Dvd 2e Chronique animation - Yo-kai Watch - Le film
Quiconque suit de près la pop-culture japonaise ou a des enfants dans sa famille a forcément déjà entendu le nom de Yo-kai Watch ces derniers mois.
Née en 2013 des mains du studio Level-5 (auquel on doit d'autres gros succès comme Professeur Layton ou Inazuma Eleven), cette saga cross-media se veut l'une des plus ambitieuses de ces dernières années auprès du jeune public.
Le buzz a démarré au Japon par un jeu vidéo sorti en juillet 2013, mais le projet, pensé dès le départ pour envahir d'autres supports, avait déjà été préparé par sa version manga lancée fin 2012 et toujours en cours. Un 2ème manga dédié à un public de petites filles a ensuite été lancé fin 2013 histoire d'attirer plus facilement le public féminin, puis est arrivée la série d'animation début 2014 ainsi que plusieurs films et de nombreux produits dérivés. Sur le plan commercial, la licence est rapidement devenue un carton dans son pays d'origine, si bien que bien d'autres jeux ont vu le jour. Les jeux se sont vendus à plus de 10 millions d’exemplaires, les jouets et produits dérivés ont déjà généré plus de 2 milliards d’euros au Japon.... si bien que l'on peut affirmer que la saga est devenue rapidement l'une des plus populaires au Japon.
Quel que soit le support, la base est toujours la même : on y suit Nathan Adams (nom japonais : Keita Amano), un jeune garçon vivant dans la ville de Granval, et qui possède une montre spéciale lui donnant le pouvoir de voir les yo-kai, des êtres mystérieux responsables des tracas de notre quotidien. Son rôle est de découvrir pourquoi les Yo-kai agissent avec tant d’espièglerie et de les convaincre d’arrêter, grâce à son imagination et avec l’aide de ses compagnons Yo-kai avec lesquels il se lie d’amitié dès qu’il résout un problème. Le concept, à la fois simple et addictif, permet de rencontrer et de se lier à de nombreuses créatures fantastiques, le tout étant porté par un humour un peu décalé assez typique de la saga.
En Europe, la licence a mis trois ans pour arriver : en effet, afin de porter comme il se doit toute l'ambition du projet, la saga a été minutieusement lancée à l'international, dans une centaine de pays en Europe et en Afrique, en 2016 seulement, mais avec succès. Sortis à quelques mois d'intervalle, les jeux, le manga, le dessin animé et les nombreux jouets ont vite su conquérir les cours de récré, les jouets s'étant même hissés parmi les plus gros succès de l'année passée. Les jeux Yo-kai Watch 2 ("Esprits farceurs" et "Fantômes bouffis") sont ensuite sortis chez nous en avril dernier, et la série télévisée suit toujours son cours en étant l'un des gros succès des chaines Boing et Gulli.
Bref la saga semble avoir de beaux jours devant elle. Ses concepteurs espèrent un jour un succès aussi important que celui de Pokémon à travers le monde, on en est sans doute encore très loin, mais il est certain que la licence s'est efficacement implantée dans le paysage. Et il n'est donc pas étonnant, maintenant que le public est habitué à la saga, de la voir arriver sur grand écran dans notre pays !
Sorti au Japon en décembre 2014, le film "Yo-kai Watch: Tanjô no Himitsu da Nyan!" a été sobrement renommé chez nous "Yo-kai Watch: le film". Véritable carton dans son pays d'origine, il avait réalisé, à l'époque de sa sortie, le meilleur lancement d'un film japonais depuis le début des années 2000 avec plus de 1,62 milliard de yens pour son premier week-end d'exploitation, détrônant alors Le Château ambulant (rien que ça) et ses 1,48 milliard de yens. Et il ne s'agissait là que d'un premier essai au cinéma, puisque deux autres films ont ensuite vu le jour, et que le 4ème est prévu au Japon pour décembre 2017.
