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Dvd Chronique Animation - UQ Holder

Samedi, 30 Décembre 2017 à 16h00 - Source :Chronique Animation

Ken Akamatsu est un mangaka qui n'a jamais eu beaucoup de chances avec les adaptations animées de ses œuvres, la plupart d'entre elles ne jouant pas systématiquement la carte de la fidélité envers ses œuvres.
On se souvient de My Santa qui dérivait aisément du one-shot de l'auteur pour proposer sa propre sauce de fan-service, un premier anime Negima à la conclusion inédite qui déviait énormément du manga, ou la série Shin Negima ! qui est un délire totalement à part, inventant son propre récit.
Finalement, seuls les OAV produits par Kôdansha, distribués avec quelques tomes japonais et adaptant de courts segments du manga, se montraient fidèles.
Avec UQ Holder, l'espoir d'une adaptation plus complète était permis. Certes, cela posait quelques problèmes vis-à-vis de la chronologie liée à Negima !, le manga n'ayant jamais eu de version animée complète, mais retrouver une œuvre de Ken Akamatsu en anime procurait plaisir et espoir. Pourtant... malgré quelques qualités, l'anime UQ Holder confirme que l'auteur est bel et bien maudit sur ses adaptations animées.


UQ Holder, c'est l'histoire de Tôta Kanoe, un jeune garçon recueilli par la charmante Yukihime il y a quelques années. Orphelin, il ne garde aucun souvenir d'avant ces deux ans. Amoureux de Yukihime, il ne se doute pourtant pas de sa véritable identité, celle d'Evangeline A.K. Mc Dowell, une vampire immortelle traquée par les chasseurs de prime. Lorsque l'un de ces mercenaires entre en action, Yukihime est grièvement blessée et se voit contrainte de faire de Tôta un immortel pour se sortir de ce mauvais pas. Sa véritable identité dévoilée, Yukihime amène Tôta avec elle pour rejoindre UQ Holder, la guilde des immortels.

Bien qu'étant la suite de Negima, UQ Holder repose sur un pitch nouveau qui peut permettre d'apprécier l'histoire sans avoir lu la série-fleuve de Ken Akamatsu. L'univers futuriste de la série a des origines, mais peut être apprécié comme tel, tandis que les membres de UQ Holder sont, Yukihime mise à part, des figures totalement nouvelles. Alors, les premiers épisodes peuvent être suivis par tous et avec un certain plaisir tant sur une bonne partie, l'anime fait figure d'anime d'action plutôt efficace, utilisant correctement les ficelles du genre. Un héros pourvu d'un pouvoir lié à son patrimoine génétique, la bande qu'il va former avec quelques un de ces camarades, la dimension harem propre à Akamatsu qui est fortement appuyée dans cette adaptation animée...


Les codes ont déjà été vus et revus, mais le récit s'avère rythmé et permet à la série de fonctionner sur sa première partie. Au départ, la bonne idée de cette adaptation est de survoler certains éléments qui auraient pu paraître redondants dans une adaptation animée, des passages qui font d'ailleurs la faiblesse des débuts du manga comme la longue séquence d'entraînement souterrain. Le récit va assez vite et ne permet donc pas vraiment de s'ennuyer, un très bon point pour les premiers épisodes, donc.
Le souci est que cette formule est appliquée sur l'ensemble des douze épisodes, dans une optique de montrer uniquement les moments de grande action et de révélation, en occultant donc tout ce qui a trait à une baisse de rythme, comme les phases d'entraînement. Seul souci : l'une d'entre elles est particulièrement importante, elle vient développer de manière conséquente les personnages. Alors, sur la toute fin, l'anime reste fidèle au manga, amenant certains rebondissements du côté des relations entre protagonistes, très peu crédible vu que l'anime a fait abstraction d’énormément de développements. Plus précisément, une partie de ce segment a été adapté en anime, dans un OAD distribué avec le quatorzième tome japonais, et qui ne s'intéresse qu'au lien entre Evangeline et Tôta. Encore très incomplet donc, et ne suffit pas à gommer les défauts de la série tout en sachant que cet épisode spécial reste inédit en France.


