Chronique Anime - Tanya the Evil Le Film- Actus manga
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Dvd Chronique Anime - Tanya the Evil Le Film

Samedi, 21 Septembre 2019 à 14h00 - Source :Chronique Anime

Lancé le 8 février 2019 au Japon, le film d’animation Tanya the Evil produit par le studio NuT vient de sortir sur la plateforme Crunchyroll le 13 septembre dernier. Une sortie qui faisait suite à une diffusion en avant-première lors de l’édition 2019 de Japan Expo.

Suite directe de la série animée de 2017, le 203e bataillon de mages impériaux commandé par le Major Degurechaff continue de combattre les républicains dans le désert du contient africain. Mais par le tumulte occasionné par l’hégémonie de l’Empire, la Fédération active ses plans d’invasion, un nouveau front s’ouvre et Tanya se retrouve de nouveau en première ligne, sans se douter du danger que représente son nouvel ennemi et des interventions intempestives de l’Etre X.


Le film rattrape déjà un certain retard en ce qui concerne les personnages secondaires, seulement survolés au cours de la série. Et bien que l’on retrouve de prime abord la dévotion sans faille du capitaine Weiss, on le voit fêter généreusement une victoire avec ses compagnons d’armes, Grantz, König et Neumann. Un traitement plus humanisant que de simples machines à tuer ; ils doutent, ils rient, ils se démènent à vouloir donner une victoire éclatante pour l’Empire et pour leur commandant. Alors, les retrouver autour d’une pinte après un âpre combat, on ne peut que se satisfaire de les voir décompresser. De la même manière, Visha retrouve ses manies habituelles de la simplette mais qui est redoutable dans les cieux lorsqu’elle accompagne Tanya. A cet égard on peut noter la référence subtile aux ONA Youjo Shenki qui avait installés lors d’un épisode le jeu diabolique de Visha aux parties de cartes, par deux reprises elle continue son grand chelem de victoires sans difficultés.

Mais c’est surtout pendant les scènes de combats que les différents subalternes du 203e sont mis à l’honneur. Chacun y trouve son coup d’éclat puisque la moindre petite action cumulée permet de remporter la victoire tant désirée. Tanya quant à elle rayonne par ses actions d’As, que ce soit par l’utilisation de son Elenium 95 quand la situation l’exige, que pour sa maîtrise des déplacements de combats, ou de ses pirouettes audacieuses, résultat de son expérience au sein du corps des mages volants de l’Empire. Mais cette expérience est mise à rude épreuve par l’arrivée d’un nouvel antagoniste, à savoir Mary Sioux, fille du défunt colonel qui par deux reprises a confronté Tanya en combat singulier. On est rapidement briefé sur l’affinité magique, voire divine, de Mary qui est désormais adjudant au sein d’un régiment de volontaires internationaux ; tout autant que la croissance morphologique indécente du personnage par rapport à sa version de la série animée. Motivée uniquement par son désir de vengeance, elle pourtant tiraillée entre ce but ainsi que son devoir de soldat. Elle qui souhaite protéger ses camarades en voulant combattre l’Empire, les mets par la même occasion en danger par son égoïsme criard de se focaliser sur la Named du Rhin. Pourtant il n’y a pas que ce personnage qui se retrouve tiraillé, le meilleur exemple reste Tanya qui est soudainement en proie au doute quant aux événements de l’instant. Inutile de penser à un poste bien au chaud à l’arrière lorsque la Fédération lance son offensive, et l’intrusion de Mary contrecarre légèrement les plans des Ailes d’argent. Elle remet en doute sa stratégie, ses options de survie.


D’autre part, l’un des points forts du film c’est son immersion prenante dans l’univers de Youjo Senki. On retrouve l’atmosphère de la série animée en ce qui concerne l’aspect stratégique. Bien que Rerugen soit moins présent à l’écran, c’est par le biais de Tanya que la tactique militaire se joue. Que ce soit par ses plans d’invasion de la Fédération ou par ses explications de la tactique de l’ennemi et comment renverser la situation en prenant un point stratégique avec peu de pertes alliés. On dévoile aussi de manière plus intensive les différents facettes de la tactique comme prendre en compte la reconnaissance sur le front, gérer sa logistique pour ne pas tomber en rade de ravitaillement, préparer une offensive en important à l’avance des éléments d’artillerie ou de soutien aérien. Ainsi on comprend rapidement le doute de Tanya lors de la bataille de Tiegenhoff ; alors que l’ennemi ne dispose pas d’unités de mages a proprement parlé, il dispose cependant d’une supériorité numérique ainsi qu’un soutien au sol efficace, ce qui a le malheur de provoquer des pertes chez le défenseur impérial.

