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Manga Retour sur la conférence de presse autour de Dragon Ball Super

Mercredi, 05 Avril 2017 à 12h00 - Source :Glénat

Le jeudi 30 mars s’est tenue, à la Maison du Saké de paris, une conférence de presse autour du manga Dragon Ball Super, sorti le 5 avril en France. Véritable événement pour Glénat, qui accueille la suite du manga phare d’Akira Toriyama un peu moins de 17 ans après la conclusion du manga Dragon Ball en France, les éditions ont tenu à revenir sur ce succès mondial à l’histoire particulière en France. A l'occasion, la Maison du Saké fut décoré d'un cadre à l'honneur du dernier chapitre de la saga. Nous avons aussi pu apprécier la présence du fabriquant de figurines Tsume, venu montrer un prototype de sa dernière création en date : The Quiet Wrath of Son Gokû.

Dans un premier temps, la conférence a pris la forme d’un débat autour de différents intervenant : John Rachid, vidéaste et comédien, Satoko Inaba, responsable éditoriale du pôle manga de Glénat, Sébastien-Abdelhamid Godelu, journaliste et présentateur touche-à-tout qui s’intéresse aussi bien au spot qu’au high-tech, il a notamment signé la préface de l’ouvrage Dragon Ball – Le Livre Hommage écrit par Valérie Précigout. Enfin, Jacques Glénat, fondateur des éditions et responsable de l’arrivée de Son Gokû en France sous le format papier, fut aussi présent pour parler de l’histoire de Dragon Ball en France. Pendant près de 50 minutes, ces intervenants sont revenus sur l’histoire française du manga mais aussi le symbole qu’est devenue cette licence aux yeux des fans…




Sébastien-Abdelhamid Godelu : Je suis avant tout un passionné. Comme de nombreux trentenaires, j’ai grandi avec le manga et c’est Dragon Ball qui a déclenché cette passion. J’aimerais revenir vers vous Jacques Glénat. Le manga « papier » est arrivé en France par Dragon Ball, en partie, j’aimerais connaître la genèse de cette arrivée.


Jacques Glénat : C’est une vieille histoire. Je suis très touché car on fête les 25 ans de l’édition de Dragon Ball en France, et ce sont 30 millions d’exemplaires qui ont été vendus en français. C’est quelque chose d’impressionnant, même si Glénat a la chance d’éditer des auteurs comme Zep qui représentent aussi 30 millions d’exemplaires.

Comment ça a commencé ? Quand j’ai créé les éditions Glénat en 1969, j’avais une soif de découverte de la bande-dessinée venant de tous pays de la planète. On a rapidement édité des auteurs du monde entier comme Hugo Pratt, mais nous n’avions pas connaissance de ce qui se faisait au Japon. Raison simple d’ailleurs : à l’époque, nous n’avions pas le droit de survoler l’URSS et il fallait passer par une base américaine pour aller au Japon, ce qui représentait deux fois huit heures. Ainsi, les relations n’étaient pas de maintenant sachant qu’il y a 6 vols par jour entre Tokyo et Paris. Je suis donc allé au Japon dans l’idée de faire du commerce, c’est-à-dire que j’avais quelques bandes-dessinées éditées chez Glénat dans ma valise. J’espérais les publier au Japon, voir ce qu’il se passait là-bas… J’ai fait un flop épouvantable. A l’époque, au Japon, il n’existait pas de service de licencing ou de droits, peu de gens parlaient anglais et Kôdansha furent les premiers à dialoguer avec moi. Mes interlocuteurs m’ont écouté avec intérêt mais je me suis rendu compte que je n’arriverais pas à vendre nos bandes-dessinées même s’ils ont un jour édité « Les Passagers du Vent », qui n’a pas fonctionné chez eux.

Je raconte souvent l’histoire suivante, pardon à ceux qui la connaissent : Je suis rentré en France avec Akira dans ma valise car Katsuhiro Otomo a été influencé par des auteurs français comme Moebius, ça m’a fait tilt tout de suite. C’est en 1989 que nous avons commencé à éditer Akira et, influencé par le système éditorial japonais, avons d’abord procédé par une édition en fascicules publiés en kiosques, c’est aussi ce que nous avons fait pour Dragon Ball. Bien que ça a été un bide total pour Akira, nous avons pu réveiller les esprits sachant que nous avions certains partenaires comme Libération. C’est seulement quand nous avons édité Akira dans les librairies que la série a commencé à percer chez les spécialistes de BD.

