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Ciné-Asie Chronique Ciné Asie - Insiang

Mardi, 28 Juin 2016 à 13h00 - Source :Chroniques Cinéma Asiatique

Réalisé en 1976 par le réalisateur philippin extrêmement prolifique Lino Brocka, Insiang bénéficie d'une version restaurée avec une image de bien meilleure qualité, avec un nouveau travail sur la bande son pour une nouvelle sortie sur grand écran en cette période de fête du Cinéma !
Pour la petite histoire, Insiang a été le premier film philippin à avoir été sélectionné au festival de Cannes (en 78), ce qui a ouvert la voie à d'autres réalisateurs et a apporté un nouveau regard sur le cinéma asiatique.



Dans un bidonville de Manille, les habitants survivent comme ils peuvent, entre chômage et  alcoolisme, la vie n'est pas tendre. Insiang est une belle jeune femme qui vit sous la tyrannie de sa mère, une femme dure et sévère qui reporte sur sa fille la souffrance causée par le départ de son mari, le père d'Insiang. Elle est méchante au point de mettre sa famille à la rue…
Insiang, en couple avec Bebot, un jeune débrouillard, attend que ce dernier ne l'épouse pour pouvoir quitter le domicile familial et quitter cette vie de Cendrillon moderne. Mais Insiang est convoitée par Dado, un voyou local qui devient l'amant de sa mère...une relation malsaine s'installe alors et bientôt Insiang ne pourra plus refuser les avances de Dado…


Le film commence dans un vacarme assourdissant, au milieu d'un abattoir de cochons égorgés et dépecés en gros plan devant la caméra...une scène violente et agressive d'entrée de jeu qui situe parfaitement le film, le réalisateur souhaitait que son film colle au plus près de la réalité, traduise ce qu'est la vie au milieu de ces bidonvilles qui ne laissent que peu d'espoir à ses habitants. Et tout le film sera donc ainsi, bruyant et étouffant !
Insiang vit dans une petite maison avec sa mère et son « beau père », ils dorment quasiment dans la même pièce, font leurs besoins les uns devant les autres...une promiscuité et un manque d'intimité qui nous apparaît, à nous, public occidental, comme dérangeante...et c'est exactement ce que veut faire passer le réalisateur, un sentiment d'étouffement. Le film a d'ailleurs été réalisé en seulement 11 jours, traduisant certes un certain manque de moyens, mais également une certaine urgence qui transparaît dans le film. Donc malgré certaines baisses de rythme (bien que soyons clair, ce dernier n'est pas endiablé non plus), Insiang n'est en rien un film contemplatif, Lino Brocka nous colle littéralement le nez dans cette vie miséreuse.


Le plus flagrant étant peut-être la bande son, où les bruits du quotidien viennent presque couvrir les dialogues, ils sont omniprésents, à la limite trop… Autant on peut comprendre la volonté du réalisateur, autant placer le spectateur dans une situation inconfortable apparaît comme une erreur grossière, et pourrait presque être perçu comme un signe d'amateurisme...soyons honnêtes, tout ce vacarme est dérangeant, et contribue à gêner le spectateur et pourrait même le décourager de poursuivre le visionnage.
D'autant qu'il faut attendre un certain temps avant de comprendre où Lino Brocka veut en venir au niveau de son intrigue…


Insiang nous présente donc un portrait de femmes luttant contre l'adversité, mais aussi contre le destin et les attentes imposées par leur mode de vie. Et ce portrait ne concerne pas que Insiang, mais également sa mère, personnage omniprésent, apparaissant telle une marâtre détestable, mais qui est peut être le personnage le plus fort du film, celle ayant le caractère le plus affirmé.
Nous allons donc suivre le destin de ces deux femmes se débattant dans cette vie qui ne leur laisse que peu de place. Et si au départ elles sont présentées comme étant les jouets des hommes, au fil du récit, la tendance va se renverser et ce sont elles qui vont finir par s'imposer et par manipuler ces derniers.


Par ailleurs il est important de préciser que la fin du film a fait polémique en Philippines, une fin qui va dans le sens de la libération des femmes du joug des hommes, une fin démontrant qu'on peut se rebeller contre son destin, même si pour cela il faut faire des sacrifices.

Insiang est un film intéressant pour sa portée et son message, en tant que représentant d'un cinéma qui s'affirme, mais il demeure un film difficilement accessible qui ne convient pas à tous les publics !
L'avis du chroniqueur
Erkael

Mardi, 28 Juin 2016
14 20

commentaires

nolhane

De nolhane [6891 Pts], le 07 Juillet 2016 à 02h33

Merci pour la chronique, je vais essayer de voir ce film qui me semble vraimet bien :)

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