Ciné-Asie Chronique cinéma - Burning
Burning a assurément fait du bruit à sa sortie. Sélectionné à Cannes, le dernier film de Lee Chang Dong est déjà annoncé par Télérama comme "sa palme d'or" personnel. L'adaptation coréenne du roman de Haruki Murakami vaut-elle donc tous ces honneurs ? C'est ce que nous allons voir maintenant.
Lors d’une livraison, Jongsu, un jeune coursier, retrouve par hasard son ancienne voisine, Haemi, qui le séduit immédiatement. Celle-ci lui confie alors son appartement et surtout son chat le temps d'un voyage à l'étranger.
De retour d’Afrique, Haemi revient accompagnée de Ben, un garçon fortuné et mystérieux. Alors que s’instaure entre eux un troublant triangle amoureux, Ben révèle à Jongsu son étrange secret. Peu de temps après, Haemi disparaît…
La première chose à dire de ce film, c'est qu'il est long, 2h30. En sachant qu'il faudra bien une bonne heure et demie pour instaurer le climat de tension entre le mystérieux Ben et Jongsu, cela parait interminable. Bien que le personnage d'Haemi soit très sympathique et sans doute un des points forts du film, on est bien contente de la voir disparaître pour que l'intrigue avance enfin. Ce qui ne sera jamais vraiment le cas. Car oui, si vous pensiez voir un thriller psychologique, passez votre chemin. Les trois quarts du film sont là pour installer les personnages et le prétendu mystère s'installe vraiment une bonne demie-heure avant la fin. Si tant est qu'il y ait vraiment un mystère. Celui-ci finit plus comme un pétard mouillé qu'autre chose d'ailleurs.
Deuxième gros problème de ce film : le personnage principal. Tout le long du visionnage, on aura l'impression de suivre une sorte de benêt spectateur de sa propre vie. Jamais il ne prend la moindre initiative et il se contente de se laisser diriger par ceux qui l'entoure. Dans un premier temps, Haemi, puis son père et enfin Ben. De plus, le film passe son temps à nous le montrer sous un jour défavorable, il est impossible de ressentir la moindre empathie pour lui. Alors quand celui-ci se décide enfin à agir, on est pas vraiment surpris de voir comment les choses finissent. Et ce qui est sûr, c'est qu'on ne peut s'empêcher de soupirer devant cette initiative malheureuse. Car rien ne justifie cet acte, surtout qu'on ne sait en aucun cas si les doutes de Jongsu étaient fondés. Peut-être qu'il ne voyait que ce qu'il voulait voir après tout ?
Et enfin le troisième gros problème de ce film évoqué plus tôt : le mystère de la disparition d'Haemi et celle du chat. Quand Jongsu va s'occuper du chat de son amie d'enfance, on ne le verra jamais, bien que l'appartement de la jeune fille ne soit contituée que d'une pièce. On verra bien sa gamelle se vider et sa litière être salie, pourtant jamais on ne verra la moindre petite queue s'agiter dans l'appartement. Puis, quand Haemi disparaît, les traces d'existence de son chat également. Ce chat existait-il réellement ? Puis on apprend qu'une histoire qu'Haemi avait rappelé à Jongsu pourrait être fausse. Elle qui était férue de mime aurait-elle pu mentir depuis le début ? Fantasmait-elle sa vie pour pouvoir y échapper ?
Tout cela aurait pu être intéressant si cela n'avait pas été traité si lentement et avec de si gros sabots. Dès la disparition d'Haemi, on se doute que la plupart des choses que l'on avait construites dans le récit seraient remises en question. Le chat n'apparaissant jamais, il serait évidemment remis en question plus tard. Quant à l'histoire qu'Haemi semble être la seule à se rappeler, c'était évident qu'elle servira à remettre en cause l'intégrité de la jeune fille.
Ce « mystère » est d 'autant plus frustrant qu'on voit de grosses ficelles se mettre en place pour n'avoir aucunes réponses claires au final. Ce sera donc à l'appréciation de chacun. Ce qui peut-être une bonne chose quand on a apprécié le film, mais aussi un goût amère dans la bouche de quelqu'un qui a subi 2h30 de film dans l'espoir d'avoir au moins une réponse claire, mais non.
Pour ce qui est des bons points du films, il faut reconnaître une réalisation impeccable au film, qui est très beau. De nombreuses scènes sont marquantes visuellement, notamment celle ou Haemi danse devant un ciel crépusculaire de toute beauté. On regrettera par contre des scènes qui semblent traîner en longueur et qui étire le film inutilement. En ce qui concerne les personnages, il faut reconnaître que ceux d'Haemi et Ben fascinent. L'une par son excentricité et l'autre par son apparente bonhomie qui semble toujours cacher quelque chose. Cette tension qui l'accompagne à tout moment fait tout le sel du long-métrage, et soyons honnête : c'est lui qu'on aurait voulu suivre, et non Jongsu. Si ces personnages sont aussi bien rendus à l'écran, c'est qu'il faut saluer le talent des acteurs, tous très bon, bien que Yoo Ah-In (Chicago Typewriter) joue le personnage principal tout simplement détestable et qu'on ait du mal à la supporter à l'écran.
Il est toujours difficile de donner un avis sur un film dans lequel on ne s'est pas immergé. Donc, pour être juste en vue de ses qualités manifestes (notamment au niveau de la réalisation) et de ses défauts, je tâcherai d'être juste dans la note. En tout cas, « Burning » est un film qui divisera. Il est lent, contemplatif et assez incertain. Si vous cherchez un bon film policier, passez votre chemin. En revanche, si vous cherchez des récits de vie avec un brin de mystère (mais un tout petit brin) et que vous êtes réceptifs à du cinéma d'auteur, vous pourrez tester « Burning » sans crainte.
Lors d’une livraison, Jongsu, un jeune coursier, retrouve par hasard son ancienne voisine, Haemi, qui le séduit immédiatement. Celle-ci lui confie alors son appartement et surtout son chat le temps d'un voyage à l'étranger.
De retour d’Afrique, Haemi revient accompagnée de Ben, un garçon fortuné et mystérieux. Alors que s’instaure entre eux un troublant triangle amoureux, Ben révèle à Jongsu son étrange secret. Peu de temps après, Haemi disparaît…
La première chose à dire de ce film, c'est qu'il est long, 2h30. En sachant qu'il faudra bien une bonne heure et demie pour instaurer le climat de tension entre le mystérieux Ben et Jongsu, cela parait interminable. Bien que le personnage d'Haemi soit très sympathique et sans doute un des points forts du film, on est bien contente de la voir disparaître pour que l'intrigue avance enfin. Ce qui ne sera jamais vraiment le cas. Car oui, si vous pensiez voir un thriller psychologique, passez votre chemin. Les trois quarts du film sont là pour installer les personnages et le prétendu mystère s'installe vraiment une bonne demie-heure avant la fin. Si tant est qu'il y ait vraiment un mystère. Celui-ci finit plus comme un pétard mouillé qu'autre chose d'ailleurs.
Deuxième gros problème de ce film : le personnage principal. Tout le long du visionnage, on aura l'impression de suivre une sorte de benêt spectateur de sa propre vie. Jamais il ne prend la moindre initiative et il se contente de se laisser diriger par ceux qui l'entoure. Dans un premier temps, Haemi, puis son père et enfin Ben. De plus, le film passe son temps à nous le montrer sous un jour défavorable, il est impossible de ressentir la moindre empathie pour lui. Alors quand celui-ci se décide enfin à agir, on est pas vraiment surpris de voir comment les choses finissent. Et ce qui est sûr, c'est qu'on ne peut s'empêcher de soupirer devant cette initiative malheureuse. Car rien ne justifie cet acte, surtout qu'on ne sait en aucun cas si les doutes de Jongsu étaient fondés. Peut-être qu'il ne voyait que ce qu'il voulait voir après tout ?
Et enfin le troisième gros problème de ce film évoqué plus tôt : le mystère de la disparition d'Haemi et celle du chat. Quand Jongsu va s'occuper du chat de son amie d'enfance, on ne le verra jamais, bien que l'appartement de la jeune fille ne soit contituée que d'une pièce. On verra bien sa gamelle se vider et sa litière être salie, pourtant jamais on ne verra la moindre petite queue s'agiter dans l'appartement. Puis, quand Haemi disparaît, les traces d'existence de son chat également. Ce chat existait-il réellement ? Puis on apprend qu'une histoire qu'Haemi avait rappelé à Jongsu pourrait être fausse. Elle qui était férue de mime aurait-elle pu mentir depuis le début ? Fantasmait-elle sa vie pour pouvoir y échapper ?