A l’époque, et j’en arrive à Dragon Ball, il s’est passé une sorte de phénomène de terreur. Comme les vendeurs de voitures craignaient l’arrivée des voitures japonaises, les auteurs de BD franco-belge craignaient de se faire « manger », que leur carrière était terminée et que le manga allait complètement nous envahir. Chez Glénat, nous avons dû nous battre, d’abord professionnellement avec certains auteurs, surtout belges, mais aussi avec la presse et les médias puisque la légèreté qu’a Akira Toriyama pour raconter des histoires, par exemple avec les petites culottes de Bulma, nous n’avions jamais vu ça dans les Schtroumpf ou dans Boule et Bill. Ça a aussi choqué les parents qui ne comprenaient pas que leurs enfants puissent lire Dragon Ball avec autant de passion. Il s’est d’ailleurs passé la même chose avec Titeuf : c’était un peu pipi-caca, et les parents n’aimaient pas beaucoup ça. Ça a commencé très mal, il y a même eu une perquisition dans les bureaux de Glénat Bénélux, ce qui a conduit à une censure de Dragon Ball par le roi des belges et un retrait de la série des librairies. Bon, on a continué vaillamment et on sait ce qu’est devenu Dragon Ball aujourd’hui (rires). Mais il faut se dire que la société d’il y a 25 ans n’était pas celle que nous connaissons maintenant.

Satoko Inaba : A l’époque, dans la bande-dessinée franco-belge, il y avait des BD pour enfants et d’autres pour adultes. Les gens ne comprenaient pas qu’un manga comme Dragon Ball s’adressait aux adolescents, pour eux c’était pour les enfants. Le manga s’adresse aux ados, comme avec la petite culotte de Bulma, et c’était difficile à comprendre pour les parents.

Sébastien-Abdelhamid Godelu : J'étais jeune lors de la première publication de Dragon Ball en 1993, je suppose que c'est la même chose pour toi John-Rachid. On a d'abord vu le dessin-animé, puis on a été amenés vers le manga. Pour ma part, je lisais de la bande-dessinée franco-belge mais pas avec le même intérêt que j'ai eu pour Dragon Ball. Quand le manga est arrivé, il me le fallait absolument.

John-Rachid : Quand on allait en bibliothèques ou chez des amis, il y avait toujours les Tintin ou les Astérix... on y avait accès très rapidement. Pour Dragon Ball, il a fallu attendre et forcément, l'engouement n'était pas le même. Quand j'allais chez les marchands de journaux, j'achetais la version kiosque du manga et je coloriais les pages. (rires)

Sébastien-Abdelhamid Godelu : Oui car on ne comprenait pas pourquoi c'était en noir et blanc, on pensait juste que l'éditeur voulait faire des économies sur la couleur... (rires) Nous n'avions pas ces connaissances éditoriales.

John-Rachid : Je garde encore mes tomes kiosques coloriés, ça reste un souvenir incroyable.

Jacques Glénat : Et à l'époque, le sens de lecture était français !

Sébastien-Abdelhamid Godelu : Oui, mais ça a changé suite aux demandes du lectorat, non ?

Jacques Glénat : Ça a surtout changé par les demandes des japonais. Nous devons Dragon Ball en France à un monsieur qui travaillait chez Shûeisha à l'époque, monsieur Nakino. C'est un beau cadeau qu'il nous a fait, même si en parallèle personne ne se présentait pour publier la série. Un jour, monsieur Nakino nous a dit : "Vous savez, quand je vais au musée du Louvre, je ne regarde par la Joconde dans une glace. Donc, vous devez publier dans le sens de lecture original." Ça nous avait terrorisé car déjà qu'on avait les parents sur le dos, publier de droite à gauche n'allait pas arranger l'éducation de nos enfants. (rires) Nous l'avons fait, et nous nous sommes aperçus que le sens de lecture ne faisait rien à un adolescent de 15 ans, et même à un enfant plus jeune.




Sébastien-Abdelhamid Godelu : Nous avons donc parlé de la genèse de Dragon Ball en France mais il faut aussi parler de sa suite : Dragon Ball Super. La série est la véritable relève, car nous n'allons pas parler de certaines choses... Nous sommes à un tournant : la génération de John-Rachid et moi avons découvert le manga, l'animation voire même le Japon grâce à Dragon Ball. John-Rachid, dans quelle mesure le manga a marqué ta vie ?


