut aussi évoquer les apparitions de plusieurs personnages historiques dues aux plans de Mamo... et, surtout,aux nombreuses références au cinéma, plus particulièrement occidental. Le déroulement-même du récit, avec son voyage à travers le monde et son final sur une île, rappelle le schéma de plusieurs anciens James Bond, et les desseins dingues du méchant ainsi que le final allant très loin dans le côté série B allumée et autodérisoire font plus particulièrement penser aux James Bonds avec Roger Moore. Le final a d'ailleurs quelque chose d'aussi barré que Moonraker, alors même que ce dernier est sorti en 1979 donc un an plus tard. Et la scène de l'hélicoptère se rapproche beaucoup d'un passage similaire dans L'espion qui m'aimait, sorti en 1977. La chasse à l'homme menée par le camion rappelle facilement le film de 1971 Duel de Steven Spielberg, tandis que Mamo lui-même est immanquablement une citation de Swan, antagoniste culte du non moins culte Phantom of the Paradise de Brian De Palma, sorti en 1974.
Au final, on comprend assez facilement pourquoi Le Secret de Mamo est, encore aujourd'hui, considéré comme l'un des films les plus marquants de la saga Lupin III, quand bien même tout le monde ne l'appréciera pas forcément au vu de sa tonalité et de son scénario toujours plus abracadabrantesque. Le premier long-métrage de la licence apparaît parfois un brin foutraque, mais il se veut également assez généreux sur plusieurs plans et, hormis quelques petites baisses de rythme, ne laisse pas le temps de s'ennuyer, le tout dans un style mature plus proche du manga d'origine (ce qui fait également qu'il est moins accessible qu'un grand nombre des des autres films et téléfilms de la saga Lupin III).