Nouvelle rencontre avec Sébastien Agogué, autour de l'actualité de Tsume- Actus manga
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Produits dérivés Nouvelle rencontre avec Sébastien Agogué, autour de l'actualité de Tsume

Samedi, 11 Mai 2019 à 18h00 - Source :Rubrique Interviews

Au fil des mois, le fabricant Tsume continue de séduire le public avec des figurines de qualité toujours plus soutenue, et des produits innovants telle que la gamme vestimentaire Iki, ou les jeux de société Yoka.

Il y a quelques mois, nous rencontrions Sébastien Agogué, responsable de management chez Tsume, qui est revenu sur les dernières évolutions de la marque.



Notre dernière rencontre remonte à presque trois ans. Que s'est-il passé depuis du côté de Tsume ?

Sébastien Agogué : Il s'est passé beaucoup de chose. Nous avons développé de nouveaux produits, aussi bien des statues que des vêtements. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur les Tsume Fan Days 5, précisément un mois après la quatrième édition. Le plus gros chantier, c'était de présenter notre nouveau département, celui de la création de manga. Entre 2016 et 2018, nous avons produit une quinzaine de figurines. En théorie, on essaie d'en sortir une par mois. Mais avec les quelques décalages, on tombe sur une quinzaine en deux ans.

Du côté des vêtements, chez Iki, il y a eu un gros passage à vide. Avec les Tsume Fan Days 5, le but était de revenir avec un peu plus de matériel. La grosse nouveauté, c'est qu'on fait autre chose que des t-shirts et des polos, comme des casquettes et même une robe aux couleurs de Naruto Shippuden.

Aux Tsume Fan Days 4, Ikki présentait une gamme de polos. C'est donc en 2018 que vous avez repris la production ?

Sébastian Agogué : C'est exactement ça. En novembre 2017, nous avions présenté le t-shirt de Madara, puis quelques autres modèles, mais ça restait relativement calme. Je pense que c'était le département de Tsume le moins actif, notamment parce que Yoka développait différents jeux. L'idée était de mettre un coup de focus sur Iki. On a deux gammes de t-shirt, l'une ciblant des éléments d'une série difficile à reconnaître si on ne connait pas l’œuvre, et l'autre, intitulée « moments cultes », montrant un visuel dans le dos et une citation en japonais. L'idée, à terme, était de pouvoir s'habiller intégralement en Iki.


En 2016, c'était le début des jeux Tsume. Maintenant, vous présentez pas mal de licences comme Saint Seiya... Peux-tu nous en parler ?

Sébastien Agogué : On a lancé Yoka lors des Tsume Fan Days 3 avec le jeu Naruto. En 2017, nous avons présenté de nouveaux projets comme Terra Formars. Puis, nous sommes partis vers des créations originales. Nous avons rencontré des auteurs qui nous ont présenté des mécaniques de jeu intéressantes et innovantes, mais nous n'avions pas forcément d'univers qui collait. Quand on associe un concept à une série, il faut que ça ait un sens. Du coup, nous avons décidé d'éditer ces jeux inédits, surtout que nous avions en interne des concepts que nous n'arrivions pas à coller sur nos licences. C'est vrai qu'aujourd'hui, Yoka s'articule autour de ces deux axes. Sur les Tsume Fan Days 2018, nous avons présenté Saint Seiya, qui est un deck-building très qualitatif. Dans la boîte, il y a du matériel qu'on ne trouve pas en général, pour ce genre de produit. Il faut les acheter à côté, c'est par exemple le cas pour le tapis de jeu. Vu que le concept tourne autour de Saint Seiya, le jeu reprend les 12 flammes de l'horloge du Sanctuaire, représentées par des jetons magnétiques. Aussi, nous avons commandé des visuels pour les cartes, qui sont toutes « foil », autrement dit brillantes. En terme de collection, c'est un beau jeu.

Pour les créations originales, nous avons Arkans, Orodeloro et d'autres créations à venir. Pour le coup, c'est du jeu inédit. Nous sommes ainsi créateurs de jeu, mais aussi distributeurs. On les vend en direct sur les salons, mais aussi sur notre site internet.


La grosse annonce des Tsume Fan Days 5, c'était l'ouverture d'un département éditorial. Peux-tu nous en dire plus ? Nous le présenter ?