John-Rachid : Dragon Ball a accompagné ma vie, c'est encore mieux ! Je suis né en 1985, c'est sorti dans ces années là. Maintenant, la série me suit toujours, elle continue de m'accompagner et fait partie de ma vie. Je ne connaissais pas ces histoires autour de l'arrivée du manga en France mais je tenais vraiment à vous remercier.

Jacques Glénat :
Merci à vous d'avoir figuré parmi les premiers acheteurs ! Un jour, j'ai accueilli dans la librairie Glénat une maman alarmée. Elle m'a demandé si j'avais Dragon Ball, et il lui fallait tout de suite la collection complète ! Le gamin devait faire une crise de manque, mais on sentait une urgence dans la situation. (rires)

Sébastien-Abdelhamid Godelu : Je tiens à insister sur le fait que Dragon Ball est un shônen. Malgré ce que certains ont pu dire à l'époque, il y a de vraies valeurs véhiculées. D'abord l'amitié parce que pour être pote avec Yamcha, il faut le vouloir. On y retrouve l'abnégation, le don de soi, le sacrifice... Ce sont des choses qu'on ne voyait pas vraiment dans la bande-dessinée franco-belge, et ce sont des thèmes occultés par les médias qui préféraient se concentrer sur la culotte de Bulma. Et s'il y a de de supers shônen qui fonctionnent aujourd'hui, c'est grâce à Dragon Ball. En dehors de nous, petits fans que nous sommes, la série a influencé de nombreux mangaka par la suite.

John-Rachid : Il me semble que ça a été l'un des premiers gros succès commerciaux, même s'il y avait déjà les mangas de Tezuka comme Astro Boy.

Sébastien-Abdelhamid Godelu : Oui, et il faut souligner que notre système de publication est différent du Japon. Là-bas, c'est de la parution hebdomadaire.

Satoko Inaba : Tout à fait. Au Japon, les mangas sont d'abord publiés dans des magazines disponibles en kiosques, puis les librairies proposent des volumes reliés dans le format que vous connaissez. D'où, peut-être, le succès de Dragon Ball en kiosque puis en librairies en France. Car sur les 30 millions de tomes vendus, seuls 20 millions concernent les volumes en librairies. Ce qui est impressionnant, c'est que la série n'est pas restée à l'état de phénomène de mode, son succès a perduré, malgré des versions plus ou moins francisées...

Jacques Glénat : Oui car le succès a été tel que lorsque quelqu'un achetait le tome 5 en kiosques, à raison d'un tome par mois, il ne trouvait plus les quatre premiers. Je me souviens que, quand j'étais petit, mes parents m'achetaient un magazine qui s'appelait "Tout l'univers". Le principe était que pour trouver les numéros manquants, il y avait différentes éditions : l'édition rouge, puis la verte qui démarrait ensuite, puis la bleue...  On pouvait trouver les numéros qui manquaient à tout moment mais dans d'autres couleurs, j'ai bêtement copié ce système d'édition. On a donc commencé par la collection blanche, puis la rouge, la jaune et enfin la bleue. On était ainsi présents dans les kiosques avec trois fois Dragon Ball, mais on s'est vite aperçus qu'il fallait être aussi en librairie. On a démarré par la première édition avec des jaquettes créées par notre directeur artistique d'aujourd'hui, c'est la série en quarante-deux volumes. Mais on a pensé qu'il était difficile pour les libraires de garder 42 tomes dans leurs rayons, donc on a fait une édition double en vingt-et-un volumes. Il y avait des versions de Dragon Ball dans tous les sens. Mais on s'est aperçus qu'on avait des clients véritablement fans, ce pourquoi nous avons édité la version Perfect en reprenant au détail près l’œuvre au Japon et ses pages couleurs.

25 ans après arrive Dragon Ball Super, et je l'ai lu avec le même plaisir que j'ai lu le tome un de la série originale. Je trouve ça bien fait, on y retrouve le même trait, les mêmes personnages, les mêmes gags en dessous de la ceinture... on retrouve Dragon Ball !

Sébastien Abdelhamid Godelu : Il faut ajouter qu'à l'époque, c'était important que Dragon Ball soit aussi présent en kiosques car il n'y avait pas autant de librairies. Maintenant, il y a eu un essor des points de vente et c'est partiellement grâce au manga et à Dragon Ball.

