Chronique ciné asie - Kung-fu Jungle- Actus manga
actualité manga - news illustration

Ciné-Asie Chronique ciné asie - Kung-fu Jungle

Samedi, 24 Octobre 2015 à 16h30

Aujourd'hui, nous vous proposons la chronique d'un film d'action hongkongais inédit en France, mais qui mérite qu'on s'intéresse à lui : Kung Fu Jungle, avec Donnie Yen. Ne vous attardez pas sur ce titre pompeux, qui n'est pas révélateur des qualités intrinsèques du film. Loin d'être parfait, il aura néanmoins de quoi séduire tout amateur de films d'action. A voir en streaming !

Un instructeur d'arts martiaux, Hahou Mo (Donnie Yen), est emprisonné pour avoir tué un homme. Il offre ses services à la police pour retrouver un tueur en série (Wang Baoquiang) dont les victimes sont toutes les meilleurs pratiquants d'arts martiaux dans leurs disciplines respectives : pieds, poings, armes...


Inédit en France et avec son titre laissant penser à un navet, Kung Fu Jungle ne paye pas de mine. Et pourtant, chez les fans d'arts martiaux, un film avec Donnie Yen suscite toujours l'attente. Bien que très décevant dans les récents (et mauvais) Iceman et Special Id, mais toujours auréolé par les succès mérités de SPL, Flashpoint et Ip Man, Donnie Yen n'est plus tout jeune (et là, je vois que certains crient au blasphème). Pourquoi ce constat ? Parce que passé un certain âge, le corps n'est plus tout à fait adapté à des combats dont la maîtrise technique et la violence ont su séduire beaucoup de gens dans les années 1990 et 2000. Mais avec ce Kung Fu Jungle, Donnie Yen montre qu'il est encore indispensable au cinéma d'action.


Ce n'était pourtant pas évident : le dernier film de Teddy Chen, Bodyguards and assassins, avait tout du film historique mélo, manquant cruellement de combats, lent et plutôt chiant. Vous trouverez d'ailleurs une chronique de votre serviteur concernant celui-ci. Avec Kung Fu Jungle, Donnie Yen est à la fois acteur principal et chorégraphe, et cela se voit. Il a imposé sa patte et collaboré avec Teddy Chen pour livrer un hommage sympathique au cinéma d'action hongkongais. Assez irréprochable sur la forme, malgré la présence d'effets spéciaux que l'on aurait préférés totalement absents, laissant la place à un côté plus « artisanal » tout droit sorti des années 90, mais décevant sur le fond, Kung Fu Jungle mérite quand même qu'on s'y attarde, encore plus lorsqu'on apprécie le cinéma d'action. Car oui, si la référence de ces dernières années demeure The Raid (et The Raid 2), Kung Fu Jungle présente quelques jolies séquences.


La trame est simple : un homme né avec un handicap cherche à éliminer tous ceux qui sont considérés comme les meilleurs dans leur spécialité, pour devenir le meilleur de tous. Forcément, Hahou Mo n'est pas d'accord et s'avère être le candidat le plus à même de stopper le tueur fou, même après des années de rouillage en prison. Toute l'intrigue est construite autour de l’enquête de police, avec des indices récoltés sur les scènes de crime, dans un schéma de progression proche d'un sous-Seven. Les combats entre le tueur fou et les maîtres sont imaginés a posteriori par Hahou Mo, ce qui rappelle le premier combat du Wu Xia de Peter Chan.

D'une part, l'enquête manque de rebondissements. Il aurait sans doute fallu préserver davantage le suspense quant à l'identité du tueur, ce qui aurait renforcé l'impact de son apparition.
D'autre part, et c'est là le plus critiquable, derrière ses allures d'hommage au cinéma d'action hongkongais, le film oublie l'essentiel : son scénario simpliste aurait pu être terriblement efficace s'il s'était concentré sur ses combats. Au lieu de ça, Kung Fu Jungle s'évertue à nous proposer un Donnie Yen trop absent des scènes d'action, trop cantonné à un rôle dramatique appelant une interprétation monotone et hyper sérieuse (quel gâchis, il peut être un très bon acteur, voir Wu Xia...), une romance sans intérêt, un méchant très manichéen donc très con, une façon ridicule de surdramatiser certains événements (effets de caméras à la clef). Sur son message moraliste, Kung Fu Jungle échoue aussi. La compétition et la violence ne sont pas la finalité des arts martiaux ? Oui, évidemment, sauf que Tai-Chi Master, Le Maître d'armes ou Ip man, pour ne citer qu'eux, s'inscrivent dans cette logique avec autrement plus de justesse.


Pendant ce temps-là, les combats contre les maîtres sont très classes mais beaucoup trop courts ! Kung Fu Jungle aurait eu tout intérêt à se la jouer The Raid premier du nom, justement : de l'action bourrine basée sur son scénario tenant sur une ligne, sans fioritures à côté (romance, questionnements existentiels du héros sur son passé ou sur les motivations du méchant...). A la fin de chaque combat, on a envie de crier : « Quoi ? Déjà ?! », chose que l'on ne ressent pas dans les deux The Raid, qui ont tout compris, véritables plaquettes de chocolat au lait pour l'amateur d'action, généreux, violents, complets. Kung Fu Jungle, honteusement, n'exploite donc pas un potentiel pourtant bel et bien présent.

On aurait apprécié plus de rage et de radicalité comme dans un SPL, un combat de fin qui tienne toutes ses promesses comme dans Flashpoint, des chorégraphies plus travaillées pour pallier la faible durée des combats, comme dans Ip Man. On se retrouve ici davantage face à un hommage au film de genre, avec des références à beaucoup de stars du cinéma d'action hongkongais. Même Bruce Lee et Jackie Chan sont cités, bien que non présents (ce qui est normal pour le premier, moins pour le second), à travers des pubs, affiches ou autres... On se retrouve donc face à un joli casting, qui joue le cache-misère. A travers des caméos en plein film ou via le générique de fin, des acteurs ou réalisateurs phares du cinéma d'action hongkongais apparaissent : Andrew Lau, Kirk Wong, Xing Yu ou encore feu Liu Chia-Liang. Des clins d’œil réservés aux fans, certes, mais qui s'avèrent touchants tant ils se montrent sincères dans l'aspect hommage, synonyme d'une véritable volonté de bien faire.


Les acteurs principaux souffrent de leurs rôles caricaturaux. L'interprétation de Wang Baoqiang, l'ultraviolent aperçu dans le troisième segment de la chronique sociale chinoise A touch of sin, aurait pu être nettement plus marquante. Quel besoin de s'intéresser à sa pseudo-vengeance ? Charlie Yeung est encastrée dans le cliché de la femme forte inspecteur de police, Bai Bing dans celui de la petite amie, utile au début, boulet par la suite...

Kung Fu Jungle aurait gagné à aller à l'essentiel : plus de combats, moins de superficiel (romance, enquête prévisible, récit faussement complexe). Toutes les digressions inutiles cassent le rythme, alors que le potentiel était bien là, car les combats trop courts restent plus qu'appréciables et ont du style. Du potentiel gâché, mais du potentiel quand même...
L'avis du chroniqueur
RogueAerith

Samedi, 24 Octobre 2015
12 20

commentaires



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation