Ciné-Asie Chronique ciné asie - Creepy
Le réalisateur Kiyoshi Kurosawa a une carrière assez prolifique, notamment depuis les années 2010 où le cinéaste a parfois engendré plusieurs longs-métrages en une seule année. L’année 2016 en est la preuve, Kurosawa ayant réalisé deux films, d’abord Le secret de la chambre noire, puis Creepy, long-métrage dont il est question ici.
Par le biais du distributeur Eurozoom, attaché au cinéma japonais qu’il soit d’animation ou en prises de vue réelles, le thriller du réalisateur finit par atteindre nos contrées.
Autrefois policier, Takakura a quitté ses fonctions pour devenir professeur de criminologie dans une université. Pour lui, c’est signe d’une nouvelle vie, car en dehors de sa nouvelle activité, il emménage dans un quartier, paisible d’apparence, avec son épouse, Yusako. Pourtant, Takakura ne va pas éternellement se détacher de son métier d’enquêteur. Par un de ses collègues, l’ex-flic a vent d’une affaire de disparition irrésolue, tandis que Yusako va apprendre à connaître un voisinage inquiétant en la personne de Nishino.
C’est un thriller bien troublant que nous propose Kiyoshi Kurosawa. Entre le policier et le film d’angoisse, le long-métrage explore deux registres distincts, mais qui se mêlent plutôt bien à travers une histoire d’enquête on ne peut plus banale dont l’ampleur grandit minute après minute, tandis que l’étau se resserre progressivement sur les deux protagonistes que sont Takakura et Yusako. Il faut alors admettre que le réalisateur est maître dans la manière de faire grandir le malaise progressivement. Dès entrée en scène de Nishino au sein du film, l’angoisse est là : le voisinage des deux protagonistes n’a rien de commun, et on se demande rapidement ce que cache ce père de famille, déroutant au premier abord, et qui, même dans ses gestes de sympathie, se montrera dérangeant.
Par son ton et son ambiance souvent froide, Creepy installe un malaise percutant. Cela passe par des personnages dont l’angoisse grandira peu à peu, ou ces environnements vides et ternes qui ne placent jamais le spectateur dans un climat de confiance. Les personnages, par leurs actions, appuient l’angoisse bien pesante par leurs actions qui iront toujours dans le sens de la menace, ce à tout instant. Dans la maîtrise de Kiyoshi Kurosawa de l’angoisse, on notera les deux derniers actes qui font monter la tension crescendo, jouant avec les stéréotypes du film horrifique pour créer une ultime séquence à l’issue difficilement prévisible, aussi cruelle que soulageante dans son dénouement.
Et paradoxalement, si les comportements des personnages permettent à l’ambiance du film de briller, c’est aussi la principale lacune de Creepy d’un point de vue scénaristique. Car d’une manière générale, les personnages sont débiles et laissent en permanence la menace grandir, par des actions toutes plus absurdes quelles qu’elles soient. Du flic s’infiltrant dans la demeure d’un présumé criminel au commissariat laissant grandes ouvertes les salles d’interrogatoire pour permettre aux suspects de s’échapper, le film a tendance à crisper pour son absurdité de tous les instants. Takamura et Yusako eux-mêmes ne font que se jeter dans la gueule du loup en ne prévenant jamais les autorités face à un Nishino qui incarne une menace grandissante de manière évidente. A ce propos, le personnage est sans aucun doute le point fort du film. Teruyuki Kagawa, acteur à la filmographie construite qu’on a par exemple vu dans le rôle de Yoshitsune dans la trilogie 20th Century Boys, campe un voisin aussi inquiétant que malsain dans la quasi-totalité de ses actions. Son jeu est tout à fait juste pour incarner le malaise à l’état pur, là où Hidetoshi Nishijima se montre très statique dans son jeu et ses expressions, interprétant un Takamura souvent insipide.
On pourra aussi soulever les quelques facilités d’écriture et les personnages incohérents dans leurs actions. Toutefois, les révélations de l’enquête renforceront constamment le sentiment de malaise, par exemple les procédés peu ragoutants du ravisseur et sa psychologie qui en font un être aussi brillant qu’instable. En fait, c’est bien le ton du film et son antagoniste, Nishino, qui font tout le sel de Creepy et parviennent à tenir en haleine le spectateur, malgré les défauts de l’œuvre.
Alors, l’avant-dernier film de Kiyoshi Kurosawa (du moins, au moment où ces lignes sont écrites) n’est pas un mauvais film, loin de là. Il y a un travail évident dans la mise en scène, de manière à déranger le spectateur et créer un climat de malaise jusqu’à la toute dernière minute, ainsi qu’un antagoniste terriblement déstabilisant en la personne de Nishino. Malheureusement, il reste quelques défauts d’écriture, des facilités scénaristiques ou des personnages profondément crétins. Dommage, car de pépite du thriller, le film n’est simplement qu’un bon long-métrage que les amateurs de sensations éprouvantes se doivent de regarder une fois pour son ambiance et se mise en scène, mais pas plus.