Pour parler de Dragon Ball Super, il y a quelque chose de fort au-delà de l'héritage des générations. Dans le passage de flambeau de Toriyama à Toyotarô, on retrouve tout ce qui faisait le charme d'antan dans le dessin, je pense que Toyotarô a été adoubé.

John-Rachid : On y retrouve tout ce qu'on avait laissé, dans l'univers notamment. J'étais abasourdi quand la série a été annoncée. C'était vraiment reparti, on allait vraiment y retourner ? Même si la série a commencé cette fois par l'anime, j'ai trouvé que le plaisir était intact en lisant le manga.

Jacques Glénat : Il y a d'ailleurs un petit jeu entre Toriyama et Toyotarô. D'un côté, Toyotarô dit qu'il ne pourra jamais surpasser le maître mais Toriyama lui répond : "Mais si, tu y arriveras... Mais t'aurais quand même pu faire une perspective sur cette case !" (rires)
Mais Toyotarô est l'héritier, et ce qu'il fait est formidable.

Sébastien-Abdelhamid Godelu : Je suis rendu compte de quelque chose en tant que fan de Dragon Ball centré sur la France et l'Europe, notamment avec le phénomène du Club Dorothée. J'étais invité à Los Angeles pour l'avant-première du film La Résurrection de 'F', et j'ai pu voir qu'ils sont aussi dingues que nous. Le manga est arrivé chez eux après, mais ils sont tout aussi tarés. C'est là qu'on voit que les valeurs véhiculées par la série sont universelles.

John-Rachid : C'est vrai que les américains sont très fans, ils ont même fait un super film ! (rires)




Sébastien-Abdelhamid Godelu : Je pense aussi que Dragon Ball, et le manga d'une manière générale, ont fait naître un intérêt pour le Japon. Pour ma part, je n'y suis allé que pour mon intérêt pour le manga. Avez-vous des anecdotes à ce sujet ?

Satoko Inaba : Oui vu que je suis d'origine japonaise et que je suis arrivée en France seulement dans les années 80. C'était une période où la France et le Japon étaient très éloignés. Une des premières choses qu'on m'a demandé c'est où se situe le Japon dans la Chine... (rires) A l'époque, personne ne connaissait ce pays ni ce qu'on mangeait là-bas. J'ai un peu l'impression que le manga et la gastronomie japonaise sont arrivés en même temps en France.
J'ai d'ailleurs une anecdote amusante sur ma scolarité en France. Les filles se demandaient toujours pourquoi les garçons trainaient autour de moi. En réalité, c'est parce que j'avais l'exemplaire de Dragon Ball qui n'était pas encore sorti en France. (rires)

Beaucoup de gens se sont intéressés au Japon par les mangas, ils ont même découvert la culture japonaise par leurs lectures. Quand ils voyaient ce que Son Gokû mangeaient, ils avaient envie d'y gouter. Peut-être que l'arrivée de la cuisine japonaise en France vient aussi de là.

Jacques Glénat : On va peut-être pas dire que Dragon Ball nous a amené les sushis mais quelque part, c'est vrai qu'il y a eu un engouement pour la culture japonaise dont Dragon Ball fut une base. C'est un terreau qui a préparé à ça parce que les lecteurs voulaient connaître certaines choses qu'ils voyaient dans le manga.

John-Rachid : Dragon Ball est un objet de culture assez incroyable. A mes yeux, c'est plus qu'une lecture, ça ouvre à un autre monde...

Sébastien-Abdelhamid Godelu : A l'époque, ces séries étaient décrit comme une mode qui passerait. Les anime n'étaient pas destinés au bon public, donc les médias et le grand public y voyaient quelque chose de mal.

Jacques Glénat : Ce sont les anime qui ont fait beaucoup de mal à l'époque, parce qu'ils n'étaient pas éducatifs. Je me suis battu contre ça, je conseillais sans cesse aux gens de lire le manga qui est très différents, notamment sur l'histoire et ses valeurs... Le dessin-animé a eu a la fois un effet positif pour présenter les personnages, mais aussi un aspect négatif.

Sébastian-Abdelhamid Godelu : Et qu'en est-il des gens qui disait que ce serait un simple phénomène de mode ?

Jacques Glénat : Je me souviens des librairies spécialisées bande-dessinée de l'époque, il y en avait pas beaucoup. Ils me disaient : "Monsieur Glénat, ça, chez moi, jamais !". Bon, je me disais qu'on verrais bien et aujourd'hui, il n'y a pas une librairie BD qui ne vende pas de mangas et il y en a même qui ne vendent que du manga et pas autre chose.

John-Rachid : Même dans les grandes surfaces de vente, chaque enseigne a son petit rayon manga...

Sébastien-Abdelhamid Godelu : Oui, parce que c'est aussi devenu notre culture. Au Japon, le manga est très protégé et il n'est pas à prendre à la légère, que pouvez-vous nous en dire ?


Satoko Inaba : Le Japon a une culture du manga qui date d'un certain temps. Ce n'est plus une lecture destinée aux enfants et aux adolescents, c'est une littérature à part entière.

Jacques Glénat :
Le manga représente un tiers de l'édition au Japon. En France, la bande-dessinée en général représente un dixième du marché du livre.

Sébastien-Abdelmahid Godelu : J'ai vieilli et j'ai des enfants. La première chose que je leur ai fait découvrir en lecture et en animation, c'est Dragon Ball. Pourquoi ? D'abord parce que j'aime mettre des disquettes à mes enfants, mais aussi parce que Dragon Ball a été fondateur dans ma culture. Ça a été une réussite puisque mon fils de 13 ans est un gros gros fan et ma fille de 6 ans aussi, même si c'est pas encore ça pour la lecture. Aujourd'hui, avec Dragon Ball Super, j'espère qu'on aura ce passage de génération.

John-Rachid : Je n'ai pas encore d'enfants mais j'y pense, j'ai un patrimoine à léguer. (rires)
Par contre, j'ai des nièces et de neveux que j'essaie de convertir à Dragon Ball. Il y a aussi des enfants d'amis qui regardent des dessins-animés en 3D. Je ne juge pas, c'est leur époque. En allant chez eux en vacances, je leur ai mis Dragon Ball. Ils ont aimé, on a regardé 50 épisodes et les parents devaient leur montrer encore du Dragon Ball. La passage marche car c'est parlant à n'importe quelle génération.

Satoko Inaba : Dans Dragon Ball même, il y a ce passage de génération. Son Gokû commence enfant et devient adulte, il a des fils : Son Gohan et Son Goten.

Jacques Glénat :
C'est important à dire oui. C'est multi-générationnel, et Dragon Ball Super arrive à point pour une nouvelle génération de lecteurs.




Sébastien-Abdelhamid Godelu : Pensiez-vous vous-même qu'il y aurait un nouveau Dragon Ball, et de cette qualité ?

Jacques Glénat : Ah non, pas du tout, je pensais que la série était finie. Puis il y a tellement de mystères autour de monsieur Toriyama. On ne sait pas qui il est, je ne l'ai jamais rencontré... On ne sait pas s'il sort du Japon ni même s'il sort de sa maison, peut-être est-il venu à Paris sans qu'on le sache... Je n'arrête pas d'envoyer des courriers pour l'inviter mais je n'ai jamais de réponses. Je ne le pensais pas mort mais je croyais qu'il en avait fini avec sa série. Alors voir revenir la série d'un coup... c'est un bonheur de lecteur mais aussi d'éditeur ! (rires)

John Rachid : Je tiens une chaîne YouTube qui cible beaucoup les jeunes. J'ai 32 ans, malgré ce physique qui m'en donne quatorze, et quand je parle de Dragon Ball, les jeunes sont euphoriques !

Sébastien-Abdelhamid : Nous avons connu Dragon Ball à son arrivée mais eux ont grandi avec. Ça les touche particulièrement et ça fait partie de leur culture de base. Dragon Ball a intégré la culture populaire. Dans un dessin-animé qui s'appelle Gun Ball, il y a sans cesse des références à la série. Dans une autre série que j'ai vu et qui s'appelle Legend of Tomorrow, que je ne conseille pas particulièrement, il y a aussi des clins d’œil. Ces gens qui ont connu Dragon Ball sont devenus réalisateurs et transmettent la série à leur manière avec ces hommages. Avec Dragon Ball Super, on ouvre un nouveau cycle et j'espère qu'il sera très long. Le seul substitut que je trouve à Dragon Ball, c'est One Piece.

S'en est suivie une série de questions-réponses dont voici les plus pertinentes.


Comment compareriez-vous le style de monsieur Toyotarô avec celui de monsieur Toriyama ?

Jacques Glénat : Très simplement : le style de monsieur Toyotarô m'a permis de me sentir dans le monde de Dragon Ball. Je vais faire des comparaisons avec la bande-dessinée mais par exemple, je n'ai plus envie de lire Black & Mortimer, ce n'est plus pareil pour moi. Tandis que dans Dragon Ball Super, je me suis senti immergé dans le monde, même si j'aime moins les scènes de combat qui font trop vite. Mais tous les autres détails sont ceux de Dragon Ball, et je pense que monsieur Toyotarô est totalement imprégné du style de monsieur Toriyama.

Sébastien-Abdelhamid Godelu :
Si monsieur Toriyama a adoubé son successeur, c'est parce qu'il a repris le style d'origine en y apportant sa touche personnelle, un peu de modernité.

Jacques Glénat : Et un peu de naïveté aussi, c'est ça que je trouve touchant.

John Rachid : La seule différence que je peux voir, c'est que Gokû est un peu plus maigre. (rires) Mais en dehors de ça, je n'ai pas vu de différence. Le cas contraire m'aurait fait mal au cœur.

Sébastien-Abdelhamid Godelu : On n'aurait pas pu avoir un style différent car c'est celui de monsieur Toriyama qui fait Dragon Ball.

Le nom d'Akira Toriyama est inscrit sur la jaquette. Est-ce qu'il a véritablement écrit le scénario du manga, ou a-t-il juste supervisé la série animée ?

Satoko Inaba : C'est lui qui est vraiment à l'origine des idées du manga. Quand on parle de couple scénariste et dessinateur, chacun travaille de façon différente. On ne sait pas si monsieur Toriyama a écrit tous les dialogues. Je pense que c'est le cas et qu'il a établi la trame scénaristique, puis Toyotarô les a réadaptés sous la forme de manga. En tout cas, je ne crois pas que monsieur Toriyama ait juste supervisé l'anime. Lisez l'interview à la fin du premier tome du manga, il est expliqué que monsieur Toriyama regarde les planches de Toyotarô et lui donne des conseils.

Sébastien-Abdelhamid Godelu : Je ne pense pas que Toriyama ait mis son nom sur le manga juste pour mettre son nom. Si ça avait été le cas, il l'aurait fait aussi pour Dragon Ball GT et je pense qu'il n'a pas besoin de ça.

Par rapport aux tirages initiaux, à combien a été tiré Dragon Ball ?

Jacques Glénat : Houla, ma mémoire me joue des tours... Je crois qu'on avait mis en place 30 ou 40 000 exemplaires en kiosques, par par décision stratégique, mais par nécessité de couvrir tous les kiosques de France. Comme à l'époque il n'y avait pas d'informatique, on devait attendre la sortie du tome 5 pour connaître les ventes du tome 1. On prenait un risque qui, pour la petite maison d'édition qu'était Glénat à l'époque, était assez lourd. Mais ça a été le sens inverse, on a dû augmenter les tirages suite aux ventes. Pour Dragon Ball Super, nous sommes en librairies donc ce n'est pas le même raisonnement. Nous connaissons un contexte où il n'est pas utile de noyer les libraires sous des tonnes de bouquins. On a donc tiré le premier tome à 80 000 exemplaires pour une mise en place à 60 000 copies. Maintenant, nous avons la chance d'avoir un système de distribution qui permet de livrer les librairies en 24 heures, on ne pousse donc jamais les nouveautés plus que nécessaire. Cela dit, ça reste une mise en place importante.

Autre facteur, nous imprimons beaucoup plus rapidement qu'à l'époque. Il y a 25 ans, ce produit, un livre de poche avec une jaquette, ça n'existait pas. Il n'existait pas de machine capable de mettre les jaquettes sur les livres, c'était fait à la main. C'est à cause de l'arrivée du manga, et que Glénat commandait des tirages toujours plus importants, que l'imprimerie Mory a créé une machine permettant de mettre automatiquement la jaquette sur le manga. Si demain on s'aperçoit qu'il nous manquera quelques exemplaires, on peut très vite être réapprovisionnés. Ce n'est donc pas le tirage qui fait le succès d'une œuvre.




L'édition française de Dragon Ball compte des version très élégantes, notamment par rapport à la qualité du papier, tandis que la prépublication japonaise se fait sur du papier recyclé. Est-ce qu'il y a eu des influences éditoriales d'un pays à l'autre ?