Pour sa première incursion dans les salles obscures, on a droit à une promesse de choix : la découverte de l'origine et de la création de la toute première yo-kai watch. Précisons tout de suite que découvrir la licence par ce film serait une mauvaise idée : s'il est tout à fait compréhensible sans rien connaître de la saga, il n'aura pas la même saveur que si vous avez déjà goûté aux jeux, au manga ou, surtout, au dessin animé. En effet, les personnages ne sont pas présentés, sont considérés comme déjà connus du public, et Nathan a déjà vécu bon nombre d'aventures qui lui ont permis de se lier à pas mal de yo-kai. Tout commence donc très vite avec un événement bien curieux : alors qu'il part de l'école avec ses amis, Nathan a comme une drôle d'impression, celle d'avoir oublié un objet autour de son bras... et pour cause, d'étranges "sorcières" ont remonté le temps pour empêcher le concepteur de la première yo-kai watch de créer le précieux objet ! Alors qu'un étrange yo-kai du nom de Meganyan sème la pagaille en ville en grossissant tout, le jeune garçon parvient finalement à se rappeler de l'existence de la montre magique et, surtout, de ses deux fidèles compagnons yo-kai Jibanyan et Whisper. Qui plus est, Meganyan les met en garde contre le danger qui se profile concernant la disparition de la yo-kai watch, orchestrée par une maléfique ennemi désireuse de briser les liens entre humains et yo-kai de de dominer le monde. Après avoir rendu à Meganyan sa forme originelle de Hovernyan, c'est avec lui et ses deux compagnons Jibanyan et Whisper que le garçon devra se rendre dans le passé, 60 ans en arrière, afin de veiller à ce que le créateur de la yo-kai watch puisse bel et bien faire son oeuvre. Et quelle ne sera pas la surprise de Nathan en découvrant que le fameux créateur, un petit garçon, n'est autre que son propre grand-père, Nathaniel Adams, quand il était enfant !
Notons que ce premier film, sorti au Japon peu de temps après les jeux Yo-kai Watch 2 (ceux qui sont sortis en France en avril dernier), n'est pas sans lien avec lesdits jeux : La méchante Lady Perpetua est aussi la méchante des jeux, et l'action, comme dans les jeux, se déroule en partie à Ourcival. Autant bien le dire tout de suite : Yo-kai Watch: le film vise avant tout le jeune public, les enfants qui sont déjà adeptes de la licence par ses différents supports, et il ne s'embarrasse alors pas d'un scénario très complexe. La promesse d'en découvrir plus sur l'origine de la première yo-kai watch est l'une des principales petites déceptions du film, car finalement, en dehors de l'identité de son créateur, on n'apprend pas grand chose sur sa conception. De même, le récit pourra sembler bourré de petites facilités voire d'incohérences auprès d'un oeil attentif, par exemple concernant le caractère au début exagérément solitaire de Nathaniel qui n'est pas réellement expliqué, ou concernant certains rebondissements comme l'apparition du maître Nyada. Sans parler du manque total de surprise de Nathaniel quand son petit-fils débarque devant lui...
Enfin, en dehors de certains décors et de quelques éléments épars (comme la découverte de la télévision, objet moins courant 60 ans auparavant), le principe du voyage dans le temps n'est pas exploité plus que de raison, et est même, sans doute, l'aspect souffrant le plus de quelques incohérences temporelles. Reste que tout ceci fera surtout un peu tiquer les adultes, et ne devrait pas empêcher les enfants de profiter comme il se doit des frasques de Jibanyan et des autres yo-kai sur grand écran ! D'autant que certaines valeurs, déjà fortes dans les jeux et dans la série télévisée, sont bel et bien présente : les liens unissant les humains et les yo-kai, l'importance de l'amitié, la force du courage... Rien que du classique bien sûr... mais du classique que Yo-kai Watch exploite à sa sauce. Et on en arrive à ce qui fait l'une des grandes forces de la licence : son humour !
Yo-kai Watch est une saga qui se veut globalement très légère, bon enfant et dépaysante avec ses nombreuses créatures amusantes et colorées dont les pouvoirs varient beaucoup, et le film respecte complètement cela, au point que la pauvreté du scénario se noie très facilement dans l'avalanche de gags jusqu'à être en partie oubliée et acceptée. Le film ne sera jamais trop prise de tête ou même dramatique, et cela on le comprend dès les premières minutes avec l'apparition de Meganyan et de son pouvoir grossissant un peu tout et n'importe quoi... y compris la tête de Nathan !