Sébastien Agogué : Je pense que la raison fondamentale de cette nouvelle branche de Tsume, c'est parce que Cyril a toujours de nouvelles idées, il ne s'arrête jamais. Au fur et à mesure de son chemin professionnel, il s'est rendu compte que ce qu'il voulait vraiment faire, c'était créer. Il a commencé par vendre des produits, mais ça ne lui suffisait pas alors il a tenté de créer un lien avec les fabricants, avant de vouloir les fabriquer lui-même. Puis en créant des statuettes basée sur des licences, il s'est rendu compte qu'il avait des univers en tête qu'il voulait explorer, pour ensuite avoir le plaisir d'inventer des figurines autour de ces univers inédits qui lui correspondaient.

Aujourd'hui, nous avons deux univers présentés : Imperium Circus, et Ragnafall. Trois personnes sont derrière Imperium Circus : Romain Dall Armellina, un jeune scénariste talentueux, Guillaume Lapeyre sur les personnages et Alexandre Desmasias sur les décors. Ils sont connus pour avoir travaillé sur des BD comme La Brigade Temporelle et City Hall. Pour Ragnafall, c'est Cyril qui est au scénario, tandis que le dessin est assuré par Shizuha, un dessinateur connu pour un titre encore peu connu (ndt : D'Encre et de Feu, aux éditions H2T, sous le nom d'artiste KTA). Le titre risque d'exploser car Shizuha travaille sur Ragnafall depuis dans ans, et il a pris un level-up de dingue. Le but, c'est de faire du manga dans le sens où on le créer à la façon manga, avec un suivi éditorial poussé. La différence fondamentale entre du manga et la BD, c'est que l'auteur de bande-dessinée vient proposer une série à un éditeur. Il y a, bien-sûr, quelques réunions de temps en temps, mais on le laisse globalement faire en tant qu'artiste, sans intervenir. Au Japon, l'auteur travaille main dans la main avec l'éditeur pour un suivi dynamique, il y a un vrai travail quotidien. C'est ce qu'on essaye de faire sur notre pôle édition, c'est pour ça qu'on œuvre dessus depuis 3 ans.

Avec ces deux projets, vous avez présenté deux mondes : Ragnafall avec un univers nordique, et un thème plus steampunk avec Imperium Circus. On sait que la première série a été fortement poussée et concoctée par Cyril Marchiol, mais peux-tu nous parler davantage du deuxième projet ?

Sébastien Agogué : Plus qu'un univers steampunk, Imperium Circus est une série qui tourne autour du cirque. Ce n'est pas un hasard si le mot apparaît dans le titre. (rires)

L'idée était de développer un univers où le cirque dirige l'économie, comme une sorte de Pègre. Un peu comme dans Naruto où les ninjas sont dominants, quand un cirque s'installe en ville, il a tous les pouvoirs sur celle-ci. Cela entraîne des duels pour le contrôle des villes : quand tu débarques dans une ville avec ton cirque, tu peux défier celui qui dirige la localité. Ça sera un monde de pouvoirs, bien que cette magie ne soit qu'effleurée dans le tome zéro. Mais cet extrait montre un univers riche et travaillé, on est sûrs de la direction qu'on prend.


Nous avons vu des annonces de grosses figurines, dont des bustes assez énormes. On pouvait s'attendre à des bustes à taille assez classiques, mais ils sont finalement à échelle réelle. D'où vous est venue cette envie ?

Sébastien Agogué : Depuis les Tsume Fan Days 3, on fait de la taille réelle en interne. On avait réalisé Piccolo et les Saibaimen à cette occasion, puis un cafard de Terra Formars et Saitama de One-Punch Man pour Tsume Fan Days 4, sans parler des tombes d'Ace et de Barbe Blanche. Faire de la taille réelle nous bottait bien. On réfléchissait à créer un type de produits différents, d'autant plus que beaucoup de choses sont arrivées au même moment et ont abouti aux produits actuels. C'est à dire que même si on aime les univers de l'animation japonaise, des gens aux inspirations et aux aspirations différentes ont intégré l'équipe. Entre autre, Maxime vient de l'univers du cinéma et souhaitait offrir sa vision. Nous avons ainsi pensé des bustes à taille réelle, et avons notamment dévoilé la licence Predator. C'était la première fois que nous faisons du cinéma américain. D'autres projets de bustes sont à prévoir, car il s'agira bien d'une gamme et non d'un produit one-shot.

Ces bustes sont produits au Luxembourg car il est question de créer des statuettes de haute qualité, fabriquées à la main, et personnalisées. Nous assurons aussi un suivi, permettant au client de voir les étapes de la création du buste. Au niveau des matériaux, nous mélangeons ce que nous avons à notre disposition, sans nous fixer de limite. On sort du cadre de la résine basique pour aller chercher quelque chose d'innovant et d'intéressant. Si on peut ajouter de l'électronique ou de l'animatronique, alors on se posera la question. On souhaite faire de la création sans limite. Évidemment, le prix des bustes sera en rapport. Mais le but est de faire un produit unique. Il faudra bien qu'on ne perde pas d'argent sur cette gamme.