Jacques Glénat : Tout à fait, il y a eu des influences. Au Japon, les tirages sont incroyables et les qualités du papier et de l'impression épouvantables. Il y a quelques années, nous avons fait une visite de la chaîne d'impression et de distribution. Nous nous sommes aperçus que les mangas étaient imprimés via un système qui a disparu de l'Europe depuis très longtemps, le système des flancs, à savoir des plaques en plastique qu'il faut changer tous les 30 ou 40 000 tours. Lorsqu'elles sont usées, le manga tache les doigts. Mais n'oublions pas qu'au Japon, les mangas font partie de la culture populaire et ils sont à considérer comme les quotidiens jetables. Ce sont d'ailleurs les mêmes machines qui les impriment.

De mon côté, j'avais des réflexes de bon français, donc on a systématiquement sélectionné un beau papier. Les japonais ont vu nos éditions et ce sont dit que si les français imprimaient sur du beau papier, pourquoi pas eux ? Il y a donc eu cette influence. De même que les japonais ont été attirés par les couvertures des premières éditions d'Akira, monsieur Otomo a d'ailleurs demandé à ce que ces couvertures soient reprises.

Dernièrement fut crée la Dragon Ball Room au Japon, elle décidera des différents projets autour de la licence. A quoi vous attendez-vous ?

Satoko Inaba : On sent que les japonais sont très attachés à Dragon Ball puisque cette Dragon Ball Room est simplement un département de l'éditeur Shûeisha réservé à la licence. Il y a donc eu beaucoup de changements par rapport à cette époque où on ne savait même pas que des droits pouvaient être vendus à l'étranger. De notre côté, on attend de découvrir les nouvelles aventures.

Vous avez donc dit que faire venir monsieur Toriyama en France était presque impossible. Mais est-ce envisageable pour monsieur Toyotarô ?

Jacques Glénat : Oui ! Monsieur Toyotarô a accepté de venir en Italie, au salon de Naples qui a lieu le 1er mai. On a bien essayé de se brancher sur ce voyage pour lui faire faire une tournée mais malheureusement, je ne pense pas que ce soit prévu. Et les japonais n'aiment pas les changements de programme. (rires)

Satoko Inaba : Puis on a le choix entre avoir le prochain volume de Dragon Ball Super rapidement, et faire venir monsieur Toyotarô en France.

Jacques Glénat :
C'est toujours problématique de faire venir des auteurs japonais en France. J'ai pu accueillir par deux fois monsieur Otomo, qui est très ouvert au voyage et à la culture occidentale, je l'ai attiré par des méthodes bizarres, comme l'amener à Bordeaux pour déguster de bons vins. (rires)

Satoko Inaba : Les auteurs japonais sont des gens qui travaillent tout le temps et ne dorment souvent que trois heures par nuit. Si on leur demande d'aller plus vite pour pouvoir venir en France, ils vont devoir prendre sur le peu de temps personnel qu'ils ont...

Jacques Glénat : Alors qu'un auteur français sera toujours content de partir ! (rires)

En derniers mots, Jacques Glénat fit part d'une information de taille : Glénat étant l'éditeur historique des titres de Hayao Miyazaki, une collection qui s'est bâtie au fil du temps et des années, l'éditeur compte rééditer l'intégralité des œuvres dans une version plus luxueuse, les premiers titres étant prévus pour la fin d'année.

Remerciements aux différents intervenants : Monsieur Jacques Glénat, Madame Satoko Inaba Sébastien-Abdelhamid Godelu et John Rachid, ainsi qu'à Fanny Blanchard des éditions Glénat.

commentaires

ParagusduBardock

De ParagusduBardock [152 Pts], le 10 Avril 2017 à 12h27

J'ai pas trouvé de vidéo de cette conférence, dommage.

idem, j'apprécie 1 000 fois + le manga que cette saloperie de série d'animation ...

J'avoue que les moyens métrages sont plaisant en tout points ^^

Someone

De Someone [0 Pts], le 05 Avril 2017 à 17h25

Les dessins ne sont pas dégueulasses mais n'ont tout de même rien à envier à ceux de Toriyama.