Par la suite, disons clairement qu'il ne se déroule pas une minute complète sans un gag, et cela passe par de nombreuses choses, décalées, loufoques ou simplement un peu idiotes. Le caractère capricieux de Jibanyan, celui plus froussard et inutile de Whisper (qui s'en prend quand même plein la face, le pauvre), les pouvoirs des différents yo-kai qui sont parfois très drôles, leur design souvent improbable (à l'image d'une simple paire de gambettes qui se promène), les nombreuses petites répliques qui parviennent à faire mouche de par leur côté décalé ou bien placé (mention spéciale aux quelques fois où les personnages brisent le mur de la fiction, en ayant conscience d'être dans un film), le côté un peu branque de la grande ennemie... Mais Yo-kai Watch est aussi une saga qui, de temps en temps, aime offrir un ton un peu parodique, et sur ce point le film ne se rate pas : mêmes les parents accompagnant leurs enfants pourraient esquisser un sourire devant certains clins d'oeil (le plus évident étant celui à Star Wars) ou face à la parodie de récits de superhéros que constitue la BD dont Nathaniel est fan. Le signe de ralliement repris de cette BD devient d'ailleurs très vite un running gag plutôt efficace. On peut également signaler que même les quelques effets dramatiques se voient très vite ruinés, de façon parodique, par l'humour, à l'instar du passage où Lady Perpetua dévoile son passé.
Rythme et humour sont bien là, font tout le sel du film, et c'est donc avant tout en étant porté par ces deux aspects que le spectateur suit sans mal le film jusqu'à son final... qui s'étire toutefois un peu trop. Fonctionnant par étapes, le combat final contre Lady Perpetua et ses sbires maléfiques se traîne un peu par instants en durant facilement quelques dizaines de minutes : certains moments sont délicieux, comme l'avalanche de yo-kai farfelus venant combattre les méchants sbires, tandis que d'autres sont un peu poussifs, à commencer par la toute fin du combat qui souffre d'une incursion dans la 3D assez mitigée (est-ce voulu ? La question se pose, au vu du ton décalé du film).
Le reste de la réalisation est pourtant très bonne pour un film de ce genre, et le réalisateur Shigeharu Takahashi a su capter l'essence de Yo-kai Watch alors qu'il n'a pas visiblement travaillé sur la saga auparavant. Mais il fut sans doute bien aidé, entre autres, à l'écriture par Yoichi Kato, qui travaille aussi sur la série télévisée. Tout comme dans la série, on retrouve aussi les musiques de Ken'ichirô Saigô qui soulignent bien l'ambiance sans jamais être trop envahissantes, ainsi que le design de Masami Suda qui respecte bien les designs originaux tout en leur apportant beaucoup de vie. De manière générale, Yo-kai Watch: le film est vraiment un long métrage qui transpire de vie : les personnages sont souvent convenablement animés, les yo-kai bougent beaucoup, les couleurs souvent vives attirent bien l'oeil... le tout, alors même que certains décors sont, au contraire, un peu trop fixes. Mais l'ensemble est soigné et est largement suffisant pour contribuer au rythme et à l'ambiance d'un film de ce type.
Sans grande surprise, la diffusion au cinéma de ce film est exclusivement en langue française : pour un film visant surtout un public d'enfants connaissant déjà le dessin animé, proposer une version originale sous-titrée avait sans doute peu d'intérêt. Et le jeune public pourra donc retrouver les voix qu'il connaît déjà à la télévision, celles-ci étant très souvent bien trouvées et efficaces, avec généralement une réelle implication dans les réparties et les jeux de mots. On échappe à un Nathan trop "vieux pour âge", et on se régale facilement des voix des différents yo-kai dont le caractère a été bien cerné. Le point qui sera toujours sujet à débat (et dont le jeune public ne se souciera pas) est à chercher du côté de l'occidentalisation de certains noms (celui de Nathan en tête... On peut se demander pourquoi changer son nom à lui et garder le nom japonais de Jibanyan et d'autres yo-kai), et sur tout ça chacun se fera son avis.
Sans chercher très loin dans son scénario, Yo-kai Watch: le film est une première mouture cinématographique de la saga qui vaut le coup pour sa très bonne réappropriation globalement des personnages, de l'univers coloré et léger et de l'humour de la saga. Bien sûr, le long métrage est conçu pour le jeune public, qui devrait y trouver facilement son compte, et l'ensemble reste donc enfantin. Mais les grands enfants et même certains parents, s'ils sont réceptifs à l'humour, pourraient ne pas s'ennuyer. C'est un premier essai sur grand écran qui ne prend pas forcément de risques, mais qui fait bien le job.