Vous avez aussi dévoilé des figurines plus classiques. Par exemple, avec la Gaara récente, on voit que vous cherchez à innover les fabrications.

Sébastien Agogué : Complètement, on essaie d'innover dans les techniques de sculpture. Gaara est la première statuette qu'on a travaillé chez Tsume, c'était aussi la plus limitée. Aujourd'hui, des gens viennent nous la réclamer. Gaara était un produit limité alors, forcément, ceux qui l'ont acheté à l'époque seront dégoûtés si on en produit produit de nouveau la statuette. Donc, nous nous sommes dit que les Tsume Fan Days 5 était l'occasion de refaire le produit. On avait alors demandé, lors de l'édition précédente, quel type de statuette les gens aimeraient. Le concept qui a émergé, entre autre grâce à un lobbying intense de Cyril, était un Gaara protégé par le sable. C'est une technique avancée de Naruto Shippuden où le sable prend la forme de la mère du personnage pour le protéger. Ça correspond vraiment à des valeurs fortes pour Cyril, qu'on retrouve notamment dans Ragnafall. C'est aussi une scène qu'on voit au tout début de Dragon Ball Z, quand Gohan brise la capsule pour protéger son papa de Radditz. Ce sont des scènes fondatrices qui marquent, ce n'est donc pas un hasard que Cyril pense une statue qui véhicule ce genre d'émotion.

On peut présenter la statuette comme une version 2,0 de la Gaara d'origine. On veut montrer le chemin qu'on a parcouru en 8 ans, du point de vue technique. Sur le rendu du sable, on a développé une pratique différente en apportant du vrai sable. On souhaite aussi montrer l'évolution de la réflexion derrière les concepts. A l'époque, nous avions déjà des idées efficaces, mais on veut aujourd'hui aller chercher une émotion plus ou moins intense qui caractérise le personnage.


Au bout de combien de temps un client qui commande une figurine la recevra ?

Sébastien Agogué : Présenter une figurine aux Tsume Fan Days, ce n'est pas forcément la mettre en précommande. Quand celles-ci sont lancées, tout va dépendre de la spécificité de l'objet. En prenant une fourchette assez large, l'expédition prendra entre 8 et 16 mois.

Les statuettes présentent énormément de spécificités. Travaillez-vous toujours avec les mêmes usines pour les produire, ou renouvelez-vous vos prestataires ? Comment se déroule cette partie de la fabrication ?

Sébastien Agogué : Il y a un peu des deux. Évidemment, c'est compliqué de trouver des partenaires avec qui travailler en Chine. Un produit compliqué n'intéressera pas forcément, du fait de la production infernale à gérer. Un autre projet leur offrira moins de marge, mais la production sera plus simple. Puis, quand on trouve un partenaire ouvert, on a envie de travailler avec. Il y a donc une recherche permanente de nouveaux partenaires. Il y a de tout, mais je ne peux pas trop entrer dans les détails.

Vous avez aussi augmenté les tirages. De 400 figurines au départ, certaines sont produites à 2000 exemplaires. Le public ne se sent-il pas un peu lésé ? Y a-t-il une problématique de produits collector ?

Sébastien Agogué : Bien-sûr, on y réfléchit. Maintenant, nos tirages moyens se font entre 2000 et 2500. Le plus gros tirage, je crois que c'est Vegeta avec 4000 pièces. Nous sommes de plus en plus connus, et on souhaite que le plus de fans possibles puissent avoir accès à nos produits. Même si nous ne sommes pas sur une économie d'échelle, le fait de davantage produire impacte un peu le prix. Si aujourd'hui nos figurines étaient tirées à 400 exemplaires, les prix ne seraient pas le même. Il faut donc trouver le bon équilibre entre contenter le plus de monde possible, et conserver cet aspect de produit limité. Il faut aussi bien voir quelque chose : quand on ne produisait que 400 pièces, on ne s'intéressant qu'à la France, aux Luxembourg, à la Belgique et aux Pays-Bas. Aujourd'hui, quand on va sur plusieurs milliers d'exemplaires, c'est que notre territoire est agrandit, notamment à l'ensemble de l'Europe, en Asie et aux États-Unis. On est plus disponibles qu'avant, mais les tirages concernant les zones précises n'ont pas changé. Par exemple, en produisant 2000 exemplaires dans le monde entier, seuls 400 concerneront la France.


