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Dvd Nouvelle rencontre avec Akemi Takada

Mardi, 07 Août 2018 à 17h00 - Source :Rubrique Interviews

Il y a des artistes que l'on ne se lasse pas de rencontrer, et Akemi Takada en fait partie. Après Paris avec Japan Expo en 2009 et Paris Manga en 2013, puis Namur en Belgique avec Rétro made in Asia en 2016, cette grande dame du character design était une nouvelle fois présente non loin de chez nous, à Tours, à l'occasion du salon Japan Tours Festival. Ce fut l'occasion pour nous de la rencontrer une nouvelle fois !


Akemi Takada, merci d'avoir accepté cette interview. C'est déjà la 4e fois qu'on a l'honneur de vous interviewer, et c'est toujours un plaisir. On sait que vous adorez l'Art nouveau et que ce style vous a influencée, avec des peintres comme Alfons Mucha. Qu'est-ce qui vous attire et vous intéresse exactement dans l'Art nouveau ?

Akemi Takada : Je me souviens de vous ! (rires)

J'adore l'Art Nouveau parce que les traits dégagent beaucoup de douceur, et les couleurs sont très romantiques. Notamment chez Mucha. Que ce soit en peinture ou en sculpture, on n'y voit que la Beauté.

Au Japon, la première fois qu'une peinture de Mucha est arrivée, c'était un immense tableau représentant des filles, et c'était la première fois que ce tableau allait à l'étranger. Quand j'ai vu la force qu'il a mise dans ce tableau, j'étais très impressionnée.

Au tout début de votre carrière, sur des séries comme Ippatsu Kanta-kun, Gatchaman II, Gatchaman Fighter, ou Tondemo Senshi Muteking, vous avez eu l'occasion d'être animatrice, intervalliste... Dans quelle mesure ces premiers travaux vous ont permis de mieux vous former aux métiers de l'animation ?

Moi, quand j'étais toute petite, je rêvais surtout d'être mangaka. Mais comme j'ai commencé à travailler au studio Tatsunoko pendant quatre ans et demi, j'ai finalement appris un autre métier : le character design. Les autres petits postes occupés m'ont surtout amenée vers la voie du chara design.
  
  
  
La première œuvre où on vous a vraiment confié le character design est Kaitei Daisensô en 1981. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?

J'étais la dernière arrivée à la Tatsunoko, donc bien sûr je ne pouvais pas faire de grands travaux, et à chaque fois que je faisais du character design ce n'était pas sur des personnages importants, mais plutôt sur des visages secondaires et voués à ne pas rester longtemps à l'écran.

Sur Kaitei Daisensô, c'était la première fois que je pouvais tout faire. Je pouvais dessiner tous les personnages. Vous savez, moi j'ai appris pas mal de choses avant sur d'autres travaux, et ça m'a fait plaisir de voir mes efforts récompensés et de pouvoir retranscrire pleinement les techniques de dessins que j'avais apprises.


Votre design de Madoka Ayukawa, l'héroïne d'Orange Road, a inscrit la demoiselle parmi les personnages les plus aimés de toute une génération. Pourtant, votre design du personnage peut parfois sembler assez éloigné de celui du manga d'origine. A l'époque, dans quel état d'esprit avez-vous élaboré le design de Madoka ? Aviez-vous des consignes spécifiques de l'équipe ou du mangaka d'origine, Izumi Matsumoto ?

Quand il y a déjà une œuvre d'origine, moi je commence par tout lire et je vais bien observer tous les détails. C'est complètement différent d'un travail de création complète, comme pour Creamy Mami qui était un anime original.

Après, je choisis quelques visages qui sont pour moi les meilleurs, et je les copie de très nombreuses fois en changeant un petit peu la tête, le sens... Une fois que je suis satisfaite et qu'à force de dessiner les visages sont bien ancrés en moi, le dessin devient automatique et ressort naturellement. C'est ce dessin-là que je remets à l'animateur, et celui-ci va pouvoir le modifier facilement si nécessaire pour qu'il soit bien adapté à l'animation.

C'est beaucoup de travail, mais en quelque sorte j'apprends par cœur jusqu'à ce que les designs sortent naturellement de mon crayon.

Concernant Izumi Matsumoto, je l'ai rencontré juste au tout début, et après je ne l'ai jamais revu, parce que dans l'animation c'est avant tout avec l'équipe de la série et le réalisateur que je dois travailler.
  
  
  
Tout à l'heure vous évoquiez votre rêve d'enfance de devenir mangaka. Et justement, en 2008, vous avez pu en partie réaliser ce rêve en dessinant le manga Princess Collection. Comment avez-vous ressenti cette expérience dans le manga ?

Quand j'ai travaillé sur Princess Collection, j'étais contente d'être devenue character designer, parce que dessiner tout le temps du dessin de manga et une histoire, c'est tellement fatigant (rires).

Dans l'animation, une fois que j'ai créé le character design et que je le donne à l'animateur, j'ai fini le plus gros de mon travail mais il me reste encore des petites choses à faire par la suite, comme des illustrations pour les sorties en DVD ou pour des OAV, et ça ça me plaît. L'histoire, je n'y touche pas, et c'est mieux pour moi.


Dans le domaine du character design vous avez eu l'occasion de travailler sur des comédies romantiques (Orange Road, Maison Ikkoku...), et sur des œuvres plus matures (Julie et Stéphane, Patlabor...). Entre ces différents types d'oeuvres, dans quelle mesure devez-vous adapter votre style ?

Avant Patlabor, je faisais des choses plus fantaisistes. C'était un vrai challenge pour moi de dessiner de la vie quotidienne dans un futur proche. Tout était nouveau à mes yeux. Bien sûr, j'ai hésité quand on m'a proposé le character design de Patlabor, mais le dessin du mangaka d'origine Masami Yûki m'a beaucoup attirée, m'a motivée et m'a donné l'envie de créer de nouveaux caractères. C'est un challenge qui m'a appris plein de choses.
  
  

On associe parfois votre nom à un terme très en vogue depuis plusieurs années : « kawaï ». Qu'en pensez-vous ? Avec des personnages mignons comme Creamy ou plus récemment Coco & Nico, pensez-vous que le terme « kawaï » colle bien à votre style ?

Moi je suis contente que vous me disiez que mes dessins évoquent des choses « kawaï » ! Si je peux vivre avec mes dessins kawaï toute ma vie, ce serait super.


Interview réalisée par Koiwai. Remerciements à Akemi Takada, à son interprète, et au staff de Japan Tours Festival.
  

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