Chronique Ciné Asie - First Love, le dernier Yakuza- Actus manga
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Ciné-Asie Chronique Ciné Asie - First Love, le dernier Yakuza

Samedi, 18 Janvier 2020 à 14h00 - Source :Univers Ciné Asie

Voici déjà près de 30 ans que Takashi Miike a entamé sa carrière de réalisateur. Au fil du temps, le cinéaste a obtenu une sorte d'aura, un statut de réalisateur culte, aux influences multiples, mais dont on retient le plus souvent les parts les plus violentes et transgressives. C'est ne particulier depuis la fin des années 90 et le début des années 2000 que son statut de cinéaste culte s'est envolé auprès de toute une tranche de spectateurs, avec des films comme Audition ou Ichi the Killer (adapté du manga éponyme) ou la série live MPD Psycho (là aussi adapté du manga du même nom). Mais malgré sa notoriété et son côté extrêmement prolifique (il nous offre chaque année un petit lot de réalisations pas uniquement en films ou en série d'ailleurs puisqu'il a travaillé aussi sur des pièces de théâtre), il est plutôt rare de voir ses oeuvres arriver dans les salles obscures françaises. Alors quand, le 1er janvier dernier, sort dans nos cinémas l'un de ses derniers films en date grâce au distributeur Haut et Court, on ne peut qu'être curieux ! D'autant que First Love, le dernier Yakuza (simplement nommé Hatsukoi en vo) regroupe un peu tout ce que l'on peut aimer dans la part la plus fun et régressive du maître Miike.

  

D'un côté, Leo, un jeune boxeur coaché avec rudesse par son manager, mais promis à un brillant avenir tant ses talents semblent évidents. Pourtant, quand il se fait mettre facilement KO par un adversaire réputé faiblard, c'est le début du doute pour lui, puis de la descente aux enfers lorsque son médecin lui affirme avoir dénicher dans son cerveau une tumeur trop délicate à opérer. C'est sûr, il n'en a plus pour longtemps, alors plus grand chose n'a désormais de sens pour lui, il s'en fiche de tout et se met à errer sans but dans les rues de la ville, allant jusqu'à engueuler un voyant lui affirmant qu'il a toute la vie devant lui.
De l'autre côté, Yuri, alias Monika. Battue par son père dans sa jeunesse, fugueuse, victime d'hallucinations, elle est devenue une jeune toxicomane, "recueillie" par le petit malfrat Yasu et sa copine Juli qui l'obligent à enchaîner les passes pour qu'elle rembourse les dettes du paternel. Une pauvre camée n'ayant eu aucune chance dans la vie.
Quand Otomo, un flic véreux, et Kase, voulant doubler ses supérieurs yakuzas, décident de s'allier pour récupérer un sac de drogue à leur propre compte, et que pour ça ils font croire que Monika est leur mule, tout est voué à partir en vrille. Un coup de poing instinctif dans la face du flic, et voici que Leo, complètement paumé, se retrouve avec sur les bras l'autre paumée, Monika. Il ne comprend pas trop ce qui se passe, mais vu qu'il n'a plus rien à perdre, il protégera cette pauvre fille des gens qui la poursuivent... C'est-à-dire Kase, Otomo, Juli, et un peu tous les yakuzas des environs dont le gang chinois rival.

  

Les 10-15 premières minutes du film sont avant tout une mise en place presque posée de la petite histoire, avant que les choses ne prennent progressivement du rythme et de l'ampleur pour aller toujours plus loin. Le schéma est donc on ne peut plus simple, le pitch aussi, mais on sait à quel point Miike peut être efficace à partir d'une base pareille, et il ne s'y trompe pas: plus on avance dans cette course-poursuite improbable où Monika est traquée pour rien, plus ça se bastonne, ça pétarade, ça meurt à coups de balles, de sabre et de nombreuses autres joyeusetés (on vous laisse découvrir ça, miam), tout le monde finissant par affronter tout le monde dans de belles giclées de jus de myrtille et un bordel parfaitement orchestré, avec un petit paquet de bonnes idées de mise en scène et un rendu parfois volontairement cheap pour accentuer le fun déconnecté (jusque dans cette séquences d'animation de quelques dizaines de secondes en mode "on n'a pas de budget" au moment de la cascade en voiture la plus ample).

  

Ne se prenant jamais au sérieux, le long-métrage s'autorise bon nombre des petits excès qu'affectionne Miike: morts sales, méchants parfois tellement méchants et têtes à claques qu'ils en deviennent géniaux et presque attachants dans leur genre (mais qu'on a quand même envie de voir morfler, n'est-ce pas Kase ?), jeu d'acteur surjoué et excessif juste comme il faut (mention spéciale à la vengeresse Juli, ultra badass dans son désir obsessionnel de dégommer Kase), courses-poursuites à la tournure improbable, moments délirants et hallucinés toujours plus fous comme quand certains se battent, sous l'emprise de la coke...

  

Chacun est bien dans son rôle et contribue à rendre ce spectacle fun à souhait, d'autant plus que l'humour, tantôt noir tantôt décalé, est omniprésent et passe par beaucoup de choses: le surjeu, le décalage (comme ces scènes où Yuri voit en hallucinations son père en slip dans des lieux publics), la façon dont tout le monde s'entretue autour des deux héros sans qu'ils y comprennent tout, la violence parfois on ne peut plus absurde (il faut voir cette scène où un certain personnage se fait démembrer en ne sentant rien puis en se marrant car il est sous l'emprise de la coke), le fait que toutes ces morts soient au final génialement vaines, la pointe de cynisme qui finit par arriver concerne la fameuse tumeur de Leo (mais au moins, ça l'a réveillé, et derrière il affiche une conviction classe)...

  

Vous l'aurez compris, First Love, le dernier Yakuza remplit très facilement son cahier des charges, pour qui aime le Takashii Mike régressif, transgressif, excessif, violent et pas sérieux. On pense à du Tarantino dans le ton, mais avec moins de profondeur et sans les longues phases de dialogues parfois presque HS. Du très bon divertissement bien cool et généreux, en somme.
  

L'avis du chroniqueur
Koiwai

Samedi, 18 Janvier 2020
15.5 20

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