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Ciné-Asie Chronique ciné asie - Dead Sushi

Jeudi, 16 Avril 2015 à 13h00

Fille d’un grand chef sushi, qui prépare ses plats en faisant des arts martiaux, Keiko, 21 ans, s’enfuit du domicile pour ne plus avoir à supporter les entraînements éreintants de son père, toujours plus exigeant. Elle trouve un emploi de serveuse dans un hôtel qui peine à joindre les deux bouts. Le jour où des membres d'un grand groupe pharmaceutique débarquent pour un séminaire, essentiellement consacré au pelotage des hôtesses et à la dégustation de sushis, tout bascule. Un ancien membre du groupe, devenu vagabond, désire se venger. Il a mis au point un virus capable de ranimer les êtres morts. Suite à une mauvaise utilisation de son calamar zombie volant, son arme principale, le virus va se propager aux sushis présents sur les tables : les sushis vont avoir faim d'humains !



Idée de soirée : commander un plateau de sushis pour un dîner entre potes, ne pas lésiner sur le saké, la bière ou autre (à consommer avec modération), tout en matant Dead sushi : délire assuré, pour peu qu'on ait l'estomac bien accroché. Car même si Dead sushi est de la pure série Z, mélanger nourriture et sang/boyaux fera son (mauvais) effet chez pas mal d'entre vous.

Mais le tout est de savoir quel menu vous choisirez pour composer votre plateau :
*Menu A : une héroïne niaise experte en karaté et en préparation de sushi, des sushis tueurs, pour la majorité carnivore et volante, des boobs pour saupoudrer le tout
*Menu B : des scènes de combats plus navrantes que le pire épisode d'un sentai (Power rangers, Bioman...), un concept fou finalement pas aussi éloigné du grotesque d'un Rubber (Quentin Dupieux), des idées visuelles à profusion.



Vous pouvez commander les deux : Dead sushi, c'est tout ça à la fois.
Les amateurs de série Z le savent : il faut faire la différence entre navet et nanar. Le nanar, c'est un film tellement mal réalisé et ridicule qu'il en devient, volontairement ou non, amusant et comique. Le navet bénéficie de la même médiocrité dans sa réalisation, mais au contraire du nanar, n'est pas du tout divertissant. Il est au mieux profondément insipide et ennuyeux, son appellation faisant référence à la fadeur du légume homonyme.

Le cinéaste Noboru Iguchi est un spécialiste de la série Z. Mais il est capable du pire navet (Tomie unlimited, auréolé d'une des notes les plus faibles récoltées sur Manga-news) comme du meilleur nanar (The Machine girl, ultra-violent, sanguinolent, excellent). La question est donc de savoir : Dead sushi est-il un navet (et un sushi au navet, ça ne doit pas être très bon) ou un nanar ? Ouf, c'est bien à la seconde catégorie qu'appartient ce « sushi mort ».



Fort de son scénario débile, d'une mise en scène totalement décomplexée et d'un second degré omniprésent (ce qui le sépare d'un Tomie, qui se prend au sérieux, ce qui lui est fatal), Dead sushi regorge d'idées, toutes plus amusantes les unes que les autres. Les sushis tueurs mangent les humains, mais ils font bien plus que cela. Ils parlent, ils chantent à cappella, ils copulent bruyamment et sauvagement pour se multiplier. Les attaques varient selon le type de sushi : transformation des rainures du sushi au saumon en lames de rasoir, lance-flammes du roasted sushi, étouffements, décapitations, coupages de langues. Les situations sont inventives.



On pense par exemple à celle faisant qu'une fois tués par un sushi, les humains deviennent eux-mêmes des zombies vomissant des kilos de riz gluant...bravo aux acteurs pour des scènes absolument dégoûtantes ! On pense aussi à la coopération du sushi œuf, le gentil sushi qui va aider l'héroïne, parce qu'il n'est pas pris au sérieux par ses pairs, car pas composé de poisson ! Et que dire des gags qui sortent de nulle part, comme l'hôtesse principale qui nous sort une danse du robot, avant que ses employées ne se livrent au body sushi (dégustation de sushis sur le corps de naïades en maillot), ou encore une scène avec des ramens tueurs suite à la contamination d'un bol (cela vous en dégoûtera pour un moment). Pour finir de vous convaincre, et sans que le spoil, je pense, ne vous gâche l'expérience culino-nanardo-cinématographique, que dire des trois duels finaux simultanés, irrésistibles : le sushi à l'oeuf combattant un navire volant de sushis, l'héroïne face à un mutant homme-thon, un ex-chef traumatisé par les couteaux de cuisine luttant contre les sushis volants grâce à son pouvoir spécial, un cri strident qui rend les sushis inertes pendant quelques minutes, le temps que le chef leur enlève les « cellules nerveuses » créées par le virus, prenant la forme de crocs de serpents.



Pour autant, quand bien même ce Dead sushi fait le job, on ne peut que regretter le manque de moyens. De meilleurs effets spéciaux n'auraient pas été du luxe pour, peut-être, faire sortir ce Dead sushi de la simple série Z de niche et lui conférer un statut plus imposant, comme The Machine girl avant lui.
Mais le plus gros défaut reste les longueurs, notamment au début : le film met quand même 30 minutes pour vraiment se lancer, il faut être plus que patient pour supporter la lourdeur des dialogues. En fait, Dead sushi est trop inégal : première demi-heure ennuyeuse, deuxième demi-heure très bonne, dernière partie entre-deux...



L'édition DVD est de qualité, avec des sous-titres très propres et un éditeur qui tente au maximum de promouvoir la série Z, avec des bandes-annonces en masse. Évidemment, des interviews ou un mini making-of n'auraient pas été de trop...on se contentera du bêtisier lors du générique de fin.



Bourré d'idées amusantes, délirant comme il faut, ce Dead sushi aurait gagné à bénéficier d'un plus gros budget pour renforcer son impact. Même si le film inspire bien le dégoût, comme voulu, il reste perfectible. De même, le cinéaste aurait encore pu trouver d'autres idées pour dynamiser l'ensemble, notamment au début (poussif à souhait) et à la fin. Les possibilités étaient là pour donner quelque chose d'encore plus hallucinant et de vraiment marquant.
A regarder en soirée à plusieurs.
L'avis du chroniqueur
RogueAerith

Jeudi, 16 Avril 2015
13 20

commentaires

Yumemi

De Yumemi [3764 Pts], le 16 Avril 2015 à 15h13

Heureusement que j'avais déjà mangé, car même la chronique (hilarante et superbement rédigée soit-dit en passant) me retourne l'estomac. Eh oui, je suis une petite nature. Mais j'ai adoré le style de la chronique.

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