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Manga Chronique Manga - Lyla et la bête qui voulait mourir

Samedi, 10 Novembre 2018 à 12h00 - Source :Chronique Manga

Ki-oon apprécie les expériences originales, les titres nous faisant voyager, rêver, frissonner également, explorant tous les styles, tous les genres, de l'action bête et méchante, à des titres beaucoup plus profonds en passant par des tranches de vie ou encore des thrillers horrifiques, bref il y a largement de quoi faire!
Avec "Lyla et la bête qui voulait mourir" (ce titre est beaucoup trop long!), nous allons explorer un nouvel univers à la fois sombre et onirique, nous offrant de nombreuses promesses!
Issu de la collaboration de deux auteurs que nous découvrons avec ce premier opus, le titre nous surprend dès ses premières pages et va nous entraîner dans un voyage initiatique étonnant de deux être que tout sépare...ou presque!


Aron est une chimère, ces créatures humanoïdes mi homme mi-animal sont rejetées par la société, elles vivent de façon marginale, représentant la caste la plus basse de ce monde où règne la violence et la corruption! Mais Aron, n'a pas une vie ordinaire, il "appartient" à un puissant parrain, vivant dans une cage, et ne sortant que pour exécuter les basses besognes, à savoir le plus souvent éliminer ceux qui dérangent son patron! Mais Aron, vivant coupé du monde a conservé malgré ses meurtres, la mentalité et la réflexion d'un enfant, son seul échappatoire à cette triste vie est un livre lui permettant de s'évader dans ses rêves.

Un jour on lui demande d'exécuter un homme ayant déplu à son "maître", il va massacrer la famille à l’exception de Lyla, une jeune fille jurant de se venger! Mais alors qu'il découvre l'enfant, Aron croit reconnaître en elle la petite fille de son livre de conte et s'enfuit avec elle, car elle est selon lui celle qui pourra lui apporter la paix en le tuant. Se rendant bien compte que Lyla est faible il décide de faire d'elle une fille forte afin qu'elle puisse justement réaliser son vœu de le tuer. De son côté Lyla souhaite effectivement la mort de la créature qui a tué ses parents, mais à son contact va réaliser qu'il adopte des réactions enfantines et n'est autre qu'un instrument non responsable de ses actes... Ensemble ils vont partir à la recherche de l'auteur du livre d'Aron afin de trouver l'endroit où ce dernier souhaite mourir et où Lyla pourra assouvir sa vengeance!


Entre le titre et le design d'Aron qui apparaît sur la couverture du premier tome, on pourrait être tenté de faire un rapprochement un peu rapide avec des titres tels que "The ancient magus Bride" ou "L'enfant et le maudit"...on pourrait croire qu'on y trouverait une dimension onirique et poétique...mais l'entrée en matière nous jette au visage une violence et une sauvagerie particulièrement étonnante et troublante! Pourtant ignorer la dimension onirique des contes du titre serait une erreur, d'une part parce qu'on y retrouve des créatures fantastiques tout droit issues de ces fameux contes, mais aussi et surtout parce que l'ensemble des réactions d'Aron le conduisant à se retrouver seul avec Lyla, sont entraînées pas un livre de conte qui permet à cette pauvre créature de s'échapper de cette vie de violence! Ainsi d'emblée les auteurs opposent deux visions diamétralement opposées: la réalité froide, violente et injuste (car quoi de plus injuste que de perdre ses parents sans comprendre pourquoi?) à la rêverie du conte dans lequel se transpose Aron, une histoire où la mort n'est pas violence, mais délivrance! Dans ce monde où les chimères vivent en marge de la société, les auteurs prennent le parti de nous présenter le personnage principal comme un monstre! D’emblée, dès sa première apparition, dès les premières pages de ce premier tome, on le découvre en train de massacrer une autre créature sans la moindre émotion, il tue de manière mécanique, comme si c'était profondément ancré dans sa nature profonde!


Mais cette vision sombre et morbide de Aron va être déconstruite tout au long de la série, en premier lieu quand on le découvre enfermé dans sa cage, maltraitée par ses geôliers contre lesquels il ne se rebelle pas alors qu'il pourrait aisément les éliminer, traité comme un chien par son "maître" qui ne le voit que comme un outil bien pratique... A partir de là la question se pose: qui sont les monstres et qui sont les victimes?
De son côté Lyla nous est tout d’abord présentée comme une fille emplie de colère et de haine, souhaitant plus que tout la vengeance...comment pourrait-il en être autrement après avoir assisté à la mort de ses parents des mains d'une créature? Mais ses sentiments vont peu à peu évoluer, en même temps que ceux des lecteurs, au contact de cette pauvre créature, ne possédant aucune conscience du bien et du mal, qui n'aspire qu'à mourir, non pas pour expier ses fautes qu'il ne comprend pas, mais tout simplement pour être libéré de sa souffrance.

Au gré de leur périple, la relation entre nos deux héros va évoluer pour devenir de plus en plus ambiguë; malheureusement quatre tomes c'est bien peu pour développer grandement cette relation et son évolution, d'autant que les auteurs se perdent dans des péripéties qui ralentissent le rythme et ne servent pas l'intrigue. La relation de ces deux êtres solitaires est clairement la pierre angulaire du récit et on regrette que des éléments "perturbateurs" viennent parasiter cela, on pense notamment au second tome, dont l'intégralité nous propose une histoire parallèle sans grand intérêt...


Si le contraste entre la violence de certaines situations (qu'elle soit visuelle ou psychologique) et l'émotion distillée tout au long de la série en fait une lecture vraiment saisissante et particulièrement séduisante, le titre subit trop de baisses de rythme et va se perdre dans des intrigues qui ne servent pas à grand-chose; avec malheureusement trop souvent des facilités scénaristiques et des hasards bien trop pratiques.
Mais le final de la série vient gommer tous ses défauts avec une conclusion frappante et touchante, certes quelque peu prévisible, mais tellement forte!

Le trait de Eziwa Saita se veut très spécifique et contribue davantage à nous plonger dans un monde plus onirique que violent, le trait est en effet très enfantin et il faut le reconnaître semble presque amateur par moment. Une série intéressante qui après un départ plus que séduisant vient nous décevoir, mais qui se rattrape grandement dans sa dernière partie!

L'avis du chroniqueur
Erkael

Samedi, 10 Novembre 2018
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© Asato KONAMI 2017 ©Eziwa SAITA 2017 KADOKAWA CORPORATION

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