Sonikku

De Sonikku, le 05 Avril 2017 à 17h13

Autant le dessin animé ne me plaît pas, autant je me régale avec le manga : Toyotarô reprend le style d'Akira Toriyama de l'époque Boo (pour plus de cohérence vu où se situe DB SUPER) et adapte les idées du maître qui vérifie le storyboard planche par planche et fait à l'occasion quelques modifications. Bon, le 1er tome n'est pas excempt de défauts, il en contient deux (enfin surtout un en fait) : la partie BATTLE OF GODS tient sur trois chapitres de 15 planches et un quatrième de 19, mais rien de gênant car cette partie est une intro à tout ce qui va se passer et est du coup très rythmée (par la suite, le nombre de planches mensuel pour le V-JUMP va aller crescendo (sauf une fois où on repassait de 31 planches à 21... désormais, les chapitres font 39 planches par mois et même encore un peu plus pour les deux derniers en date, à savoir les #21 et #22, ceci étant dû au succès du manga qui a permis de relever les ventes du magazine mensuel), sans temps mort et très compréhensible. Le deuxième défaut, le seul vrai défaut à mes yeux, c'est que Toyotarô nous gratifie d'une chouette mini-intro pour la partie résurrection de Freezer à la fin du 4e chapitre et puis on passe directement à l'intrigue Univers 6 au chapitre suivant, même si ça ne gêne pas vraiment pour la compréhension puisque deux ou trois cartouches expliquent ce qui s'est passé dans le film (retour de Freezer et transformations). C'est d'autant plus dommage que Toyotarô avait déjà dessiné, avant de commencer DB SUPER, trois superbes chapitres de 31 planches chacun pour le V-JUMP adaptant ce film (rien à voir au passage avec la purge qu'a proposée la série téloche pour la réinterprétation dudit film) et qu'il manquait encore un ou deux chapitre pour compléter le film. Bon, soyons positifs et espérons qu'à l'avenir cette adaptation sera complétée et sortira soit en one-shot ou soit sera intégrée un jour dans une éventuelle édition Kanzenban de DB SUPER. Donc, à partir du tournoi univers 6 Vs univers 7, plus aucun problème de rythme et le manga ne cessera de s'améliorer jusqu'à la partie Zamasu / Gokû Black qui est fantastique en manga (elle était sympa en série téloche, surtout par rapport à ce que DB SUPER avait proposé avant en dessin animé, mais la version manga de Toyotarô / Akira Toriyama l'enfonce six pieds sous terre).     

Petite réaction quant à la news quand même : Comment peut-on, alors qu'il s'agit d'une conférence de presse officielle, donc censée réunir des gens qui savent de quoi ils causent, laisser passer une telle connerie disant que la version animée a commencé avant celle en manga par Toyotarô ? Vraiment du grand n'importe quoi...

CecileNeko

De CecileNeko [303 Pts], le 05 Avril 2017 à 16h56

les dessins en tout cas sont une pure merveille ! je retrouve bien là les vieux dragon ball, mais qu'en est-il de l'histoire ? j'ai peur de le lire pour le savoir *rires*

 

nathalie lapeine

De nathalie lapeine, le 05 Avril 2017 à 15h32

toyotaro pour moi est un faussaire, cela sent surtout le fanboyisme et de kikoos de la part de l'interview, et ce manga est nul, l'animé c'est pire

Someone

De Someone [0 Pts], le 05 Avril 2017 à 14h21

Faut dire, tout le monde sait que DBS c'est purement commercial. Toutefois, cela n'empêche pas le manga d'être intéressant (oui le manga, pas l'anime).

Fidgety

De Fidgety [54 Pts], le 05 Avril 2017 à 14h07

une censure de Dragon Ball par le roi des belges

Je ne sais pas pourquoi, mais cette phrase m'a beaucoup fait rire. :)

 

Dragon Ball, c'est toute mon enfance, et un des pionniers du manga en Occident. Je n'ose imaginer le vide culturel qu'il y aurait aujourd'hui si on avait écouté Ségolène. Une leçon que les apprentis censeurs ne retiendront jamais.

Gutsberserker

De Gutsberserker [639 Pts], le 05 Avril 2017 à 12h59

Très intéressant, merci :) Après, personnellement je suis assez mitigé concernant DB super : ayant regardé pas mal d'épisodes de l'anime, je suis loin d'être convaincu. En même temps, Dragon Ball, bien que culte, ne fait plus partie de mon top 20 mangas depuis belle lurette, on a fait à mon sens bien mieux depuis :)   

 

Autrement je ne peux qu'espérer une réédition du manga Nausicaä, une pure merveille!! 

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