Le buzz a démarré au Japon par un jeu vidéo sorti en juillet 2013, mais le projet, pensé dès le départ pour envahir d'autres supports, avait déjà été préparé par sa version manga lancée fin 2012 et toujours en cours. Un 2ème manga dédié à un public de petites filles a ensuite été lancé fin 2013 histoire d'attirer plus facilement le public féminin, puis est arrivée la série d'animation début 2014 ainsi que plusieurs films et de nombreux produits dérivés. Sur le plan commercial, la licence est rapidement devenue un carton dans son pays d'origine, si bien que bien d'autres jeux ont vu le jour. Les jeux se sont vendus à plus de 10 millions d’exemplaires, les jouets et produits dérivés ont déjà généré plus de 2 milliards d’euros au Japon.... si bien que l'on peut affirmer que la saga est devenue rapidement l'une des plus populaires au Japon.
Quel que soit le support, la base est toujours la même : on y suit Nathan Adams (nom japonais : Keita Amano), un jeune garçon vivant dans la ville de Granval, et qui possède une montre spéciale lui donnant le pouvoir de voir les yo-kai, des êtres mystérieux responsables des tracas de notre quotidien. Son rôle est de découvrir pourquoi les Yo-kai agissent avec tant d’espièglerie et de les convaincre d’arrêter, grâce à son imagination et avec l’aide de ses compagnons Yo-kai avec lesquels il se lie d’amitié dès qu’il résout un problème. Le concept, à la fois simple et addictif, permet de rencontrer et de se lier à de nombreuses créatures fantastiques, le tout étant porté par un humour un peu décalé assez typique de la saga.
En Europe, la licence a mis trois ans pour arriver : en effet, afin de porter comme il se doit toute l'ambition du projet, la saga a été minutieusement lancée à l'international, dans une centaine de pays en Europe et en Afrique, en 2016 seulement, mais avec succès. Sortis à quelques mois d'intervalle, les jeux, le manga, le dessin animé et les nombreux jouets ont vite su conquérir les cours de récré, les jouets s'étant même hissés parmi les plus gros succès de l'année passée. Les jeux Yo-kai Watch 2 ("Esprits farceurs" et "Fantômes bouffis") sont ensuite sortis chez nous en avril dernier, et la série télévisée suit toujours son cours en étant l'un des gros succès des chaines Boing et Gulli.
Bref la saga semble avoir de beaux jours devant elle. Ses concepteurs espèrent un jour un succès aussi important que celui de Pokémon à travers le monde, on en est sans doute encore très loin, mais il est certain que la licence s'est efficacement implantée dans le paysage. Et il n'est donc pas étonnant, maintenant que le public est habitué à la saga, de la voir arriver sur grand écran dans notre pays !
Sorti au Japon en décembre 2014, le film "Yo-kai Watch: Tanjô no Himitsu da Nyan!" a été sobrement renommé chez nous "Yo-kai Watch: le film". Véritable carton dans son pays d'origine, il avait réalisé, à l'époque de sa sortie, le meilleur lancement d'un film japonais depuis le début des années 2000 avec plus de 1,62 milliard de yens pour son premier week-end d'exploitation, détrônant alors Le Château ambulant (rien que ça) et ses 1,48 milliard de yens. Et il ne s'agissait là que d'un premier essai au cinéma, puisque deux autres films ont ensuite vu le jour, et que le 4ème est prévu au Japon pour décembre 2017.
Pour sa première incursion dans les salles obscures, on a droit à une promesse de choix : la découverte de l'origine et de la création de la toute première yo-kai watch. Précisons tout de suite que découvrir la licence par ce film serait une mauvaise idée : s'il est tout à fait compréhensible sans rien connaître de la saga, il n'aura pas la même saveur que si vous avez déjà goûté aux jeux, au manga ou, surtout, au dessin animé. En effet, les personnages ne sont pas présentés, sont considérés comme déjà connus du public, et Nathan a déjà vécu bon nombre d'aventures qui lui ont permis de se lier à pas mal de yo-kai. Tout commence donc très vite avec un événement bien curieux : alors qu'il part de l'école avec ses amis, Nathan a comme une drôle d'impression, celle d'avoir oublié un objet autour de son bras... et pour cause, d'étranges "sorcières" ont remonté le temps pour empêcher le concepteur de la première yo-kai watch de créer le précieux objet ! Alors qu'un étrange yo-kai du nom de Meganyan sème la pagaille en ville en grossissant tout, le jeune garçon parvient finalement à se rappeler de l'existence de la montre magique et, surtout, de ses deux fidèles compagnons yo-kai Jibanyan et Whisper. Qui plus est, Meganyan les met en garde contre le danger qui se profile concernant la disparition de la yo-kai watch, orchestrée par une maléfique ennemi désireuse de briser les liens entre humains et yo-kai de de dominer le monde. Après avoir rendu à Meganyan sa forme originelle de Hovernyan, c'est avec lui et ses deux compagnons Jibanyan et Whisper que le garçon devra se rendre dans le passé, 60 ans en arrière, afin de veiller à ce que le créateur de la yo-kai watch puisse bel et bien faire son oeuvre. Et quelle ne sera pas la surprise de Nathan en découvrant que le fameux créateur, un petit garçon, n'est autre que son propre grand-père, Nathaniel Adams, quand il était enfant !