L'opening suffit à le faire remarquer, UQ Holder appuie la dimension fan-service de l’œuvre. L'anime ne zappe donc jamais les instants où Tôta constitue son harem, ni les séquences de nudité qui sont toutefois censurées pour la version télévisée. Une censure qui aurait pu mal passer, mais qui est montrée comme comique puisque toutes les parties intimes des demoiselles sont masquées par des Camo, l'hermine mascotte de Negima, bien visibles un écran. Un clin d’œil très amusant pour les fans du manga, donc. Pour le reste, rien de trop gênant si on est habitués à ce registre, mais ceux qui découvrent l'univers d'Akamatsu par l'anime pourraient être surpris par cet aspect très présent. Car évidemment, ce sont bien les demoiselles qui se retrouveront régulièrement en tenue d'Eve et non pas les garçons, une facette du mangaka qui existait bien avant Negima, avec Love Hina.

Jusqu'ici, le tout paraît comme un divertissement honnête, mais avec quelques lacunes d'adaptation. Le véritable souci découle de ce point et vient du fait que l'anime UQ Holder se révèle, à un moment donné, parfaitement incompréhensible pour ceux qui n'auraient pas lu Negima jusqu'au bout. Il est alors assez mensonger de la part de Wakanim d'avoir vendu l'anime comme un spin-off de Negima alors qu'elle en est sa suite : l'univers découle de la finalité de la longue œuvre d'Akamatsu, et même les enjeux s'appuient sur des éléments qui constituaient le final du dernier arc, celui du Monde Magique. Certes, quelques explications sont données ci et là, mais pas suffisamment pour saisir l'importance des enjeux, sans compter que connaître les personnages qui réapparaissent aide à comprendre l'importance dramatique de la deuxième moitié de série.


Alors, quand le dernier épisode se finit en queue de poisson (il s'achève de la même manière que l'arc qui se termine dans le tome quatorze du manga), nous parle de Princesse du Crépuscule, du sauvetage de Mars et intègre un fan-service inédit et très présent lié à Negima, difficile de croire que l'anime est destiné aux nouveaux venus. Et pourtant, par ses choix d'adaptation et en survolant certains segments du manga en douze épisodes, sachant qu'aucune suite n'a été confirmée pour le moment, le tout semble bel et bien avoir été fait pour être grand public, un véritable paradoxe.

L'anime a pourtant ses qualités, par exemple la réalisation qui s'avère très correcte sur la plupart des épisodes. Certaines séquences de combat sont assez mémorables tant les pouvoirs magiques des personnages sont impressionnants. La bande originale de Kei Haneoka est aussi de bonne facture et si aucun thème ne reste en tête après visionnage, elle appuie efficacement l'ambiance de la série. Reste alors une petite baisse de régime dans la qualité technique des derniers épisodes, et une incrustation assez immonde de monstres en CGI à un moment donné. Des bémols qui entachent une réalisation pourtant loin d'être aux fraises , dommage.


Soyons honnêtes, l'anime UQ Holder divertit sur ses douze épisodes, là pas de problèmes. Mais la série se trouve constamment le cul entre deux chaises, la faute la non-existence d'adaptation animée complète de Negima qui oblige le studio J.C.Staff à faire des choix d'adaptation, qui sont malheureusement très maladroits, le tout pour tenir en douze épisodes tout en proposant un récit dynamique. Ceux qui n'ont pas lu Negima ne comprendront pas tout, et surtout pas le combat final de la série, tandis que les coupes de certains événements rendent peu crédibles pas mal de développements. Une énorme déception donc, dommage quand on sait que le manga, après quelques premiers tomes trop classiques, a su se bonifier, proposer un univers excellent et une continuité de Negima de qualité. Aussi, on aura de la peine pour Ken Akamatsu qui n'a toujours pas droit à une adaptation animée digne de ce nom.

L'avis du chroniqueur
Takato

Samedi, 30 Décembre 2017
9 20

commentaires

NoWhereMan

De NoWhereMan, le 07 Janvier 2018 à 23h00

Dommage qu'une adaptation si prometteuse (visuellement bien plus réussie que les 2 adaptations de NegiMa) soit sabordée par le choix de mettre autant de tome dans si peu d'épisode.

Il aurait sans doute mieux valu doubler le nomre ou réduire l'arc adapté car cette vitesse sans pause (que fait pourtant le manga) et en omettant une partie très importante pour en faire une OAD nuit fortement au récit qui est pourtant très réussi dans sa version papier.

C'est effectivement triste que toutes les oeuvres de Ken Akamatsu soient toutes incomplètes et (plus ou moins) en deça de ses mangas.

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