Youjo Senki a très tôt implanté une ambiance religieuse, plus encore dans le monde alternatif dans lequel notre salaryman s’est réincarné. Le film continue sur cette lancée en donnant de nombreuses images religieuses et de manière subtile. Déjà on peut noter le vitrail de l’Eglise du prologue se déroulant dans le futur représentant très clairement la « Onzième Déesse » brandissant son glaive contre les pêcheurs. Rajouté à cela la conclusion d’un combat central en pleine cathédrale donne du sens à la dimension divine de Tanya et de Mary. Chacune étant investie de l’essence de la foi, une malédiction pour la première et un miracle pour la seconde. Et de manière encore plus anecdotique mais qui vaut son pesant d’or, c’est l’image angélique de Tanya par la superposition de son corps avec celui d’une statue de déesse à laquelle manque l’une de ses ailes ; un symbole frappant d’une As qui perd de sa combativité, ce qui est par extrapolation une image d’un Empire qui s’essouffle dans son hégémonie.

L’autre message qui ressort du film c’est sa morale autour de l’absence d’émotions dans une guerre. Difficile de concilier intérêt général et ambitions personnelles ; même pour Tanya qui voit ses efforts d’obtenir une place douillette à l’arrière réduits à peau de chagrin. On en revient alors au dilemme de Mary qui rentre dans ce canevas. En cela les officiers espèrent déshumaniser les soldats, leurs éviter de ses créer une fausse raison de combattre, qu’ils ont des doutes quant à leur but dans cette guerre. C’est peu ou prou le même message que véhicule l’épisode 8 de la série animée centré sur le personnage de Grantz lors des combats d’Arène : inutile de penser à la moralité de nos actions, il faut faire le boulot et de manière efficace pour écourter au mieux notre présence sur ce champ de bataille.
Pourtant, on peut noter un léger défaut, c’est le côté fanservice du film du fait qu’il est avant tout adressé aux lecteurs du Light Novel, du manga et aux spectateurs de la série animée. Le film prend beaucoup de choses pour des acquis primordiaux comme la Grande Guerre qui se déroule sur le continent, l’expérience gagnée du 203e ou par l’ingérence continuelle de l’Etre X dans les projets de Tanya, sans compter l’introduction de Mary qui fait suite à l’épilogue de la série animée.

Côté technique, l’animation est propre, NuT nous donnent des scènes d’actions énergiques avec des combats urbains plus léchés que ceux d’Arène. Des plans de caméras audacieux reflètent la vitesse et la puissance des mages ; avec notamment des plans centrés sur le lancement des sorts comme la transformation de la balle conventionnelle en balle infusée d’une magie explosive. Étroitement lié, le travail du son est de bonne facture, hérité de celui de l’animé, le traitement des explosions à la limite de la saturation renforce l’énergie que peut provoquer une déflagration pour une oreille humaine. Au final pour ce qui touche aux mages, on note rapidement la qualité d’immersion comme pour leurs déplacements, le son d’une balle propulsée, tout en ayant la justesse historique de l’équipement militaire. A la différence des fantaisies du manga, on est en face d’une œuvre qui se veut « réaliste » quant au background de l’univers. Les chars d’assaut sont bien choisis pour correspondre à l’époque et au belligérant : Panzer III pour les impériaux, BT-7 pour les fédéraux soutenus par des Polikarpov I-16. De même pour l’aspect politique de l’univers qui se confirme par l’introduction de la sphère communiste. Ainsi, Staline et Beria sont représentés ici par Josef et Loria, et la Fédération reprend certaines caractéristiques de l’Union Soviétique comme le système des purges qui touchent ici les mages, considérés comme déviants, ou comme la confiance aveugle dans le parti pour lequel on est prêt à sacrifier des milliers d’hommes pour satisfaire les commissaires du peuple.

Enfin, il est agréable de retrouver Aoi Yuki en tant que voix pour le Major Degurechaff. Son doublage est toujours aussi singulier et plaisant ; les petites touches de folies de la Tanya joviale, le doute dans ses raisonnements de logique face à tel ou tel mouvement de l’ennemi, tout en gardant l’esprit d’une jeune fille. Aussi elle renforce davantage certaines mimiques quand on pense au dégoût ou à un brusque réveil. Tout cela donne une douce fragrance d’un personnage toujours tourmenté par les perfides intrusions de l’Etre X sur sa tranquillité relative.

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