Notons que ce premier film, sorti au Japon peu de temps après les jeux Yo-kai Watch 2 (ceux qui sont sortis en France en avril dernier), n'est pas sans lien avec lesdits jeux : La méchante Lady Perpetua est aussi la méchante des jeux, et l'action, comme dans les jeux, se déroule en partie à Ourcival. Autant bien le dire tout de suite : Yo-kai Watch: le film vise avant tout le jeune public, les enfants qui sont déjà adeptes de la licence par ses différents supports, et il ne s'embarrasse alors pas d'un scénario très complexe. La promesse d'en découvrir plus sur l'origine de la première yo-kai watch est l'une des principales petites déceptions du film, car finalement, en dehors de l'identité de son créateur, on n'apprend pas grand chose sur sa conception. De même, le récit pourra sembler bourré de petites facilités voire d'incohérences auprès d'un oeil attentif, par exemple concernant le caractère au début exagérément solitaire de Nathaniel qui n'est pas réellement expliqué, ou concernant certains rebondissements comme l'apparition du maître Nyada. Sans parler du manque total de surprise de Nathaniel quand son petit-fils débarque devant lui...
Enfin, en dehors de certains décors et de quelques éléments épars (comme la découverte de la télévision, objet moins courant 60 ans auparavant), le principe du voyage dans le temps n'est pas exploité plus que de raison, et est même, sans doute, l'aspect souffrant le plus de quelques incohérences temporelles. Reste que tout ceci fera surtout un peu tiquer les adultes, et ne devrait pas empêcher les enfants de profiter comme il se doit des frasques de Jibanyan et des autres yo-kai sur grand écran ! D'autant que certaines valeurs, déjà fortes dans les jeux et dans la série télévisée, sont bel et bien présente : les liens unissant les humains et les yo-kai, l'importance de l'amitié, la force du courage... Rien que du classique bien sûr... mais du classique que Yo-kai Watch exploite à sa sauce. Et on en arrive à ce qui fait l'une des grandes forces de la licence : son humour !
Yo-kai Watch est une saga qui se veut globalement très légère, bon enfant et dépaysante avec ses nombreuses créatures amusantes et colorées dont les pouvoirs varient beaucoup, et le film respecte complètement cela, au point que la pauvreté du scénario se noie très facilement dans l'avalanche de gags jusqu'à être en partie oubliée et acceptée. Le film ne sera jamais trop prise de tête ou même dramatique, et cela on le comprend dès les premières minutes avec l'apparition de Meganyan et de son pouvoir grossissant un peu tout et n'importe quoi... y compris la tête de Nathan !
Par la suite, disons clairement qu'il ne se déroule pas une minute complète sans un gag, et cela passe par de nombreuses choses, décalées, loufoques ou simplement un peu idiotes. Le caractère capricieux de Jibanyan, celui plus froussard et inutile de Whisper (qui s'en prend quand même plein la face, le pauvre), les pouvoirs des différents yo-kai qui sont parfois très drôles, leur design souvent improbable (à l'image d'une simple paire de gambettes qui se promène), les nombreuses petites répliques qui parviennent à faire mouche de par leur côté décalé ou bien placé (mention spéciale aux quelques fois où les personnages brisent le mur de la fiction, en ayant conscience d'être dans un film), le côté un peu branque de la grande ennemie... Mais Yo-kai Watch est aussi une saga qui, de temps en temps, aime offrir un ton un peu parodique, et sur ce point le film ne se rate pas : mêmes les parents accompagnant leurs enfants pourraient esquisser un sourire devant certains clins d'oeil (le plus évident étant celui à Star Wars) ou face à la parodie de récits de superhéros que constitue la BD dont Nathaniel est fan. Le signe de ralliement repris de cette BD devient d'ailleurs très vite un running gag plutôt efficace. On peut également signaler que même les quelques effets dramatiques se voient très vite ruinés, de façon parodique, par l'humour, à l'instar du passage où Lady Perpetua dévoile son passé.
