Dvd Interview de Shinji Aramaki (Albator - Corsaire de l'Espace, Appleseed Alpha,...)
Fort du succès de son film Albator, Corsaire de l'Espace, qui revisite en images de synthèse les aventures du célèbre "captaine corsaire", Shinji Aramaki était de retour en France en juillet 2014, à l'occasion du 15ème impact de Japan Expo. Il profita du salon pour présenter en avant-première sa nouvelle production, Appleseed Alpha, qui offre un reboot aux aventures de Deunan et Briareos. Très demandé durant le festival, le réalisateur a répondu à de nombreuses interviews, à tel point que les entretiens s'en retrouvaient fort écourtés... Notre équipe a cependant pu lui poser quelques questions.
Bonjour M. Aramaki, et merci pour cet entretien. Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans le monde de l'animation, et plus particulièrement dans le mecha-design ?
Je me suis intéressé très jeune à l'animation, mais ce n'est qu'à la fac que j'ai commencé à me pencher sérieusement sur le sujet. Pendant mes années de fac, je faisais partie d'un club où nous proposions quelques créations. A l'âge de 20 ans, j'avais déjà réalisé un court-métrage d'une vingtaine de minutes, qui m'a ouvert les portes du domaine professionnel : un de mes amis l'a présenté à de grandes firmes, qui m'ont alors repéré. J'ai ainsi arrêté mes études et je suis allé à Tokyo pour travailler.
A 21 ans, J'ai d'abord été engagé par la firme de jouets Takara, où j'ai commencé à concevoir des designs de robots pouvant changer de forme. Grâce à cette première expérience, j'ai commencé à étendre mon réseau de contacts, pour pouvoir accéder aux maisons de productions d'anime. J'ai ainsi fait mes débuts sur Macross, puis mon premier travail de mecha-designer pour Mospeada (Robotech – New Generation).
Je me suis tourné vers les mechas car, comme beaucoup de monde je suppose, j'aime beaucoup le design des voitures et des avions. Tous les enfants sont fascinés par les grandes machines, je pense ! J'ai peut-être aussi subi l'influence de mon père, qui faisait également de la réalisation et qui possédait du matériel professionnel. Pour ce qui est du dessin, je me souviens que je reproduisais souvent les vaisseaux que je pouvais voir à la télévision, comme le Yamato. D'ailleurs, malgré les années qui passent, l'émerveillement reste toujours le même.
Vous êtes l'un des rares réalisateurs japonais à travailler en images de synthèse. Selon vous, pourquoi les grands films d'animation 3D ont mis si longtemps à percer au Japon ? Y a-t-il une frilosité de s'échapper de la traditionnelle 2D ?
Très simplement, le milieu de l'animation japonaise est basé sur un modèle très structuré, qui existe ainsi depuis des décennies. Et les productions traditionnelles d'animation en 2D continuent de fonctionner auprès des spectateurs. D'un point de vue financier, les techniques 3D sont bien plus coûteuses, pour un résultat auprès du public qui n'est pas forcément à la hauteur des attentes des producteurs.
Les images de synthèses sont aujourd'hui beaucoup utilisé dans le domaine du mecha, où elles offrent facilement un résultat très correct. Mais il n'en est pas de même lorsque l'on veut animer des personnages. Il est difficile d'exprimer autant d'émotions qu'avec un dessin classique. En tous cas, c'est ce que les spectateurs préfèrent, et ce sont toujours eux qui ont le dernier mot !
Pour Albator, vous avez procédé à de nombreux changements par rapport au manga original. Quels choix d'adaptation ont été pour vous les plus importants que vous avez du faire sur l'adaptation ? Quel message vouliez-vous faire passer avec cette version ?
Il y a beaucoup de changements qui ne sont pas de mon ressort, nous étions beaucoup à travailler de concert sur l'histoire. Avec le scénariste du film, Harutoshi Fukui, notre optique était de proposer un véritable reboot de la licence, pour présenter le monde de Harlock sous un nouveau jour. Après tout, la série d'origine a déjà 30 ans, et nous devions le faire découvrir à la génération qui n'a pas grandi avec lui.
Le changement le plus important, par rapport au récit d'origine, a été de supprimer les Sylvidres pour proposer un conflit entre factions humaines. C'est le choix qui a été le plus lourd et le plus réfléchi à prendre lors de la genèse du film.
Avec Appleseed Alpha, vous revenez sur le passé des deux héros, Deunan et Briareos, avant leur arrivée à Olympus. Pourquoi avoir décidé de faire une préquelle des précédents Appleseed avec ce nouveau long métrage ? Est-ce une logique de reboot ?
J'ai eu en effet l'envie de prendre un nouveau départ, en espérant que ce film puisse appeler à ses propres suites. Mais je souhaitais également quitter Olympus pour mieux mettre en avant les deux protagonistes, et étudier plus profondément la relation qui les unit.
Remerciements à Shinji Aramaki, à son interprète, ainsi qu'à l'équipe de Japan Expo.
De kowazoe, le 20 Avril 2015 à 22h04
Ouais.