Tout cela aurait pu être intéressant si cela n'avait pas été traité si lentement et avec de si gros sabots. Dès la disparition d'Haemi, on se doute que la plupart des choses que l'on avait construites dans le récit seraient remises en question. Le chat n'apparaissant jamais, il serait évidemment remis en question plus tard. Quant à l'histoire qu'Haemi semble être la seule à se rappeler, c'était évident qu'elle servira à remettre en cause l'intégrité de la jeune fille.
Ce « mystère » est d 'autant plus frustrant qu'on voit de grosses ficelles se mettre en place pour n'avoir aucunes réponses claires au final. Ce sera donc à l'appréciation de chacun. Ce qui peut-être une bonne chose quand on a apprécié le film, mais aussi un goût amère dans la bouche de quelqu'un qui a subi 2h30 de film dans l'espoir d'avoir au moins une réponse claire, mais non.
Pour ce qui est des bons points du films, il faut reconnaître une réalisation impeccable au film, qui est très beau. De nombreuses scènes sont marquantes visuellement, notamment celle ou Haemi danse devant un ciel crépusculaire de toute beauté. On regrettera par contre des scènes qui semblent traîner en longueur et qui étire le film inutilement. En ce qui concerne les personnages, il faut reconnaître que ceux d'Haemi et Ben fascinent. L'une par son excentricité et l'autre par son apparente bonhomie qui semble toujours cacher quelque chose. Cette tension qui l'accompagne à tout moment fait tout le sel du long-métrage, et soyons honnête : c'est lui qu'on aurait voulu suivre, et non Jongsu. Si ces personnages sont aussi bien rendus à l'écran, c'est qu'il faut saluer le talent des acteurs, tous très bon, bien que Yoo Ah-In (Chicago Typewriter) joue le personnage principal tout simplement détestable et qu'on ait du mal à la supporter à l'écran.
Il est toujours difficile de donner un avis sur un film dans lequel on ne s'est pas immergé. Donc, pour être juste en vue de ses qualités manifestes (notamment au niveau de la réalisation) et de ses défauts, je tâcherai d'être juste dans la note. En tout cas, « Burning » est un film qui divisera. Il est lent, contemplatif et assez incertain. Si vous cherchez un bon film policier, passez votre chemin. En revanche, si vous cherchez des récits de vie avec un brin de mystère (mais un tout petit brin) et que vous êtes réceptifs à du cinéma d'auteur, vous pourrez tester « Burning » sans crainte.
De Raimaru [1219 Pts], le 22 Octobre 2018 à 22h26
Snif, tu n'as pas aimé, mais je respecte tous les avis :'(
Pour ma part, c'est le meilleur film que j'ai vu cette année. Pour les belles images que tu as citées, évidemment, mais aussi pour son incroyable sous-texte sur la lutte des classes en Corée. Il y a trop de Gatsby le magnifique en Corée est la phrase-clé du film : le personnage de l'écrivain est un artiste qui ne perce pas, et il est concurrent pour le coeur d'une femme avec un homme à qui tout réussit, probablement un bien-né. Et un bien-né, qui, en plus, a des côtés pervers.
Pour ma part ça ne fait aucun doute qu'il a brulé la femme dans une serre. Ca ne laisse pas trace comme il le dit et ça lui permet d'exécuter ses fantasmes meurtriers. Ce n'est pas la 1ère fois qu'il le fait.
C'est un film qui est très très critique vis-à-vis de la classe bourgeoise coréenne, mais ce n'est pas un propos qui pète à la figure. Je ne suis pas spécialiste du réalisateur Lee Chang-dong, mais je sais qu'il a produit A girl at my door, un brulot féministe, et qu'il a été ministre de la culture dans les années 2000, en jetant rapidement l'éponge car ne parvenant pas trouver son rôle dans ce milieu. On peut le cerner plus facilement comme ça.
De Blood [2541 Pts], le 14 Octobre 2018 à 22h17
Déception pour moi aussi, surtout que j'y allais avec le souvenir du monumental Poetry, précédent film de Lee Chang-Dong. J'ai bien compris le parti pris du réalisateur de refuser tout spectaculaire, et certaines scènes sont vraiment bien faites visuellement. Mais sur ce film, Lee Chang-Dong n'est pas Andreï Zviaguintsev, et ça n'a pas fonctionné pour moi. On aurait pu avoir un grand film sur le doute ou la tentation très humaine de se fier aux apparences (tous les indices sont clairement là, mais rien n'est prouvé, donc la conclusion du protagoniste peut être éronnée). En l'occurence, Burning manque singulièrement de flamme. Ce qui ne m'empêchera certainement pas d'aller voir un futur film de Lee Chang-Dong