Rythme et humour sont bien là, font tout le sel du film, et c'est donc avant tout en étant porté par ces deux aspects que le spectateur suit sans mal le film jusqu'à son final... qui s'étire toutefois un peu trop. Fonctionnant par étapes, le combat final contre Lady Perpetua et ses sbires maléfiques se traîne un peu par instants en durant facilement quelques dizaines de minutes : certains moments sont délicieux, comme l'avalanche de yo-kai farfelus venant combattre les méchants sbires, tandis que d'autres sont un peu poussifs, à commencer par la toute fin du combat qui souffre d'une incursion dans la 3D assez mitigée (est-ce voulu ? La question se pose, au vu du ton décalé du film).
Le reste de la réalisation est pourtant très bonne pour un film de ce genre, et le réalisateur Shigeharu Takahashi a su capter l'essence de Yo-kai Watch alors qu'il n'a pas visiblement travaillé sur la saga auparavant. Mais il fut sans doute bien aidé, entre autres, à l'écriture par Yoichi Kato, qui travaille aussi sur la série télévisée. Tout comme dans la série, on retrouve aussi les musiques de Ken'ichirô Saigô qui soulignent bien l'ambiance sans jamais être trop envahissantes, ainsi que le design de Masami Suda qui respecte bien les designs originaux tout en leur apportant beaucoup de vie. De manière générale, Yo-kai Watch: le film est vraiment un long métrage qui transpire de vie : les personnages sont souvent convenablement animés, les yo-kai bougent beaucoup, les couleurs souvent vives attirent bien l'oeil... le tout, alors même que certains décors sont, au contraire, un peu trop fixes. Mais l'ensemble est soigné et est largement suffisant pour contribuer au rythme et à l'ambiance d'un film de ce type.
Sans grande surprise, la diffusion au cinéma de ce film est exclusivement en langue française : pour un film visant surtout un public d'enfants connaissant déjà le dessin animé, proposer une version originale sous-titrée avait sans doute peu d'intérêt. Et le jeune public pourra donc retrouver les voix qu'il connaît déjà à la télévision, celles-ci étant très souvent bien trouvées et efficaces, avec généralement une réelle implication dans les réparties et les jeux de mots. On échappe à un Nathan trop "vieux pour âge", et on se régale facilement des voix des différents yo-kai dont le caractère a été bien cerné. Le point qui sera toujours sujet à débat (et dont le jeune public ne se souciera pas) est à chercher du côté de l'occidentalisation de certains noms (celui de Nathan en tête... On peut se demander pourquoi changer son nom à lui et garder le nom japonais de Jibanyan et d'autres yo-kai), et sur tout ça chacun se fera son avis.
Sans chercher très loin dans son scénario, Yo-kai Watch: le film est une première mouture cinématographique de la saga qui vaut le coup pour sa très bonne réappropriation globalement des personnages, de l'univers coloré et léger et de l'humour de la saga. Bien sûr, le long métrage est conçu pour le jeune public, qui devrait y trouver facilement son compte, et l'ensemble reste donc enfantin. Mais les grands enfants et même certains parents, s'ils sont réceptifs à l'humour, pourraient ne pas s'ennuyer. C'est un premier essai sur grand écran qui ne prend pas forcément de risques, mais qui fait bien le job.
De Kayura Tsurugino, le 27 Août 2017 à 14h03
Ça me désole énormément que ce film, et la licence Yo-kai Watch en général, soient à ce point casés comme un truc uniquement à destination des jeunes enfants : parce que je suis d'un bon oeil les jeux et la série animée, et je peux dire que par nombreux moments, cette oeuvre se révèle bien plus mature que ne laissent suggérer les apparences... en particulier concernant son humour assez unique !
Enfin bon, peut-être que je dis ça juste parce que j'apprécie énormément Yo-kai Watch.