Peut-on imaginer qu'au départ, Tsume n'avait les droits de distribution que pour la France ou l'Europe, et que ceux-ci ont été élargis ?

Sébastien Agogué : Ça dépend vraiment de la licence. Sur certaines, nous n'avons les droits que pour l'Europe tandis que pour d'autres, nous les avons pour le monde entier. Pour quelques une, nous avons même les droits pour le monde, sauf le Japon ! Il y a de tout. Cela influencera le tirage car plus il y a de territoires disponibles, plus il y aura de fans à qui s'adresser. Aussi, les licences n'ont pas la même popularité sur tous les territoires. En prenant par exemple une statuette Saint Seiya, on ne la travaillera pas de la même manière si on l'Europe, que si on a seulement l'Amérique du Nord. Car là-bas, Saint Seiya n'est pas connu. Un fabriquant d'Amérique du Nord ne travaillera pas son tirage de la même manière pour cette licence. En Amérique du Sud, c'est autre chose puisque Saint Seiya est culte là-bas.

On trouve de plus en plus de figurines comme celles de Tsume, c'est à dire de grande taille et très détaillées. Certaines licences sont similaires, comme One Piece ou Naruto. Vous êtes-vous préparés à ce type de concurrence ?

Sébastien Agogué : Autant dans le comics ce genre de résines existe depuis longtemps, autant je ne pense pas qu'il y ait eu grande monde à en faire pour du manga avant nous. Pour le public, c'est toujours intéressant que l'offre grandisse, surtout que ces concurrents ont récupéré des licences sur lesquelles nous ne travaillons pas. Le vrai problème que j'ai avec la multiplication des acteurs sur le marché, c'est le fait qu'il y ait énormément de bootleg, des contrefaçons. Sur ces produits, les ayant-droits comme Akira Toriyama ne toucheront rien du tout. De plus, comme ces statuettes ne sont pas officielles, il n'y a pas le contrôle de l'ayant-droits. Cela peut entraîner quelques soucis comme des éléments non raccords. Ces gens là sont dans l'autocontrôle, mais de tels produits ne peuvent fonctionner si quelqu'un au-dessus ne vérifie pas le travail. C'est une sorte de concurrence déloyale désagréable. Il y a aussi un problème de confiance : Si tu commandes un produit contrefait qui est vérifié par la douane, celui-ci sera détruit, tu paieras énormément de frais sans rien avoir au final. Enfin, si ces gens ne prennent pas la peine de déclarer leurs droits, je pense qu'ils n'auront pas la même considération que nous lorsqu'ils sélectionnent un plan de production en Chine, pays « formidable » ou on peut fabriquer ce qu'on veut et à n'importe quel prix.
Si on veut faire fonctionner le marché, il faut acheter de l'officiel. Sans parler des fabricants, ce sont les ayant-droits qui fermeront s'ils ne touchent plus de royalties.

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Petite question subsidiaire pour conclure notre interview : Parmi toutes les résines Tsume, quelles sont tes trois préférées ?

Sébastien Agogué : Sans équivoque, ma statuette préférée a pour titre « Chapitre 1 : Piccolo & Gohan », qui est la figurine montrant Piccolo qui se sacrifie pour protéger Son Gohan. Elle me plaît car je me suis beaucoup investi dans le projet, Dragon Ball Z étant ma licence de cœur. Pourquoi je cite le titre exacte ? C'est pour un détail que beaucoup n'ont peut-être pas remarqué. Le packaging de la ligne HQS de Dragon Ball Z reprend un détail type jaquette de Jump, et chaque titre de figurine est un titre de chapitre du manga. Beaucoup nomment la figurine « Le sacrifice de Piccolo ». Mais son son véritable titre est « Piccolo & Gohan », c'est parce que le chapitre a ce titre, en l’occurrence. Cette résine me parle beaucoup, notamment en ce qui concerne le discours de Piccolo dans le manga, qui me met à chaque fois les larmes aux yeux. En numéro deux et trois... Je dirais Saga de Saint Seiya, parce que je suis Gémeau, puis Naruto sur Gamakichi que je trouve très chouette, et qui va bien avec Naruto & Kurama que nous avons récemment dévoilé.


Remerciements à Sébastien Agogué pour la rencontre.
  

commentaires

Matsax

De Matsax [39 Pts], le 11 Mai 2019 à 19h46

Et le cas goldorak... on en parle pas les gars??

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