Par le biais du distributeur Eurozoom, attaché au cinéma japonais qu’il soit d’animation ou en prises de vue réelles, le thriller du réalisateur finit par atteindre nos contrées.
Autrefois policier, Takakura a quitté ses fonctions pour devenir professeur de criminologie dans une université. Pour lui, c’est signe d’une nouvelle vie, car en dehors de sa nouvelle activité, il emménage dans un quartier, paisible d’apparence, avec son épouse, Yusako. Pourtant, Takakura ne va pas éternellement se détacher de son métier d’enquêteur. Par un de ses collègues, l’ex-flic a vent d’une affaire de disparition irrésolue, tandis que Yusako va apprendre à connaître un voisinage inquiétant en la personne de Nishino.
C’est un thriller bien troublant que nous propose Kiyoshi Kurosawa. Entre le policier et le film d’angoisse, le long-métrage explore deux registres distincts, mais qui se mêlent plutôt bien à travers une histoire d’enquête on ne peut plus banale dont l’ampleur grandit minute après minute, tandis que l’étau se resserre progressivement sur les deux protagonistes que sont Takakura et Yusako. Il faut alors admettre que le réalisateur est maître dans la manière de faire grandir le malaise progressivement. Dès entrée en scène de Nishino au sein du film, l’angoisse est là : le voisinage des deux protagonistes n’a rien de commun, et on se demande rapidement ce que cache ce père de famille, déroutant au premier abord, et qui, même dans ses gestes de sympathie, se montrera dérangeant.
Par son ton et son ambiance souvent froide, Creepy installe un malaise percutant. Cela passe par des personnages dont l’angoisse grandira peu à peu, ou ces environnements vides et ternes qui ne placent jamais le spectateur dans un climat de confiance. Les personnages, par leurs actions, appuient l’angoisse bien pesante par leurs actions qui iront toujours dans le sens de la menace, ce à tout instant. Dans la maîtrise de Kiyoshi Kurosawa de l’angoisse, on notera les deux derniers actes qui font monter la tension crescendo, jouant avec les stéréotypes du film horrifique pour créer une ultime séquence à l’issue difficilement prévisible, aussi cruelle que soulageante dans son dénouement.
Et paradoxalement, si les comportements des personnages permettent à l’ambiance du film de briller, c’est aussi la principale lacune de Creepy d’un point de vue scénaristique. Car d’une manière générale, les personnages sont débiles et laissent en permanence la menace grandir, par des actions toutes plus absurdes quelles qu’elles soient. Du flic s’infiltrant dans la demeure d’un présumé criminel au commissariat laissant grandes ouvertes les salles d’interrogatoire pour permettre aux suspects de s’échapper, le film a tendance à crisper pour son absurdité de tous les instants. Takamura et Yusako eux-mêmes ne font que se jeter dans la gueule du loup en ne prévenant jamais les autorités face à un Nishino qui incarne une menace grandissante de manière évidente. A ce propos, le personnage est sans aucun doute le point fort du film. Teruyuki Kagawa, acteur à la filmographie construite qu’on a par exemple vu dans le rôle de Yoshitsune dans la trilogie 20th Century Boys, campe un voisin aussi inquiétant que malsain dans la quasi-totalité de ses actions. Son jeu est tout à fait juste pour incarner le malaise à l’état pur, là où Hidetoshi Nishijima se montre très statique dans son jeu et ses expressions, interprétant un Takamura souvent insipide.
On pourra aussi soulever les quelques facilités d’écriture et les personnages incohérents dans leurs actions. Toutefois, les révélations de l’enquête renforceront constamment le sentiment de malaise, par exemple les procédés peu ragoutants du ravisseur et sa psychologie qui en font un être aussi brillant qu’instable. En fait, c’est bien le ton du film et son antagoniste, Nishino, qui font tout le sel de Creepy et parviennent à tenir en haleine le spectateur, malgré les défauts de l’œuvre.
Alors, l’avant-dernier film de Kiyoshi Kurosawa (du moins, au moment où ces lignes sont écrites) n’est pas un mauvais film, loin de là. Il y a un travail évident dans la mise en scène, de manière à déranger le spectateur et créer un climat de malaise jusqu’à la toute dernière minute, ainsi qu’un antagoniste terriblement déstabilisant en la personne de Nishino. Malheureusement, il reste quelques défauts d’écriture, des facilités scénaristiques ou des personnages profondément crétins. Dommage, car de pépite du thriller, le film n’est simplement qu’un bon long-métrage que les amateurs de sensations éprouvantes se doivent de regarder une fois pour son ambiance et se mise en scène, mais pas plus.
De nolhane [6891 Pts], le 04 Juillet 2017 à 20h29
Adorant ce réalisateur je me suis jeté dans une salle de cinéma à sa sortie et malgré ces défauts évidents cités dessus j'ai encore une fois adoré la réalisation et l'ambiance présente dans ce film (comme dans les autres de Kurosawa)