Chronique Manga - Dark Goddess- Actus manga
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Manga Chronique Manga - Dark Goddess

Dimanche, 11 Février 2018 à 12h00 - Source :Chronique Manga

Sôunji Nagare est un lycéen qui aime s'amuser avec ses copains et profiter de la vie. Censé prendre la suite de son père en tant qu'exorciste, il préfère laisser à son frère cadet cette charge, car contrairement à lui, il a la capacité d'invoquer des esprits protecteurs capables de lutter contre les esprits malins qui s'en prennent aux humains. Mais un soir, pendant qu'il glande dans un parc, et que se produit un séisme, il découvre que le rocher trônant là est creux. Il y pénètre et voit la paroi recouverte de talismans. Une voix lui ordonne soudainement de se saisir de la statuette posée sur l'autel et de la prendre avec lui. Il s'exécute. Par la suite apparaît Anjo, la propriétaire de la voix qui n'est autre qu'une binbogami, une déesse de la malchance. Elle lui promet trois souhaits en échange de conserver la statuette qui la représente. Sceptique, il accepte lorsqu'il apprend qu'il pourra désormais invoquer un familier afin de lutter lui aussi contre les youkai agressifs. Seulement, il va découvrir que cohabiter avec ce genre de déesse n'amène que des malheurs.



Dark Goddess
est né de la collaboration entre les mangakas Fujisawa Tôru (GTO) pour le scénario et Ochiai Kazuhiro au dessin. On a rarement vu le premier en tant que scénariste et le second n'est connu que pour un manga chez nous, avec Happy Project. On se dit qu'avec une histoire au premier abord facile, le mélange peut prendre. Et pourtant, cette série est une véritable catastrophe ! Un ascenseur émotionnel qui nous fait passer de l'enthousiasme à la déception en quelques pages.

Commençons par le scénario. Rien de très original de faire se rencontrer une divinité et un banal étudiant. C'est d'ailleurs un thème très facilement applicable à tous les genres de manga. Mais encore faut-il en faire quelque chose d'intéressant. Et là, Fujisawa est complètement passé à côté. D'abord, concernant les héros. Ils ne sont pas originaux pour un sou, mais ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Juste qu'on ne comprend rien à leur changement d'humeur. Déjà, Nagare est censé prendre confiance dès qu'il obtient enfin le pouvoir d'invoquer un esprit.
Pourtant, à chaque nouvelle attaque il a l'air de ne plus savoir quoi faire, se laissant porter bêtement par les événements ou les ignorants. Anjo, quant à elle, est juste une fille caractérielle dont on ne comprend pas le choix d'aider les humains plutôt que ses compagnons diaboliques. Sans parler des autres personnages qui n'ont aucune profondeur, que ce soit Haruka la meilleure amie qu'on suppose amoureuse du héros, le frère qui est d'une platitude déconcertante, et un ennemi qui n'a que sa classe pour lui.


D'ailleurs, en parlant des ennemis, on s'attend à d’âpres combats, avec une foule de créatures sorties du bestiaire japonais. Et on a droit à un gros pétard mouillé, puisque seulement deux sont utilisées, sortant un peu de nulle part, comme pour combler le récit. Il y en a même qui sont présentés comme des bras droits et qu'on ne voit qu'une fois, sans savoir où ils sont passés ensuite. Tous servent uniquement à boucher un trou dans le scénario, l'encombrant plus qu'autre chose. C'est comme si Kabuto dans Naruto avait disparu une fois retourné auprès d'Orochimaru. Aucun sens !
Et le fanservice est tout autant inutile. Qu'il soit à base de vent coquin qui montre des culottes ou tourné vers l'homoromance, je suis plutôt preneuse, car ça a toujours un ressort comique qui cadre avec la scène en cours. Là, il ne s'inscrit à aucun moment dans le scénario. Je veux bien que les hormones en travaillent certains pendant l'adolescence, mais il ne faut pas prendre ce public pour facile et leur servir tout et n'importe quoi.
En fait, tout est amené de manière à monter en puissance pour se crasher aussi vite derrière. Le manga fourmille de très bonnes idées qui ne sont jamais abouties ou utilisées de manière à servir le scénario, car éclipsées par des passages bouche-trou ou une conclusion qui n'a aucun rapport avec le déroulement de l'action.



Le dessin, lui, est tout aussi inégal. En trois volumes, il ne faut pas s'attendre à une évolution flagrante du style, il n'est donc pas question de juger ce manque. A la limite, on peut dire qu'il y a bien une progression entre ceux de sa période Happy Project et Dark Goddess. Commençons par les bons points. Déjà, les personnages ne se ressemblent pas. Il arrive que certains mangakas changent juste la coiffure ou le corps pour qu'on les différencie. Les yeux, souvent, sont les mêmes ce qui fait que s'il y a une trame de cheveux d'un degré différent, c'est raté. On croit que c'est truc qui se prend un coup et en fait c'est machin. Ce n'est pas le cas chez Ochiai qui a bien donné à chacun son propre physique, sa coupe, et son visage.

Et voilà, on passe au mauvais point. Le plus gros reproche qu'on puisse faire, c'est le manque de souplesse des personnages. Ils leur arrivent parfois d'être dynamique, pour être statiques d'une force incroyable dans la scène/case suivante. Ce n'est pas très agréable à la lecture puisque ça coupe franchement l'action. C'est vraiment dommage pour un manga dont les combats sont une composante principale. En plus ça ne concerne pas que le corps en lui-même. Les visages aussi semblent figés. Et ça ne cesse de s'accentuer à chaque volume, le troisième étant le summum. Cependant, on peut lui espérer un meilleur scénario prochainement, car son dessin n'est pas si mauvais en lui-même. Il a assez d'éléments qui font qu'on ne puisse pas le confondre avec un autre.


Concernant l'édition, Pika fait toujours du bon travail. Pas de fautes, rien qui dépasse. Rien à reprocher quant à la présentation du manga. Juste qu'ils auraient pu éviter d'investir dans une série qui présente aussi peu d'intérêt. Quand on lit le résumé, l'histoire a l'air vraiment sympa. Le thème n'est pas nouveau, les personnages pas originaux, et pourtant on se dit qu'avec un dessin agréable et un scénariste qui a déjà fait ses preuves sur ses propres mangas, ça peut le faire.

Malheureusement, une fois la lecture terminée, on a le sentiment d'avoir été victime d'une publicité mensongère. Ce sentiment que l'on ressent quand les chaînes TV diffusent une série qui ne comporte qu'une seule saison parce qu'elle a été annulée dans son pays d'origine. On se demande pourquoi la prendre si c'est pour frustrer autant le public ? Et généralement la réponse se trouve dans le fait que lors de l'achat d'une super série, le vendeur accepte de céder les droits si l'acheteur prend un pack « rebuts ».
C'est-à-dire qu'il prend en même temps des séries bof, voire nulles. Il y a des chances pour que ce soit le cas ici. Il reste qu'avec Dark Goddess, les auteurs ont prouvé qu'on pouvait rater un manga en combinant deux talents.
L'avis du chroniqueur
Persmegas

Dimanche, 11 Février 2018
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EYAMI NO KAMI © TÔRU FUJISAWA & HIROKAZU OCHIAI / Kodansha Ltd.

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